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Des menaces sur le secret de la confession ?

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De Mélinée Le Priol sur le site du journal La Croix :

Face à la pédophilie, le secret de la confession en question

Voyant le secret de la confession comme une composante fondamentale de la liberté religieuse, l’archevêque de Melbourne Mgr Denis Hart a déclaré, mardi 15 août, qu’il irait en prison plutôt que de rompre ce sceau sacramentel.

Il réagissait au rapport d’une commission royale australienne qui, après quatre ans d’enquête nationale sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels pédophiles, nombreux sur l’île-continent, propose entre autres de pénaliser leur non-dénonciation.

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Or pour l’Église catholique, le secret de la confession est absolu et inviolable. Le Code de droit canonique est très clair à ce sujet : « Le secret sacramentel est inviolable ; c’est pourquoi il est absolument interdit au confesseur de trahir en quoi que ce soit un pénitent, par des paroles ou d’une autre manière, et pour quelque cause que ce soit. » (canon 983). Le canon 1388 prévoit même l’excommunication latae sententiae pour tout confesseur qui l’enfreindrait.

Alors que le droit civil reconnaît, dans certains cas, la nécessité de lever le secret professionnel (notamment pour des atteintes portées à un mineur de moins de 15 ans), de telles exceptions n’existent pas canoniquement.

L’absolution sous conditions

« Outre la question de la rupture de confiance avec les fidèles, il existe une raison théologique à cette inviolabilité du secret de la confession : ce qui se passe dans le confessionnal est une affaire entre Dieu et le pénitent, personne d’autre », explique le Père Jean-Luc Leverrier, curé de la paroisse Notre-Dame des Buttes Chaumont à Paris. Ainsi, comme dans les six autres sacrements, le prêtre agit au nom de Dieu et s’efface pour se faire trait d’union entre Dieu et le fidèle.

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Mais alors, un confesseur serait-il tout à fait impuissant face à l’aveu d’un péché grave dans le secret de son confessionnal ? « Ce n’est pas parce que le prêtre est tenu au secret absolu qu’il est obligé de donner l’absolution à chaque fois », précise le Père Leverrier. Ce curé parisien ajoute que dans une telle situation, il refuserait pour sa part de donner l’absolution au pénitent tant que celui-ci n’aurait pas manifesté devant lui une « intention ferme d’aller se dénoncer ».

Inciter un pénitent à se dénoncer à la justice quand il a commis un crime est même une obligation pour les confesseurs, comme l’ont rappelé les évêques français face aux scandales d’abus sexuels dans l’Église en 2016.

Un secret en crise

Alors que des affaires de pédophilie secouent régulièrement l’Église, le secret de la confession fait l’objet d’un débat récurrent, où il se voit remis en cause au nom de l’évolution du droit. En Irlande, par exemple, la loi oblige depuis 2012 tous les Irlandais, même les prêtres, à dénoncer les actes de violence envers les mineurs dont ils auraient connaissance. Les personnes négligeant de dénoncer ces abus peuvent encourir jusqu’à cinq ans de prison.

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Ce n’est pas le cas en France. Là, si les arrêts successifs de la Cour de cassation ont mis des limites au caractère absolu du secret professionnel depuis les années 2000, le secret de la confession n’a pas été remis en cause, comme l’explique le dominicain Joël-Marie Boudaroua dans un article documenté (« Le secret de la confession existe-t-il ? »). Ce type particulier de secret reste garanti par l’article 226-13 du Code pénal français.

Vers plus de transparence ?

Certains théologiens plaident toutefois pour un assouplissement du « sceau sacramentel », préconisant par exemple qu’il soit partagé avec un autre ministre tenu au même secret. Un confesseur pourrait ainsi référer à son évêque d’informations entendues en confession.

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En Australie, où se joue à nouveau ce débat ces jours-ci, l’Église anglicane a pour sa part tranché en juillet 2014 : les 250 membres de son Synode général avaient alors voté à l’unanimité un amendement au canon sur la confession, autorisant les prêtres à révéler des informations sur les crimes graves tels la pédophilie ou la pornographie infantile.

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