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Le pape reçoit les évêques de la RD-Congo

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Lu sur le site du journal « La Croix » :

Congo.jpg« Le pape François reçoit lundi 19 décembre les évêques de République démocratique du Congo, alors que s’achève le mandat du président Joseph Kabila et que le pays est au bord de l’embrasement.

À la veille de cette visite, le pape a une nouvelle fois appelé, à l’Angélus, au bon déroulement du dialogue politique pour éviter « tout type de violence ».

Mgr Marcel Utembi Tapa, archevêque de Kisangani, président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), et Mgr Fridolin Ambongo Besungu, évêque de Bokungu Ikela, vice-président, doivent être reçus par le pape François lundi 19 décembre, jour de la fin du mandat de Joseph Kabila, date butoir d’un processus de négociation sous l’égide de l’épiscopat n’ayant pas abouti à un accord entre le président et l’opposition.

À LIRE : Le message du pape aux catholiques de RD-Congo

Alors que la situation est explosive en RD-Congo, la présidence de la Cenco compte sur un encouragement du pape pour parvenir à une solution politique à la crise.

« Éviter tout type de violence »

À la veille de cette échéance, depuis les fenêtres du Palais apostolique, le pape François a une nouvelle fois invité, lors de l’Angélus, les fidèles à prier pour que le dialogue en RD-Congo se déroule « avec sérénité pour éviter tout type de violence », « pour le bien de tout le pays ».

L’Église catholique de RDC est très impliquée pour tenter de trouver une issue politique à la succession du président dont l’opposition craint qu’il cherche à se maintenir au pouvoir. La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a ainsi présidé des négociations qu’elle a suspendues samedi soir, aucun progrès n’ayant été enregistré entre les différentes parties.

> À LIRE : Flambée de colère et de violence en RD-Congo

Ref. Le pape reçoit les évêques de RD-Congo

En réalité la médiation de la CENCO (après celle de la CENI)  est embourbée et la bonne parole du pape ne suffira pas à la sortir du poto-poto : elle ajoute une pression à bien d’autres pour faire plier pacifiquement Joseph Kabila.  Au Congo, depuis l’indépendance immature octroyée dans des conditions irresponsables par la Belgique en 1960, la loi du plus fort a presque toujours prévalu sur celle de la déesse Demokarasi.

 Au Burundi voisin, protectorat belge jusqu’en 1962, c’est le président sortant Nkurunziza  qui est sorti vainqueur d’un affrontement similaire dont l’Eglise et l’ONU s’étaient mêlées sans succès. Reste que le Congo n’est pas le Burundi : c’est un immense territoire dont l’Etat peine à maîtriser les forces centrifuges lorsqu’il est déstabilisé pour de bonnes ou mauvaises raisons.    

Comme l’a noté un jour un ancien d’Afrique, le professeur Jean-Claude Willame  (U.C.L.) : « eu égard aux désordres récurrents que suscitent les opérations électorales, en RDC comme dans bien d’autres États africains, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur le bien-fondé non pas du principe de la représentation populaire mais de ses modalités. La représentation du « souverain primaire » ne passe pas forcément par le suffrage universel. Celui-ci n’est pas en soi une valeur démocratique comme en témoignent les « démocratures ». Il s’inscrit dans une histoire, celle des transformations économiques, sociales et culturelles relevant du temps long. En Europe le suffrage a longtemps été censitaire, ou indirect avant d’être universel et élargi – tardivement en France – aux femmes. En Afrique, le mimétisme constitutionnel post colonial, la « greffe de l’État » et de ses institutions calquées sur le modèle des anciennes métropoles n’ont tenu compte ni des spécificités des systèmes locaux de pouvoir, ni de la lenteur des maturations sociopolitiques. L’application des textes est trop souvent aveugle aux contextes. Au Congo, certains intellectuels préconisent des formules de représentation indirecte à différents échelons territoriaux du village jusqu’à l’Etat. Ils en attendent une plus grande proximité géographique et culturelle entre le corps social et ses représentants, et pour certains une reconnaissance des fondements ethniques de la société contrebalançant l’abstraction citoyenne. L’émancipation de l’Afrique passe par l’invention de modalités de gouvernement répondant mieux aux aspirations des peuples que la réplication formelle des modèles élaborés par les démocraties occidentales ».

C’est vrai, mais plus simple à dire qu’à faire dans un pays qui, depuis 1960, s’est délité au fil des présidences ubuesques, de la corruption, de la mauvaise gouvernance et des guerres intestines en résonance avec les convoitises transfrontalières ou autres. Comme le note encore Jean-Claude Willame, les populations civiles, notamment de l'Est du pays qu’il a bien connu, ont payé la note au prix fort (trois millions de morts), sous les yeux des « faiseurs de paix » onusiens, belges ou autres, diversement motivés et généralement peu efficaces…

JPSC

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