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La mort de René Laurentin, spécialiste des apparitions mariales

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De l'abbé Guillaume de Tanoüarn sur metablog :

René Laurentin face à Marie

Il était né le 19 octobre 1917 à Tours. Il vient de s'éteindre, à l'approche de son centième anniversaire, ayant publié son centième livre. René Laurentin aura beaucoup travaillé pour le Royaume de Dieu. C'est ce grand travailleur que je voudrais saluer.

En 40, il fait la guerre comme officier d'infanterie. Il est fait prisonnier et passe toute la guerre en captivité. Cet élément de sa biographie m'a frappé : on est tellement seul quand on est prisonnier ! C'est sans doute au cours de ces cinq longues années que sa dévotion à Marie se fortifie, au point de devenir toute sa vie. Ordonné prêtre le 8 décembre 1946, pour la fête de l'Immaculée conception, il entreprend trois doctorats, qui portent tous sur la Vierge Marie, en particulier sur son sacerdoce.

Le rôle du  prêtre n'est-il pas d'offrir le Christ au monde, d'insérer l'éternelle offrande du Fils à son Père dans l'espace-temps ? N'est-ce pas elle, la première, qui offre le Christ au monde ? N'est-ce pas par la liberté de son OUI que l'humanité a pu se racheter du premier péché ? Toute grâce de Dieu implique une liberté de l'homme. Au moment de l'Annonciation, lorsqu'elle dit à l'ange Gabriel, "voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole", elle représente la liberté de toute l'humanité, dont elle est en quelque sorte la marraine pour toujours. Notre liberté d'enfants de Dieu, méritant l'éternité divine par la grâce, cette liberté est issue de la sienne. Elle a été la première.

A Saint-Nicolas du Chardonnet, il existait une confrérie de Marie reine du clergé. L'autel est au fond de l'église sous la petite coupole érigée par Gustave Eiffel. Marie est reine des prêtres, parce qu'elle est prêtre elle-même, la première offrante, au Temple, 40 jours après la naissance de son fils. C'est en tant que prêtre qu'elle est reine des apôtres, recevant avec les Onze l'Esprit qui leur avait été promis.

 

J'entends certains d'entre vous me dire : mais si Marie est prêtre, on peut donc ordonner des femmes prêtres... C'est ignorer la différence entre le sacerdoce ministériel, qui a toujours été réservé aux hommes, et le sacerdoce royal, dont nous faisons tous et toutes partie. Mon cher Cajétan parle à ce sujet du sacerdoce comme officium, comme charge, c'est celui que j'ai l'honneur de porter. Mais il y a un autre sacerdoce, le sacerdoce comme excellence, le sacerdoce comme vertu, dit Cajétan. Par ce sacerdoce, nous sommes chacun prêtres, offrant notre sacrifice intérieur et réalisant "ce qui manque à la Passion du Christ". Ce sacrifice, personne ne peut l'offrir à notre place, il en va de notre salut, nous sommes bien le "royaume de prêtres" prophétisé par le livre de l'Exode et aperçu par le Voyant de l'Apocalypse (1, 9). Et dans ce peuple de prêtres, qui s'élance vers son Sauveur, Marie est la première. Elle offre son sacrifice, nous allons le 15 septembre fêter Notre Dame des 7 douleurs : qui connaît les douleurs de Marie ? Qui a vu "le glaive qui lui a transpercé le coeur ? Elle s'offre, comme chacun d'entre nous, elle offre son Fils... Elle l'a présenté au Temple. Il s'est laissé offrir par elle en une divine condescendance.

J'ai toujours aimé cette idée du sacerdoce de Marie, qui est le modèle du nôtre et le sacerdoce par excellence. Marie a cultivé à un haut degré la vertu d'offrande, nous devons l'imiter en cela et vivre de la Passion du Christ, transformer le mal qui nous atteint en un bien éternel par l'acceptation : FIAT.

Au Cénacle Marie n'est pas lors de la dernière Cène alors que Jésus donne à ses apôtres le pouvoir de consacrer le pain et le vin, en redisant ses propres paroles : ceci est mon corps, ceci est mon sang. Mais, à la Pentecôte, quand les apôtres reçoivent l'Esprit saint qui leur donne une puissance divine, Marie est avec eux, elle partage leur joie, après tant de tristesse, elle a dû en ce moment retrouver les accents de son Magnificat. Marie est notre initiatrice au festin de l'Esprit, comme ele fut celle des apôtres.

Je suis sûr que le Père Laurentin acceptera cet hommage que je lui rend en saluant Marie. Il a été son chantre infatigable, cherchant ses traces partout dans le monde, allant à la fin de sa vie jusqu'à rédiger un dictionnaire des apparitions mariales, après avoir signé cinq gros volumes de documents authentiques des apparitions de Lourdes. Il n'était jamais fermé au souffle de l'Esprit dont Marie a éternellement épousé le feu. Il avait un a priori favorable pour toute apparition sérieuse. On a pu lui reprocher d'avoir pris parti pour Medjugorjé, et voilà qu'aujourd'hui la hiérarchie catholique est obligée (après moult tergiversations) de reconnaître l'authenticité des premières apparitions bosniaques.

Il a pris aussi vigoureusement partie pour Mère Yvonne Aimée de Malestroit, une mystique bretonne dont Rome ne voulait plus entendre parler. Il a rouvert le dossier qui avait été fermé de manière autoritaire. Aujourd'hui personne ne peut nier le caractère surnaturel de cette destinée hors norme, avec bilocations, prédictions vérifiées et autres miracles étonnants, qui font penser à ceux du Padre Pio. Je ne résiste pas à citer une phrase de Jésus à la jeune Yvonne Beauvais, qui touchera profondément le coeur de Julien Green (cf. Le Bel aujourd'hui p. 241) : "Je ne fais aucune distinction entre un coeur innocent et un coeur coupable. C'est celui qui m'aime davantage qui m'est le plus cher".

Le Père Laurentin fut expert et journaliste au concile Vatican II, écrivant parfois chaque jour pour le Figaro. Mais ce n'est pas le grand espoir conciliaire qu'il a gardé au coeur. Ses gros bouquins sur le Concile, ses fameux "bilans", publiés aux éditions du Seuil, ne sont plus lus par personne. En revanche, son oeuvre de bibliste, traquant les traces de la Vierge Marie dans la Bible, ne cesse pas d'intéresser un vaste public. La synthèse sur les Evangiles de Noël, je ne manque jamais de l'ouvrir chaque année pour Noël, justement. C'est lui qui m'a fait comprendre l'importance de la Fuite en Egypte, première confrontation entre le Christ enfant et un pouvoir totalitaire. Quant à son oeuvre de mariologue, elle est tout simplement sans équivalent dans le monde... Il aura donné le goût de prier Marie à plusieurs générations de lecteurs.

Commentaires

  • Aucun domaine de la foi n'était étranger à ce chercheur infatigable : outre les ouvrages marials, j'ai lu par exemple avec grand profit son beau livre "La Trinité, mystère et lumière" et de nombreuses autres contributions de qualité. Un esprit ouvert aux surprises de l'Esprit Saint. Il a sa place au ciel parmi les "serviteurs bons et fidèles".

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