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Belgique : un silence mortifère ?

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De Riccardo Cascioli sur la Nuova Bussola Quotidiana, traduit sur diakonos.be :

BELGIQUE : LE SILENCE DES ÉVÊQUES GÉNÈRE DES MONSTRES

Face au premier cas d’euthanasie pratiquée sur un mineur la semaine dernière en Belgique, on ne sait plus très bien s’il faut éprouver plus d’horreur pour le fait en lui-même ou bien pour les nombreuses réactions d’éditorialistes qui en donnent une justification théorique et voudraient en profiter de l’expérience belge pour étendre la loi sur l’euthanasie ailleurs, y compris en Italie.

Mais une autre question s’impose d’emblée à la lecture de ces experts qui dénoncent le prétendu « retard » de l’Italie pays en la matière et qui l’attribuent au bigotisme typique d’un pays de tradition catholique.

Comment est-il possible qu’un autre pays de tradition catholique comme la Belgique soit devenu le premier pays au monde à autoriser l’euthanasie sans limite d’âge et à être dans les premiers à la mettre en pratique ? Pourtant, la Belgique en tant que nation n’existe que parce qu’elle est catholique puisqu’elle est constituée des provinces qui, entre le XVIè et le XVIIè siècle, pendant la guerre d’indépendance hollandaise, résistèrent à la Réforme protestante et restèrent fidèles au roi d’Espagne. La Belgique a également une longue tradition de pays missionnaire : créée il y a à peine 150 ans, la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie (les pères scheutistes) a joué un rôle important dans l’évangélisation de l’Afrique. Et il y a quelques années à peine, le Roi Baudouin se mettait en impossibilité de régner pendant deux jours pour ne pas devoir signer la loi qui dépénalisait l’avortement : ce geste n’avait pas empêché le vote de cette loi mais il avait marqué les esprits, surtout comparé avec le comportement des élus catholiques italiens douze ans auparavant.

Aujourd’hui pourtant, une chape de plomb est tombée sur l’euthanasie des mineurs (approuvée il y a deux ans) et sur le premier cas de mort médicalement assistée. Un silence non seulement entretenu par les politiques mais surtout par l’Eglise. Le seul qui avait osé élever la voix ces dernières années, c’était l’actuel Archevêque émérite de Bruxelles, Mgr Léonard qui était comme par hasard considéré comme un intrus au sein de l’Eglise belge à la suite de sa nomination imposée par Benoît XVI que les autres évêques n’ont jamais véritablement avalée. Sa démission d’office à 75 ans fut d’ailleurs immédiatement acceptée afin de pouvoir retourner à l’ancien système.

Mais c’est justement cet ancien système qui a mis en marche un processus de déchristianisation ultra-rapide au point que la participation aux messes dominicales a chuté à 5% de la population alors qu’elle était de 11% il y a à peine 15 ans. Dans la capitale, elle n’est plus que de 1,5%. Et si deux tiers de la population belge se déclarent catholiques, il n’y a plus qu’un nouveau-né sur deux qui est encore baptisé et les chiffres sont en chute libre. Entretemps, de nombreuses églises désormais vides ont été réaffectées en centre commerciaux, en marchés ou en mosquées et un récent article de La Libre Belgique révélait que la moitié d’entre elles était menacée de fermeture.

L’effondrement de l’Eglise belge a coïncidé avec l’après-concile et ce n’est certainement pas un hasard. Ici plus qu’ailleurs, l’après-concile a donné lieu à une course effrénée à la poursuite du monde pour introduire la mentalité du monde au sein de l’Eglise catholique : le cardinal Suenens et son successeur, le cardinal Danneels ont été les champions incontestés de cette mouvance que Benoît XVI tenta en vain d’infléchir en nommant Mgr Léonard archevêque comme successeur de Danneels.

Après avoir fêté son 75è anniversaire il y a à peine un an, Léonard fut immédiatement remplacé par l’ex-auxiliaire de Danneels, Jozef de Kesel de sorte que la ligne progressiste puisse reprendre à plein régime. C’est ainsi que s’est ouvert un nouvel épisode de démolition de l’Eglise catholique visant à la transformer en une communauté protestante. Toute les énergies se sont concentrées sur des combats visant à faire entrer l’esprit du monde dans l’Eglise (avortement, contraception, mariage des prêtres, bénédiction des unions gays, etc.) au détriment du peuple de Dieu en fuite. Pire, on est en train de mettre en place les bases d’un futur désastre comme le démontre l’incroyable affaire de la fermeture du seul séminaire qui attirait un grand nombre de vocations (créé par Mgr Léonard) qui a été contraint de fermer ses portes sous le prétexte pathétique qu’il y aurait trop de séminaristes français.

Le résultat est aujourd’hui sous nos yeux : la déchristianisation à marche forcée de la Belgique va de pair avec le renforcement de la crise économique et sociale, avec la montée en puissance d’une bioéthique hostile à l’homme et avec la capitulation inconditionnelle devant les lois qui s’en prennent systématiquement à l’homme, sommet de la création (avortement, euthanasie, mariages gays). Si aujourd’hui la Belgique a étendu sa législation sur l’euthanasie aux mineurs, il faut également s’interroger sur la responsabilité des évêques.

Source: Riccardo Cascioli, LNBQ, 21/09/2016

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