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Emancipation ou enracinement ? Le vrai débat contemporain abordé par Chantal Delsol

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Sur Canal Académie :

unnamed.jpgLe vrai débat contemporain : émancipation ou enracinement ?

Entretien avec Chantal Delsol, philosophe, membre de l’Académie des sciences morales et politiques à propos de son dernier ouvrage : La haine du monde

Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse”, écrivait Albert Camus. Le dernier ouvrage de Chantal Delsol s’inscrit dans cette perspective. Pour la philosophe, nos sociétés postmodernes sont en effet animées par un désir jamais assouvi d’émancipation poursuivant, sous de nouvelles formes, le dessein totalitaire de forger un homme et un monde nouveau. Mais rien n’est cependant joué car, face à ces démiurges, un autre courant, partisan de l’enracinement, s’affirme avec l’humble ambition de cultiver le monde tel qu’il est avec la prudence et la patience de jardiniers.

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Extrait de "La haine du monde" :

Le combat des démiurges et des jardiniers

« Le moment contemporain est habité par deux courants de pensée adverses. Le premier continue la modernité en déployant encore son prométhéisme, quoique sous d’autres auspices qu’au XXe siècle : l’attente des lendemains qui chantent ou du Reich de mille ans, laisse place, par exemple à l’attente de l’homme immortel du post-humanisme. Ici nous sommes encore des démiurges. Et nous le sommes aussi en poursuivant l’ouvrage commencé par le totalitarisme rouge : tentative de produire un humain insoucieux des questions existentielles, récusant toute anthropologie susceptible de nous précéder, croyant vivre dans une pré-histoire en attendant la parousie prochaine.
Le deuxième courant s’oppose au premier, qu’il voit comme une espèce sauvage du prométhéisme fanatique, un héritier de Lumières dévergondées. Il s’intéresse à cultiver le monde qui existe au lieu de le refaire. Il s’emploie à l’attention et au respect davantage qu’à la fabrication. Ici nous sommes des jardiniers. Notre époque produit donc des démiurges et des jardiniers, dont les visions du monde et les projets sont antithétiques. »

Extrait de La haine du monde. Totalitarismes et postmodernité,
par Chantal Delsol, Editions du Cerf, février 2016, 238 p., 19 €

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