Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le nouvel archevêque de Paris n'a pas la faveur de l'intelligentsia progressiste

IMPRIMER

De Bernadette Sauvaget sur le site de "Libé", cet article très critique à l'égard du nouvel archevêque de Paris et qui nous le rend d'autant plus sympathique :

Michel Aupetit, un archevêque de combat conservateur à Paris

mgr-michel-aupetit.jpg

Ce spécialiste des questions bioéthiques est notamment un farouche opposant à une libéralisation de la PMA. Sa nomination par le pape est un vrai cadeau à la frange la plus radicale du catholicisme français.

Il se rêvait en curé de campagne. C’est raté ! Michel Aupetit, 66 ans, a été nommé jeudi, par le pape François, archevêque de Paris, poste éminemment stratégique pour le catholicisme français. Outre ses fonctions religieuses, le patron du plus gros diocèse de France joue, en effet, un grand rôle politique. «Il est régulièrement reçu par les plus hautes autorités de la République, explique l’historien et sociologue Philippe Portier. C’est une sorte d’interface entre l’Etat et l’Eglise.»  Même si son nom circulait avec insistance depuis une quinzaine de jours, Michel Aupetit, ancien médecin et évêque de Nanterre depuis trois ans, ne figurait pas au départ parmi les favoris.

En fait, sa nomination surprend et déçoit. Pur produit du clergé parisien, il n’apporte pas le courant d’air frais que beaucoup attendaient, même parmi les évêques. Dans les rangs catholiques (et pas seulement parmi ceux qui ont une sensibilité à gauche), on pariait sur un autre choix du pape François, grand pourfendeur de la nomenklatura cléricale, défenseur d’une Eglise des périphéries et de l’engagement social. Aupetit, lui, correspond davantage à un profil se situant dans la lignée et la continuité d’un Jean Paul II et d’un Benoît XVI.

«Mis en orbite» par André Vingt-Trois

Cette nomination a été voulue par le cardinal André-Vingt Trois auquel il succède. «Aupetit est programmé depuis plusieurs années pour devenir archevêque de Paris, explique un théologien catholique parisien. C’est lui qu’André Vingt-Trois a mis en orbite.» En vieux chat rusé, ce dernier a gentiment berné tout son monde. Ces derniers mois, il a laissé volontiers croire qu’il ne se préoccupait guère de sa succession. Il était impossible de connaître le nom de celui qui avait ses faveurs. A l’inverse de ce qui s’était passé en 2005, lors de sa propre nomination à la tête du diocèse de Paris. Le cardinal Jean-Marie Lustiger s’était alors battu (presque publiquement) bec et ongles pour imposer André Vingt-Trois comme son successeur.

Très classique, Aupetit a la réputation d’avoir une forte personnalité, d’être impulsif, voire colérique. «Il a une très haute opinion de lui-même», tacle un religieux de la capitale. Toutefois, il offre un profil assez atypique dans l’Eglise, ce qui a probablement séduit le pape François. Il est ce qu’on appelle dans le jargon catholique une «vocation tardive». Médecin généraliste à Colombes (Hauts-de-Seine) pendant une dizaine d’années, il est entré au séminaire alors qu’il approchait la quarantaine. Ordonné prêtre par le cardinal Lustiger en 1995, il a ensuite grimpé très rapidement dans la hiérarchie ecclésiastique. Une carrière éclair jusqu’à sa nomination comme évêque de Nanterre en 2014 qui a été son marchepied pour Paris.

«Pourquoi pas la polygamie ? L'inceste ?»

Le choix d’Aupetit est un vrai cadeau à la frange la plus radicale du catholicisme français. Spécialiste des questions bioéthiques, le nouvel archevêque de Paris est, dans ce domaine, un ultraconservateur. «Doctrinalement, c’est quelqu’un de très sûr», relève Philippe Portier. Ses anciennes déclarations ne laissent aucun doute sur son engagement à venir. Comme le cardinal Philippe Barbarin, il a été un farouche opposant au mariage pour tous. Il avait donné le ton, en juillet 2012, dans une interview à Paris Notre-Dame, l’hebdomadaire du diocèse de Paris. «ll ne convient pas, qu’au nom d’un individualisme exacerbé, on crée une loi pour chaque catégorie de personnes, déclarait-il. Sinon, pourquoi pas la polygamie ? L’inceste ? L’adoption d’un enfant par un frère et une sœur ? Pourquoi pas, en effet, "puisqu’ils s’aiment", pour reprendre l’argumentation des partisans du "mariage homosexuel" ? » Le nouvel archevêque de Paris est tout autant opposé à une ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux célibataires, là aussi sur la même longueur d’onde que la Manif pour tous. Pourfendeur de ce qu’il appelle régulièrement «la boboterie parisienne», Aupetit ne fait jamais dans la dentelle. «La véritable question, c’est effectivement la disparition du père, répondait-il en juin 2017 dans une interview à Famille chrétienne, à propos de la PMA. […] L’enfant devient un simple produit manufacturé : sous prétexte qu’il est objet de désir, il est mis à la disposition des adultes, comme l’on ferait pour une voiture ou un smartphone à la mode !»

Dans les débats à venir en 2018, Aupetit se profile clairement comme un archevêque de combat. Et risque d’être clivant au sein même des catholiques. Beaucoup de responsables ne souhaitaient en effet pas rejouer l’opposition frontale comme lors des grandes manifestations contre la loi ouvrant le mariage à tous. Visiblement, ils n’ont pas été entendus au Vatican.

Bernadette Sauvaget

Commentaires

  • Bonne nouvelle que cette nomination faite en particulier grâce au cardinal Ouellet, à Mgr Ventura et à Mgr Vingt-Trois. Mgr Aupetit, archevêque de combat? Clivant? Accroché à la Tradition? Parfois en colère?Tant mieux! Ce sont de tels hommes courageux dont l'Eglise a besoin. Et puis, chose vraiment peu commune dans le clergé, le désormais nouvel archevêque de Paris s'intéresse à l'au-delà (eh oui, à l'au-delà!) et n'a pas peur de le dire! Il l'a fait notamment à travers un livre remarquable (intitulé "La mort, et après" Ed Salvator) que tout catholique (ou chercheur de vérité) devrait avoir lu. Bienvenue, Monseigneur!

  • Je ne me reconnais pas du tout lorsque vous parlez de La fange la plus radicale du catholicisme français. Cette expression est clivante et me semble très maladroite dans le cas de cette nouvelle nomination du Cardinal de Paris. En tant que médecin et spécialistes des questions de bioéthique, il rassemble tous ceux qui comme moi sont sensibles à ces sujets de grande importance avec beaucoup d'intelligence. C'est une chance pour Paris, pour la France et pour l'Europe !

  • Si par hasard, l'épiscopat français vous rejetait, venez en Belgique, Monseigneur. Ce ne serait qu'un échange de bons procédés!

  • Faut-il avoir été médecin ou polytechnicien pour être un "archevêque de combat" ?
    Un "profil atypique" est le bienvenu.
    Espérons !

  • Et voilà un nouveau pied-de-nez aux pourfendeurs du pape François-le-gauchiste... Une nomination bien inspirée en ce début de xxie siècle complètement désorienté. Prions pour que l Esprit Saint souffle aussi un peu plus au Nord sur un épiscopat adorateur de vaches!

  • Grâce soit rendue au pape François (aux papes François et Benoît XVI et Jean-Paul II) ainsi qu'à ceux qui, dans l'épiscopat français, ont oeuvré pour cette nomination. Parler de clivage, c'est, en effet, très maladroit : l'Eglise a besoin de pasteurs dont le discours ne donne pas dans le "sociétalement correct". Chapeau, en passant, à Mgr André Vingt-Trois et aux liturgies diffusées sur KTO (canal 144).

  • Cette nomination n'enlève rien aux nominations calamiteuses que le Pape a fait dans d'autres pays comme aux Etats-Unis, en Espagne ou au Portugal (comme Mgr Blase Cupich).

  • C'est la journaliste de Libé qui parle de clivage. C'est très amusant. Dès qu'un évêque déplaît au monde, on parle de "clivage", de gage donné aux catholiques extrémistes (ceux qui mettent des bombes, sans doute) etc... etc...
    Si, dans la presse, on commence a dire tant de mal du nouvel archevêque de Paris, c'est bon signe.Bienvenue Monseigneur!

  • Nominations calamiteuses ???
    C'est votre point de vue, Nicolas ! Pas le mien ...

    Le pape François a nommé jeudi 7 juillet 2016 l’archevêque de Chicago, Mgr Blase Cupich, membre de la Congrégation pour les évêques. En le faisant ainsi siéger aux assemblées de cet important dicastère de la Curie romaine pour la nomination des évêques, le pape augmente l’influence de cet Américain de 67 ans, qu’il avait choisi en 2014, contre toute attente, pour prendre la tête du grand diocèse de Chicago. La révision de la nomination des évêques est l’un des chantiers de la réforme en cours de la Curie.

    Ce choix est calamiteux ?
    Un peu de décence SVP

  • Cher Nicolas, il ne fait aucun doute que l évêque de Chicago heurte votre sensibilité, et c est votre droit. Mais l Église est un corps qui ne trouve son équilibre qu en assumant les différentes tendances et sensibilités jusque dans sa structure hiérarchique. Dieu soit loué pour cette sain(t)e diversité, visage de la catholicité! Et n oubliez pas qu une bonne part du très décevant et mou épiscopat belge a été nommée avant l avènement de François I

  • Et si le pape voulait tout simplement de la variété dans les nominations pour que tous les courants soient représentés dans la hiérarchie. Personne n'a le monopole de la vérité.

  • On ne saurait, en effet mieux encourager le dialogue qu' avec les mots de Fr Benoît, Simon Noël, e.a.
    Puis je ajouter qu' en évitant des expressions comme " logorrhée pontificale ", commentateur papolâtre, nomination calamiteuse .....,le ton du dialogue resterait courtois.

  • Il convient tout de même de préciser que le candidat que voulait le pape (comme le rapporte Le Figaro du 8/12) était Mgr Brunin, archevêque ultra progressiste du Havre, soutenu ardemment par le card Danneels). Et c'est parce que ce dernier a refusé la promotion que le pape François lui a faite que Mgr Aupetit a finalement été choisi (comme le voulait le cardinal Vingt-Trois,

  • J'ai en effet parlé de la "nomination calamiteuse" du Pape François pour le cas de Mgr Blaise Cupich. Ceux qui me critiquent ne semble absolument pas connaitre la situation actuelle de l'Eglise des US. Mgr Blase Cupich refuse d'appliquer l'art 915 du droit canon (refus de communion aux politiciens "catholiques" et "pro choix. Il est donc en infraction par rapport au droit canon. De plus, il donne une plateforme au prêtres hérétiques comme pour le cas du jésuite fr. James Martin qui fait la promotion de l'homosexualité.

  • Si les informations du Figaro sont exactes, on est en droit de se demander de quoi se mêle G. Daneels. Il ne semble pas que son bilan comme archevêque de Malines-Bruxelles soit brillant au point d'être en droit d'intervenir dans les nominations au sein d'une autre conférence épiscopale. Décidément le complot semble être chez lui une seconde nature.

Les commentaires sont fermés.