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  • Rénovation du Musée royal de l’Afrique centrale à Tervueren: vers une relecture anticoloniale de l’œuvre des Belges au Congo ?

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    Le site web de la Libre Afrique publie ces libres propos de Jean-Luc Vellut

    Saint Antoine img-4-small580.jpg« À propos de ce qu’on connaît des lignes maîtresses du projet de présentation du volet historique par le MRAC rénové et de leurs conditions d’élaboration.

    Au plan de l’information historique, le peu qui filtre de la réflexion en cours suscite des inquiétudes, et ceci, dans chacun des deux piliers qui structurent l’argumentation qu’on nous laisse prévoir.

    Pilier 1. Les historiens belges auraient jusqu’ici négligé les sources africaines. Le Musée rénové entend remédier à cette lacune. Cette affirmation est étonnante, alors que les scientifiques belges ont joué un rôle d’avant-garde dans la collecte, la publication et l’interprétation critique des sources africaines, orales ou écrites. On aurait plutôt attendu d’un musée belge qu’il rende hommage à la génération pionnière des D. Biebuyck, G. Hulstaert et J. Vansina qui, grâce à l’appui de collaborateurs congolais, ont à leur crédit la collecte de milliers de pages de sources historiques africaines. Notons que, grâce à ses travaux sur l’oralité dans le bassin du Congo, Vansina fut le mentor d’une génération de professeurs d’universités américaines. La toute prochaine session de l’African Studies Association (Chicago, 15-19 novembre 2017) lui rendra un hommage appuyé.

    Depuis ces grands ancêtres, et dans la mesure de leurs moyens, d’autres historiens, belges, congolais ou autres, se sont efforcés de faire honneur à cet héritage. Ils se sont aussi distingués par leur recours aux sources africaines, notamment contemporaines. Ce fut le cas de l’école historique de Kinshasa-Lubumbashi, comme en témoigne l’attribution récente d’un doctorat honoris causa à un autre savant belge, Léon Verbeek, en reconnaissance de ses travaux sur les sources africaines, orales et artistiques, dans le Haut-Katanga. Pour ses propres contributions au domaine des sources populaires, B. Jewsiewicki, autre membre en vue de cette école, fut honoré à la même occasion. J’ajoute pour bonne mesure que l’on doit à un historien belge, David Van Reybrouck, d’avoir placé les témoignages africains au coeur de son livre, « Congo. Une histoire » : immense succès de librairie, plus de 700 000 exemplaires vendus en diverses langues dans le monde.

    On pourrait sans mal aligner d’autres noms, mais restons-en ici en ce qui concerne le pilier 1 et la pseudo-ignorance en Belgique des sources africaines.

    Pilier 2. Les historiens belges auraient refusé d’ouvrir un vrai débat sur la colonisation, à la différence de la franchise qui est désormais de règle à propos des crimes commis au cours de la Deuxième Guerre mondiale. La présentation du futur Musée sera conçue comme un « Mémorial » des victimes africaines, à l’instar de ce qui a été entrepris pour les victimes juives des persécutions nazies en Belgique occupée.

    Je ne m’attarde pas au parallèle revendiqué entre Deuxième Guerre et colonisation. Cette perspective est sans aucune signification pour l’Afrique. Elle est odieuse en Europe. Il est cependant exact que, pendant de longues années, les institutions d’État en Belgique, tout comme un enseignement scolaire encombré d’un nationalisme étriqué, ont fait obstacle aux investigations indépendantes concernant la colonisation. Ce déni a tranché avec la dénonciation des violences en Afrique coloniale, jadis courantes en Belgique durant le règne même de Léopold II : n’allez pas là-bas , selon le titre évocateur d’un ouvrage publié dans la Belgique de l’époque.

    En Belgique, il y a toutefois bon temps que la libre discussion a repris ses droits. Elle a été amorcée par un grand savant, Jean Stengers. Elle reprit avec vigueur dans les années 1980, mais dans un premier temps, elle prit un ton polémique. Les publications se multiplièrent en effet, dues à des chercheurs « engagés » qui se présentèrent comme chroniqueurs des crimes coloniaux. Leurs exposés ont alimenté la production de divers publicistes, journalistes, littérateurs. Ces réquisitoires, souvent complaisants dans l’horreur, connurent une diffusion mondiale. Celle-ci contribua à confirmer la formidable charge symbolique qu’a toujours portée le Congo dans les publics occidentaux.

    Tenir la chronique d’atrocités, personnifier la discussion à outrance autour d’un homme, Léopold II, ne revient toutefois pas à faire un travail d’historien, loin s’en faut. Aujourd’hui, le sensationnalisme n’est plus nécessairement maître du terrain. La vérité toute simple émerge que la compréhension du régime léopoldien doit prendre en compte différents héritages, non seulement les héritages venus d’Europe – et, en effet, les rêves d’introduire le progrès en Afrique furent tôt pervertis par des vagues de spéculations au sein du capitalisme mondial –, mais aussi les héritages de l’Afrique du temps. L’État du Congo s’est en effet inscrit à la fois dans les multiples strates de l’expansion occidentale à l’échelle mondiale, mais aussi, localement, dans le vaste arc des Frontiers of Violence (R. Reid, 2011) : dans les années 1870-1890, ces frontières étendirent leur chaos, du sud de l’Éthiopie au Sud-Soudan, du Rwanda aux Grands Lacs, et de ceux-ci jusqu’au Haut-Zambèze. Sur le terrain, poursuivi à coup d’alliances, de retournements, d’opportunisme, le grandiose projet géopolitique d’un État-Congo finalement survécut à ces tourmentes, mais au prix d’avoir pour un temps emprunté au brutal chaos des « Frontières ».

    En Belgique comme ailleurs, cette perspective sollicite aujourd’hui les chercheurs les plus avertis. Elle est sans doute plus dérangeante que le ronron des récits moralisateurs. Elle paraît d’autant plus évocatrice que le Congo du temps présent est, lui aussi, livré aux même spéculations qui ont jadis dicté leur loi à l’État léopoldien : à nouveau, dans le Congo du XXIe siècle, l’État est faible et les puissants s’abritent derrière leurs murs d’argent, tandis que les nouvelles Frontiers of Violence sombrent dans le chaos.

    Concluons ce rapide parcours du pilier 2. Le scénario qui semble retenu par le Musée ne rend pas justice aux débats du travail historique actuel. Dans le langage d’aujourd’hui, il se montre complaisant au monde des fake news.

    En conclusion, si on en juge par ce qui est connu des projets en cours, que dire du volet historique au sein du futur Musée rénové ?

    Il paraît aller de soi que cette grande institution, unique en son genre, doit activement contribuer à éclairer le passé africain, précolonial, colonial, postcolonial. Il serait toutefois à la fois absurde et indécent de renoncer pour autant à mettre en pleine lumière le passé de ce que fut la diaspora belge en Afrique. Dès ses moments fondateurs (Léopold II, toujours lui !), avec ses hauts et ses bas, avec évidemment les accents de l’époque, le Musée a existé comme manifestation tangible de la part de la Belgique dans l’histoire du Congo moderne et de la part du Congo moderne dans l’histoire de Belgique.

    Différentes généalogies historiques sont donc en présence. Venues d’Europe ou d’Afrique, elles sont complexes, elles plongent leurs racines dans des passés, souvent lointains. Elles ne demandent évidemment pas à être abordées dans un esprit, tantôt d’exaltation puérile, tantôt de pénitence tartuffe.

    Soyons clairs : il n’est d’autre alternative que de chercher la vérité et le Musée devrait y contribuer. Cette vérité fut celle d’ingénieurs, de médecins, de savants, de cadres, de techniciens, de religieux et religieuses, d’artistes et artisans belges qui ont mené au Congo colonial leur vie de travail, avec ses réussites et ses échecs. Cette vérité est tout autant celle de cadres, de techniciens, d’ouvriers, de cultivateurs et de cultivatrices, de notables, de religieux hommes et femmes, d’artistes et artisans congolais qui, eux aussi, longtemps méconnus, ont eu leurs réussites et leurs échecs. En régime colonial, cette rencontre fut inégale, mais elle donna naissance au Congo moderne et, en réalité, le Musée actuel en est issu.

    Certes, le système colonial tel qu’il a fonctionné à l’échelle de l’Afrique comptait plus que sa part d’aventuriers, blancs et noirs. Certes, la logique coloniale ne répond pas aux aspirations d’aujourd’hui. Le système global tel qu’il fonctionne au Congo du présent ne répond pas non plus aux critères d’une société juste. Regardons-y donc à deux fois avant de jeter la première pierre. Si l’on tient absolument à jeter un regard moral sur le passé du Congo, la cohérence exigerait de soumettre à nos jugements l’ensemble de son histoire, que ce soient les temps précoloniaux, coloniaux ou postcoloniaux. Est-ce le rôle d’un musée de jouer le rôle d’un tribunal ? Je ne le pense pas.

    À ce stade-ci, on peut risquer quelques pronostics. Celui d’abord que l’ouverture du Musée connaîtra un grand succès esthétique et matériel. Un immense effort a été consenti pour qu’il en soit ainsi. On s’en félicitera sans réserve.

    Par ailleurs, telle que nous la connaissons aujourd’hui, la présentation de son héritage dans le Musée rénové est à la fois insuffisamment informée et empreinte de ressentiments. La pratique du lock out des opinions divergentes y est si profondément incrustée que l’on se croit revenu aux beaux jours de la censure d’État.

    Les conditions d’un flop sur le plan scientifique et sans doute humain sont donc réunies.

    Faut-il pour autant perdre tout espoir ? « Voyez ce qui se passe, les choses »n’auraient pas pu aller plus mal », dit le pessimiste. « Mais si, mais si », répond l’optimiste. Au bout du compte, le travail historique possède une résilience et, tôt ou tard, la vérité l’emporte toujours.

    Jean-Luc Vellut

    Professeur d’Histoire de l’Afrique, retraité des universités du Congo (1964-1976) et de l’UCL (1976-2002)

    Responsable scientifique de l’exposition Mémoire du Congo.

    Le temps colonial (MRAC, 2002-2005)

    Ref. Rénovation du Musée royal de l’Afrique centrale

    Même « Congo, une histoire », recueil louable de témoignages indigènes mais (volontairement?) crédule par certains côtés, publié par  David Van Reybrouck en 2012 chez Acte-Sud est, de bout en bout, sous-tendu par un préjugé anticolonial auquel pourra difficilement souscrire un Belge qui a vécu au Congo non pas au temps aventureux des pionniers de l’Etat indépendant (1885-1908) mais d’une expansion économique et sociale ordonnée et pacifique qui fut ruinée, en quelques mois à peine, par la médiocrité politique d’une métropole pressée d’abandonner ses responsabilités au cœur de l’Afrique pour se concentrer sur les questions communautaires et linguistiques plus proches du niveau de ses préoccupations .

    JPSC   

  • Wallonie-Bruxelles : cours de Philosophie et de Citoyenneté, deux heures, enfin!

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    Flambeau_fond_bleu.jpgLu sur le site du Centre d’Action Laïque (C.A.L.)

    « Pour le Centre d’Action Laïque, la proposition d’étendre le Cours de Philosophie et de Citoyenneté (CPC) à 2 heures par semaine que le MR vient de déposer est une initiative qui ouvre enfin de nouvelles perspectives concrètes.

    Le dispositif actuel (1 heure obligatoire, la seconde facultative) engendre des situations ingérables sans répondre aux nécessités, pourtant reconnues par tous.

    Il était temps car, en effet, le dispositif actuel (1 heure obligatoire, la seconde facultative) engendre des situations ingérables sans répondre aux nécessités, pourtant reconnues par tous, de donner à nos enfants les outils indispensables pour affronter la complexité du monde d’aujourd’hui.

    Le Centre d’Action Laïque a souligné à de nombreuses reprises le caractère inachevé de la mutation en cours, notamment le 19 juillet dernier lorsque que le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a adopté le décret sur l’extension du CPC à tout l’enseignement officiel (primaire et secondaire) pour la rentrée 2017.

    Cette fois, il s’agit de parachever le travail par l’instauration de deux heures/semaine obligatoires dans les écoles officielles organisées ou subventionnées et, ce, dès la rentrée scolaire 2019. De plus, la proposition de décret que le MR vient de déposer vise à rendre facultatif le cours de religion et de morale non confessionnelle.

    Laisser pourrir la situation actuelle et se fourvoyer dans des atermoiements partisans ne ferait que des perdants: les enfants en premier lieu mais également le corps enseignant qui n’en peut plus d’être assis entre deux chaises.

    Pour le Centre d’Action Laïque, cette proposition va sans aucun doute dans la bonne direction. Laisser pourrir la situation actuelle et se fourvoyer dans des atermoiements partisans ne ferait que des perdants: les enfants en premier lieu mais également le corps enseignant qui n’en peut plus d’être assis entre deux chaises.

    En allant résolument de l’avant dans ce dossier qui – rappelons-le – traîne dans les couloirs du Parlement depuis près de 20 ans, la classe politique donnera l’image positive d’une détermination qui, jusqu’ici, fait encore trop souvent défaut.

    Bien sûr, le Centre d’Action Laïque regrette que, malgré l’avancée que représente cette proposition du MR, persiste une incroyable différence de traitement entre les réseaux officiels (ainsi que certains établissements libres non-confessionnels) et les réseaux confessionnels. Sans doute faudra-t-il un jour ou l’autre régler ce problème au fond.

    Mais dans l’immédiat, le Centre d’Action Laïque se tourne vers les autres partis démocratiques pour les interpeller sans détour: pourquoi un vrai cours de Cours de Philosophie et de Citoyenneté à deux heures par semaine ne serait-il pas possible pour septembre 2019?"

    Ref. Cours de Philosophie et de Citoyenneté: deux heures, enfin!

    Selon l' "Echo", le MR (Mouvement Réformateur) a en effet annoncé le dépôt par MM. Wahl et consorts d'une proposition de décret datée du 7 décembre  visant à porter de 1 à 2 le nombre d'heures obligatoires par semaine de cours de philosophie et de citoyenneté dans l'enseignement officiel et libre non confessionnel. Et d'y rendre optionnelle l'heure de cours de religion ou de morale devenue surnuméraire. Les auteurs de la proposition invitent également le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles à convaincre le pouvoir organisateur de l'enseignement libre confessionnel de permettre une offre répondant aux mêmes conditions que celles proposées par l'enseignement officiel

    Quelle mouche a piqué le MR ?

    Depuis la rentrée scolaire 2017, dans l’enseignement obligatoire organisé par les pouvoirs publics (moins de cinquante pourcents du total de la population scolaire en Belgique) une heure de cours hebdomadaire est spécifiquement dédiée à l’enseignement de la philosophie et à la citoyenneté au détriment de celui de la religion et de la morale confessionnelle dont l’horaire passe de deux à une heure par semaine.

    Par ailleurs, compte tenu des derniers arrêts de la cour constitutionnelle, les élèves du réseau public peuvent désormais aussi refuser l’option qui leur est offerte entre un cours de religion ou de morale non confessionnelle mais, dans ce cas, ils sont astreints à une deuxième heure d’enseignement « neutre » de philosophie et citoyenneté.   

    Le MR propose maintenant de rendre cette deuxième heure obligatoire pour tous, espérant ainsi marginaliser l’heure, qui deviendrait alors surnuméraire, de la religion ou de la morale laïque. Que le cours de religion soit aujourd'hui l’option principale choisie par les élèves éclaire le sens oblique de cette proposition de décret. 

    Ce genre de manœuvre biaisée contre l'enseignement de la religion est-il bien respectueux de l’esprit de la convention européenne des droits de l’homme et ses protocoles additionnels comme de l’article 24 de la constitution  précisant que  les pouvoirs publics doivent offrir jusqu’à la fin de l’obligation scolaire le choix entre l’enseignement d’une des religions reconnues et celui de la morale non confessionnelle ? 

    JPSC

  • Les funérailles de Johnny, un énorme, un abracadabrantesque moment d’évangélisation populaire

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    De Jean-Pierre Denis sur le site de l'hebdomadaire La Vie :

    Johnny, notre plus grand missionnaire

    « Que je t’aime ! Que je t’aime ! Que je t’aime ! » Il fallait oser. Oser mettre les mots de Johnny dans la bouche même de Dieu, accueillant le rockeur en son paradis pas artificiel. Oser faire de cette journée dédiée au culte anémié de la loi de 1905, un grand, un énorme, un abracadabrantesque moment d’évangélisation populaire. Depuis quand, déjà, l’Église n’avait-elle pu parler à tant de peuple de tant de choses importantes ? Depuis quand un missionnaire n’avait-il pas fait mission à telle échelle ? Retenez cette date : le 9 décembre 2017, en la solennité de la Sainte-Laïcité et à la suite de l’apôtre Johnny Hallyday, des millions de Français sont entrés non pas dans une église, mais dans leur Église. Ce pèlerinage, invraisemblable dans un pays aussi post-chrétien que le nôtre, ils croyaient l’accomplir en dévotion pour un demi-dieu à la vie scintillante. Mais Johnny, improbable dans son cercueil blanc, n’était que le premier de tous ces pèlerins, qui menait la foule à la suite de « celle dont l’amour pour Jésus ne s’est jamais démenti ». La Madeleine.

    Un samedi inattendu et fervent

    Car soudain, on n’y peut plus rien. C’est inéluctable. C’est calme. C’est évident. Rien ni personne ne peut entraver ce que la volonté de la famille et la complicité de la République a mis en mouvement. La télévision, les réseaux sociaux, tout ce qui vit et fait communication ouvre ses digues, offre ses canaux, prête son temps de cerveau disponible. Cherchant leur intérêt, tous les marchands d’image confient leur part d’audience à la divine Providence. À croire qu’elle s’y connaît toujours autant en spectacle, la fille aînée, même quand il s’agit de souffler le show dans cette froide nef a priori impropre à l’effusion mystique.

    « Je suis né catholique et je mourrai catholique », rappelle Daniel Rondeau, comme Johnny l’avait jadis dit à La Vie. L’avez-vous notée, cette formule aussi bizarre que juste et aussi juste qu’incroyable, qui fait du rockeur défunt « l’ange crucifié de la résurrection et du pardon » ? Ces mots… oui, vous les avez notés, forcément. D’ailleurs qui, venu pleurer ses pauvres souvenirs, ne les a saisis, fût-ce malgré lui ? Alors un grand silence national se fait. Il se fait pour Johnny, mais il se fait incidemment, accidentellement, providentiellement pour Dieu. Rumeurs, ricanements de petits marquis et de starlettes de talk show, postures… tout disparaît. Et l’Église, qui sait si mal communiquer, qui si sait si peu s’expliquer, qui sait si rarement se faire entendre, qui doit tant se faire pardonner… L’Église prend la parole, comme elle sait si bien en ces moments-là. Elle donne, elle pardonne. Entendez ce sermon, enfants perdus, et saluez l’impressionnant à propos de l’officiant, le père Benoist de Sinety – franc, bienveillant, explicite, solide comme le roc sur lequel on rebâtit l’Église : « Tout homme peut entendre de ses oreilles une espérance nouvelle. La mort n’est pas le dernier mot de nos histoires... L’amour dont Dieu vous aime est bien la seule promesse que rien ni personne ne pourra jamais nous arracher. »

    Les obsèques de Johnny auront marqué la persistance et la vitalité d’un catholicisme qui, pour n’être plus officiellement d’État le demeure de facto, comme ultime recours. Un catholicisme qui reste la langue qui sait le mieux nous dire.

    L’hommage rendu à Johnny Hallyday aura été, comme l’a dit Philippe Labro, un moment de« communion populaire ». Une telle communion aurait parfaitement pu rester séculière, comme quand la France fut Charlie. La seule différence, c’est que cette fois, la France était Johnny. Que partant d’un sacré immanent, vulgaire, païen, elle chercha sa transcendance, son élévation, sa justification. Que cette fois, cette fois improbable et à tant d’égards impossible, elle la trouva. Les obsèques de Johnny auront marqué, et avec quelle force, avec quelle évidence, la persistance et la vitalité d’un catholicisme qui, pour n’être plus officiellement d’État le demeure de facto, comme ultime recours. Un catholicisme qui reste, jusqu’à nouvel ordre, la langue qui sait le mieux nous dire. La religion du petit peuple sans religion. J’ai noté, au vol, ces mots d’écrivain : « La grâce aura été l’aboutissement de sa gloire ». Que dire de plus chrétien ?

    Johnny, l'homme à qui l'on pardonnait tout

    Je l’avoue, je n’étais Johnny en aucune façon. Et je n’aime pas le culte des faux dieux, quel que soit leur temple. L’expression « idole des jeunes » m’a toujours hérissé. Je n’étais pas sûr qu’il faille la comprendre au premier degré – et je ne l’étais toujours pas quand je vis, immense, le portrait du chanteur affiché sur la façade de la Madeleine. Je tiquai aussi en citoyen, et jusqu’au dernier moment, sur le culte républicain, ces obsèques qui furent, de fait sinon de droit, des funérailles d’État. Johnny serait donc la France ? Lui, le plus célèbre de nos exilés fiscaux, une sorte de saint républicain ? Or, voilà. Ceux qui ne communient pas, pour cette raison ou d'autres encore, ont mille fois raison, mais cette fois, c’est autre chose. Qui leur donne tort. Il y a plus fort que toutes les bonnes raisons de se tenir à l’écart. Il y a le mouvement de la nation qui est un fait, un fait incontournable, indiscutable. Ce pays ordinaire marche parce qu’une « force qui va » l’unit et le rassemble dans un commun qui ne s’explique pas, mais dont on sent la force et l’impérieuse nécessité. Et tout le monde dit, croyant au ciel ou n’y croyant pas, que cela s’appelle amour.

    Johnny au paradis... fiscal

    Ce n’était pas d’un homme, d’un interprète génial, d’un citoyen plus ou moins exemplaire qu’il s’agissait, mais de millions de vies, d’histoires humaines, comme a si bien su l’exprimer Emmanuel Macron dans un discours à hauteur d’homme, à hauteur de peuple, à hauteur de circonstance. On comprend la rage des esprits chagrins, qui tel Jean-Luc Mélenchon ont bien vu la portée de cet acte et s’en sont offusqués. ​Ils disent vrai, même s'ils n'y voient pas plus loin que leurs marottes. ​La Madeleine, c’est redoutable et c’est contestable à tous points de vue​​. Un temple catholique qui toise, par-delà la Seine, le temple républicain. Palais Bourbon contre Église impériale, face à face gravés dans la topographie capitale, empreinte et emprise que ne pourraient effacer les sectaires qu’en rasant la ville lumière. Mais c’est aussi cela, la laïcité​, cette intelligence du vis-à-vis​ et du l'un après l'autre, chacun dans son ordre propre ! Ce jeune président parlant au peuple alors que Dieu patiente, certain que le cortège entrera. Et ce prêtre qui, calmement, publiquement, nationalement dit alors au défunt : « Vous avez été baptisé dans la mort et la résurrection du Christ… entrez avec nous dans cette église pour y célébrer l’amour de Dieu et la victoire de l’amour sur toute mort. » Soyons donc, puisqu’à la mort de Johnny le père de Sinety nous y a invités, « des icônes de l’amour de Dieu plutôt que des idoles dont la vie s’épuise ».

  • L'interview exclusive accordée par Mgr Michel Aupetit à KTO lors de sa désignation à l'archevêché de Paris

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    Interview exclusive de Mgr Michel Aupetit à KTO. A travers ce portrait, le nouvel archevêque de Paris revient sur le moment où il a appris sa nomination, son parcours de foi, le rôle d´un évêque, la place de la prière dans sa vie... Sa nomination par le pape François a été rendue publique ce jeudi 7 décembre 2017. Ancien médecin, enseignant en bioéthique au CHU Henri Mondor (Créteil), il a été ordonné prêtre pour le diocèse de Paris en 1995. Curé, puis vicaire général de 2006 à 2013, il a été brièvement évêque auxiliaire de Paris avant d´être nommé évêque de Nanterre en 2014. Mgr Aupetit est par ailleurs président du Conseil épiscopal Famille et société depuis le 1er septembre 2017.

  • Dieu soit à louer : Ces prêtres belges en location en marge de l’église traditionnelle

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    De Joséphine Christiaens sur le site web de  « Paris Match » (mise à jour du 8 décembre 2017) :

    « Afin de contourner la procédure traditionnelle de l’Eglise, ils sont de plus en plus – maris, femmes, parents, défunts – à  se tourner vers Rent a Priest. Formée par des prêtres indépendants, l’association offre un service sur commande à des catholiques qui ne se reconnaissent plus dans l’église avec un grand « E ».

    Envie d’un mariage, d’une communion ou d’un baptême personnalisé ? D’une célébration exempte de symboles ou de termes religieux ? De funérailles à la dimension spirituelle mais en dehors de l’église ? En Belgique, c’est possible en faisant appel à la société Rent a priest.

    Afin de contourner la procédure traditionnelle de l’église, ils sont de plus en plus – maris, femmes, parents, défunts – à se tourner vers ces prêtres à louer. S’unir par les liens sacrés, baptiser un enfant ou célébrer des funérailles, pourquoi y renoncer sous le prétexte de ne plus se sentir en adéquation avec les valeurs de l’église ? En guise d’alternative, ils font le choix de vivre autrement leur foi catholique en la célébrant différemment, sous la bénédiction de prêtres en location.

    Tradition catholique sur commande

    À l’origine de cette « autre voix possible », trois prêtres flamands, dont Rudi Borremans – autrefois écarté par l’église pour son homosexualité assumée – et l’ancien prêtre marié Norbert Béthune. De trois, la communauté Rent a Priest est rapidement passée à 22 prêtres. Tous flamands et indépendants. Parmi eux, des femmes quasi autant que des hommes. Mariés comme célibataires. Certains ayant été ordonnés, d’autres n’ayant pas pu (ou voulu) l’être. Créée en 2000, cette association flamande rassemble des prêtres en marge de l’institution et – comme son intitulé le précise – offre un service sur commande à des catholiques qui ne se reconnaissent plus dans l’église avec un grand « E ». Leur mission : renouveler les codes de la tradition catholique en les adaptant à l’ère du temps.

    Lire aussi > Amen 3.0 : quand les robots remplacent les prêtres

    Chez Rent a Priest, « l’exclusion est exclue et tout le monde est le bienvenu ». Couples homosexuels ou divorcés, Belges ou étrangers, chacun a droit à sa célébration personnalisée avec pour maîtres mots « ouverture » et « universalité ». Si l’association s’inscrit dans la lignée de l’église catholique, elle tente toutefois de rompre son autorité suprême en proposant une alternative aux personnes se trouvant à sa frontière. « Nous voulons nous démarquer des autorités catholiques qui jugent et érigent des dogmes »peut-on lire sur leur site« Mus par des valeurs humaines et chrétiennes », ces prêtres rebelles des temps modernes se rendent « disponibles pour préparer une cérémonie très personnelle, dans laquelle le dogmatisme pur et dur n’a pas de place ».

    En 2008, un couple de Belges ont choisi de célébrer leur mariage en saut à l’élastique. Pour l’occasion, ils ont fait appel à un prêtre de Rent a Priest. © Carter News Agency LTD. 

    Succès tout puissant

    Si la démarche paraît osée, Rent a Priest comptabilise aujourd’hui entre 1 000 et 1 500 célébrations par an rien qu’en Flandres, selon les derniers chiffres parus dans le quotidien régional flamand De Weekbode Tielt. Sa popularité, l’organisation la trouve surtout au nord du plat pays et ce malgré une publicité quasi inexistante. Peu, voire pas du tout médiatisée du côté francophone de la frontière, l’offre est loin d’être en manque de demande. Son succès est tel qu’en octobre 2011, submergé par une « demande doublée de célébrations », notamment depuis l’éclatement du scandale d’abus dans l’église, Norbert Bethune lançait un appel à la candidature. « Nous avons trop de travail », soupirait-il dans les colonnes du Standaard, invitant les intéressés à rejoindre l’équipe de Rent a Priest. Simplicité et accessibilité, serait-ce la clé de leur succès ? On peut s’en douter, car faire appel à leur service est un véritable jeu d’enfant.

    Lire aussi > Au Japon, on peut désormais engager un « robot-moine » pour des funérailles

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  • Université de la Sainte-Croix: des prêtres pour toutes les nations

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    JPSC

     

  • Le nouvel archevêque de Paris n'a pas la faveur de l'intelligentsia progressiste

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    De Bernadette Sauvaget sur le site de "Libé", cet article très critique à l'égard du nouvel archevêque de Paris et qui nous le rend d'autant plus sympathique :

    Michel Aupetit, un archevêque de combat conservateur à Paris

    mgr-michel-aupetit.jpg

    Ce spécialiste des questions bioéthiques est notamment un farouche opposant à une libéralisation de la PMA. Sa nomination par le pape est un vrai cadeau à la frange la plus radicale du catholicisme français.

    Il se rêvait en curé de campagne. C’est raté ! Michel Aupetit, 66 ans, a été nommé jeudi, par le pape François, archevêque de Paris, poste éminemment stratégique pour le catholicisme français. Outre ses fonctions religieuses, le patron du plus gros diocèse de France joue, en effet, un grand rôle politique. «Il est régulièrement reçu par les plus hautes autorités de la République, explique l’historien et sociologue Philippe Portier. C’est une sorte d’interface entre l’Etat et l’Eglise.»  Même si son nom circulait avec insistance depuis une quinzaine de jours, Michel Aupetit, ancien médecin et évêque de Nanterre depuis trois ans, ne figurait pas au départ parmi les favoris.

    En fait, sa nomination surprend et déçoit. Pur produit du clergé parisien, il n’apporte pas le courant d’air frais que beaucoup attendaient, même parmi les évêques. Dans les rangs catholiques (et pas seulement parmi ceux qui ont une sensibilité à gauche), on pariait sur un autre choix du pape François, grand pourfendeur de la nomenklatura cléricale, défenseur d’une Eglise des périphéries et de l’engagement social. Aupetit, lui, correspond davantage à un profil se situant dans la lignée et la continuité d’un Jean Paul II et d’un Benoît XVI.

    «Mis en orbite» par André Vingt-Trois

    Cette nomination a été voulue par le cardinal André-Vingt Trois auquel il succède. «Aupetit est programmé depuis plusieurs années pour devenir archevêque de Paris, explique un théologien catholique parisien. C’est lui qu’André Vingt-Trois a mis en orbite.» En vieux chat rusé, ce dernier a gentiment berné tout son monde. Ces derniers mois, il a laissé volontiers croire qu’il ne se préoccupait guère de sa succession. Il était impossible de connaître le nom de celui qui avait ses faveurs. A l’inverse de ce qui s’était passé en 2005, lors de sa propre nomination à la tête du diocèse de Paris. Le cardinal Jean-Marie Lustiger s’était alors battu (presque publiquement) bec et ongles pour imposer André Vingt-Trois comme son successeur.

    Très classique, Aupetit a la réputation d’avoir une forte personnalité, d’être impulsif, voire colérique. «Il a une très haute opinion de lui-même», tacle un religieux de la capitale. Toutefois, il offre un profil assez atypique dans l’Eglise, ce qui a probablement séduit le pape François. Il est ce qu’on appelle dans le jargon catholique une «vocation tardive». Médecin généraliste à Colombes (Hauts-de-Seine) pendant une dizaine d’années, il est entré au séminaire alors qu’il approchait la quarantaine. Ordonné prêtre par le cardinal Lustiger en 1995, il a ensuite grimpé très rapidement dans la hiérarchie ecclésiastique. Une carrière éclair jusqu’à sa nomination comme évêque de Nanterre en 2014 qui a été son marchepied pour Paris.

    «Pourquoi pas la polygamie ? L'inceste ?»

    Le choix d’Aupetit est un vrai cadeau à la frange la plus radicale du catholicisme français. Spécialiste des questions bioéthiques, le nouvel archevêque de Paris est, dans ce domaine, un ultraconservateur. «Doctrinalement, c’est quelqu’un de très sûr», relève Philippe Portier. Ses anciennes déclarations ne laissent aucun doute sur son engagement à venir. Comme le cardinal Philippe Barbarin, il a été un farouche opposant au mariage pour tous. Il avait donné le ton, en juillet 2012, dans une interview à Paris Notre-Dame, l’hebdomadaire du diocèse de Paris. «ll ne convient pas, qu’au nom d’un individualisme exacerbé, on crée une loi pour chaque catégorie de personnes, déclarait-il. Sinon, pourquoi pas la polygamie ? L’inceste ? L’adoption d’un enfant par un frère et une sœur ? Pourquoi pas, en effet, "puisqu’ils s’aiment", pour reprendre l’argumentation des partisans du "mariage homosexuel" ? » Le nouvel archevêque de Paris est tout autant opposé à une ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux célibataires, là aussi sur la même longueur d’onde que la Manif pour tous. Pourfendeur de ce qu’il appelle régulièrement «la boboterie parisienne», Aupetit ne fait jamais dans la dentelle. «La véritable question, c’est effectivement la disparition du père, répondait-il en juin 2017 dans une interview à Famille chrétienne, à propos de la PMA. […] L’enfant devient un simple produit manufacturé : sous prétexte qu’il est objet de désir, il est mis à la disposition des adultes, comme l’on ferait pour une voiture ou un smartphone à la mode !»

    Dans les débats à venir en 2018, Aupetit se profile clairement comme un archevêque de combat. Et risque d’être clivant au sein même des catholiques. Beaucoup de responsables ne souhaitaient en effet pas rejouer l’opposition frontale comme lors des grandes manifestations contre la loi ouvrant le mariage à tous. Visiblement, ils n’ont pas été entendus au Vatican.

    Bernadette Sauvaget
  • Johnny Hallyday, Dieu et sa « bonne étoile »

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    Lu sur le site du journal « La Croix » :

    Hallyday.jpg« Avec une seule poignée de terre, Il a créé le monde/Et quand il eut créé la terre Tout en faisant sa ronde/Le seigneur jugeant en somme Qu’il manquait le minimum/Il créa la femme Et l’amour qu’elle a donné aux hommes. »

    Sobrement intitulée Avec une poignée de terre, cette chanson peu connue figure sur le même album que le célèbre Retiens la nuit. Encore jeune premier, Johnny Hallyday y revisite la Genèse librement.

    Faut-il vraiment s’en étonner ? À plusieurs reprises, le rockeur a fait danser son public avec des mélodies puisant allègrement dans les références religieuses comme dans Si j’étais un charpentier ou le plus controversé Jésus-Christ où le Messie est présenté comme un « hippie ». Cette chanson, interdite sur les ondes de l’ORTF, a failli lui valoir une excommunication.

    Cité dans la biographie de Jean-Dominique Brierre et Mathieu Fantoni, Johnny réplique à l’époque : « On peut me faire ce qu’on voudra, je resterai chrétien. Je suis sûr que Jésus, lui, ne m’en veut pas. Il sait que je n’ai pas voulu l’insulter ni le tourner en dérision, et cela seul compte pour moi. »

    Une spiritualité difficile à définir

    Suffisant pour faire de Johnny l’épicurien, un sage paroissien ? « Définir sa spiritualité est un peu difficile, reconnaît Éric Le Bourhis, auteur d’une biographie de la rock star (2). Ce qui est certain, c’est qu’il a été élevé par sa tante paternelle Hélène Mar qui était croyante et pratiquante. On dit même qu’elle brûlait des cierges pour qu’il accomplisse le destin d’artiste qu’elle pressentait. »

    Le petit Jean-Philippe Smet, baptisé à 1 an, en septembre 1944 en l’église de la Sainte-Trinité à Paris, est resté marqué par l’éducation de sa tante.

    À LIRE : « Johnny Hallyday incarnait une rébellion qui ne prête pas à conséquences »

    Le chanteur arborait d’ailleurs autour du cou une croix assez imposante avec Jésus crucifié… portant une guitare électrique. Pas vraiment du genre à confesser sa foi publiquement, il confiait pourtant dans les colonnes de l’hebdomadaire Le Point en 2013 : « Je crois qu’il y a un Dieu, mais ce Dieu, je ne le connais pas. Par contre je pense que j’ai une très bonne étoile ! » Et, d’ajouter : « Cette étoile, c’est peut-être Dieu… »

    « Je crois en quelque chose »

    En 2014, dans le même hebdomadaire, Johnny Hallyday est plus indécis. « Je crois en quelque chose, explique-t-il. C’est-à-dire que je ne suis pas croyant, mais je crois – pour moi, c’est certain – qu’il y a sûrement un dieu qui me surveille. (…) Ça m’arrive de dire : “Merci mon Dieu”, mais je crois plutôt en ma bonne étoile. »

    Sur RTL, mercredi 6 décembre, son ami, le réalisateur Claude Lelouch a fait part de sa conviction : « Si le public s’est jeté sur lui, c’est qu’il y a, chez lui, du divin. »

    Arnaud Bevilacqua"

    Ref. Johnny Hallyday, Dieu et sa « bonne étoile »

    Les obsèques de Jean-Philippe Smet, alias Johnny Halliday, devraient sans doute avoir  lieu samedi en l’église de La Madeleine à Paris, en présence du Président de la République, Emmanuel Macron. En attendant, les fans du rockeur sont conviés ce jeudi soir à la première des deux veillées de prières organisées par le père Luc Reydel, aumônier du spectacle, «pour Johnny, pour Laeticia et ses proches», à l’église Saint-Roch, la paroisse parisienne des artistes. La seconde est prévue dimanche.

    JPSC

  • Tous les maîtres à penser de Bergoglio, qui pourtant n’en fait qu’à sa tête

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    Lu sur le site « diakonos.be »

    Bergogliolibro.jpgAprès les nombreuses biographies qui ont déjà été publiées sur le Pape François, en voici une qui pour la première fois se pare à bon escient du titre de « biographie intellectuelle ». Son auteur, Massimo Borghesi, est professeur de philosophie morale à l’Université de Pérouse et très proche de Jorge Mario Bergoglio depuis bien avant qu’il soit élu pape, à l’instar de ce cercle d’amis, dont le nom le plus connu est celui du vaticaniste Andrea Tornielli, qui appartiennent tous à la branche romaine de Communion et libération sous la houlette du Père Giacomo Tantardini.

    Derrière la plume de Borghesi, ce livre est donc issu de la parole vive du Pape François lui-même qui à quatre reprises – les deux dernières fois le 13 mars 2017 à l’occasion du quatrième anniversaire de son pontificat – a remis à l’auteur autant d’enregistrements audio, qui sont d’ailleurs cités à plusieurs reprises dans le texte, dans le but d’indiquer les sources de sa formation.

    Cette biographie est donc en partie également une autobiographie. Et elle part justement d’une révélation que Bergoglio fait ici pour la première fois en personne.  Selon lui, c’est le théologien jésuite Gaston Fessard – génial spécialiste de Hegel sans être lui-même hégélien – et son livre de 1956 sur la « dialectique » des « Exercices spirituels » de Saint Ignace qui se trouve à l’origine de sa pensée.

    C’est en fait surtout de Fessard – soutient et argumente Borghesi – que Bergoglio tiendrait cette pensée particulièrement antinomique affectionnant les contradictions. D’autres penseurs célèbres ont ensuite contribué à consolider sa pensée, Erich Przywara et Henri de Lubac, jésuites eux aussi.  Alberto Methol Ferré, philosophe uruguayen et puis surtout, mais plus tardivement, Romano Guardini, et son essai de jeunesse daté de 1925 intitulé « Der Gegensatz », en français « La Polarité », sur lequel Bergoglio avait voulu rédiger sa thèse de doctorat pendant les derniers mois qu’il avait passé en Allemagne en 1986, une thèse rapidement abandonnée et jamais rédigée.

    Borghesi illustre de façon remarquable la pensée de ces grands théologiens et philosophes. Il ajoute au nombre des inspirateurs dont Bergoglio lui-même se déclare redevable d’autres célébrités de premier ordre telles que Michel de Certeau et Hans Urs von Balthasar.  Et il fait tout pour montrer comment on retrouve dans les écrits de Bergoglio, les plus anciens comme les plus récents, aussi bien avant qu’après son élection comme pape, la vitalité du génie de ses maîtres illustres.

    Mais c’est précisément quand il passe des maîtres au disciple que la reconstruction de Borghesi devient plus discutable.

    On peinera par exemple à retrouver le fruit de la « dialectique » de Fessard ou de « l’opposition polaire » de Guardini dans les quatre « postulats » que le Pape François a mis au centre du texte contenant le programme de son pontificat, l’exhortation « Evangelii gaudium », réaffirmés dans l’encyclique « Laudato sii » ainsi qu’au début de son autre exhortation « Amoris laetitia ».

    Il est vrai que le même François avait révélé il y a trois ans aux auteurs argentins d’une autre biographie sur lui que le chapitre d’ « Evangelii gaudium » contenant les quatre postulats était la retranscription d’un fragment de sa thèse de doctorat inachevée sur Guardini.

    Mais à voir comment cet exercice datant de l’époque où il était étudiant – un exercice aujourd’hui élevé au rang de magistère pontifical – vole en éclats dès qu’il est soumis à une analyse élémentaire, on peut penser que l’écart entre Bergoglio et ses illustres maîtres soit vraiment profond.

    > Les quatre clous auxquels Bergoglio accroche sa pensée

    > Bergoglio a lui aussi ses principes non négociables

    Le premier des quatre postulats, celui selon lequel « le temps est supérieur à l’espace » signifie plus simplement que le Pape François souhaite que les « processus » d’évolution qui lui sont chers finissent par l’emporter contre l’appareil statique du pouvoir, ecclésiastique ou autre.

    Tandis que le troisième postulat, celui selon lequel « la réalité est supérieure à l’idée » n’est qu’une réédition du lieu commun pseudo-conciliaire du primat de l’orthopraxie sur l’orthodoxie, ou en d’autres mots de la priorité donnée à la « pastorale » sur la doctrine.

    Quant à la nature de l’Eglise comme « complexio oppositorum », c’est-à-dire comme à la fois institution et événement, de mystère sacramentel et de parole, de singularité et de communauté, d’intériorité et de culte public, le pontificat de François montre combien il n’apprécie que peu cet enrichissement réciproque entre les contraires et comment il veut au contraire abattre ou ignorer ce qu’il estime statique et dépassé dans l’une ou l’autre opposition. Sa froideur envers la liturgie est de notoriété publique, tout comme son insensibilité à la catégorie du beau et son mépris de la doctrine et de l’institution.

    Il faut dire – et Borghesi le reconnaît – que Bergoglio n’a jamais étudié ni assimilé l’œuvre entière de ses maîtres et qu’il n’en a lu que quelques passages isolés, recueillant à sa façon quelques extraits ici et là.

    Cela explique le manque d’homogénéité de ses écrits, notamment magistériels, dans lesquels il assemble les éléments les plus divers.

    Mais cela explique encore davantage le gouffre abyssal qui sépare ses maîtres à penser et les personnages concrets sur lesquels François s’appuie en tant que confidents de rédacteurs anonymes : du jésuite Antonio Spadaro, un beau parleur affabulateur, à l’argentin Víctor Manuel Fernández, un théologien de réputation moins que médiocre qui s’est surtout fait connaître grâce à une œuvre au titre éloquent : « Sáname con tu boca. El arte de besar », ce qui n’a pas empêché son ami devenu pape de l’encourager à transposer dans « Amoris laetitia » des passages entiers d’articles confus qu’il avait rédigés une douzaine d’années auparavant sur la morale familiale.

    La « prédilection » que François réserve à deux théologiens qu’il affectionne tout particulièrement, de Lubac et de Certeau, constitue un autre signe de confusion et montre qu’il ignore que de Lubac avait rompu avec son ancien élève de Certeau et qu’il lui avait adressé des critiques très dures : il l’avait accusé d’être un « joachimite » exalté, à l’instar du frère visionnaire du Moyen Âge à l‘âge d’or présumé du pur esprit, détaché de tout lien d’institution ecclésiastique.

    En outre, la « biographie intellectuelle » de Bergoglio rédigée par Borghesi comporte quelques omissions notables. Silence total sur Walter Kasper, malgré que François ait déclaré qu’il figurait parmi ses lecteurs et admirateurs dès le premier « Angelus » après son élection pontificale et qu’il ait été intarissable en éloges sur lui, louant sa capacité à faire de la « théologie à genoux », en plus de l’avoir nommé théologien-guide des réformes en matière de mariage et de divorce et de primat des Eglises locales sur l’Eglise universelle.

    Pas un mot non plus sur Rodofo Kusch, l’anthropologue argentin auquel François a récemment déclaré avoir emprunté son concept de peuple. Et cela malgré qu’on trouve dans le livre de Borghesi de nombreuses pages sur le « populisme » de Bergoglio.

    Et naturellement, on ne peut qu’être frappé par l’absence dans les lectures de Bergoglio du théologien Joseph Ratzinger, même en tant qu’auteur des livres sur Jésus. Mais il s’agit là d’un vide qui nous aide à mieux comprendre.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    Ref. Tous les maîtres à penser de Bergoglio, qui pourtant n’en fait qu’à sa tête

    JPSC

  • « C’est officiel : les divorcés remariés peuvent communier »

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    Lu, sous cet intitulé, l'information sans ambages de kathnet publiée par notre confrère du site web  « diakonos.be » :

    Le Vatican a publié dans les “Acta Apostolicae Sedis” (AAS), l’organe officiel du Saint Siège, le document explicatif qui avait été adressé aux évêques de la région pastorale de Buenos Aires suite à l’exhortation post synodale “Amoris Laetitia”, ainsi qu’une lettre du pape François, dans laquelle il donne son approbation au dit document.

    La parution dans les AAS de cette lettre privée du pape aux évêques de la région pastorale de Buenos Aires élève cet écrit au rang de “Lettre Apostolique”.

    Elle contient en outre une contribution du cardinal Pietro Parolin dans laquelle il précise que la parution des deux documents a été faite sur la demande expresse du pape François qui désire que, aussi bien le document explicatif aux évêques de Buenos Aires que sa propre lettre soient désormais considérés comme des éléments de son “magistère authentique”.

    Le document explicatif à l’adresse des évêques de Buenos Aires, datant de septembre 2016, prévoit au n°6, d’autoriser, au cas par cas, que des personnes “divorcées et remariées civilement” puissent recevoir la communion eucharistique, même si celles-ci ne se déclarent pas prêtes à vivre dans l’abstinence. La réception de la communion pourrait être le résultat d’un processus de discernement accompagné de façon personnelle et pastorale par un prêtre. A l’issue d’un tel processus, il n’y aurait pas obligatoirement une admission aux sacrements : les personnes pourraient aussi librement choisir une autre façon de participer à la vie de l’Eglise.

    Dans sa lettre aux évêques, le pape a expressément approuvé la valeur de ce processus. Le document explicatif se veut exhaustif en ce qui concerne le huitième chapitre d’ “Amoris Laetitia”. Le pape l’affirme sans ambiguïté : « Il n’y a pas d’autre interprétation ».

    Source : Kathnet (Trad. MH/APL)

    Ref. C'EST OFFICIEL: LES DIVORCÉS REMARIÉS PEUVENT COMMUNIER

    Il convient assurément de rappeler les divers degrés d’engagement de l’enseignement suprême du pape seul ou du pape et des évêques unis à lui. Il importe spécialement de préciser que le magistère le plus élevé peut se placer à deux degrés d’autorité :

    1°/ Celui des doctrines irréformables du pape seul ou bien du collège des évêques (Lumen gentium n. 25 § 2 et 3). Ce magistère infaillible, auquel il faut « adhérer dans l’obéissance de la foi », peut lui-même être proposé sous deux formes :

    a) les jugements solennels du pape seul ou du pape et des évêques réunis en concile ;

    b) le magistère ordinaire et universel (Dz 3011).

    2°/ Et d’autre part, celui des enseignements du pape ou du collège des évêques avec le pape, sans intention de les proposer de manière définitive, auxquels est dû « un assentiment religieux de la volonté et de l’esprit » (Lumen gentium n. 25 § 1). On parle généralement de « magistère authentique », bien que le vocabulaire ne soit pas absolument fixé.

    C’est donc au dernier degré d’autorité de ce magistère qu’il faut situer celle des deux documents publiés au « Moniteur » du Saint-Siège : le même que celui de l’exhortation post-synodale « amoris laetitia ».

    JPSC

  • Il a suffi de quinze ans pour que l'euthanasie soit banalisée en Belgique

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    De Loup Besmond de Senneville sur le site du journal La Croix :

    En quinze ans, l’euthanasie s’est banalisée en Belgique

    Initialement conçue comme une loi d’exception, l’euthanasie, adoptée en 2002 par la Belgique, y est considérée comme un acte de plus en plus banal.

    Si l’opinion publique y est très favorable, des professionnels de santé émettent des doutes quant à l’extension continue de cette pratique.

    « Une pente glissante. » Quand on l’interroge sur l’évolution de la mise en pratique de l’euthanasie dans son pays, Marc Desmet, jésuite et chef d’un service de soins palliatifs dans l’un des plus gros hôpitaux de Belgique, à Hasselt, répond sans hésiter. Quinze ans après la dépénalisation de l’euthanasie, ce médecin flamand ne peut que constater l’évolution de la loi (1).

    Initialement conçue, en 2002, comme une possibilité ouverte aux personnes souffrant de manière insupportable et constante d’une maladie grave incurable, elle n’a cessé, depuis, de s’élargir : les personnes atteintes de troubles mentaux représentent ainsi 19 % des patients euthanasiés, et il est possible depuis 2014 d’euthanasier les mineurs, même s’ils ne sont pas en mesure de donner leur consentement. Quant aux chiffres – 15 000 personnes au total ont été euthanasiées –, ils n’ont cessé d’augmenter, passant de 235 euthanasies en 2003, à 2024 en 2016 (soit 2 % des décès dans le pays).

    Une pression sociétale forte

    Pour réfléchir à ces évolutions, plusieurs chercheurs se sont réunis en novembre 2017 à l’université d’Anvers, pour un colloque entendant établir un bilan – critique – de quinze années d’application de cette loi dans le pays. Cet état des lieux était organisé alors que les Belges débattent depuis plusieurs semaines à une nouvelle évolution de la loi, pour permettre « aux personnes âgées qui ont le sentiment d’une vie accomplie », aussi appelées « fatiguées de vivre », même si elles ne souffrent d’aucune pathologie, d’accéder à l’euthanasie.

    Sept Belges sur dix sont favorables à une telle évolution, selon un sondage RTL/Le Soir/Ipsos publié à la mi-septembre, ce dont se réjouit Jacqueline Herremans, avocate et présidente de la branche belge de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Elle se félicite aussi d’un « changement de mentalités » concernant la mort, ainsi que de la « plasticité » de la loi, qui a permis les évolutions des dernières années : « le législateur n’a pas figé les concepts, par exemple en ne définissant pas ce qu’est une infection grave et incurable. »

    BLOG Fin de vie : déjà, appliquons la loi

    C’est précisément cette plasticité qui ne cesse d’inquiéter les opposants, dont Carine Brochier, directrice de l’Institut européen de bioéthique. « Alors que la loi était conçue comme une exception, il est devenu normal de se faire euthanasier, déplore-t-elle. La pression sociétale est énorme, et la société belge ne débat pas. Ce n’est pas notre culture, y compris philosophique. » Il demeure néanmoins un cercle où les avis sur l’euthanasie ne sont pas aussi homogènes que dans le reste de la société belge : celui des professionnels de santé.

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  • Les dix fruits du Motu proprio "Summorum Pontificum"

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    Du site "Paix Liturgique" :

    10 FRUITS DU MOTU PROPRIO SUMMORUM PONTIFICUM

    Prieur du monastère de Silverstream, fondé en 2012 dans le Comté de Meath, en Irlande, le RP Mark Kirby tient un blog d'approfondissement spirituel sur lequel il a publié, à l'occasion des 10 ans de Summorum Pontificum, un bel article consacré aux fruits du motu proprio de Benoît XVI. Nous sommes heureux de vous proposer notre traduction de cet article, suivi des réflexions qu'il nous inspire.

    Les moines de Silverstream entourant le Père abbé de Flavigny venu leur rendre visite (2015).

    I – L'ARTICLE DU RP MARK KIRBY

    Summorum Pontificum est le plus grand don du pape Benoît XVI à l'Église. C'est un cadeau que certains ont reçu avec une joie immense et dont ils ont immédiatement commencé à tirer profit. D'autres, enracinés dans de vieux préjugés idéologiques, ont considéré ce cadeau avec suspicion et méfiance. D'autres encore, dix ans plus tard, ignorent encore tout de ce don. 

    Pour moi, Summorum Pontificum a ouvert une porte sur l'immensité et la lumière d'une tradition liturgique plus profonde, plus élevée et plus vaste que tout ce que les livres liturgiques réformés, utilisés depuis près d'un demi-siècle, offraient. Je dis cela comme un homme qui, pendant plus de trois décennies, s'est dévoué aux rites réformés et a participé de tout son cœur à la réforme de la réforme, tant au niveau académique que pastoral. Toutefois, bien avant le 7 juillet 2007, j'en étais arrivé au constat que même les efforts les plus nobles déployés dans la réforme de la réforme n'avaient que peu de succès. Au moment où, fatigué et épuisé, je m'étais résigné à devoir passer le reste de ma vie dans une sorte d'impasse liturgique postconciliaire, une porte s'est ouverte devant moi. Cette porte était Summorum Pontificum. J'en ai franchi le seuil et me suis mis à avancer tout droit sans jamais me retourner. J'ai découvert à mon niveau la puissante vérité des mots adressés par Benoît XVI aux évêques de l'Église :

    « Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l'improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l'Église, et de leur donner leur juste place. » (Lettre aux évêques, 7 juillet 2007)

    En passant en revue les dix dernières années, je peux identifier au moins dix fruits de Summorum Pontificum. D'autres, en dressant le bilan de ces dix ans pourraient en indiquer d'autres. Ceux que je vois depuis mon propre jardin – qui demeure un hortus conclusus, compte tenu de son contexte monastique –, sont les suivants :

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