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Monseigneur Vincenzo Paglia, un prélat controversé

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Lu sur le site "Benoît-et-moi" :

Sandro Magister consacre son billet du 9 juin à Mgr Paglia, ou plus exactement à la restructuration et à la conduite de l'Académie pontificale pour la vie et de l'Institut JP II pour les études sur le mariage et la famille, dont François lui a confié la direction.

resurrection-pglia_lbs.jpgOn lira l'article (au titre très éloquent: "Avant même renaître, elle chancelle déjà") ICI.
«La pensée de Paglia sur les questions liées à la vie est plutôt vacillante», 

dit Sandro Magister, citant à ce propos un article d'Edward Pentin, que je traduis ci-dessous. C'est du moins l'opinion de plusieurs ex-membres, aujourd'hui évincés, de l'Académie que le vaticaniste américain a rencontrés, et qui témoignent leur inquiètude. Il a également interpelé le prélat lui-même, qui se défend (avec beaucoup de mauvaise foi et une faible capacité de convaincre) des critiques avancées contre lui. Il y est même question de la fresque géante ornant un mur de la cathédrale de Terni, son ex-diocèse. A l'accusation d'avoir commandé une peinture "homoérotique" où lui-même est représenté nu, il répond avec un aplomb incroyable «que l'humanité est montrée nue pour exprimer sa pauvreté radicale et qu'il est inclus dans la peinture parce qu'il a besoin de la rédemption autant que quiconque»!!! 

D'EX-MEMBRES DE L'ACADÉMIE PONTIFICALE POUR LA VIE PRÉOCCUPÉS PAR SON COURS ACTUEL

Un certain nombre de questions ont été soulevées à propos des actions de l'archevêque Vincenzo Paglia, que le pape François a nommé président de l'académie en août dernier.

Edward Pentin, 
www.ncregister.com (6 juin 2017)
Traduction de "Benoît-et-moi" :

* * *

Dans les neuf mois écoulés depuis que le pape François l'a nommé président de l'Académie pontificale pour la vie, l'archevêque Vincenzo Paglia a apporté des changements importants mais controversés à l'institution.
En novembre, le prélat italien a mis en place de nouveaux statuts qui non seulement ont mis un terme sommaire au mandat de 172 membres de l'académie (dont certains susceptibles de renouvellement), mais a également supprimé l'obligation pour les nouveaux membres de signer une déclaration promettant de défendre la vie en conformité avec le magistère de l'Église.

L'académie pontificale, fondée par le pape saint Jean-Paul II et le professeur Jérôme Lejeune en 1994, est consacrée à la promotion de l'éthique constante de la vie de l'Église et mène des recherches sur la bioéthique et la théologie morale catholique. Au fil des années, elle a promu et développé l'enseignement de l'Église dans divers domaines de l'éthique médicale, y compris la procréation, la fécondation in vitro, la thérapie génique, l'euthanasie et l'avortement.

Dans une interview du 19 mai à NCR, l'archevêque Paglia a vigoureusement défendu ses actions, exhortant ses détracteurs à lire ce qu'il a dit et écrit en défense de la vie, du mariage et de la famille, en particulier ses récentes conférences données aux États-Unis.

Il a également souligné que sa nomination a eu lieu «dans le cadre de la réorganisation générale de la Curie romaine par le Saint Père» et qu'il a dû faire des ajustements logistiques à l'académie pour coopérer étroitement avec les organismes Curiaux, en particulier le nouveau Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la vie.

Mais ses actes à la tête de l'Académie pontificale pour la vie, et avant sa nomination de l'année dernière, ont suscité de vives inquiétudes parmi plusieurs de ses anciens membres.

Selon un membre fondateur de l'académie, Christine Vollmer, présidente de l'Alliance latino-américaine pour la famille, ses actes en tant que président de l'académie représentent l'«élimination de l'institution» que saint Jean-Paul II a créée dans sa «grande sagesse» pour «neutraliser» le mépris croissant du monde pour la vie humaine.

Mercedes Wilson, présidente de Family of the Americas et elle aussi membre fondatrice de l'académie, a affirmé que la nomination de l'archevêque Paglia est «très tragique», saint Jean-Paul II et le professeur Lejeune ayant «soigneusement et judicieusement choisi les membres» en fonction de leur histoire de fidélité aux enseignements du magistère de l'Église catholique et de leurs efforts pro-vie et pro-famille à travers le monde».

«Il était prévu à l'origine que l'académie serait dirigée par un laïc catholique compétent, pas par un évêque, un archevêque ou un cardinal», a-t-elle dit, ajoutant que, même si les non-catholiques pouvaient devenir membres de l'académie, ils devraient «déclarer solennellement leur fidélité aux enseignements de l'Église catholique».

Supprimer la déclaration de fidélité à l'enseignement de l'Église est «clairement contestable», a dit Luke Gormally, ex-professeur chercheur à l'Ave Maria School of Law et membre ordinaire de l'académie jusqu'en décembre dernier, ajoutant qu'il croit que cela signifie que l'académie ne conservera plus très longtemps un «rôle utile» de parapluie au mouvement pro-vie catholique, qui prend «l'enseignement faisant autorité de l'Eglise sur la contraception comme fondement».

Beaucoup voient la fin des mandats des membres comme une purge visant à les remplacer précisément par ceux qui sont moins rigoureusement protecteurs de chaquz vie humaine et, selon Vollmer, sans l'expérience de la «lutte» sur le terrain.


PROBLÈMES ANTÉRIEURS
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Mais bien que ces changements aient eu lieu sous l'archevêque Paglia, l'académie a connu des problèmes avant même son arrivée.

Christine Vollmer a déclaré que le Secrétariat d'État avait «entassé» dans l'académie de plus en plus d'«individus qui avaient peu à apporter pour favoriser la connaissance ou l'activité pro-vie» et qu'elle et d'autres étaient «consternés» par les limites imposées à leurs discussions.

Selon Gomally, il y a eu «clairement un 'grand nettoyage', mais pas motivé par les objectifs du pape actuel et de Paglia». Au contraire, il fallait «revenir à la conception originelle de Lejeune-Jean-Paul II d'une organisation dirigée par des laïcs en dehors du cadre de la Curie romaine». Quand le cardinal Angelo Sodano était secrétaire d'Etat du Vatican, l'Académie a été très vite intégrée dans la Curie et, d'après certains, elle a été victime de mouvements de carrière.

Pour le Dr Thomas Ward, un ex-membre de l'académie, fondateur de l'Association nationale des familles catholiques du Royaume-Uni (National Association of Catholic Families), le leadership actuel de l'académie est «simplement une étape supplémentaire dans l'application d'un changement de paradigme sur la morale sexuelle au Vatican».

Les critiques adressées par les anciens membres à l'archevêque Paglia sur l'orientation qu'il semble donner à l'académie sont aggravées par d'autres incidents qui ont invité à un examen plus attentif de ses actes, parmi lesquels, en février, son éloge de Marco Pannella, fondateur du Parti radical italien et considéré par de nombreux militants pro-vie comme la «Margaret Sanger italienne» [1879-1966, militante anarchiste américaine, fondatrice de l'American Birth Control League, qui deviendra le Planned Parenthood].

Pannella a contribué à légaliser l'avortement en Italie et a fait campagne pour le «mariage» homosexuel et les «droits des transgenres» (cf. Ainsi va l'Eglise sous François (I)).


CRITIQUE DU PROGRAMME D'ÉDUCATION SEXUELLE
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D'autres problèmes remontent à l'époque où l'archevêque Paglia était président du Conseil Pontifical pour la Famille, de 2012 à 2016. L'an dernier, il a inspiré à l'Académie un programme d'éducation sexuelle destiné aux élèves du secondaire, qui a suscité de nombreuses critiques en raison de sa nature explicite .

Une troisième cause de préoccupation concernait une fresque peinte avant que le pape Benoît XVI n'envoie l'archevêque Paglia au Vatican en 2012, alors que le prélat italien servait au diocèse de Terni-Narni-Amelia. L'évêque Paglia, qui est représenté dans la peinture murale, avait commandé l'œuvre d'art, peinte par l'artiste argentin Ricardo Cinalli dans la cathédrale de la ville.

Les opposants disent que l'oeuvre monumentale, financée par le diocèse et représentant Jésus qui soulève vers le ciel des filets remplis de prostituées, d'homosexuels et autres, est de nature homoérotique et potentiellement blasphématoire.

De plus, l'archevêque Paglia a soutenu la très controversée «proposition Kasper», le «parcours pénitentiel» proposé en février 2014 par le cardinal allemand Walter Kasper. La proposition, qui a ouvert la voie à la possibilité pour des divorcés remariés, vivant dans un état d'adultère objectif de recevoir la communion, a conduit aux controverses entourant le chapitre 8 de l'exhortation apostolique Amoris Laetitia.

À la lumière de tout cela, la nomination de l'archevêque Paglia est «simplement scandaleuse», a dit Mme Vollmer. «Les catholiques ne l'accepteront pas».

Mercédès Wilson a affirmé que sa nomination était «inconcevable» et que son désir apparent de «détruire» à la fois l'académie et l'Institut pontifical d'étude sur le mariage et la famille du Pape saint Jean-Paul II, dont il a été nommé grand chancelier l'année dernière, «est un mystère».

«Personnellement, je pense que c'est embarrassant et que nous devons tous prier pour le Pape et l'archevêque Paglia», a-t-elle dit.


L'ARCHEVÊQUE PAGLIA RÉPOND
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Interviewé par NCR, l'archevêque Paglia a défendu ses actions, déclarant que les nouveaux statuts de l'académie reposaient sur des propositions antérieures visant à mettre en place des limites de durée qui ne figuraient pas dans les statuts précédents.

«Nous devions trouver un moyen de concilier les nouvelles limites avec les nominations principalement à vie des membres ordinaires existants et de faire face à d'autres changements dans les dispositions relatives au statut de membre», a-t-il dit, ajoutant qu'ils avaient décidé «la manière la plus équitable de procéder pour que tous les membres soient soumis aux mêmes règles».

Il a rejeté les accusations selon laquelle des membres avaient été congédiés, car elles «suggèrent un jugement quant à l'aptitude d'un membre, ce qui n'était pas le cas».

Sur la déclaration de foi, il a exhorté à une lecture plus approfondie des statuts, disant que les nouveaux «exigent un engagement plus fort» que les précédents envers l'enseignement pro-vie. Il a déclaré que l'ancien règlement contenait «seulement une invitation, pas une obligation», de signer une déclaration distincte et que les nouveaux reflètent un engagement «tout aussi fort» que les fondateurs de l'académie.

L'archevêque a admis que le programme d'éducation sexuelle aurait dû être traité «de manière plus pensée et plus professionnelle» et que, bien qu'il ait dépassé 70 ans, il n'est jamais trop tard pour «vivre et apprendre».

Mais il s'est défendu contre les détracteurs de la fresque de la cathédrale, affirmant que l'humanité est «montrée nue pour exprimer sa pauvreté radicale» et qu'il est inclus dans le peinture parce qu'il a besoin de la rédemption «autant que quiconque».

Il a admis que, pour certains, la peinture murale peut sembler «un élément trop charnel» pour un engagement évangélisateur, mais a insisté sur le fait qu'elle n'était en aucun cas destinée à être «érotique, voire homoérotique», bien qu'il connaisse «les différents standards artistiques de modestie et de convenance». Il a rejeté les accusations selon lesquelles elle était« blasphématoire» et «démoniaque», affirmant que ces étiquettes n'étaient pas productives.

Cinalli, dont un écrivain a décrit les œuvres artistiques comme «baroques dans leur "émotionalisme" et surréalistes dans leur extravagance imaginative» - œuvres qui ont été autrefois utilisées dans le cadre d'une campagne pour légaliser le «mariage» homosexuel en Grande-Bretagne - a rejeté les accusations selon lesquelles la peinture murale était perverse, déclarant à NCR que «seul un esprit sale peut arriver à cette conclusion» et que cela semblait être une «position médiévale, mais nous sommes au XXIème siècle».

Sur la question de son appréciation de Pannella, l'archevêque Paglia a déclaré qu'il trouvait qu'il s'agissait d'un homme d'une «grande gentillesse» qui «était toujours ferme sur ses idéaux». Il avait une «bonté innée mais malheureusement mal orientée» qui selon lui «méritait cet éloge, mais cela ne signifiait pas que lui ou l'Église tolèraient les «fléaux terribles» que Pannella jugeaient acceptables» [ndt: il faisait bien plus que les trouver acceptables: il en faisait une cause à laquelle il se vouait corps et âme!!].


NOUVEAUX MEMBRES
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A présent, l'attention se tourne vers ceux que le Pape choisira comme nouveaux membres de l'académie. Les anciens membres souhaiteraient qu'il s'agisse de personnes aux références impeccables et fidèles au magistère. «Ce devront être des membres au courage éprouvé dans la défense des enseignements de l'Église, en particulier la vie humaine et la famille qui est attaquée comme jamais auparavant», a dit Mercédès Wilson, qui souhaite également plus de communication avec les membres et une plus grande représentation des pays en développement.

Pour Gormally, non seulement ils devraient «souscrire avec joie» à «l'enseignement moral authentique» de l'Église, mais être aussi «issus des domaines de la pratique clinique, de la recherche biomédicale, de la recherche sociale, du droit, de la philosophie et de la théologie» pour fournir la combinaison requise de compétences en matière de questions de bioéthique».

Pour le Dr Ward, ils devraient être des «absolutistes ayant des antécédents prouvés dans la défense active de chaque vie humaine innocente» et être «très précis» dans leur soutien à Humanae Vitae. Surtout, ceux que NCR a interrogés préféreraient que l'académie soit dirigée par un laïc, comme les fondateurs l'avaient prévu à l'origine.

Pour les anciens membres de l'académie tels que Ward, l'académie est victime d'un esprit mondain à un moment où son travail est le plus nécessaire.
«Des millions de parents catholiques et nos 5000 évêques doivent regarder en face le mal qui a infiltré l'Église aux plus hauts niveaux», a-t-il dit. «Ils doivent se réveiller sur ce qui se passe: c'est un désert nucléaire moral».

L'archevêque Paglia a cherché à assurer à nouveau que les nouveaux membres seront «non seulement talentueux et accomplis», mais aussi «vraiment représentatifs de tous ceux qui valorisent la vie à toutes les étapes».

Il a dit que sa vision de l'académie est une vision qui doit «exprimer clairement ce que signifie être humain, et présenter une vision attrayante de l'amour humain et de la solidarité», en s'appuyant sur le «grand trésor de la sagesse humaine et évangélique» de l'Église pour inspirer à toutes les cultures «un humanisme nouveau et fructueux».

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