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Les femmes et la nature du diaconat

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Tel est l’objet de la question posée récemment par le pape François.

diaconesse antique.jpgSur la nature du « diaconat permanent » dont le nom en tout cas fut tiré des oubliettes de l’histoire par le concile Vatican II, l’abbé Alphonse Borras a publié, voici quelque temps déjà, un ouvrage intitulé  « Le diaconat au risque de sa nouveauté » (Bruxelles, Lessius , collection « La Part Dieu », 10-2007, 239 pages) que Michel Deneken a recensé dans la Revue des sciences religieuses. Il situe clairement l’objet du débat. 

« Théologien, canoniste et vicaire général du diocèse de Liège, Alphonse Borras mène sur les ministères une réflexion qui toujours allie histoire, théologie, droit et pratique. Il est, entre autre, un des spécialistes reconnus du diaconat. Considérant le bilan du rétablissement du diaconat permanent depuis quarante ans et prenant en compte les travaux que la Commission Théologique Internationale sur l’évolution et les perspectives du diaconat de 2003, Alphonse Borras pose la question de la nouveauté de ce ministère. Un bref rappel des débats autour du rétablissement du diaconat permanent à Vatican II permet de saisir d’emblée que si le diaconat permanent apparaît nécessaire à la vie de l’Église, s’y trouvent cependant en germe des équivoques, des difficultés et des interrogations.

On découvre ainsi que la réception de ce ministère demeure largement à réaliser. « Diaconat nouveau ou nouveau diaconat ? » : Le titre du chapitre II ne relève pas du vain jeu de mots, mais situe la question telle qu’elle se pose aujourd’hui concrètement aux communautés chrétiennes comme à l’épiscopat. Parlant d’un diaconat « aux franges du sacerdoce » (p. 61), Alphonse Borras montre bien que celui que rétablit Paul VI n’est pas le même que celui qui eut cours dans l’Église ancienne. Il convient donc de parler non d’un nouveau diaconat, car la référence est bien l’Église ancienne, mais de diaconat nouveau, se distinguant du diaconat ancien. Si le diaconat prend en référence le presbytérat, le risque de nouveaux malentendus est grand. Il convient donc de réfléchir à la symbolique diaconale (chapitre III), ce qui aboutit à une précision sur la nature sacramentelle du diaconat (chapitre IV).

 

Avec Y. Congar, Alphonse Borras  affirme que les ministères dans leur diversité s’inscrivent dans l’Église locale, chacun procédant de la communion ecclésiale autant qu’il la réalise. La sacramentalité du diaconat ne devrait plus faire l’objet de débats : « Dans l’unité du sacrement de l’ordre, le diaconat trouve son enracinement dans le Christ, soit qu’on le relie à la mission des apôtres, soit qu’on le rattache au lavement des pieds » (p. 103). Puisque le diaconat est bien un sacrement, il faut donc, dans l’optique catholique, définir la nature du caractère spécifique qu’il imprime (chapitre V). Si l’en semble du sacrement de l’Ordre procède de la configuration du ministre au Christ lui-même, le diaconat le fait à sa manière.

Alphonse Borras fonde sa thèse sur sa conception de la mission de l’Église dans l’histoire (annonce du Règne, célébration du Seigneur, service de l’humanité) : son ordination destine le diacre « à l’œuvre de Dieu dans ce monde en train de le conduire à son achève ment » (p. 129). Cette référence au Christ conduit à se demander s’il est pertinent d’affirmer que le diacre agit « in persona Christi » (chapitre VI). Replacée dans le binôme in persona Christi – in persona Ecclesiae, le diaconat est référé au second membre, le premier désignant davantage le ministère sacerdotal. Dans ce sens, le directoire de 1998 a raison d’user de l’ex pression « in nomine Christi » ; c’est cette formule qu’il convient de privilégier (p. 143). Dans les problèmes rencontrés aujourd’hui dans l’exercice du diaconat, celui de la fonction elle-même est souvent posé. Le diaconat revêt le ministre d’une potestas sacra, et cette ordination est « productrice de droit » (p. 167).

Alphonse Borras plaide pour une véritable spiritualité du diaconat (chapitre VIII). Spiritualité ecclésiale, configuration au Christ serviteur, elle peut produire une typologie du diacre samaritain, prophète ou berger. Enfin, Alphonse Borras  invite à ne pas focaliser la question du diacre sur celle du presbytérat (chapitre IX). Il montre que les problèmes rencontrés sont de l’ordre du terrain, du relationnel, de la manière dont le diaconat est concrètement vécu.

Alphonse Borras, malgré les difficultés et équivoques qu’il a mises en évidence, conclut en se demandant si le ministère du diacre ne serait pas « une clé pour le renouvellement du ministère de l’Église tout entière » (p. 234). Cet essai propose une synthèse sur la question du diaconat aujourd’hui. Il représente également une stimulante réflexion sur le ministère ordonné en général, notamment au sujet de l’articulation des entre les trois ministères de l’évêque, du prêtre et du diacre. »

Ref. Recensions

Si le diaconat procède bien du sacrement de l’ordre c’est-à-dire d’une configuration au ministère propre du Christ lui-même, la question n’est pas mince de savoir si la nature même de ce sacrement permet d’y inclure l’ordination de femmes diacres. Si, les concernant, il  ne s’agit pas de cela, mieux vaudrait, me semble-t-il, renoncer à référer la création d’une mission caritative féminine spécifique  au concept de diaconat, sous peine de créer une équivoque de plus dans une matière sensible pour les  mentalités contemporaines.

JPSC

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