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Vatican II : nous ne serions qu'à la moitié du chemin...

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De Nicolas Senèze sur le site du journal La Croix :

« Il faut un siècle pour absorber un concile, nous en sommes à la moitié », affirme le pape François

Interviewé par le quotidien des évêques italiens, le pape François revient sur l’Année de la miséricorde, insiste sur l’unité de l’Église et répond aux critiques les plus virulentes contre lui.

Dans un entretien paru vendredi 18 novembre dans Avvenire, le quotidien des évêques italiens, le pape François dresse un bilan de l’année jubilaire qui s’achèvera dimanche, insistant sur l’unité de l’Église qui doit se faire, selon lui, dans la ligne du concile Vatican II.

Le pape commence en effet par replacer l’Année de la miséricorde dans la ligne du concile Vatican II, dont elle entendait marquer le cinquantième anniversaire de la clôture.

« L’Église existe seulement comme instrument pour communiquer aux hommes le dessein miséricordieux de Dieu, explique-t-il. Au concile, l’Église a senti la responsabilité d’être dans le monde comme un signe vivant de l’amour du Père, comme la Lumen gentium (la « Lumière des nations », titre de la constitution dogmatique sur l’Église votée par Vatican II, NDLR) revenue à la source de sa nature. »

« Quelques-uns continuent à ne pas comprendre, c’est soit blanc soit noir »

Pour le pape, « cela déplace l’axe de la conception chrétienne d’un certain légalisme, qui peut être idéologique, à la Personne de Dieu, qui s’est fait miséricorde dans la personne de son Fils. »

« Quelques-uns – pensez à certaines réponses à Amoris laetitia – continuent à ne pas comprendre, c’est soit blanc soit noir, alors que c’est dans le flux de la vie qu’il faut discerner. C’est ce que nous a dit le concile », ajoute François. Il répond ainsi indirectement à certains cardinaux qui ont récemment exigé de lui une réponse oui/non sur des ambiguïtés qu’ils croient déceler dans son exhortation apostolique.

Se plaçant dans la ligne directe du concile, le pape assure qu’« un concile, pour être bien absorbé par le corps de l’Église, a besoin d’un siècle ». « Nous en sommes à la moitié ! », relève-t-il.

Dans ce long entretien de trois pages, le pape revient aussi sur les rencontres œcuméniques qui ont jalonné cette année jubilaire.

« Je ne dirais pas que ces rencontres sont le fruit de l’Année de la miséricorde », affirme-t-il, en soulignant que lui-même continue « un parcours qui vient de loin ». « Le chemin de la recherche de l’unité des chrétiens s’est fait de petits et grands pas en avant. Je continue à suivre ces pas », explique-t-il.

Les critiques : « Cela ne m’empêche pas de dormir ! »

À ceux qui l’accusent de « mettre à l’encan » la doctrine catholique et de « protestantiser » l’Église, le pape répond clairement : « Cela ne m’empêche pas de dormir ! ». « Je continue sur la route de mes prédécesseurs, à la suite du concile », affirme-t-il.

« Quant aux avis divergents, il faut toujours distinguer l’esprit dans lequel ils sont exprimés. Quand il n’y a pas un mauvais esprit, ils aident aussi à avancer. D’autres fois, on voit immédiatement que les critiques servent çà et là à justifier une position déjà assumée, qu’elles ne sont pas honnêtes, qu’elles sont faites avec un mauvais esprit pour fomenter la division. »

« On voit immédiatement que certains rigorismes découlent d’un manque, d’une volonté de cacher dans une armure leur triste insatisfaction. Si vous regardez le film Le Festin de Babette, on y voit ce comportement rigide. »

« L’Adversaire lui-même reconnaît notre unité »

Le pape revient ensuite longuement sur sa vision de l’unité des chrétiens qui se construit « non pour nous mettre d’accord entre nous mais pour cheminer à la suite de Jésus ». « C’est le chemin à la suite de Jésus qui nous unit », insiste-t-il.

« En ce moment historique, l’unité se fait selon trois routes », développe le pape. « Cheminer ensemble avec les œuvres de charité, prier ensemble, et reconnaître la confession commune telle qu’elle s’exprime dans le martyre commun reçu au nom du Christ, dans l’œcuménisme du sang. »

« Et là, on voit que l’Adversaire lui-même reconnaît notre unité, l’unité des baptisés, insiste-t-il. L’Adversaire ne se trompe pas. »

Commentaire de notre ami Arnaud Dumouch :

Le pape François apporte une pierre magistérielle importante à l'Eglise en montrant que LA VERITE (que les papes Bx Paul VI, saint Jean-Paul II et Benoît XVI ont fortement structurée) doit s'accompagner de la PASTORALE (qui s'adresse à des personnes, dans un progrès constant et patient). On pourrait résumer son apport théologique à ce proverbe datant de saint Jean Chrysostome : "Sans amour, la vérité tranche et blesse. Sans vérité, l'amour embourbe et noie". Cependant, au plan pastoral, si son apport est très adaptée à l'Amérique du Sud où des évêques hyper doctrinaux se sont souvent exprimés, il n'en est pas de même en Europe et au Canada où la doctrine est malmenée depuis 50 ans. Un coup de barre de plus dans le sens de "l'amour sans doctrine" transforme l'Eglise en un syndicat humaniste sans fondations, en une sorte de banque alimentaire ou en un resto du coeur qui décourage et démobilise les dernières forces vives de la foi.

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