Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13 nouveaux cardinaux soigneusement sélectionnés pour orienter le prochain conclave

IMPRIMER

De Barbie Latza Nadeau, chef du bureau de Rome pour The Daily Beast, sur Atlantico.fr :

Ces 13 nouveaux cardinaux choisis par François pour peser sur l’élection du prochain Pape

Le pontife va nommer 13 nouveaux cardinaux électeurs en novembre qui pourraient éviter que l'Eglise ne retombe dans le conservatisme.

ROME - François n'a jamais été du genre à mâcher ses mots, même quand il ne dit rien. Et il n'est certainement pas difficile de lire entre les lignes de son choix de nouveaux cardinaux, qui recevront leurs chapeaux rouges le mois prochain, pour voir qu'il agit pour s’assurer que son successeur pense comme lui.

Parmi les 17 nouveaux cardinaux qu'il a nommé dimanche, 13 ont moins de 80 ans, et donc le droit de voter dans tout conclave futur qui élira le successeur de François, ce qui ne sera pas facile.

Parmi les nouvelles éminences, cinq viennent incontestablement de pays en marge géographiquement, là où François croit que l'Eglise peut changer les choses en bien.

Ils sont originaires du Bangladesh, de la République centrafricaine, du Lesotho, de la Malaisie et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Tous sont des pays qui ont jamais eu un représentant élevé au rang de cardinal et dont l’expérience du catholicisme est très différente de la plupart des autres pays, ce qui va changer radicalement la démographie du prochain conclave. François a également choisi des hommes originaires de l'île Maurice, du Brésil et du Venezuela.

A 49 ans, le nouveau cardinal Dieudonné Nzapalainga de la République centrafricaine, sera le plus jeune votant du Collège des Cardinaux et, peut-être plus important encore, il est susceptible d'être à ce poste pendant très longtemps pour défendre un regard, qui jusque-là a souvent été mis en sourdine, sur les défis de l’Afrique.

Seuls trois des nouveaux cardinaux sont européens. L'un d’entre eux est Mario Zenari, un Italien qui a été nonce apostolique en Syrie depuis 1980. En apprenant la nouvelle, Zenari a déclaré que choisir le nonce de Syrie pour le nommer cardinal est un signal aux parties belligérantes : "C’est presque un avertissement".

Un autre européen important sur la liste est l'Espagnol Carlos Osoro Sierra, l'archevêque de Madrid, que beaucoup appellent "le François espagnol" parce son style pastoral est semblable à celui de François, et  parce qu’il est sûr d’être sur les listes des "papabili" qui peuvent prétendre remplacer François s’il devait démissionner ou mourir.

Le troisième européen, c'est Josef De Kesel, l'archevêque de Bruxelles, qui a participé à la dissimulation des scandales sexuels provoqués par des prêtres mais qui, néanmoins, a l'oreille du pape actuel sur les grands problèmes qui agitent l'Eglise catholique européenne.

Il y a aussi trois cardinaux américains remarquables, les premiers américains nommés par François. Mais plus important, peut-être, que de regarder ceux qui ont été choisis, c’est de noter ceux qui ne l’ont pas été. François n’a pas nommé l’archevêque Charles Chaput de Philadelphie, qui a fait de gros titres récemment dans les médias avec ses conseils aux catholiques divorcés et remariés leur disant de ne pas avoir des relations sexuelles. Chaput a également été sur le devant de la scène lorsque l'année dernière il a présenté à François, le clerc d’un comté du Kentucky, Kim Davis, qui avait refusé de délivrer des licences de mariage aux couples de même sexe.

Tous les choix américains de François ont tendance à être anti-républicains, avec des prélats pro-immigration, y compris l’archevêque d’Indianapolis, Joseph William Tobin, qui  a tenu tête au gouverneur républicain de l'Indiana, Mike Pence (co-listier de Donald Trump, et donc candidat à la vice-présidence), à propos d’une mesure visant à interdire les réfugiés syriens dans son Etat. Tobin a installé une famille syrienne dans son diocèse de l'Indiana, en coopération avec le programme des réfugiés et des migrants de la Conférence épiscopale américaine au mépris de la mesure anti-réfugiés syriens de Pence.

Un tribunal fédéral américain a récemment annulé la décision de Pence, permettant aux réfugiés syriens de s’installer légalement dans l'Indiana. Blase Cupich, l'archevêque de Chicago, qui est originaire du Nebraska, a également fait les manchettes de la presse, lors du Synode sur la famille, l'année dernière, en s’affichant avec des personnes LGBT et des catholiques divorcés et remariés.

"Si nous envisageons vraiment d’accompagner ces personnes, nous devons tout d'abord dialoguer avec elles", a-t-il dit en marge du Synode. "À Chicago, je visite régulièrement des gens qui se sentent marginalisés, qu'il s'agisse de personnes âgées ou gays et lesbiennes, ainsi que des couples divorcés et remariés. Je pense que nous devons vraiment connaître leur vie."

Le troisième choix américain de François était beaucoup plus attendu. Kevin Joseph Farrell, est un évêque américain, originaire d’Irlande, qui a exercé son ministère à Washington, pendant de nombreuses années, avant d'atterrir à Dallas, où il est connu pour être un ardent défenseur du contrôle des armes. Farrell venait d'être promu à Rome à la tête d'une nouvelle entité sur les laïcs et la famille, qui vise clairement à répondre aux nombreuses questions posées par les personnes LGBT et les catholiques divorcés & remariés.

Les initiés du Vatican disent que François voulait un cardinal pour diriger ce nouveau bureau afin de lui donner plus de poids, mais il a apparemment apprécié, également, la volonté de Farrell de pratiquer ce qu'il prêche, la tolérance et l'ouverture de l'Eglise face aux catholiques marginalisés.

"D'un seul coup, donc, Francis a changé les écclésiastiques au sommet de la hiérarchie américaine" estime le vaticaniste John Allen à propos de ces choix américains. "L’idée est, tout en défendant certainement la position traditionnelle de l'Eglise sur des questions telles que l'avortement et l'euthanasie, de s’ouvrir à des problématiques telles que l'immigration, la peine de mort, l'environnement, le souci des pauvres, etc..."

François couronnera ses nouveaux princes de l'Eglise le 19 novembre, le dernier jour de cette extraordinaire année du Jubilé de la Miséricorde lors d’un consistoire qui mettra son sceau sur 44 des 120 membres du collège des cardinaux qui joueront un grand rôle dans le choix de l'Eglise catholique post-François : rester sur sa trajectoire progressiste ou retomber dans le conservatisme.

Les commentaires sont fermés.