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De Fatima 1917 à Fatima 2017 : une seule et même Eglise ?

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Fatima: deux Églises 

Une réflexion d'Aldo Maria Valli (12/5/2017) traduite ICI :

LE MYSTÈRE DE FATIMA

Pensez donc! Une maman qui prend ses trois enfants, bons et sages, et leur montre quoi? L'enfer!

Avec la mentalité d'aujourd'hui, en l'an 2017, une telle maman devrait être dénoncée pour mauvais traitements. Il y a cent ans, au contraire, la Sainte Vierge s'est présentée à trois enfants, Lucia, Giacenta et Francesco, et ne s'est pas posée autant de questions: elle leur a montré les damnés, les flammes et tout le reste.

On dit souvent qu'en cent ans, le monde a complètement changé, mais l'Église aussi a complètement changé. Aujourd'hui, nous parlons de miséricorde, d'ouverture, de tendresse, de bonté. Imaginez un peu s'il venait à l'idée d'un curé ou d'une religieuse de prendre trois enfants de l'école élémentaire et de leur montrer l'enfer, avec tous les détails, carrément, au premier plan. Les mères des enfants se répandraient dans les journaux et il y aurait des polémiques sans fin.

Et puis il y a ces mots de la Sainte Vierge: «Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs. Beaucoup d'âmes vont en effet en enfer parce qu'il n'y a personne qui prie et fasse des sacrifices pour elles».

Avouons-le: ce sont des expressions qui semblent n'avoir rien à voir avec l'Église comme nous la connaissons aujourd'hui. Pécheurs? Sacrifices? Personnes qui vont en enfer? Mais qui en parle encore aujourd'hui? Si un curé le faisait, il serait accusé de terrorisme psychologique, l'évêque le rappellerait à l'ordre et peut-être même que le pauvre homme serait suspendu ou invité à prendre une pause de réflexion [il n'est même pas nécessaire de mettre au conditionnel, comme en témoigne ce qui est arrivé à l'abbé Benoît, après la tuerie du Bataclan, ndt]. Nous venons d'années où l'on nous a dit que l'enfer n'existe peut-être pas, et que s'il existe, il est probablement vide. On nous a dit qu'à la fin, tout le monde serait sauvé parce que tout simplement, Dieu ne peut pas condamner. Du purgatoire, on ne parle plus, et on peut donc croire qu'il n'existe pas non plus, et qu'il n'y a pas d'âmes en suspens, pour lesquelles nous devons prier. On nous a expliqué que le pardon est au-dessus de tout et que la justice divine ne peut pas contempler la condamnation. Et nous savons que celui qui ose parler de punition divine, au minimum, doit s'attendre à être regardé comme un fou ou comme un méchant.

Fatima est reconnue par l'Eglise, elle est dans le calendrier, comme Lourdes, comme Guadalupe. Et les trois petits bergers seront bientôt proclamés saints. Pourtant, dans dans cette Église-ci, de l'année 1917, et celle-là, de année 2017, il semble y avoir eu un laps de temps bien supérieur à une centaine d'années.

L'enfer, la peur de Dieu, le chapelet, la prière de réparation, les âmes du purgatoire, les sacrifices: les plus âgés d'entre nous savent que l'Eglise, autrefois, parlait ainsi, ils savent que ces choses, autrefois, étaient dites, et qu'il y en avait qui y croyaient. Mais pour un jeune de vingt ou trente ans, en admettant que le problème se pose, c'est vraiment quelque chose d'incompréhensible. Est-il possible que notre bon Dieu puisse nous traiter ainsi?

Fatima est un enchevêtrement de questions et de mystères, mais le plus grand mystère, à y regarder de plus près, c'est celui-là: comment peuvent tenir ensemble l'Église de 1917, avec l'enfer, les flammes, le purgatoire, les sacrifices, le châtiment, et ainsi de suite, et l'Église de 2017, qui n'est que pardon, rencontre, miséricorde, accueil?

Attention: je ne suis pas en train de dire que cette Église-ci était meilleure que celle-là. Le problème est très complexe et le traiter en quelques mots ne serait pas sérieux. Je suis en train de dire que voir une Eglise qui va célébrer Fatima, mais en même temps est très différente de tout ce que représente Fatima, provoque un sentiment un peu étrange.

Certains pourraient dire: mais tu ignores l'inculturation, c'est-à-dire le fait que l'Église parle à ses fidèles avec un langage et des méthodes différentes en fonction des époques, des temps, les circonstances. Je le comprends. Mais ici, ce n'est pas seulement une question de mots, de langage, de style. Ici, c'est une question de contenus. Pensons au jugement de Dieu. L'impression est que l'Église d'aujourd'hui est au minimum dans l'embarras quand elle doit s'occuper du Père qui juge. Elle préfère parler génériquement de miséricorde, de soutien, de discernement. Il semble presque que Dieu soit obligé de pardonner. Essayez de dire que la punition est la conséquence logique du péché, tout comme si l'on ingère du poison, il est logique que l'on meure. La justice divine punitive; la faute, et la peine qui suit le péché: des choses inconcevables pour nous aujourd'hui.

Notre-Dame de Fatima dit une chose précise: Dieu n'est pas obligé de pardonner au pécheur qui ne se repent pas. Et le pécheur ne peut pas prétendre être pardonné, s'il ne rejette pas le péché. Donc, s'il n'y a pas de repentir, Dieu châtie. Tout cela ne supprime pas la miséricorde. Tout cela dit que la miséricorde ne supprime pas le jugement.

L'enfer existe, le paradis existe, le purgatoire existe. C'est cela que nous dit Notre-Dame de Fatima. Mais nous, y croyons-nous? Sommes-nous en mesure d'y croire?

Voilà, à mon humble avis, le vrai mystère de Fatima.

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