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Dieu soit à louer : Ces prêtres belges en location en marge de l’église traditionnelle

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De Joséphine Christiaens sur le site web de  « Paris Match » (mise à jour du 8 décembre 2017) :

« Afin de contourner la procédure traditionnelle de l’Eglise, ils sont de plus en plus – maris, femmes, parents, défunts – à  se tourner vers Rent a Priest. Formée par des prêtres indépendants, l’association offre un service sur commande à des catholiques qui ne se reconnaissent plus dans l’église avec un grand « E ».

Envie d’un mariage, d’une communion ou d’un baptême personnalisé ? D’une célébration exempte de symboles ou de termes religieux ? De funérailles à la dimension spirituelle mais en dehors de l’église ? En Belgique, c’est possible en faisant appel à la société Rent a priest.

Afin de contourner la procédure traditionnelle de l’église, ils sont de plus en plus – maris, femmes, parents, défunts – à se tourner vers ces prêtres à louer. S’unir par les liens sacrés, baptiser un enfant ou célébrer des funérailles, pourquoi y renoncer sous le prétexte de ne plus se sentir en adéquation avec les valeurs de l’église ? En guise d’alternative, ils font le choix de vivre autrement leur foi catholique en la célébrant différemment, sous la bénédiction de prêtres en location.

Tradition catholique sur commande

À l’origine de cette « autre voix possible », trois prêtres flamands, dont Rudi Borremans – autrefois écarté par l’église pour son homosexualité assumée – et l’ancien prêtre marié Norbert Béthune. De trois, la communauté Rent a Priest est rapidement passée à 22 prêtres. Tous flamands et indépendants. Parmi eux, des femmes quasi autant que des hommes. Mariés comme célibataires. Certains ayant été ordonnés, d’autres n’ayant pas pu (ou voulu) l’être. Créée en 2000, cette association flamande rassemble des prêtres en marge de l’institution et – comme son intitulé le précise – offre un service sur commande à des catholiques qui ne se reconnaissent plus dans l’église avec un grand « E ». Leur mission : renouveler les codes de la tradition catholique en les adaptant à l’ère du temps.

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Chez Rent a Priest, « l’exclusion est exclue et tout le monde est le bienvenu ». Couples homosexuels ou divorcés, Belges ou étrangers, chacun a droit à sa célébration personnalisée avec pour maîtres mots « ouverture » et « universalité ». Si l’association s’inscrit dans la lignée de l’église catholique, elle tente toutefois de rompre son autorité suprême en proposant une alternative aux personnes se trouvant à sa frontière. « Nous voulons nous démarquer des autorités catholiques qui jugent et érigent des dogmes »peut-on lire sur leur site« Mus par des valeurs humaines et chrétiennes », ces prêtres rebelles des temps modernes se rendent « disponibles pour préparer une cérémonie très personnelle, dans laquelle le dogmatisme pur et dur n’a pas de place ».

En 2008, un couple de Belges ont choisi de célébrer leur mariage en saut à l’élastique. Pour l’occasion, ils ont fait appel à un prêtre de Rent a Priest. © Carter News Agency LTD. 

Succès tout puissant

Si la démarche paraît osée, Rent a Priest comptabilise aujourd’hui entre 1 000 et 1 500 célébrations par an rien qu’en Flandres, selon les derniers chiffres parus dans le quotidien régional flamand De Weekbode Tielt. Sa popularité, l’organisation la trouve surtout au nord du plat pays et ce malgré une publicité quasi inexistante. Peu, voire pas du tout médiatisée du côté francophone de la frontière, l’offre est loin d’être en manque de demande. Son succès est tel qu’en octobre 2011, submergé par une « demande doublée de célébrations », notamment depuis l’éclatement du scandale d’abus dans l’église, Norbert Bethune lançait un appel à la candidature. « Nous avons trop de travail », soupirait-il dans les colonnes du Standaard, invitant les intéressés à rejoindre l’équipe de Rent a Priest. Simplicité et accessibilité, serait-ce la clé de leur succès ? On peut s’en douter, car faire appel à leur service est un véritable jeu d’enfant.

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Comme sur un site de réservation d’hôtel, une plateforme moderne et épurée vous invite à cliquer sur l’onglet « Demander une célébration ». Il suffit ensuite de choisir le type de célébration, indiquer la date et le lieu souhaité – une liste préétablie d’établissements et de restaurants étant habilement suggérée -, préciser quelques renseignements personnels… et le tour est joué ! Il est même possible d’ajouter les « extras » désirés. Ainsi peut-on choisir une cérémonie dépourvue de termes ou symboles religieux, adapter les festivités pour une culture spécifique (que l’on vienne du Japon ou du Brésil) et rajouter toutes suggestions possibles, du choix du buffet à l’installation musicale. L’un des célébrants propose même de se transformer en DJ. “God is a DJ ! Si vous le souhaitez, vous pourrez choisir un fil rouge entre la cérémonie, la réception, le repas et la soirée », lit-on sur son profil où il suggère de laisser « vos invités établir un top 5 de leur musique préférée et DJos vous fera danser sur les différents choix ».

Une fois le formulaire envoyé, « Merci pour la confiance en Emmaüs ! », répondra cordialement et sans tarder la société. « Votre demande a bien été reçue et sera traitée dès que possible ! » Une rencontre sera prévue plus tard entre le célébrant et les célébrés afin de discuter en détails de l’organisation. Une procédure simple, efficace, mais pas gratuite pour autant. Comptez entre 180 et 300 euros, selon le type de célébration, sans compter les frais de transports (0,35€ par kilomètre parcouru) et les extras possibles.

Capture d’écran. www.rentapriest.be

Business ou vraie foi

Afin d’éteindre les soupçons sur tout prétendu business, le nom « Rent a Priest » (qui fait naturellement écho avec une autre société de location, mais de véhicules cette fois) a progressivement été gommé par celui de « Emmaüs Flandres ». Sur la page d’accueil du site, on ne lit même plus l’intitulé « Rent a Priest », seulement « Emmaüs » en haut de page. Certes moins vendeur, le nom n’a cependant pas été choisi par hasard. « Depuis 2013, nous utilisons le nom de communauté Emmaüs : nos collaborateurs s’investissent auprès des personnes qui font appel à eux. Et cela est plus qu’être “loué” comme prêtre », précisent-t-ils. En référence à l’histoire du village d’Emmaüs cité dans le Nouveau Testament, l’appellation s’accorde parfaitement avec l’objectif de l’asbl : « Un monde juste où il y a du pain et de l’eau pour tous ».

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Contactée par Paris Match Belgique, l’antenne belge du mouvement international Emmaüs s’étonne pourtant d’apprendre l’existence de ces prêtres flamands. Si le pôle bruxellois d’Emmaüs Belgique n’a pas souhaité faire de commentaire sur les pratiques de Rent a Priest, elle précise toutefois que « ça n’a rien à voir avec le mouvement de l’Abbé Pierre »« Nous ne savons pas qui sont ces prêtres », déclare Julio De la Granja de La Poudrière, pôle bruxellois d’Emmaüs Belgique, qui assure n’avoir aucun lien avec eux. C’est que les prêtres d’Emmaüs Vlaanderen se font discrets. Après être entré en contact avec l’un d’entre eux, nous avons été contraints de renoncer à tout entretien. Le prêtre en question ne souhaitant pas attirer d’attention jugée inutile. Une attention qui réveillerait notamment des confrontations passées avec le clergé.

Fausse concurrence en mal de reconnaissance

Quoi que l’on en dise ou pense, Rent a Priest se veut clair sur le sujet : « Le but n’a jamais été de fonder une nouvelle église. L’organisation est enracinée dans la tradition catholique romaine et veut y rester fidèle », lit-on sur le site. Dans un contexte où l’église catholique occidentale est de plus en plus désertée et perd autant de prêtres que de pratiquants, l’initiative pourrait s’apparenter à de la concurrence. Il n’en est rien, insiste Rent a Priest. Mais l’église refuse encore de reconnaître les célébrations pratiquées par ces prêtres qui se sont détachés de l’institution. Les baptêmes pratiqués dans le cadre de l’asbl « ne sont pas reconnus par l’église catholique » au même titre que les mariages, « d’autant plus qu’ils ne peuvent être célébrés avec l’accord du curé local d’une paroisse », nous dit-on chez l’archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr De Kesel.

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Sans vouloir apporter plus de précisions, l’Eglise belge précise tout de même que « les évêques en appellent à la responsabilité des membres de Rent a priest pour qu’ils évitent de célébrer indûment en donnant l’illusion aux personnes qu’ils sont dans un contexte de l’église catholique ». Une position que Rent a Priest ne semble pas partager, défendant une « idée centrale » mise en évidence sur son site : « Nous nous inscrivons dans la lignée de l’église catholique et essayons de comprendre les signes de notre temps ».

Ref.  Dieu soit à louer : Ces prêtres belges en location en marge de l’église traditionnelle

JPSC

Commentaires

  • Un visage généreux, ouvert, compassionniste. Une entreprise qui se réclame de la "tradition" et des "valeurs" catholiques, dont le business est florissant, et qui passe bien dans les médias... Cela me fait curieusement penser à l antéChrist de Soloviev. Le démon ne séduit pas mieux que sous ce visage de généreuse compassion, toujours prêt à "singer" l Église

  • Au fond, que cherchent ces pseudo-prêtres ou ex-prêtres ? Principalement semble-t-il, toujours et encore de se « libérer » de l'éthique catholique ; en clair principalement de l'éthique sexuelle : la monogamie et l'hétérosexualité, l'engagement définitif et irrévocable.
    Nostalgiques de la forme, ils rejettent le fond, ce qui est proprement une absurdité. Évidemment qu'ils vont « singer » l'Église catholique en ses rites et ses pompes.
    Lévi

  • Fr. Benoît : Peut-être y a-t-il parmi ces ex- ou pseudo-prêtres des francs‑maçons adeptes de syncrétisme imitateur. Le « recadrage » et la pratique du « contre-sens » est un art auquel ils excellent. Mais, comme vous le dites, le mensonge et la tromperie sont depuis le début l'arme exclusive du malin.
    Shimon.

  • à Lévi :
    Face à une idéologie subjective, délirante et asservissante, la voie de la libération n'est-elle pas de ne jamais perdre de vue la réalité objective, seule vraie vérité qui ne nous induise pas en erreur.
    Tous, sans exception, nous sommes nés de la pénétration d'un ovule par un spermatozoïde et de leur fusion en un nouvel être humain toujours différent. Tous sans exception, nous sommes nés d'un père et d'une mère. Il n'y a pas de père sans mère ; il n'y a pas de mère sans père ; il n'y a pas d'enfant sans un père et une mère. La complémentarité et l'altérité sont les voies exclusives de l'engendrement.
    Nul ne choisit de naître, ni le lieu ni l'heure ni ses parents, ni son sexe.
    Tous sans exception nous avons un sexe masculin ou féminin, que nous n'avons pas choisi, objectivement inscrit dans les gènes de chacune de nos cellules, notre anatomie, notre physiologie.
    Tous sans exception nous avons été portés dans le ventre d'une femme, pas d'un homme. C'est le privilège exclusif et la charge, la grandeur et la servitude de la femme d’accueillir en elle l'enfant. Tout comme l'homme, elle a un cœur, une tête, deux bras, mais objectivement elle seule a une matrice capable d’accueil.

  • Sigismond, face à la dérive idéologique subjectiviste et relativiste un retour à la vérité de la réalité, ne suffit pas. Il est indispensable d'aller à l'essence même de la réalité, qui est essence divine. L'homme est fait à l'image et à la ressemblance de Dieu, qui est amour. La vocation de l’homme c'est l'amour (pas le sexe).
    La négation de Dieu est négation de l'humain. C'est pourquoi cette caricature de catholicisme est véritablement blasphème et se veut telle.

  • La condamnation des évêques de Belgique a la prudence des sioux et toute l’ambiguïté de la casuistique jésuitique. Ils ont la trouille de perdre encore des fidèles et au fond ils envient l'audace de ces pseudo-prêtres. Mais n'est-ce pas précisément en allant dans le sens de « l'esprit du temps » qu'ils feront fuir le reste du troupeau, pour ne se retrouver que avec des fantômes de fidèles, des hologrammes virtuels sans consistance ?
    Les évêques de Belgique pourront-ils un jour sortir de la politique politicienne, politiquement correcte, pour retrouver la force de la Vérité ?

  • Des prêtres à louer, une vache sur une croix, un archevêque qui coupe les arbres portant de bons fruits... Avis: cherche évêque à louer pour remettre l'Eglise belge à l'endroit.

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