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Un évêque diocésain insatisfait de la position des autels qu’on met entre le prêtre et le peuple

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Il s'agit de Mgr Pascal N’Koué, évêque de Parakou au Bénin , dans son bulletin diocésain de juillet 2016.  Lu sur le blog « salon beige » :

mgr-pascal-nkoue-200.jpg"Je tiens à vous rappeler que la célébration "versus orientem" est autorisée par les rubriques du Missel (de Paul VI), qui précisent les moments où le célébrant doit se retourner vers le peuple. Il n’est donc pas besoin d’autorisation particulière pour célébrer face au Seigneur" Card. Robert SARAH. Et voilà le vieux débat relancé. Le prêtre à l’autel doit-il faire face au peuple, ou se tourner avec les fidèles vers l’Orient, le Soleil levant ? L’auteur du grand livre "Dieu ou rien" tranche sur le vif : "Le Concile n’a jamais demandé de célébrer face au peuple".

La première fois où j’ai eu le privilège de concélébrer avec le Pape Jean-Paul II, dans sa chapelle privée au Vatican, l’autel était collé au mur. Nous tous (les célébrants et le peuple) étions tous tournés vers la même direction, vers l’autel pour la célébration du Saint Sacrifice. Quel recueillement ! J’en ai été marqué pour la vie. Depuis ce jour, j’ai toujours été insatisfait de la position des autels qu’on met entre le prêtre et le peuple, où on se fait face à face. On m’avait toujours dit que c’était le Concile Vatican II qui l’avait décrété. Un autre argument qu’on donne souvent c’est que, ce n’est pas poli de célébrer la messe "dos au peuple". Mais là, en 1989, j’étais dans la chapelle du Pape Jean-Paul II, qui lui aussi a participé au Concile. Et le Pape, ce "roc inébranlable", ne pouvait pas cultiver ce qui est indécent et manquer de courtoisie au Peuple de Dieu. Alors que penser ?

J’en étais là quand un jour, j’ai découvert un livre d’une grande valeur. Voici ce que j’y ai lu : ‘‘Après le Concile (qui lui-même ne mentionne pas de se tourner vers le peuple), on disposa partout de nouveaux autels tant et si bien que l’orientation de la célébration ‘‘versus populum’’ (face au peuple) paraît aujourd’hui la conséquence du renouveau liturgique voulu par le Concile Vatican II’’’. Ceci est un extrait de L’esprit de la liturgie, du Cardinal Joseph Ratzinger, devenu le Pape Benoît XVI. Plus loin, il écrit ceci : ‘‘En revanche, l’orientation commune vers l’est pendant le Canon (ou Prière Eucharistique) demeure essentielle. Il ne s’agit pas d’un élément accidentel de la liturgie. L’important n’est pas de regarder le prêtre mais de tourner un regard commun vers le Seigneur. Il n’est plus question ici de dialogue mais d’une commune adoration’’. Et l’ancien Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi conclut son plaidoyer par cette nuance : "il n’est justement pas question de fuir dans un passé romantique et lointain, mais de redécouvrir l’essence de la liturgie chrétienne".

Effectivement le Concile Vatican II ne donne aucune directive sur la position du prêtre à l’autel. C’est donc sur la base d’une erreur d’interprétation de la position de la basilique saint Pierre, que des liturgistes, après le Concile, ont exhorté abondamment à l’habitude de célébrer face au peuple : « Pour des motifs purement topographiques, dont nous ne donnerons pas les détails, il se trouve que l’abside de la basilique Saint-Pierre de Rome fait face à l’Ouest. Si le prêtre célébrant en conformité avec la tradition de prière chrétienne voulait faire face à l’est, il devait logiquement se tourner vers le peuple. Sous cette influence, certains architectes reprirent cette disposition dans plusieurs églises, ce qui donna valeur de référence à cet usage. Au XXe siècle, le renouveau liturgique s’empara de ce modèle hypothétique pour élaborer un nouveau concept : la célébration de l’Eucharistie "versus populum" (vers le peuple) ; de ce fait l’autel, selon la "norme" de saint Pierre, devait être exposé de telle sorte que prêtre et peuple se regardent l’un l’autre pour former ensemble le cercle des célébrants. Cela seul, pensa-t-on alors, pouvait correspondre à l’esprit de la liturgie chrétienne et à la consigne de la participation active, et rendre ainsi la célébration liturgique moderne fidèle au prototype de la sainte Cène » (L’esprit de la liturgie p.65). Or, la prière liturgique vers l’Orient tient compte non seulement de la tradition depuis l’origine du christianisme mais aussi du cosmos. Cette position tient compte du passé et nous dispose à marcher vers le règne du monde à venir. [...]

Un dernier témoignage, et non des moindres, puisqu’il vient de celui à qui le Pape François a confié la liturgie dans l’Eglise, j’ai nommé le Cardinal Robert Sarah, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la discipline des Sacrements. Il appelle à une conversion intérieure pour remettre Dieu au centre de la liturgie : « Se convertir, c’est se tourner vers Dieu. Je suis profondément convaincu que nos corps doivent participer à cette conversion. Le meilleur moyen est certainement de célébrer - prêtres et fidèles - tournés ensemble dans la même direction : vers le Seigneur qui vient. Il ne s’agit pas, comme on l’entend parfois, de célébrer le dos tourné aux fidèles ou face à eux. Le problème n’est pas là. Il s’agit de se tourner ensemble vers l’abside qui symbolise l’Orient où trône la croix du Seigneur ressuscité. Par cette manière de célébrer, nous expérimentons, jusque dans nos corps, la primauté de Dieu et de l’adoration. » Et le Cardinal de proposer concrètement cette orientation commune « au moins pendant le rite de la pénitence, pendant le chant du Gloria, les oraisons et la prière eucharistique » (Entretien donné à l’hebdomadaire Famille Chrétienne n° 2002, du 28 mai 2016). J’ajouterais aussi pendant la prière universelle.

Nous avons droit à la vérité. Car très souvent l’ignorance, les idéologies de courte vue, et le manque d’information objective créent et entretiennent un climat de suspicion et même de mépris envers les gestes et les symboles à promouvoir. Et cela est préjudiciable au silence sacré, à la vie intérieure et à l’unité des cœurs. [...]"

Ref. Un évêque diocésain insatisfait de la position des autels qu’on met entre le prêtre et le peuple

En soi, absolument rien ne s’oppose à ce qu’un curé ré-oriente la célébration de sa  messe mais c’est la pastorale liturgique dans son ensemble qui devrait être réformée pour que cela porte du fruit. Ceci supposerait un véritable mouvement à entreprendre dans toute l’Eglise latine pour rendre une certaine sacralité à son actuelle liturgie de saveur protestante. On est loin du compte. Malgré des gestes comme celui de Mgr N’Koué ou la bonne volonté de Mgr Sarah, un mur infranchissable entre célébrations « ordinaires » (qui sont encore aujourd’hui l’immense majorité) et célébrations «extraordinaires» (qui demeurent des exceptions, peu accessibles aux fidèles sans culture liturgique adéquate) semble figer une coexistence (pacifique?) excluant toute influence réciproque capable d’induire une réunification du rite romain sur base d’une "réforme de la réforme". Cette division regrettable ne se limite d’ailleurs pas à la liturgie.

JPSC

Commentaires

  • -" Le Concile n'a jamais demandé de célébrer face au peuple."
    Il y a bien eu des responsables de cette volonté là !
    On pourrait se demander : "Les Messes sont-elles valables" ? Beaucoup, en tout cas, ont perdu le sens de la Messe, c'est une certitude.

    J'ai aussi eu l'occasion de faire l'expérience de Mgr N'Koué. Aussi à Rome. Il m'était apparu à cet instant que la Messe était "juste". du fait que le Prêtre, dos tourné face au Soleil Levant. intervint pour moi, pour nous, auprès du Seigneur, Il marchait avec nous vers le règne qui vient ...
    Il n'était pas l'animateur des animateurs d'un meeting politique ou d'un show de music folk ou pop ... comme on a été obligés de s'habituer quelquefois. J'exagère, mais ce fut un peu ça.
    Pour moi aussi, le sens de cette orientation est meilleure et compréhensible. Il s'agit de communiquer avec notre Dieu Créateur, Dieu Rédempteur, Dieu Sanctificateur. Un seul Dieu en trois Personnes. Le Prêtre étant notre intercesseur pour l'Adoration, la demande de pardon, l'Union au Sacrifice de la Croix, La contemplation, l'action de grâce, pour reprendre ensuite notre route dans la Paix et la Joie du Christ Ressuscité, où Il ne cessera de nous accompagner...comme Il resta présent auprès de la Ste Vierge, St Joseph et tous les Saints dans leur vie de tous les jours.
    Ainsi, nous sommes remplis de reconnaissance et de souhaits les meilleurs envers nos Prêtres qui sont ainsi intervenus pour remettre en meilleure forme nos âmes, nos cœurs et nos corps, prêts à servir, prêts à donner le meilleur de nous-mêmes dans nos milieux de vie.

  • .les orthodoxes ont trouvé la solution ils tirent un rideau et mettent tout le monde d'accord

  • Ce serait trop demander quel livre de grande valeur il a découvert et son auteur ?

  • @ Lise

    Changez de lunettes pour mieux lire ce qu’écrit Mgr N’Koué lui-même dans ce texte :

    Il se réfère à « L’esprit de la liturgie » du Cardinal Joseph Ratzinger (paru aux éditions « Ad Solem », Paris, novembre 2001). Il s’agit, selon La Procure, du maître-livre de Joseph Ratzinger (alias pape Benoît XVI) sur la liturgie conçue comme essentiellement christocentrique et comme le coeur de l'Église.

    Essentiel pour comprendre l'attention de Benoît XVI à cette question souvent disputée. Bonne lecture.

  • Très bonne nouvelle que ce témoignage de l' Evêque Mgr Pascal N’Koué, évêque de Parakou au Bénin ......Voila quelqu'un qui a le courage du retour au sources!...D'ailleurs...ouvrez vos yeux tout les autels de nos grandes cathédrales et Eglises.......se trouvaient vers l'Orient! Regardez Vézelay par exemple......Villers la ville en Belgqiue, ancienne abbaye aussi etc.....Alors retournez aux sources!!!!!! Le regard vers l'Orient.....le lever du soleil....de la lumière.......

  • Curieux raisonnements. Je les respecte.
    Pourtant je pense que l'Eglise aura toujours le droit et le devoir de s'insérer dans les cultures et donc de vivre au rythme de l'histoire et d'en tirer les conclusions. Elle devra toujours, sans se renier, s'adapter et changer...
    S'il vous plait reconnaissez que la communion est vécue de manière plus intense quand le prêtre et les fidèles se retrouvent rassemblés autour de la même table. Apprenez à écouter, à entendre ceux qui vivent cette manière de célébrer l'Eucharistie et y trouvent une très réelle et profonde joie. Pourquoi certains s'obstinent-ils à penser qu'ils ont tort ?
    De plus, ces célébrations ne diminuent en rien la valeur du sacerdoce ministériel ! Tous peuvent en témoigner.
    Avez-vous été voir comment la messe était célébrée aux premiers temps de l'Eglise ? Les lettres apostoliques et les écrits de pères l'Eglise ne semblent pas donner tort à ceux qui la célèbrent "face au peuple".
    Mais peut-être que cette dernière expression n'est pas des





    plus heureuses... En effet, elle ne laisse rien soupçonner de la merveille qui se passe dans ces célébrations...
    Enfin, remarque irrespectueuse, je l'avoue, Les responsables de l'Eglise n'ont-ils d'autres préoccupations que celles qui témoignent que ce n'est pas la mission et l'annonce d'un Dieu tout proche d'une humanité avec laquelle il est venu faire alliance ? Humanité qui semble ne pas le savoir ni s'en soucier Le commandement de la Mission semble pourtant bien être celui que Jésus a laissé aux apôtres avant de les quitter ? "Allez, annoncez l'Evangile..."

  • ... oui, c'est peut-être de curieuses réflexions pour certains, mais le problème est que les églises se vident, se vendent ... pour d'autres orientations n'est-ce pas ? Donc, le sens de la Messe n'est plus perçu par les jeunes générations, ni des Sacrements non plus ...
    L'évangélisation est primordiale, oui, mais le Christ a dit aussi : "Sans Moi, vous ne pouvez rien faire" ( sa Vie, sa Volonté, s'entend). Si dans le cours de la Messe, le Prêtre regarde les fidèles pour s'adresser à Dieu, il y a un problème ... Il faut bien diriger tous nos sens, et notre corps vers un endroit bien précis ...
    Si nous nous adressons verbalement à un ami , instinctivement nous lui faisons face.. S'il est décédé, naturellement, nous nous tournerons vers l'endroit ou se trouve sa dépouille pour le bénir, lui adresser nos affectueuses pensées.
    Nos Anciens avaient situé l'endroit ou le soleil se lève ... puisque toutes les églises sont construites, en effet, en fonction de cela. C'est depuis Vatican II que l'Eglise s'est protestantisée et que la Messe est dite aussi dans une cuisine, toujours en se regardant dans les yeux pour prier Dieu. J'ai toujours trouvé cela disons : Non ajusté ... malheureusement.
    Or la Création est "juste" Il y a une régularité implacable dans l'ordonnancement des astres, du retour des saisons, du cycle de la vie ... et j'en passe. Tout a été ordonné, ajusté, précisé et c'est une merveille chaque jour constatée. Le rituel n'est pas une mode qui passe.
    S'il le sens n'est pas perçu, expliqué, vécu, il n'est pas facile d'évangéliser ... c'est mon humble avis.

  • @ Aubelle
    C'est exactement ce que dit le Cardinal Sarah !... Et à mon avis il a entièrement raison ; il faut replacer Dieu au centre de la liturgie, c'est le seul moyen de sauver l’Église !...

  • Quelle joie, chaque fois que les évêques africains nous entretiennent de la Liturgie, oeuvre sacrée entre toutes....

    Vivement que les évêques se réveillent et nous ramènent au
    " sacré " . Partout où l'on célèbre à nouveau la Liturgie sans ces ajouts imprudemment imposés par les modernistes , il semble bien que les fidèles reviennent à l'Eglise...

    Le Saint-Esprit est à l'oeuvre ! Merci, Seigneur ! Merci, cher Pape Benoît XVI ! Merci au cardinal Sarah mais aussi à ce Mgr. N'KOUE, nouveau venu dans ce débat !

    Persévérons avec patience et charité pour que l'on revienne à nos traditions multi-séculaires en Liturgie ! Que l'Eglise Latine suive l'exemple des patriarcats orthodoxes: l'unité de l'orthodoxie n'est garantie que par le respect intégral de la Liturgie, mystère sacré autant que sublime. C'est pourquoi, aucun orthodoxe n'oserait " moderniser" leur très antique Liturgie ....


    De même, nous aimerions énormément que l'on renonce à "tutoyer" Dieu , cette mode qui nous vient aussi des modernistes post-conciliaires. Il est tout de même étonnant que l'on se permette de "tutoyer" Dieu et que l'on continue à " vouvoyer" toutes les personnes que nous rencontrons , même les plus humbles, comme une marque de respect !
    On dira que le vouvoiement est propre à la langue française. C'est très bien ainsi. Il n'est pas trop tard pour apprendre et enseigner cette qualité française de la ...politesse, non ?

    Heureusement, dans les institutions traditionnelles, on a conservé cette habitude de respect, de révérence.... Et cela n'empêche pas leurs fidèles d'être intimes avec Dieu ! Merci à eux !

  • Et la possibilité de se mettre à genoux qui est perdue ......
    L' argument le plus utilisé pour défendre la modernisation ( protestantisation ) est de vouloir retrouver des églises pleines ,d'attirer les fidèles, les jeunes " . Or, on voit le contraire
    Et au JMJ on se confesse dans de petits confessionaux , on adore le Saint Sacrement exposé ( 17 tentes d'adoration ), on s'agenouille pendant la consécration ....
    Il y a aussi cette manière binaire de penser : les tradi ou les modernes ...
    Alors que si on laisse faire l' Esprit, on se convertit un peu chaque jour ,insensiblement , ou alors par sauts , grand sauts ou petits sauts .....
    Restons dans la louange .....Voyons les choses d'une manière catholique, universelle ( le cardinal Sarah, et Mgr Pascal N' Koué ).Et n'oublions pas que le combat est spirituel .
    Jésus " a vu Satan tomber du Ciel comme un éclair " pendant que les apôtres témoignaient, guérissaient ,confessaient .....

  • comme le dit si bien Thérèse : " ... n'oublions pas que le combat est spirituel" !
    Pour faire simple, comme le préconise le site Aleteia
    - Bien démarrer la journée, pour être bien armés.

    "Devenez l'acteur principal de votre journée, ne permettez pas que vos premiers instants soient envahis par l'extérieur, mais commencez plutôt votre journée en conscience avec une jolie prière d'action de grâce tout simple :"

    Le soleil se lève,
    Merci Seigneur pour cette nouvelle journée
    que Tu nous offres.
    Bénis en ce jour,
    Ceux que j'aime,
    Ceux qui partent travailler
    Donne-leur courage et force
    Pour les enfants qui partent à l'école
    Donne-leur l'attention et l'intelligence,
    Que ton Esprit-Saint nous éclaire
    afin que nous puissions tous discerner le bien et le mal
    et faire ce que tu attends de nous.
    Donne-nous un cœur simple et pur comme celui d'un enfant
    pour rechercher ce qui est vrai et ce qui est bon
    Aujourd'hui et tous les jours de notre vie.
    Amen;"

    voir sur le site d'autres bons conseils bien utiles pour ce moment de notre histoire où cohabitent tant d'intrusion et de confusion ...

  • @ André Dubled

    Vous écrivez :

    "Avez-vous été voir comment la messe était célébrée aux premiers temps de l'Eglise ? Les lettres apostoliques et les écrits de pères l'Eglise ne semblent pas donner tort à ceux qui la célèbrent "face au peuple" ."

    Dans son maître-ouvrage « L’Esprit de la Liturgie » ( éd. Ad Solem, 2001), le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI dit exactement le contraire de ce que vous affirmez . Pour étayer son jugement, le cardinal invoque notamment la science liturgique du Père Bouyer : « L’idée qu’une célébration face au peuple ait pu être une célébration primitive, et en particulier celle de la Cène, n’a d’autre fondement qu’une conception erronée de ce que pouvait être un repas dans l’antiquité, qu’il fut chrétien ou non. Dans aucun repas du début de l’ère chrétienne, le président d’une assemblée de convives ne faisait face aux autres participants. Ils étaient tous assis ou allongés sur le côté convexe d’une table en forme de sigma, ou d’une table qui avait en gros la forme d’un fer à cheval. L’autre côté était toujours laissé libre pour le service. Donc nulle part, dans l’antiquité chrétienne, n’aurait pu survenir l’idée de se mettre « face au peuple » pour présider un repas. Le caractère communautaire du repas était accentué bien plutôt par la disposition contraire : le fait que tous les participants se trouvaient du même côté de la table » (p. 49-50).

    Je me permettrais un commentaire :

    Le repas pascal n’est pas la messe. Jésus a instituée l’eucharistie à la fin de ce repas, en la détachant de la « Cena » proprement dite : ce que célèbre l’Eglise dans la messe n’est pas la dernière Cène mais ce que le Seigneur a institué à cette occasion, à savoir la mémoire de sa mort sacrificielle. Cela étant, on voit mal que Jésus se soit alors levé à la fin du repas pascal pour aller se placer face aux convives pour instituer la messe: il n’y a aucune preuve de cela.

  • Le Vénérable Pape Pie XII a rappelé qu'il n' était pas bon de faire de l'archéologie liturgique,deux mille ans nous séparent du repas au cours du quel le Seigneur a partagé son corps et son sang avec ses apôtres,ces derniers ne découvriront progressivement le sens du repas Pascal qu'après la crucifixion et l'enseignement du Seigneur ressuscité qui demeurera avec eux quarante jours jusqu'à son Ascension .Puis viendra la Pentecôte et l'enseignement de l'Esprit-Saint.
    Très probablement le Seigneur et ses apôtres partagèrent-ils le repas du jeudi saint à l'oriental,c'est à dire plus ou moins allongés.
    En ce qui concerne l'orientation de la prière nous savons que les premiers chrétiens priaient tournés vers l'Orient d'ou doit revenir le Christ.
    Paul VI a célébré en 1964 la sainte messe tourné vers l'assemblée,avant lui et tout au long du XX° siècle jusqu'à Vatican II certains prêtres ont retourné l'autel,des missels pour fidèles des années 50 sont illustrés de photos montrant des messes célébrées vers l'assemblée;rapidement après le concile les tables de communion ont été retirées,le choeur de l'église n'était plus réservé aux clercs,les tabernacles relayés dans des chapelles latérales,impossible de communier à genoux comme cela était de coutume depuis toujours .
    Quels beaux résultats,perte du sens du sacré,désertification de nos églises.
    On nous ramène toujours au concile ,mais ce dernier est interprétable de mille manières,il s'agit d'un concile pastoral,une ouverture au n'importe quoi,à toutes sortes d'initiatives.
    Le concile semble en soi très classique mais ce qui est proposé peut être "adapté" en fonction des conférences épiscopales.

  • « Après le Concile, qui lui-même ne mentionne pas de « se tourner vers le peuple », on disposa partout de nouveaux autels, tant et si bien que l'orientation de la célébration versus populum parait être aujourd'hui la conséquence du renouveau liturgique voulu par le concile Vatican II. En fait l'orien­tation versus populum est l'effet le plus visible d'une transformation qui ne touche pas seulement l'aménagement extérieur de l'espace litur­gique, mais implique une conception nouvelle de l'essence de la litur­gie : la célébration d'un repas en commun. Cette notion résulte non seulement d'une fausse interprétation du sens de la basilique romaine et de la disposition de son autel, mais aussi d'une compréhension pour le moins approximative de ce que fut la sainte Cène. »

    Source; Cardinal Ratzinger, l'esprit de la liturgie.

    Autel et sacrifice sont étroitement liés. Un de mes amis, juif converti au catholicisme, peu suspect donc de "nostalgie préconciliaire", m'a toujours dit sa préférence pour le rite extraordinaire... pas spécialement pour l'usage du latin, mais plus parce que curieux de comprendre le sens de la liturgie (ce qui échappe à la plupart des fidèles aujourd'hui), il trouve davantage de sens dans la célébration ad orientem.

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