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L'avenir problématique de 500 églises du diocèse de Namur

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Du site du Diocèse de Namur (merci à diakonos.be d'avoir attiré notre attention sur cet article):

''Qu'allons-nous faire de nos églises?''

Le patrimoine est décidément un sujet à la mode dans le diocèse de Namur. Après la mise en place du service ''Art, Culture et Foi'', après le lancement d’une campagne de sensibilisation des fabriques d’église à inventorier leurs objets religieux, c’est l'équipe du Chantier Paroissial qui vient de consacrer sa traditionnelle journée de mars à ce thème. Samedi dernier, avec Christian Pacco, les participants ont réfléchi à l’avenir des églises.

La Belgique compte pas moins de 4.500 églises et chapelles, dont 900 situées dans les provinces de Namur et de Luxembourg. Du fait du travail en cours de remodelage paroissial, du fait du changement des habitudes religieuses de nos contemporains, du fait aussi des difficultés financières rencontrées par bon nombre de pouvoirs publics… certains lieux de culte ont aujourd’hui un avenir incertain. Dans notre diocèse, on estime à environ 200 le nombre d’églises qui resteront affectées à la célébration liturgique suite à l’installation des unités pastorales. Si l’on y ajoute les 200 édifices classés pour leur intérêt patrimonial, on peut légitimement penser que 400 églises de chez nous ont un avenir assuré.

Mais pour les 500 autres?

Tout le monde connaît ces exemples d’églises – généralement non paroissiales – brillamment reconverties en centres culturels, en librairies, en hôtels… Des réussites, certes, mais impossibles à transposer partout. Se pose dès lors une question bien légitime: pourquoi et comment conserver nos églises et notre patrimoine?

 

Mission pastorale et patrimoine

Pour son habituelle journée de rencontre et de partage d’expériences, l’équipe du Chantier Paroissial avait habitué les participants à des thématiques en apparence plus ''fondamentales'': le souffle missionnaire, l’évangélisation, le rôle des laïcs… Autant de sujets qui illustrent le renouveau global de l’Eglise et l’indispensable travail de conversion qui l’accompagne.

Dans son mot d’introduction, samedi dernier à Beauraing, l’abbé Pascal Roger, délégué épiscopal pour le Chantier Paroissial, a justifié le thème un rien plus pratique de cette septième édition en rappelant que la mise en place des unités pastorales ne cherchait pas à faire table rase du passé. ''Un tel processus nécessite une analyse en profondeur des réalités locales de nos paroisses. Et les églises en sont les principaux témoins. Ce sujet de la préservation de notre patrimoine est donc aussi du ressort du Chantier Paroissial, d’autant que la mission pastorale s’accompagne inévitablement de questions matérielles'', a-t-il expliqué.

Puis c’est Christian Pacco, historien de l’art, membre du service ''Art, Culture et Foi'' (ACF) et bon connaisseurs des fabriques d’église qui a pris la parole pour deux interventions entrecoupées d’ateliers et de moments de partage. Aux très nombreuses personnes présentes, venues de tout le diocèse, Christian Pacco a voulu d’abord montrer en quoi le patrimoine religieux avait du sens. Puis il a proposé des pistes d’actions, sachant que les réflexions du jour étaient spécifiques au diocèse de Namur: ''Le problème n’est pas forcément le même ailleurs'', a-t-il précisé.

De bonnes raisons de se soucier du patrimoine

On entend souvent dire qu’il n’y a plus personne dans nos églises. Pour Christian Pacco, ''c’est un raccourci un peu rapide''. S’il y a moins de monde à la messe, une récente enquête du Soir montre que 63 % des Belges francophones se disent toujours catholiques. Et l’orateur de poursuivre: ''Il suffit de voir le nombre de cierges brûlés dans les églises ou dans les sanctuaires pour constater que ces autres expressions de piété ne peuvent être négligées.'' Ces ''pratiquants'' d’un nouveau style justifient aussi de préserver des lieux d’expression de la foi. Et la conclusion est la même quand on se plonge dans l’histoire de nos régions: ''Le christianisme a marqué la vie des villageois durant des siècles; les églises de nos paroisses conservent aujourd’hui une charge symbolique qui ne se démode pas, elles sont la mémoire collective de ce que nos aïeux ont vécu et, par la même occasion, elles identifient nos communautés actuelles, d’où l’intérêt de les protéger: l’esprit de clocher est toujours une réalité.''

Christian Pacco a encore évoqué la culture chrétienne, ''une culture en danger et pourtant tellement essentielle pour comprendre qui nous sommes et entrer en dialogue avec les autres traditions. Le patrimoine religieux en est un support majeur. Se battre pour nos églises c’est aussi œuvrer pour la transmission de la culture chrétienne.''

Enjeu historique, enjeu culturel… enjeu spirituel aussi: ''Le christianisme insiste sur l’importance des sens. Dit d’une autre façon: la beauté mène à Dieu. Contempler une œuvre d’art, admirer l’architecture d’une église romane suscite la réflexion, la recherche de sens. Le patrimoine est donc essentiel car il raconte le mystère de Dieu, il répond au besoin de sacré des hommes et des femmes du monde.'?

Que faire? Comment?

Tout au long de ses interventions, Christian Pacco a souligné que l’avenir de nos églises dépendait de chacun: ''Nous sommes tous responsables: acteurs pastoraux, fabriciens, communauté locale… en lien avec le Chantier Paroissial, le service ACF, d’autres pastorales diocésaines (jeunes, catéchèse, tourisme) et évidemment les communes…'' Pour le reste, il n’y a pas de solution miracle, il n’y a pas de politique bien définie, les églises de demain doivent encore se trouver un rôle et les solutions se décider au cas par cas.

Christian Pacco s’est tout de même risqué à quelques pistes, quelques conseils basés sur sa propre expérience et ses contacts avec le Chantier Paroissial. Et tout d’abord: ''Que les fabriques d’église travaillent ensemble et s’associent au sein de groupes d’entraide (GEFE). On est plus fort quand on centralise, par exemple, des demandes de réparation de toitures.'' Autre recommandation: ouvrir les églises en journée. ''Trop souvent, nos églises sont devenues des coffres-forts. Pour assurer leur avenir, elles doivent redevenir des lieux visibles de la présence de Dieu.'' Ce qui passe par une sécurisation des bâtiments, un inventaire rigoureux des objets susceptibles d’être volés et la mise à l’écart de la ''bibeloterie'' inutile: ''N’oublions jamais que l’objectif final est la présence de Dieu dans l’édifice.'' Et si l’on veut contribuer à rendre l’église accueillante, de petits détails peuvent y contribuer: une musique de fond en journée, un local à bougies, un carnet d’intention, des prières déposées dans le porche, un panneau didactique réalisé en collaboration avec le cercle d’histoire local, une mini-expo proposant de l’information (touristique, culturelle, naturelle…) sur la région (cf. projet d’église ''halte rando'' dans la région de Dinant).

Que nos églises doivent rester des lieux de prière, c’est un fait. Mais elles peuvent devenir également (si ce n’est encore le cas) des lieux d’accueil, de réunion, de pause, d’intimité, de quiétude… des lieux vivants et joyeux, des lieux historiques, chargés d’expériences spirituelles et sociales, à restituer à la communauté. La tâche est immense et nécessitera créativité et énergie. Christian Pacco et les membres du Chantier Paroissial en ont donné un premier aperçu.

A.S.

Pour contacter l’équipe du Chantier Paroissial: chantierparoissial@namur.catho.be.

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