Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Recevoir l’Exhortation « Amoris Laetitia » à la lumière de l’enseignement constant de l’Eglise catholique

IMPRIMER

Lu sur le site didoc.be (30 avril 2016), le point de vue de Mgr Charles Chaput, archevêque de Philadelphie (USA) :

« Nous vivons à une époque où bien des gens sont exaspérés par une masse d’informations désagréables, peu crédibles et en grande partie non souhaitées. Nous sommes noyés par la publicité, les lobbies et une politique pernicieuse. Dans le même temps, des messages d’espérance et de vérité passent inaperçus. Quant aux questions cruciales, il est tentant d’éviter de réfléchir en sautant directement à la confrontation.

Le pape François part d’une approche différente. En un peu plus de 250 pages, la récente Exhortation Apostolique du Saint-Père sur l’amour dans la famille, Amoris Laetitia (La Joie de l’Amour) peut sembler décourageante, un peu comme si on observait le sommet de l’Everest depuis un camp de base. Mais la comparaison s’arrête là. C’est un document accessible à tout adulte qui s’intéresse à sa foi. Il mérite d’être lu, en le méditant, du début à la fin.

Il mérite également d’être lu avec soin à la lumière de l’exhortation apostolique Familiaris Consortio de saint Jean Paul II, de la théologie du corps, ainsi que d’autres documents antérieurs de l’Église sur le mariage et la famille.

Comme le document précédent Evangelii Gaudium (La joie de l’Evangile), les méditations post-synodales du pape François sont écrites avec vivacité et riches d’un enseignement profond, dans le style qui lui est propre. Ceux qui cherchent un changement dans l’enseignement de l’Église Catholique sur le mariage, le divorce, la famille ou la sexualité seront déçus, ainsi que l’ont bien fait remarquer les titres de la presse. Certains pourront trouver des passages du chapitre 8 où l'insistance sur la sensibilité pastorale envers les mariages irréguliers peut paraître ambiguë dans sa présentation.

Le lecteur doit donc comprendre « La Joie de l’Amour » dans le contexte de l'important corps de doctrine de l’Église Catholique, avec toute sa sagesse forgée au cours des siècles. Ce contexte façonne la réponse de l’Église de Philadelphie.

Comme Romano Guardini l’écrivait, (Guardini, l’un des plus grands penseurs catholiques du XXe siècle, exerce une influence majeure sur la pensée de notre pape), la miséricorde est une vertu plus élevée que la justice. Mais Guardini écrivait également qu’il n’y a pas de miséricorde réelle, séparée de la vérité. Et la vérité du mariage chrétien, enseignée par Jésus lui-même, est que le mariage est un engagement définitif, irrévocable, avec tout ce que cela implique dans la vie sacramentelle catholique.

Chaque lecteur peut trouver dans le texte son passage préféré. Pour moi, le cœur d’Amoris Laetitia se situe dans les chapitres 4 à 7. La profonde méditation du pape sur la première lettre de saint Paul aux Corinthiens est d’une beauté exceptionnelle. Les paragraphes 178-181 sur l’infertilité et l’adoption, encourageant la délicatesse et la vocation de la famille, sont excellents. Le paragraphe 187 insiste sur l’attention à la famille étendue. Le 193, soulignant l’importance de la mémoire historique, est d’une valeur inestimable, ainsi que les n° 174-177 sur le rôle du père et de la mère.  Le n° 167 reconnaît la valeur de la famille nombreuse dont les enfants sont vus comme un cadeau de Dieu.

Les paragraphes 47 et 48 font preuve d’une sensibilité profonde pour les enfants en difficulté et les personnes âgées. Le n° 80 réaffirme fermement le message d’Humanae Vitae, comme le n° 83 qui confirme la sainteté de toute vie. Dans le 56, le pape François rejette clairement l’idéologie du gender et toute sa confusion sur l’identité sexuelle.

Le chapitre 8 est une méditation touchante sur la nécessité d’inclure les divorcés et remariés civils, dans la vie de l’Église, en traitant toutes les personnes en union irrégulière avec le soin approprié. Mon expérience me prouve qu’il est rare qu’un pasteur mette délibérément des obstacles sur le chemin de celui qui veut vivre une vie de bon chrétien.

En même temps, nous devons rappeler que l’enseignement catholique n’est pas un « idéal » pour le petit nombre, mais un chemin de vie qui peut et devrait être vécu par nous tous. Ce serait une erreur d’interpréter l’esprit de compassion d’Amoris Laetitia, comme une autorisation d’ignorer la vérité chrétienne sur des sujets de fond, qui touchent notamment à l’enseignement catholique sur le mariage et à la discipline de l’Église sur l’administration des sacrements.

Ref. "Amoris laetitia": miséricorde et vérité

D’origine amérindienne et française, Mgr Chaput a été nommé archevêque de Philadelphie par Benoît XVI en 2011.

Le site didoc.be Le site didoc.be (« diffusion-documentation ») est né en l’an 2000 pour contribuer à donner un éclairage chrétien sur une diversité de questions touchant à la vie spirituelle, la foi, l’éthique, la famille, etc. Il publie des articles et diffuse des brochures, des DVD et des livres. Parmi ceux-ci, on trouvera notamment les écrits de saint Josémaria Escrivá, fondateur de l’Opus Dei, dont le message a inspiré les auteurs de cette initiative.

JPSC

Commentaires

  • Admirable analyse et réflexion de Mgr. Chaput, qui souligne tous les points positifs du texte papal « issu » librement de deux synodes. Merci. Il est bien nécessaire de mettre ne perspective un texte qui prête, peut-être, à ambiguïté en mettant l'accent sur une nécessaire casuistique individuelle circonstancielle.
    Pour autant, Mgr Chaput redit « l'indissolubilité » du mariage catholique, « unique et irrévocable » entre un homme et une femme, et l'appel (urgent) à la sainteté pour chacun, dans ou hors mariage. Mais, bien évidemment, ce n'est pas en tapant à coups de gourdin sur la tête de l'égaré que on l'amènera à retourner vers la Lumière du Christ.
    Pour autant, Mgr Chaput souligne, et il fallait le faire, l'actualité pérenne d' « Humanae vitae », c'est à dire le mal qu'est l'utilisation de moyens « contraceptifs » et la valeur de la « régulation naturelle des naissances », c'est à dire le respect inconditionnel de la vie sans vouloir la manipuler.
    Merci, Mgr Chaput, de redire que l'enseignement du Christ n'est pas un « idéal » inaccessible, mais une vérité à vivre, et qu'il n'y a pas de résurrection sans mort sur la croix.

Les commentaires sont fermés.