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La posture adoptée par nos évêques à l'égard de Stéphane Mercier est-elle acceptable ?

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Par Arnaud Dumouch, 9 avril 2017

Est-il vrai que les évêques francophones de Belgique ne sont pas concernés par la défense du professeur Stéphane Mercier, parce que son cours définissant l’enfant comme une personne et l’avortement comme un homicide était philosophique (et non théologique) ? C’est l’argument principal développé par Monseigneur Harpigny et Monseigneur Delville pour se déclarer incompétents.

Réponse :

Il s’avère que l’argument épiscopal est très discutable. En effet, il existe en théologie catholique deux « préambules de la foi - preambula fidei », c’est-à-dire deux propositions philosophiques que, de manière dogmatique, la foi catholique déclare accessible à la raison seule (donc à la philosophie). Il s’agit de l’existence de Dieu et de l’existence de l’âme humaine immortelle.

1° L’existence de Dieu : Cette première proposition est presque complètement oubliée des formations théologiques et m’a valu, très récemment, d’être qualifié de « créationniste » par une inspectrice en religion (Madame Myriam Gesché) avant qu’elle ne prenne conscience que le « déisme philosophique » n’a rien à voir avec le « créationnisme évangélique », qu’il est encouragé par le Concile Vatican II (Dei Verbum 2), car défini solennellement par le Concile Vatican I :« La même sainte Mère Église tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être certainement connu par les lumières naturelles de la raison humaine, au moyen des choses créées (Rom. 1, 20) ; "car les choses invisibles de Dieu sont aperçues au moyen de la création du monde et comprises à l'aide des choses créées. » Mais force est de constater, à la décharge de Madame Gesché, que la plupart des formations théologiques actuelles sont marquées d’une erreur théologique appelé « fidéisme » et dont on trouvera le remède ici : Sagesse 7 ─ L'origine du premier vivant. Epistémologie du Dessein intelligent (60 mn). http://youtu.be/EwI1jHJrBrs

2° L’existence de l’âme spirituelle, créée par Dieu au moment de la conception : Mais c’est ce second préambule de la foi qui nous intéresse ici. Le voici, enseigné par le catéchisme de l’Eglise Catholique au n° 33 : « L’homme : avec son ouverture à la vérité et à la beauté, son sens du bien moral, sa liberté et la voix de sa conscience, son aspiration à l’infini et au bonheur, l’homme s’interroge sur l’existence de Dieu. A travers tout cela il perçoit des signes de son âme spirituelle, germe d’éternité qu’il porte en lui-même, irréductible à la seule matière (GS 18, § 1 ; cf. 14, § 2), son âme ne peut avoir son origine qu’en Dieu seul. »

Mais le Magistère va plus loin. L’accès de la raison philosophique à l’existence de l’âme spirituelle des enfants a été rappelé le 25 mars 1995 par saint Jean-Paul II dans Evangelium Vitae 60 : « A cette évidence de toujours (l’âme des enfants), la science génétique moderne apporte de précieuses confirmations. Elle a montré que dès le premier instant se trouve fixé le programme de ce que sera ce vivant : une personne, cette personne individuelle avec ses notes caractéristiques déjà bien déterminées. Dès la fécondation, est commencée l'aventure d'une vie humaine. Même si la présence d'une âme spirituelle ne peut être prouvée par aucun moyen expérimental, les conclusions de la science sur l'embryon humain fournissent « une indication précieuse pour discerner rationnellement une présence personnelle dès cette première apparition d'une vie humaine : comment un individu humain ne serait-il pas une personne humaine ? ».

Un peu d’humour

Permettez-moi de rêver un peu et avec humour : Imaginons que, demain, par un retournement venant de la grâce, nos évêques reconsidèrent leur vocation et s’établissent de nouveau dans une de leur fonction, celle de protecteurs de la foi catholique. Il se passera deux choses :

D’abord, ils rappelleront à l’UCL, en tant que Pouvoir Organisateur, que des arguments philosophiques faisant parti des « préambules de la foi » méritent d’être débattus en cours de philosophie, car des futurs ingénieurs de 18 ans ne sont pas des enfants de 6° primaire et savent débattre.

Ensuite, et parce que la théologie et la pastorale sont leur ministère propre, un décret épiscopal viendra licencier sans préavis ni indemnité (c’est une habitude semble-t-il dans l’Eglise de Belgique, dans sa pressente attention aux personnes) la direction de l’UCL pour sa déclaration publique par la voix de Tania Van Hemelryck, conseillère du recteur « pour la politique du genre » (sic), engageant l’Université Catholique de Louvain en faveur de l’avortement.

Monseigneur Delville pourra ainsi commenter dimanche prochain à la RTBF, quand lui sera montré la photo de ces nouvelles personnes au chômage : « Pas contentes ! ». Il est certain que ce trait d’humour de Monseigneur les fera beaucoup rire, comme il a dû faire rire Stéphane Mercier (attention aux personnes oblige).

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