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Le Mexique catholique, un cas unique en Amérique latine

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Dans ce pays l’Église romaine a survécu aux persécutions antireligieuses les plus dévastatrices. Et elle résiste davantage qu’ailleurs au défi des sectes pentecôtistes. Un enfant mexicain martyr sera bientôt canonisé  Le Mexique que le pape François est en train de parcourir est un cas atypique par rapport à d’autres pays d'Amérique latine. De Sandro Magister sur son site « Chiesa »

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Sa population catholique est, en chiffres absolus, la deuxième du monde, derrière celle du Brésil, et le pourcentage de catholiques par rapport à la population totale - 81 % - n’est dépassé que par celui du Paraguay.

C’est précisément par cette présence de catholiques, nombreuse et surtout solide, que le Mexique se distingue par rapport à d’autres pays latino-américains. Cela pour au moins deux raisons.


La première raison est sa
résistance à l’expansion des communautés protestantes de tendance charismatique ou pentecôtiste, alors que celles-ci gagnent du terrain dans d’autres pays, en particulier au Brésil et en Amérique centrale.


Au Brésil, les catholiques constituaient, il y a encore quelques décennies, la quasi-totalité de la population. Aujourd’hui, ils n’en représentent plus que 61 %.

Pour ce qui est de l’Amérique centrale, ils regroupent aujourd’hui moins de la moitié des habitants au Honduras, avec 46 %, et environ 50 % au Guatemala, au Salvador et au Nicaragua.

Au Mexique, l'érosion du catholicisme provoquée par les sectes qui viennent d’être citées se manifeste presque uniquement dans le Chiapas, région qui se situe à la frontière avec le Guatemala et qui est l’une des étapes du voyage du pape François.

Le second point de résistance du catholicisme mexicain apparaît dans un autre domaine, celui du défi de la sécularisation.

Non pas tellement la sécularisation en tant que phénomène culturel, qui frappe tous les pays latino-américains de la même manière, mais plutôt celle qui est imposée systématiquement  – et parfois violemment – sur le terrain politique.

L'Uruguay est le pays dans lequel l’Église catholique a le plus souffert des effets de la longue domination d’une classe politique et d’une bourgeoisie fortement anticléricales et franc-maçonnes. En effet c’est celui où l’on trouve actuellement la plus faible proportion de catholiques de toute l’Amérique latine, avec 42 %, ainsi que le plus fort pourcentage d’agnostiques.

En revanche les catholiques continuent à représenter, au Mexique, une proportion double, même si, dans ce pays, l'offensive anticléricale et maçonnique a été beaucoup plus forte, prolongée, impitoyable.

Le sommet de cette offensive a été atteint dans les années 20 du XXe siècle, lors de la présidence de Plutarco Elias Calles, au cours de laquelle eut lieu une véritable tentative d’anéantissement de l’Église, à laquelle de nombreux catholiques de tous les milieux réagirent par une insurrection armée, au nom de Notre-Dame de Guadalupe et au cri de "¡Viva Cristo Rey!", qui valut aux insurgés le qualificatif de "Cristeros" et à leur rébellion celui de "Cristiada".

La "Cristiada" eut même son enfant martyr, José Sanchez del Rio, tout jeune combattant et témoin de la foi, que ses compagnons de combat avaient surnommé "Tarcisius", du nom du jeune Romain martyrisé pour avoir défendu l'hostie consacrée. Capturé en 1928 par les troupes gouvernementales, à l’âge de 14 ans, il fut torturé et tué en raison de son héroïque refus de trahir les siens et il mourut en murmurant : "Vive le Christ Roi, vive Notre-Dame de Guadalupe".

José Sanchez del Rio – dont l’histoire a été reprise dans le film "Cristeros" qui est sorti en 2012 – a été béatifié par Benoît XVI en 2005, en même temps que douze de ses compagnons, et le pape François en a approuvé, le 26 janvier 2016, le décret de canonisation. On prévoit qu’il sera proclamé saint d’ici à la fin de cette année.

En 1979, lorsque Jean-Paul II se rendit pour la première fois au Mexique, les lois du pays interdisaient encore à l’Église tout signe de présence publique et le Mexique n’entretenait pas de relations diplomatiques avec le Saint-Siège. Mais l'accueil populaire réservé au pape et la participation à ses messes furent grandioses et accélérèrent un assouplissement des lois anticatholiques.


Les violences subies pendant des décennies ne semblent pas, en effet, avoir ébranlé l’identité catholique qui est prépondérante au sein de la population mexicaine. "Toutefois ce traumatisme n’est pas définitivement surmonté", a déclaré, à la veille du voyage du pape François, le père Armando Flores Navarro, recteur du Collège Pontifical Mexicain de Rome et vice-postulateur de la cause de canonisation du tout jeune "cristero" José Sanchez del Rio. "Les évêques encouragent les catholiques à combler le déficit de participation à la vie publique qui existe encore actuellement et les catholiques font preuve d’un sens de la solidarité spontané et extraordinaire. Cependant ils restent un peu absents de la vie politique".

Une enquête réalisée récemment par le Pew Research Center de Washington confirme cet état de choses. 74 % des catholiques mexicains veulent que la religion soit séparée de la politique.

Et seule une minorité est opposée au divorce et aux mariages homosexuels.

On notera toutefois un point curieux : les gens qui, au Mexique, voudraient qu’il y ait des prêtres mariés sont également minoritaires, avec 31 %. Or il s’agit précisément de l’un des changements qui ont été les plus demandés à la veille du voyage du pape François, comme si on attendait de lui un geste d’"ouverture" vers cette innovation, pour laquelle le Mexique, et en particulier le Chiapas, servirait de champ d’expérimentation.

Ref . Le Mexique catholique, un cas unique en Amérique latine

Moralité : « Sanguis maryrum, semen christianorum » . (Tertullien, Carthage, 155-230)

JPSC

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