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  • Après Vatican II, peut-on jeter l’idéal de chrétienté aux poubelles de l’histoire ?

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    théorie des deux glaives images.jpgDans le bi-mensuel L'Homme Nouveau, l'abbé Claude Barthe revient sur le dernier livre de Rémi Brague et les relations entre l'Eglise et l'Etat. Extrait lu sur le blog du « Salon beige » :

    "[...] il est un point très assuré dans la doctrine de l’Église, qui veut que les représentants du pouvoir civil ne puissent pas davantage se montrer indifférents en matière religieuse que ne le peuvent les parents dans une famille. Rémi Brague parle de la « tentation » que présenta Constantin à l’Église, et à laquelle elle succomba. En réalité, si l’on en croit Aristote, la finalité – naturelle– de la Cité est de conduire les hommes à la vertu, ce qui revient, explique saint Thomas, à les disposer à leur bien surnaturel. D’où l’intérêt d’avoir des gouvernants qui soient chrétiens, et si possible bons chrétiens, saint Louis ou saint Étienne plutôt que Constantin. Ce n’est pas parce que cet idéal dit de chrétienté a été totalement subverti et se trouve, à vue humaine, irréalisable, qu’on peut le jeter aux poubelles de l’histoire. L’ordre du Christ de « baptiser toutes les nations » était traditionnellement compris comme se réalisant lorsque ceux qui sont en charge de la Cité terrestre s’associent au culte chrétien, de la même manière d’ailleurs qu’ont à le faire les parents dans une famille (Pie XII, Mediator Dei). C’est ainsi. Même lorsqu’elle ne peut l’appliquer pleinement, l’Église ne brade pas sa doctrine.

    Mais non-séparation n’a jamais voulu dire confusion, même si les passions des hommes d’Église et des hommes d’État ont engendré bien des abus. Car de même que la grâce se distingue de la nature tout en la transformant, l’Église est autre que la Cité, chacune autonome dans son domaine. Cette autonomie découlant du « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu» (Mt 22, 21) ne pouvant faire oublier que ce qui est à César revient aussi à Dieu, dont César est dans cet ordre-là le représentant (Rm 13, 1). [...]"

    Ref. Ce n’est pas parce que cet idéal de chrétienté se trouve, à vue humaine, irréalisable, qu’on peut le jeter aux poubelles de l’histoire

    Selon la théorie classique des "deux glaives", le pouvoir spirituel de l’Eglise, qui commande et ordonne le bien commun surnaturel, et le pouvoir temporel de la société civile, qui commande et ordonne le bien commun naturel, ne peuvent s’opposer : ils se complètent et doivent s’aider mutuellement, sachant que le pouvoir spirituel prime sur le pouvoir temporel (comme l’explique saint Thomas d’Aquin dans le De Regno). Les deux ont le même objet sous des modalités différentes : le bien des âmes.

    Pie XII, dans une allocution datée du 23 mars 1958 ne disait pas autre chose en déclarant qu’il s’agit de maintenir les deux pouvoirs, spirituel et temporel, « distincts mais toujours aussi unis, selon de justes principes ».

    Quels principes ? A cet égard, Benoît XVI a déclaré dans une lettre au président du sénat italien (à l’occasion du congrès « liberté et laïcité » à Nursie, 14-16 octobre 2005) que « les droits fondamentaux représentent des valeurs antérieures à toute juridiction de l’Etat. Ils n’ont pas été créés par le législateur mais sont inscrits dans la nature même de la personne humaine et peuvent, par conséquent, renvoyer finalement au Créateur ». Bien que le pape ne précise pas davantage quels sont ces droits « fondamentaux », on peut raisonnablement penser qu’il se réfère ici aux principes du Décalogue, lequel énonce concrètement les devoirs et donc, corrélativement, les droits de l’homme révélés par le Seigneur Lui-même.

    Et dans son testament spirituel « Mémoire et Identité » (Flammarion, 2005) saint Jean-Paul II est tout aussi clair : « La loi établie par l’homme a des limites précises que l’on ne peut franchir. Ce sont les limites fixées par la loi naturelle, par laquelle c’est Dieu lui-même qui protège les biens fondamentaux de l’homme »

    JPSC

  • Giovanni santi presto !

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    Cette lettre ouverte du Père Daniel-Ange au cardinal-préfet de la congrégation romaine pour la cause des saints pose de vraies questions pour la promotion d’une sainteté vivante dans le catholicisme d’aujourd’hui, et en particulier dans la jeunesse.  Lu sur le site de « France Catholique »

    « Père très cher Angelo molto amato !

    Permettez-moi d’écrire ce dont nous avons plusieurs fois parlé lors de différentes béatifications, dont celle de Mgr Vladimir Ghika à Bucarest et celle du P.Marie –Eugène en Avignon.

    D’un mot : je vous supplie de donner la priorité absolue, dans les choix que vous devez faire :

    1 - Aux martyrs actuels. Si le Pape, à juste titre, active la cause du P. Jacques Hamel, il faudrait en même temps le faire pour tant de martyrs de l’Islam intégriste au Proche et Moyen Orient, au moins les prêtres et consacrés :

    Andrea Santoro, Mgr Raho, Mgr Padovese, P. Ragheed (Irak), Les soeurs de Mère Tereza au Yemen, les prêtres célébrant dans leurs églises de Bagdad , d’Alexandrie et du Caire, le ministre Shabbaz Bakhti, au Pakistan, etc, etc…

    Pourquoi attendre ? Ce serait un tel réconfort pour ces Eglises si violemment persécutées et le jeune Akash Bashir donnant sa vie pour sauver des centaines de fidèles massés dans l’église ! Les coptes orthodoxes ont canonisés leurs martyrs de Libye seulement une semaine plus tard.

    Et dans la foulée des martyrs d’Albanie enfin récemment béatifiés, n’oublions pas les 7 évêques greco-catholiques de Roumanie, à la cause introduite depuis si longtemps

    A propos des martyrs, ne peut-on pas envisager directement la canonisation, comme chez les orthodoxes, évitant le stade de la béatification ?

    Ne peut-on pas aussi procéder à des canonisations communes avec les différents Patriarcats orthodoxes qui y seraient ouverts, comme l’a prophétiquement et explicitement désiré saint Jean-Paul II dans sa lettre apostolique ORIENTALE LUMEN ?

    2 - Aux enfants et aux jeunes. La toute 1ère urgence aujourd’hui : les conforter, encourager, entrainer dans le terrible combat qu’ils ont à affronter aujourd’hui Nos Papes ne cessent de les appeler à la sainteté, mais rien ne les y stimule autant que l’exemple vivant de jeunes de leur âge ayant vécu les mêmes combats, et donc ayant vécu récemment, et non il y a plusieurs siècles. Les religieuses fondatrices d’il y a un, deux ou trois siècles, dont je ne doute pas de la grande sainteté, ne les touchent absolument pas.

    Si peu de jeunes, non-martyrs et non-religieux ont été béatifiés (je n’en compte que... 6 !) encore moins canonisés ! C’est dérisoire ! Et un si grand nombre pourraient l’être. (Parcourez les livres - témoignages que je vous ai envoyés : "Témoins de l’avenir", "Prophètes de la joie", "Prophètes de la beauté. Le 1er est préfacé par votre prédécesseur à la Causa Sanctorum, le cardinal Felici .

    Beaucoup ont été amèrement déçu qu’à la JMJ de Krakow, il n’y ait eu aucune béatification de jeunes (comme lors de la JMJ de Paris en 1997), même pas la canonisation tant attendue, tant espérée de PG Frassati, universellement connu, et dont le corps était présent et vénéré. C’était l’occasion idéale, rêvée ! Hélas, perdue ! Peut-être pourrait-on profiter du Synode sur les jeunes, en octobre 2018 ?

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  • A Rome, le 7 avril : un colloque intitulé "Eglise catholique, où vas-tu ?"

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    De S. Magister traduit sur Diakonos.be :

    « Eglise catholique, où vas-tu ? ». Un colloque. Pour ne pas perdre son chemin

    C’est confirmé. Le 7 avril prochain, samedi de la semaine de Pâques, se tiendra à Rome un colloque très spécial.  Son objectif sera d’indiquer à l’Eglise catholique la voie à suivre, après le chemin incertain des cinq première années du pontificat du Pape François.

    Le bilan de ce quinquennat est en fait plutôt critique, à en juger par le thème du colloque :

    « Eglise catholique, où vas-tu ? ».

    Et il l’est encore davantage si l’on jette un œil au sous-titre : « Seul un aveugle peut nier qu’une grande confusion règne dans l’Eglise ». Il est repris d’une phrase du cardinal Carlo Caffarra (1938-2017), l’inoubliable signataire, avec d’autres cardinaux, de ces « dubia » soumis en 2016 au Pape François dans le but de faire la clarté sur les points les plus controversés de son magistère mais que ce dernier a laissé sans réponse.

    Dans une Eglise vue comme étant à la dérive, la question-clé abordée par le colloque sera précisément celle de redéfinir les rôles de guide du « peuple de Dieu », les caractéristiques et les limites de l’autorité du pape et des évêques et les modalités de consultation des fidèles en matière de doctrine.

    Ces questions avaient déjà été traitées en profondeur en son temps par un grand cardinal aussi souvent cité par les progressistes que par les conservateurs pour appuyer leurs thèses respectives, le bienheureux John Henry Newman.

    D’autres cardinaux et évêques seront présents pour réfléchir à nouveau sur ces questions à ce colloque du 7 avril. Leurs noms n’ont pas été communiqués mais on peut prévoir qu’on trouvera parmi eux les signataires des « dubia » ainsi que d’autres qui en partagent la ligne.

    En tout cas, les interventions de deux cardinaux ont déjà été confirmées, par des messages vidéo « ad hoc » : le chinois Joseph Zen Zekiun, évêque émérite de Hong Kong et le nigérian Francis Arinze, ancien archevêque d’Onitsha et ensuite Préfet de la Congrégation pour le culte divin, celle-là même qui est aujourd’hui présidée par le cardinal Robert Sarah.

    Une vidéo posthume du cardinal Caffarra sera également projetée à propos de l’encyclique controversée « Humanae vitae » de Paul VI.

    Mais deux experts laïcs interviendront également. Le professeur Valerio Gigliotti, professeur d’histoire de droit médiéval et moderne à l’université de Turin, tordra le cou à l’exercice de la « plenitudo potestatis » du pape dans l’histoire de l’Eglise.  Tandis que le professeur Renzo Puccetti, médecin et professeur de bioéthique à l’Institut théologique pontifical Jean-Paul II analysera l’évolution de la bioéthique enseignée dans cette institution, depuis ses débuts sous la présidence de Caffarra à sa phase actuelle sous l’égide de Mgr Vincenzo Paglia.

    Le moment final et le point d’orgue de colloque consistera en la lecture d’une « declaratio », une profession de foi concise sur certains points de doctrine et de morale les plus controversés aujourd’hui.

    À la différence des « dubia », cette déclaration ne portera aucune signature spécifique mais les participants au colloque la proposeront à l’Eglise toute entière et au monde comme étant la voix de « membres baptisés et confirmés du peuple de Dieu ».

    Il va de soi que cette « declaratio » sera aux antipodes de cette « Kölner Erklärung » – de déclaration de Cologne de 1989 signée par des théologiens allemands aujourd’hui dans les bonnes grâces de François – qui, par rapport aux principes réaffirmés par Jean-Paul II dans l’encyclique « Veritatis splendor » de 1993 « a attaqué de manière virulente l’autorité magistérielle de ce pape spécialement sur des questions de théologie morale », comme l’a écrit Benoît XVI dans sa lettre à Mgr Dario Viganò qui a fait tant de bruit la semaine dernière.

    Le colloque, à entrée libre, se tiendra l’après-midi du samedi 7 avril, à partir de 15h, au centre de congrès « The Church Village », à la via Torre Rossa 94, à quelques kilomètres à l’Ouest de la basilique de Saint-Pierre.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • 100 intellectuels en appellent à résister au séparatisme islamiste

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    Du site du Figaro.fr :

    L'appel des 100 intellectuels contre le «séparatisme islamiste»

    TRIBUNE EXCLUSIVE - Dans Le Figaro, ils dénoncent «un nouveau totalitarisme» qui «menace la liberté en général».

    Nous sommes des citoyens d'opinions différentes et très souvent opposées qui se sont trouvés d'accord pour exprimer, en dehors de toute actualité, leur inquiétude face à la montée de l'islamisme. Ce ne sont pas nos affinités qui nous réunissent, mais le sentiment qu'un danger menace la liberté en général et pas seulement la liberté de penser. Ce qui nous réunit aujourd'hui est plus fondamental que ce qui ne manquera pas de nous séparer demain.

    Le nouveau totalitarisme islamiste cherche à gagner du terrain par tous les moyens et à passer pour une victime de l'intolérance. On a pu observer cette stratégie lorsque le syndicat d'enseignants SUD Éducation 93 proposait il y a quelques semaines un stage de formation comportant des ateliers de réflexion sur le «racisme d'État» interdits aux «Blanc.he.s». Certains animateurs étaient membres ou sympathisants du Collectif contre l'islamophobie en France et du Parti des indigènes de la République. Les exemples de ce genre se sont multipliés dernièrement. Nous avons ainsi appris que la meilleure façon de combattre le racisme serait de séparer les «races». Si cette idée nous heurte, c'est que nous sommes républicains.

    Nous entendons aussi dire que, puisque les religions sont bafouées en France par ...

    voir ICI

  • Pourquoi le Docteur Vanopdenbosch a démissionné de la commission euthanasie

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    Du bulletin de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Les raisons de ma démission de la commission Euthanasie

    Complétant notre Bulletin du 22 février 2018 , voici la traduction de la lettre du Dr Vanopdenbosch

    Cher Président de la Chambre des Représentants,

    Cher Président de la Commission de la Santé Publique de la Chambre,

    Par la présente, je tiens à donner ma démission de la fonction de membre suppléant de la Commission Fédérale de contrôle et d’évaluation de l’Euthanasie (CFCEE). C’est à juste titre que la Chambre des Représentants se pose la question de l’indépendance et du rôle de cette commission. Dans les faits, la CFCEE n’est en effet ni indépendante, ni objective.

    Lorsque des déclarations d’euthanasie sont détectées non conformes à la loi, la CFCEE ne les renvoie pas au Parquet pour examen, comme le prescrit pourtant la loi, mais elle prend elle-même le rôle de juge. L’exemple le plus frappant s’est déroulé lors de la réunion du mardi 5 septembre 2017: nous y avons traité le cas d’une personne atteinte de démence à...

    Le texte complet ICI

  • Une exhortation apostolique du pape sur la sainteté devrait sortir le 2 avril

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    De zenit.org :

    L’exhortation apostolique du pape sur la sainteté devrait sortir le 2 avril

    Les rumeurs sont confirmées

    Les rumeurs sur la sortie prochaine d’un document du pape François sur la sainteté, ont été confirmées : les éditions françaises Tequi annoncent sa parution pour le 2 avril – lundi de Pâques – dans un communiqué publié ce 20 mars 2018.

    Le cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa (Honduras), proche du pape argentin, avait évoqué la préparation de ce texte le 28 février dernier.

    Ce document sera une exhortation apostolique et portera sur le thème de la sainteté.

  • On évoque trop peu la conversion des musulmans au christianisme

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    De Youna Rivallain sur le site "Le Monde des Religions" :

    PERSÉCUTIONS RELIGIEUSES

    « La conversion des musulmans au christianisme est trop peu évoquée »

    Algérien, le père Paul-Élie Cheknoun est un ancien musulman devenu catholique, et il accompagne de nombreux musulmans désirant se convertir. Il est l’un des invités de la 10e Nuit des Témoins, qui accueille jusqu’au 19 mars des fidèles de pays où les chrétiens sont victimes de persécutions.

    Jusqu’au 19 mars 2018 a lieu la Nuit des Témoins organisée par l'Aide à l'Église en détresse. Des veillées de prière sont dédiées à ceux qui souffrent de persécution à cause de leur foi. Pour cette dixième édition – organisée cette année à Montpellier, Paris, La Roche-sur-Yon, Rouen, au Luxembourg et à Rome –, l'organisation œuvrant dans 150 pays a invité trois témoins venus du Mexique, d’Égypte et d’Algérie.

    Originaire de ce dernier pays, le père Paul-Élie Cheknoun est un ancien musulman devenu évangélique, puis catholique et ordonné prêtre en 2016. Aujourd'hui prêtre du diocèse de Fréjus-Toulon, la vie du père Cheknoun s'organise entre la France, où il évangélise parmi les musulmans, et l'Algérie, où il accompagne les convertis de l'islam vers le christianisme. «Un phénomène trop peu évoqué», d'après lui.

    Comment se déroule une conversion de l'islam vers le christianisme en Algérie ? Quels sont les obstacles ?

    Ils sont nombreux. Officiellement, l'islam est la religion d'État, mais la République d'Algérie est laïque, autorisant la liberté de culte, et donc l'apostasie. Cependant, nombre de décideurs politiques sont musulmans et tendent à privilégier la loi islamique.

    Le phénomène de conversion de l'islam vers le christianisme est massif : les Églises évangéliques, qui enregistrent le plus de conversions, parlent aujourd'hui de dizaines de milliers de convertis, bien que les chiffres restent très peu précis.

    De fait, le gouvernement a réagi à ce phénomène. Par exemple, une loi de 2006 a eu pour objectif d'endiguer les conversions : tous les missionnaires du pays ont été expulsés. Ainsi, si l'État garantit officiellement la liberté de confession, la réalité du terrain est bien différente : conformément à la sharia, les apostats sont rejetés par leur famille, menacés de mort ou de mise en quarantaine, et doivent fuir.

    Ma mission est tant que prêtre est d'accompagner ces convertis rejetés par les leurs et dispersés dans tout le pays, à travers l'administration des sacrements, les enseignements, la célébration de la messe en kabyle ou en arabe… Une fois par an, l'Église d'Algérie organise également des rassemblements, afin de les regrouper et de les accompagner dans leur conversion. Cependant, nous conseillons à tous les convertis d'être discrets et de ne pas exposer leur religion de manière visible. Certains, en Algérie, ne supportent même pas la vue d'une croix.

    Vous évangélisez également les musulmans en France. Comment êtes-vous accueilli?

    La proportion de musulmans intégristes en France est plus importante que dans les pays dits musulmans, pour la simple et bonne raison que pour les fidèles issus de l'immigration, l'islam est devenu une identité. La plupart des djihadistes ayant rejoint l'État islamique sont d'ailleurs originaires d'Europe ! Beaucoup se convertissent également en Europe, et il est bien connu que les convertis sont souvent plus radicaux que les musulmans dits « de souche ».

    Je fais partie de la Fraternité missionnaire Jean-Paul II à Fréjus, et nous faisons souvent de l'évangélisation directe, c'est-à-dire dans la rue, sur la plage, etc. Nous rencontrons beaucoup de musulmans. Je suis souvent trahi par mon « faciès » : nombre de ceux que je rencontre perçoivent que je suis d'origine maghrébine. Lorsque je dis que je suis algérien, ils comprennent alors que je suis apostat, et me rappellent que l'apostasie est punie de mort. Je dirais donc que l'évangélisation des musulmans marche mieux avec mes frères prêtres de la communauté qu'avec moi. Je participe en revanche à de nombreuses conférences ou enseignements, où je témoigne de mon expérience en tant que converti.

    Vous avez été évangélique avant de vous convertir au catholicisme. Les évangéliques ont-ils plus de facilité à diffuser le message de l'Évangile en Algérie ?

    On évoque souvent les difficultés de l'Église catholique en termes d'évangélisation, face à des évangéliques plus zélés. L'Église catholique est une institution officielle, hiérarchisée et surtout très visible, ce à quoi échappent les évangéliques qui bénéficient de structures indépendantes et parsemées qui les rendent plus discrets. Tandis que pour devenir prêtre, un catholique doit faire dix ans d'études, les évangéliques ont bien plus de facilité à former rapidement et discrètement la population locale. Ce type de formation s'est avéré très utile lorsque que la loi contre le «prosélytisme» en Algérie a été votée en 2006 : tous les missionnaires ayant été chassés du pays, les évangéliques ont repris la direction de leurs lieux de culte, tout en restant discrets.

    Ainsi, lorsque les islamistes décident de tuer des chrétiens, ils tuent des catholiques car ils représentent les chrétiens « visibles » : nous avons des églises, des diocèses… Cependant, la situation des évangéliques a aussi empiré dernièrement : clandestins dans les années 90, leurs lieux de culte étaient autorisés depuis cinq ou six ans. Hélas, depuis un mois, l'État algérien a entrepris de fermer les temples un par un.

    Avez-vous pu témoigner du phénomène des conversions en France ?

    Tous les ans, nous organisons des rassemblements de convertis en France, et nous pouvons rendre compte de centaines de musulmans dans ce cas. C'est un phénomène de plus en plus répandu : beaucoup de musulmans rejoignent des Églises évangéliques, ainsi que l'Église catholique – même s'ils sont moins nombreux. Cependant, on ne parle pas de ce phénomène : je pense que c'est parce que ce n'est pas politiquement correct d'aborder cette question.

    À Toulon, la proportion de personnes issues de l'islam est en augmentation constante parmi les catéchumènes adultes, et ce chaque année – de l'ordre de 10 à 15 %. Mais, encore une fois, ce phénomène n'est jamais abordé. C'est pour ça qu'il était important pour moi de participer à la Nuit des Témoins : je veux témoigner de ma conversion.

    Quel regard les chrétiens d'Algérie portent-ils sur la béatification, annoncée récemment, des 19 religieux et religieuses assassinés dans le pays entre 1994 et 1996, dont les 7 moines de Tibhirine ?

    Pour nous, c'est une grande fête ! Nous sommes en train de chercher un lieu pour la célébrer. Les béatifications devraient se dérouler à Oran, à l'automne, en présence du pape. Nous sommes actuellement en négociation avec le gouvernement algérien qui, si la cérémonie a lieu en Algérie, souhaiterait insérer ces béatifications dans le cadre de commémorations en mémoire des 200 000 victimes de la guerre civile algérienne, chrétiennes et musulmanes – 99 imams avaient notamment été assassinés pour avoir refusé de justifier la violence. En cas de refus du gouvernement, cet événement devrait avoir lieu en France.

    Comment voyez-vous l'avenir de l'Église catholique en Algérie ? Pensez-vous que le traitement des apostats s'améliorera ?

    Il est pour moi essentiel que chacun puisse vivre sa foi aussi librement que possible et découvre l'amour de Dieu. Ma mission est de soutenir les chrétiens, convertis ou non.

  • Accompagner les néophytes issus de l’islam

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    De Samuel Pruvot sur le site de l'hebdomadaire "Famille Chrétienne" :

    Mgr Philippe Barbarin : « Il faut accompagner les néophytes issus de l’islam »

    Le cardinal Barbarin est intervenu le 17 mars à Lyon lors du forum « Jésus le Messie ». Devant diverses associations œuvrant à l’accueil et l’évangélisation des musulmans en France, il a insisté sur la nécessité d’une pastorale spécifique à leur égard.

    Est-il nécessaire d’inventer quelque chose de spécifique pour les chrétiens qui viennent de l’islam ?

    Après le catéchuménat et l’immense joie du baptême, on imagine que ces nouveaux chrétiens trouvent sans difficulté leur place dans l’Eglise. C’est assez naïf. L’expérience prouve qu’il faut leur porter une attention particulière. Ils sont les premiers à exprimer leur reconnaissance, parce qu’on s’est bien occupé d’eux pendant les deux années de préparation. « Mais maintenant, disent-ils, nous nous sentons abandonnés au milieu du troupeau ! » Ils ont reçu une présentation solide de la Bible une bonne explication du Credo et des quatre piliers de la foi, mais il y a encore beaucoup à faire pour accompagner leurs premiers pas dans l’Eglise. Bien des diocèses en ressentent la nécessité.

    Evangéliser les musulmans qui sont en France, cela n’est-il pas contraire au dialogue ?

    Evangéliser, c’est l’ultime consigne que Jésus nous laisse : « Allez, de toutes les nations faites des disciples. » Il me paraît évident que nous devons lui obéir, dans l’amour, l’écoute et le respect de l’autre. On se souvient du magnifique cri de saint Paul : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile ! » Par ailleurs, les musulmans comprennent très bien notre souci d’accompagner avec attention les néophytes originaires de l’islam. Un jour, je visitais une mosquée avec  Azzedine Gaci (NDLR : ancien président du conseil régional du culte musulman) et il m’a confié que dans la plupart des mosquées, on mettait en place des groupes d’accompagnement pour les musulmans nouvellement arrivés du christianisme. Au fond, c’est le même souci : est-ce que les nouveaux venus sont bien accueillis, accompagnés ? Il faut du temps à un musulman devenu chrétien pour comprendre ce que veut dire « Parole de Dieu ». Nous ne sommes pas une « religion du Livre », mais du « Verbe fait chair ». Il y a un continuel va et vient entre le corps de Jésus, l’Eucharistie et la Parole de Dieu. On doit aussi éclairer la notion de prophète, expliquer l’anthropologie chrétienne (corps, âme et esprit). Saint Paul dit que nos corps sont des « temples de l’Esprit Saint » et il ajoute : « Rendez gloire à Dieu dans votre corps ». Cela peut nous amener à proposer un éclairage sur la sexualité, le sport ou la danse…. Le chrétien venu de l’Islam a aussi besoin d’explications pour comprendre notre engagement dans la vie sociale et politique. L’essentiel, bien sûr, c’est  d’abord le Mystère de Dieu, sa paternité, la Trinité… un approfondissement qui va l’aider à changer en profondeur sa manière de prier.

    Qu’est-ce que ces chrétiens issus de l’islam peuvent apporter à l’Eglise ?

    Les musulmans venus au christianisme vont nous apporter des cadeaux inattendus. Il faudra du temps pour voir émerger cette nouvelle manière de vivre  la foi chrétienne. Ils vont offrir bien des points de renouveau culturel et spirituel à la grande famille de l’Eglise. Quand j’étais à Madagascar, j’ai reçu des séminaristes que j’avais mission de former sur des paroles vraiment nouvelles sur le Christ. Elles venaient du fond de leur culture, évangélisée depuis à peine plus d’un siècle. C’est la fécondité, le travail intérieur de la Parole de Dieu, toujours vivante, tranchante, comme dit l’épitre aux Hébreux ! Aujourd’hui, beaucoup de maghrébins, de kabyles ou d’iraniens sont devenus chrétiens en France, et ils nous apportent des regards inattendus sur Jésus et sur la Révélation chrétienne. C’est ainsi que l’Evangile est et sera toujours en train de renouveler l’Eglise.