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Liturgie : les évêques germanophones remercient le pape François

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Lu sur le site de "La Croix":

"Les évêques catholiques des pays européens germanophones s’opposent au Vatican depuis plusieurs années au sujet d’une traduction controversée et jamais adoptée du Missel, le livre rassemblant les textes de la liturgie catholique romaine.

En septembre, les évêques allemands n’ont pas même fait état de cette traduction contestée dans le rapport final de l’Assemblée plénière d’automne de la Conférence épiscopale allemande. Au contraire, ils ont longuement remercié le pape François pour son récent motu proprio intitulé Magnum principium, qui octroie aux Conférences une autorité renforcée en matière de traductions liturgiques.

Ils ont également exprimé leur gratitude au pape pour avoir souligné une nouvelle fois, comme il l’avait fait en 2013 dans sa lettre d’exhortation Evangelii gaudium, que l’« autorité doctrinale authentique » des conférences épiscopales devait être examinée plus en détail (EG 32). Ils ont enfin déclaré que les commissions liturgiques des différentes conférences épiscopales germanophones allaient se pencher désormais sérieusement sur Magnum principium et ses conséquences.

« Profond soulagement »

Le président de la Conférence épiscopale allemande, le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich, a, pour sa part, expliqué que ses confrères et lui-même avaient accueilli le nouveau motu proprio avec un sentiment de « profond soulagement ».

Lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de l’Assemblée plénière du 25 au 28 septembre 2017, il avait affirmé que, selon lui, la Congrégation pour le culte divin (CCD) avait adopté un point de vue trop étroit sur les traductions liturgiques dans les normes qu’elle avait émises en 2001 sous la forme du document Liturgiam authenticam. Le cardinal a également souligné le long supplice qu’avait supposé la publication de la traduction anglaise du Missel, jugeant « tout à fait excessive » l’insistance du Vatican à exiger une transcription strictement littérale du latin.

Le cardinal Marx a par ailleurs révélé que certains évêques anglophones avaient sollicité son aide et qu’il avait lui-même jugé difficile de réciter certaines prières de leur Missel. « Ce langage est tout simplement inacceptable », a-t-il déclaré.

« Une impasse »

« Liturgiam authenticam constitue une impasse. Rome est chargée de l’interprétation des dogmes, mais pas des questions de style. Désormais, grâce à Magnum principium, les conférences épiscopales bénéficient d’une liberté bien plus grande », a-t-il ajouté.

 

Il a convenu que la révision des traductions du Missel tous les 40 ou 50 ans était légitime, mais a affirmé qu’il ne voyait aucune urgence à publier une nouvelle traduction allemande. Pour lui, la traduction actuelle, qui remonte à 1976, n’est pas « si mauvaise ». Il a néanmoins ajouté que la commission liturgique de la conférence épiscopale allait se pencher sur une nouvelle traduction éventuelle lors de sa prochaine assemblée.

La plupart des évêques germanophones se sont toujours montrés favorables à ce que les traductions finales des textes liturgiques latins relèvent de la compétence des conférences épiscopales nationales. Parmi eux figurait, à la grande surprise de certains, feu le cardinal Joachim Meisner, archevêque de Cologne et l’un des quatre cardinaux conservateurs signataires des désormais célèbres « dubia » désavouant le document papal concernant le mariage et la famille.

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Le cardinal Meisner avait présidé la commission liturgique de la Conférence épiscopale allemande pendant plus de 20 ans (de 1989 à 2014) et avait également dirigé Ecclesia celebrans, un comité soutenu par la CCD comparable à Vox clara (pour l’anglais) et chargé de la révision de la traduction allemande du Missel.

« Les évêques ont la responsabilité finale de la liturgie »

Le défunt cardinal proche de Benoît XVI avait d’ailleurs été à l’origine du premier conflit ouvert entre les évêques allemands et le Vatican concernant la traduction des rites funéraires publiée en 2009 par Rome. Après une vague de protestations en provenance des pays germanophones en 2010, le cardinal Meisner avait annoncé que la nouvelle traduction avait « échoué » et que les évêques allemands continuaient à utiliser la version datant du début des années 1970.

« En ce qui concerne leur région linguistique, les évêques ont la responsabilité finale de la liturgie », avait-il déclaré à l’époque à Domradio.de. Il avait également insisté sur le fait qu’il ne fallait en aucun cas traduire le latin de façon littérale.

En attendant, la nouvelle traduction allemande de la prière eucharistique, qui inclut la modification imposée par le Vatican concernant le pro multis, à savoir remplacer « pour tous » par la formulation strictement littérale « pour la multitude » – n’a toujours pas été approuvée par les conférences épiscopales. C’est pourtant cette formulation qui figure dans les 3 millions et demi d’exemplaires du livre de messe allemand révisé, qui contient le déroulement de la messe et est connu sous le nom de « Gotteslob » [Louanges au Seigneur].

Une lettre de Benoît XVI

L’entrée en vigueur des nouveaux Missels dans l’ensemble des pays germanophones était à l’origine prévue pour le premier dimanche de l’Avent 2013. Mais l’opposition à la nouvelle traduction faisait rage.

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En mars 2012 déjà, le président de la Conférence épiscopale allemande de l’époque, l’archevêque de Fribourg-en-Brisgau Robert Zollitsch, avait alerté le pape Benoît XVI, lors d’une visite à Rome, sur le fait que le nouveau texte risquait d’entraîner une fracture au sein des pays germanophones. Nombre d’évêques et de prêtres, avait-il déclaré, n’accepteraient jamais « pour la multitude » et entendaient continuer à utiliser « pour tous ».

Benoît XVI avait alors écrit le 14 avril 2012 une lettre de quatre pages à l’attention des évêques allemands sous la forme d’une catéchèse, dans laquelle il expliquait en détail les motifs pour lesquels le Saint-Siège entendait revenir à « pour la multitude ». Il encourageait notamment les évêques à utiliser sa catéchèse pour préparer les prêtres et les laïcs à la nouvelle traduction.

Contestation

Quelques mois plus tard, en octobre 2012, deux ecclésiastiques allemand et autrichien – le cardinal Karl Lehmann, évêque de Mayence (et ancien président de la Conférence épiscopale allemande), et l’archevêque de Salzbourg, Alois Kothgasser, – contestaient la décision de Benoît XVI concernant la question du « pro multis ».

Le cardinal avait déclaré à la radio allemande que le renforcement de l’influence du Vatican était « particulièrement inquiétant ». La « censure mesquine » infligée par Rome à la traduction allemande du Missel constituait une « entrave au droit à la liturgie » que « nul ne saurait véritablement accepter ». Il avait également souligné la « nécessité de modifier la façon de diriger l’Église ».

L’archevêque Alois Kothgasser avait, quant à lui, déclaré lors d’une assemblée de doyens que la décision de Benoît XVI de revenir à « pour la multitude » ne constituait pas une « décision officielle » et qu’il préférait continuer à utiliser « pour tous ».

À mesure que la date de publication approchait, un certain nombre de prêtres avaient, par excès de zèle, commencé à utiliser la nouvelle traduction en signe d’obéissance anticipée. En avril 2013, la Conférence épiscopale autrichienne a donc décidé de publier un texte précisant que la seule traduction autorisée du « pro multis » était « pour tous ». La Conférence soulignait que le Missel de 1975 restait obligatoire.

Confusion parmi les paroissiens

Le nouveau livre de messe a finalement été publié. Et la prière eucharistique contient la traduction jamais autorisée du « pro multis » en « pour la multitude ». Elle comporte également une note indiquant clairement que seule l’ancienne traduction des années 1970 toujours en cours est valable, et non pas l’expression « pour la multitude » imprimée dans l’ouvrage.

Il va sans dire que cette publication a suscité une certaine confusion chez les paroissiens des pays germanophones. Mais leurs évêques semblent convaincus qu’ils peuvent résoudre ce problème grâce à l’autorité et à la liberté accrues que leur a accordées le pape François.

Christa Pongratz-Lippitt (La Croix international)"

Ref.Les évêques germanophones se mobilisent pour contrôler pleinement les traductions liturgiques

Le pape François cause, le cardinal Sarah se tait, la pagaille s'installe.

JPSC

Commentaires

  • Le pape a coupé court à toute velleité du cardinal Sarah de reprendre la traduction liturgique de différents pays en donnant plus de pouvoir aux évêques.

    Encore un coup bas.

    Il ne restera rien de l’Eglise qui est en Allemagne vu la politique qu’elle mène.

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