Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

D'après l'évêque de Mostar, la Vierge de Medjugorje n’est pas la Vierge de l’Evangile

IMPRIMER

D'Andrea Tornielli sur le "Vatican Insider", article traduit et adapté par Isabelle Cousturié sur le site aleteia.org :

« La Vierge de Medjugorje n’est pas la Vierge de l’évangile »

L'Évêque local démonte un à un tous les phénomènes rapportés dès les premiers jours par les "voyants".

Un article, « Les apparitions des sept premiers jours à Medjugorje », publié il y a quelques jours par l’évêque de Mostar – qui, pour le moment, tient les lieux sous sa juridiction – sonne comme un acte d’accusation. Pour Mgr Ratko Peric, il n’y a pas eu d’apparitions de Notre Dame à Medjugorje. Il n’y croit pas et tente encore une fois de démonter « ces présumées apparitions », en remontant à leur première phase, c’est-à-dire à l’époque de leurs premières manifestations qui, selon la commission instituée par Benoît XVI et conduite par le cardinal Camillo Ruini, présenteraient quelques éléments surnaturels. Le rapport final de la commission, remis au pape François en 2014 après quatre années d’étude, suggère d’ailleurs au Saint-Père de n’envisager que la reconnaissance « des apparitions » des premières semaines.

L’article est long, riche de détails sur les premiers échanges et « les révélations » des « voyants ». Troublante coïncidence : il tombe à la veille de l’arrivée annoncée par le Saint-Siège d’un envoyé spécial du Pape, Mgr Henryk Hoser, archevêque de Varsovie-Praga en Pologne, chargé d’y voir plus clair sur « la situation et les besoins pastoraux » des pèlerins qui affluent sur les lieux depuis plus de 36 ans. Il a été bien précisé que Mgr Hoser ne s’occupera pas de l’authenticité des présumées apparitions mariales, mais pour « suggérer de nouvelles initiatives pastorales ». Pour cela, l’émissaire du Pape prendra contact avec l’évêque diocésain et les franciscains qui ont en charge la paroisse de Medjugorje. Mais les préoccupations de Rome sont claires : les conflits qui divisent le clergé local depuis le début des présumées apparitions.

 

Les contestations de l’évêque

« Compte tenu de tout ce que cette chancellerie diocésaine a jusqu’ici examiné et étudié, y compris les sept premiers jours des apparitions présumées, on peut dire : il n’y a pas eu d’apparitions de Notre Dame à Medjugorje », réaffirme catégoriquement Mgr Peric. Et l’évêque conteste les conclusions (jamais rendues publiques) de la commission Ruini. Sur la base de tous les enregistrements effectués durant la première semaine, auprès des jeunes qui affirment avoir vu la Vierge Marie,  l’évêque déclare d’un ton péremptoire: « c’est par réelle conviction et responsabilité que nous exposons les raisons qui nous poussent à dire que, de toute évidence, ces phénomènes ne sont pas authentiques  (…) Et si la vraie Vierge Marie, Mère de Jésus, n’est pas apparue alors nous devons parler de : « soi-disant » voyants, « prétendus » messages, signes « visibles » et « soi-disant » secrets ».

Une « Vierge Marie » ambiguë

L’évêque de Mostar, toujours sur la base des mêmes enregistrements, affirme : « L’image de la Dame apparue soi-disant à Medjugorje est ambiguë. Elle ne se comporte absolument pas comme la vraie Marie, Mère de Dieu, dans les apparitions reconnues jusqu’ici comme authentiques par l’Église : elle ne parle jamais la première, rit de manière étrange, disparaît après certaines questions puis réapparait à nouveau, obéit aux « voyants » et au curé qui la font descendre, contre son gré, de la colline à l’église, ne sait pas combien de temps elle sera visible, permet à certains de marcher sur son voile étendu par terre, de toucher ses vêtements et son corps ».

Cet étrange « frisson »

Mgr Peric parle ensuite de « l’étrange frisson » rapporté par un des voyants, Ivan Dragićević, dans une conversation avec l’aumônier local, Zrinko Čuvalo. Il affirme avoir senti, le premier jour, comme « un frisson » venant des mains de la dame. Un « frisson » peu crédible, selon l’évêque de Mostar. Telle perception, estime-t-il, « peut susciter non seulement de forts soupçons mais également la profonde conviction qu’il ne s’agit pas d’une vraie apparition de la Vierge Marie ».

 Un anniversaire « falsifié »

L’évêque conteste aussi la date anniversaire des « présumées apparitions ». Celles-ci auraient commencé le 24 juin 1981. Toutefois, relève Mgr Peric, « les auteurs de la mise en scène du phènomène  Medjugorje », en ont décidé autrement. On ne parle plus du 24 mais du 25. Pourquoi ? Parce que le 25 juin 1981 les six voyants choisis – parmi ceux qui se vantaient d’avoir eu des « apparitions » – étaient tous là au moment de l’apparition. Pour dire la vérité, cette version des faits formulée par Vicka Ivanković, a été démentie par Ivan Dragićević en personne. Il témoigne : « Le premier soir j’étais avec eux, le deuxième je n’y étais pas ». Parmi les six « voyants » habituels, Jakov Čolo était lui aussi présent à l’apparition, le deuxième jour. Donc la date anniversaire est arbitraire, inexacte, falsifiée ».

En réalité, ici l’évêque attribue à « la Vierge » de Medjugorje la volonté de célébrer la fête annuelle le 25 juin, donnant comme raison le fait que le deuxième jour, le groupe des voyants était le groupe actuel. Mais en fait, pour les voyants la raison est une autre. Ils expliquent au contraire que le Vierge aurait choisi ce jour car c’est le 25 juin précisément que le premier groupe de fidèles provenant du village était monté sur la colline.

Les « signes » de la Vierge

Les « voyants », dès le deuxième jour, auraient demandé à « l’apparition » de leur donner quelque « signe » de son authenticité. Selon Ivanka, l’un des « signes » fut de faire tourner les aiguilles de la montre de Mirjana: « Les aiguilles se sont mises à tourner complètement », « et elle nous a laissé un signe sur la montre », rapporte-t-elle. « Plus que ridicule et étrange ! « , commente Mgr Peric. Et d’ajouter : « Ivanka est sûre que « l’apparition » laissera un signe sur la colline, peut-être sous forme d’eau. Après quatre décennies, pas de signe, ni eau, que des choses imaginaires ! ».

Silence inexplicable

Et pendant les sept premiers jours,  » l’apparition » ne prend aucune initiative, ne commence jamais à parler la première. Elle répond aux questions des « voyants » de manière générale, ambiguë, promettant le miracle de la guérison et laissant un message aux gens: « Que les gens croient intensément comme s’ils me voient ». Et aux franciscains aussi : « Qu’ils croient fermement ».

Fausses prophéties

Mgr Peric relève d’autres incongruités : « A la question d’Ivanka sur combien de temps encore la Dame compte apparaître, la figure aurait répondu: « Aussi longtemps que vous le voulez, aussi longtemps que vous le souhaitez ». Mirjana déclare qu’elle demandera à l’apparition combien de jours elle apparaitra encore, puis ajoute qu’une voix en elle lui dit « encore 2-3 jours ». Elle le répète encore une fois. La « Vierge », le mardi 30 juin après-midi 1981, aurait affirmé qu’elle n’apparaîtra encore que « trois jours » : les 1- 2- 3 juillet 1981. En effet, à la question du curé qui veut savoir combien de temps elle apparaitra encore, les cinq « voyants », sans Ivan, répondent à l’unanimité: « Trois jours ». Puis La Dame  change d’avis et « apparait » toujours, depuis 37 ans, continuellement, tous les jours, à trois « visionnaires » du groupe : Ivan, Marija, Vicka, et une fois par an aux trois autres: à Mirjana depuis 1982, à Ivanka depuis 1985 et à Jakov depuis 1998. Par ailleurs, à deux des « voyants », la Dame apparaît une fois par mois depuis 1987 avec « des messages » soi-disant pour le monde: à Mirjana le 2 et à Marija le 25 de chaque mois, ponctuellement ».

Etranges vêtements

L’évêque de Mostar doute aussi de la description faite des vêtements de Marie. « Ils ne coïncident pas », affirme-t-il. Et de commenter : « D’après les conversations avec les « voyants » la figure apparaît dans des vêtements différents. Le premier jour, selon Ivan, sa robe était bleue ; selon, Ivanka, le deuxième jour elle était « couleur café »; selon Jakov, Mirjana, Ivanka, de « couleur grise » le sixième jour ».

Touchés scandaleux

Mgr Peric souligne ensuite un détail « très inhabituel et grave » : La Dame aurait permis non seulement qu’on marche sur son voile étendu par terre, mais qu’on touche aussi son corps. Vicka l’aurait touché dès le deuxième jour: «  Et quand tu la touches, révérend, les doigts rebondissent comme ça », a-t-elle dit . Ivanka affirme la même chose et précise : «  En touchant son corps on sent comme de l’air, comme de la soie, nos doigts retournent en arrière, quand nous la touchons, ils retournent en arrière ». L’évêque de Mostar commente : « Cette histoire de toucher le corps de la Vierge, son vêtement, de marcher sur son voile, nous donne la sensation, la conviction, qu’il s’agit de quelque chose d’indigne, de faux et de scandaleux. Rien à voir avec la Vierge catholique ! ».

Manipulations intentionnelles

Pour finir, Mgr Peric dénonce des « manipulations intentionnelles ». L’interlocuteur des « voyants », frère Jozo Zovko, leur curé, est très énervé car la Dame n’envoie pas de messages concrets pour les gens et pour les frères; parce qu’elle ne descend pas de la colline à l’église où se trouve sa statue; il demande même si on ne pourrait pas l’ « obliger » à descendre et apparaître dans l’église. P. Zovko : « C’est ce qui m’intéresse, Mirjana: si la Vierge Marie ne peut pas apparaître dans l’église, pouvez-vous, vous, l’obliger à le faire ? Peut-être qu’elle apparaitra, n’est-ce pas, qu’en penses-tu ? ». Mirjana: « Je ne sais pas. On n’y a pas pensé ». P. Zovko répète: « Moi je pense que tu pourrais l’obliger : « Vierge Marie, je demande que tu apparaisses dans l’église’, qu’en penses-tu? « . Puis Mirjana cède et pense que ‘ça serait peut-être mieux … « . Et voilà, conclut l’évêque, « après manipulations, les  « apparitions » sont transférées dans l’église le 1 juillet 1981 . Cette manière d’ « obliger » la dame à descendre et apparaître dans l’église, souligne l’évêque de Mostar, est « un tour de magie, pas l’évangile du Christ ».

Conclusion

Mgr Peric en conclue donc qu’on ne peut en aucun cas parler de phénomènes surnaturels : « »En tenant compte de tout ce qui a été examiné et étudié par cette curie diocésaine, y compris l’étude des sept premiers jours des présumées apparitions, on peut tranquillement affirmer: la Vierge n’est pas apparue à Medjugorje! ». Tout cela, l’évêque l’avait déjà dit et écrit par le passé. Les enregistrements dont il parle ont été transcrits depuis longtemps, traduits du croate en français et en anglais, et publiés en trois volumes. Matériel d’ailleurs examiné à fond par la commission conduite par le cardinal Ruini.  Juste au moment où doit arriver l’envoyé spécial du Pape, cette longue intervention, avec profusion de détails, et le ton péremptoire de l’évêque de Mostar interroge. Qui essaie-t-il de conditionner ? La congrégation pour la doctrine de la foi, à qui revient le jugement ?

Les commentaires sont fermés.