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Le Pape voudrait-il que des terroristes utilisent les voies de l'immigration?

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Du Père Xavier Dijon s.J., en opinion, sur le site de la Libre :

Le Pape veut-il que des terroristes utilisent les voies de l'immigration? (OPINION)

Une opinion de Xavier Dijon S.J., père jésuite, auteur du livre "Que penser des réfugiés?"

Renvoyer un étranger dans son pays où il sera maltraité au nom de l’exemple à donner à ses compatriotes ? Non !

Le message que le pape a publié le 15 août dernier en vue de la célébration de la prochaine Journée mondiale du migrant et du réfugié (14 janvier 2018) contient une phrase qui a pu faire sursauter pas mal de lecteurs puisque François ose dire : "Le principe de la centralité de la personne humaine […] nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale." Là-dessus se sont levées des vagues de protestation : alors que de nombreux pays européens ont été pris pour cibles des attentats revendiqués par les islamistes, comment le pape peut-il se permettre de minimiser la nécessité de garantir la sécurité nationale ? Veut-il que des terroristes utilisent encore les voies de l’immigration et de l’asile pour exercer à nouveau leurs violences chez nous ?

On peut comprendre le saisissement suscité par cette phrase choc du pape François mais, une fois passée l’émotion, vient le temps de la réflexion. De quoi s’agit-il ? Il s’agit de l’accueil du migrant, du réfugié, du demandeur d’asile. Le pape ne dit pas qu’il faut ouvrir toutes les frontières à tous les étrangers sans plus désormais se soucier de la sécurité nationale. Deux alinéas plus haut, le message dit d’ailleurs qu’il faut répondre aux nombreux défis posés par les migrations contemporaines en mobilisant deux qualités, "générosité, rapidité", mais aussi deux autres, "sagesse et clairvoyance". Dans le texte, la responsabilité des autorités à l’égard de la sécurité nationale n’est pas niée, ni même diminuée : elle est seulement mise en perspective pour qu’elle ne devienne pas une implacable "raison d’Etat".

Car les responsables du maintien de l’ordre peuvent connaître la tentation qu’exprimait déjà le grand prêtre Caïphe, à propos de l’arrestation de Jésus : "Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas"(Jean 11, 50). Certes, la responsabilité de la sécurité du pays contre les menaces meurtrières est une tâche lourde et délicate, mais elle ne peut pas justifier les atteintes que le pouvoir serait tenté de commettre (ou de laisser faire) contre la sécurité des personnes qui cherchent refuge chez nous. Laisser couler une frêle embarcation dans la mer sans porter secours à ses occupants, au nom de la garde des frontières; renvoyer un étranger dans son pays d’origine où il sera maltraité, au nom de l’exemple à donner à ses compatriotes; faire peser sur des familles la menace d’une détention en centres fermés pour les chasser de leur campement improvisé, autant de dérapages qui portent atteinte au principe de la "centralité de la personne humaine".

D’où les suites que le pape François tire de ce principe et qui viennent aussitôt après la phrase contestée : d’abord la mesure à garder dans la défense du territoire : "Par conséquent, il est nécessaire de former adéquatement le personnel préposé aux contrôles de frontière." Ensuite, l’accueil décent des étrangers : "Les conditions des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés postulent que leur soient garantis la sécurité personnelle et l’accès aux services élémentaires." Enfin, la recherche de solutions autres que les centres fermés qui causent tant de dommages aux personnes détenues : "Au nom de la dignité fondamentale de chaque personne, il faut s’efforcer de préférer des solutions alternatives à la détention pour ceux qui entrent sur le territoire national sans autorisation."

L’insistance manifestée par le pape sur le thème de l’étranger qu’il faut à la fois - selon les quatre verbes détaillés dans le message pour la Journée mondiale 2018 - accueillir, protéger, promouvoir et intégrer, appelle de notre part (croyants, mais aussi hommes et femmes de bonne volonté) une conversion du cœur, pour que la nécessaire vigilance quant à la sécurité nationale ne se retourne pas contre la sécurité de chacune des personnes humaines, fût-elle étrangère.

Commentaires

  • Pour le Pape polonais et le Pape allemand , fils d'une civitas europaea universelle mais basée sur l'identité des nations, le processus migratoire global était considéré comme une tragédie de proportions historiques, à laquelle il fallait faire face avec solidarité, amour, accueil, mais en même temps, avec le réalisme nécessaire pour comprendre l'ampleur de la déstabilisation d'un ordre social et culturel tout entier.

    C'est pourquoi les Pontifes précédents considéraient le «Droit de ne pas émigrer» comme supérieur au Droit à émigrer; et c'est pourquoi leur action visait à éliminer les racines malades à l'origine de cette immigration: les guerres pour Jean-Paul II et l'absence de liberté économique nécessaire au développement, pour Benoît XVI.

    Au contraire, pour le Pape François, l'immigration globale semble être un objectif, un plan à mettre en œuvre, un projet à réaliser; au fond, le déracinement de millions de personnes de leurs terres, de leurs traditions séculaires et de leur identité est considéré comme un avantage pour réaliser le rêve œcuménique d'une intégration globale. Exactement la même vision que George Soros et les mondialistes.

    Il est surprenant que ce pape ne dépense pas un seul mot de condamnation sur les causes de l'immigration; sur les guerres humanitaires de l'Occident (de l'Irak à l'Afghanistan, de la Libye à la Syrie, au Yémen) qui ont produit des millions de réfugiés.
    Pas une condamnation des marchands d'esclaves qui alimentent l'immigration clandestine à travers le monde.
    Pas un avertissement sur le risque démographique pour l'Europe, qui , dans les décennies à venir changera de visage et aussi d'identité culturelle et religieuse (au contraire, exactement comme les élites, le Pape voit l'immigration comme une solution à la crise démographique en Europe).
    Pas une allusion au fait que cette migration mondiale rend encore plus pauvres des pays déjà pauvres, les privant de ressources humaines, de compétences et donc d'espoir pour l'avenir en créant un mécanisme qui condamnera à la pauvreté encore plus extrême des pays d'où viennent les immigrants, et appauvrira les pays qui les reçoivent, mis dans l'impossibilité de résister à l'impact et aux conséquences sociales de cet exode biblique...

    Que ce soit clair: il n'est pas question ici de remettre en cause l'amour et l'accueil que chaque chrétien doit réserver aux plus petits, à ceux qui souffrent ou sont dans le besoin.
    Le principe catholique de «bien commun universel qui inclut toute la famille des peuples, au-delà de tous les égoïsmes nationalistes» (mots de Jean-Paul II) n'est pas mis en cause.
    Ce qui est ici mis en cause, c'est le timing d'un pape qui embrasse un fondamentalisme migratoire, banalisant le drame historique de cet exode provoqué par le pouvoir mondialiste, comme si c'était un simple problème d'égoïsme national des sempiternels européens racistes et xénophobes.

    (Librement adapté d'un article de Gianpaolo Rossi)

  • Le fait qu'il faille chaque fois que des prêtres et théologiens explique ce que le pape a vraiment voulu dire, est en soi troublant...
    Pourquoi ne peut il pas s'exprimer plus clairement au simple peuple que nous sommes? Pourquoi ces déclarations qui peuvent toujours être comprises en sens opposés et qui ont pour effet de troubler et diviser le peuple de Dieu?

  • On lira avec fruit le Message du Pape François pour la journée mondiale des migrants et des réfugiés (2014), facile à trouver sur le site du Vatican. Le discours explicite du pape n'est pas, me semble-t-il, à traiter de fondamentalisme migratoire.

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