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RDC : l’opposition marque des points contre Kabila

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De Hubert Leclercq sur le site web de « La Libre Afrique »

« Il y  des jours comme ça où rien ne va ! C’est ce que doivent se dire les tenants du pouvoir en République démocratique du Congo qui viennent de recevoir coup sur coup deux uppercuts en plein menton.

Vendredi, sur le coup de 16 heures, la cour d’appel de la Cour pénale internationale décidait d’acquitter Jean-Pierre Bemba, condamné en première instance à 18 ans de prison pour crime de guerre et crime contre l’humanité. Moins de 24 heures tard, c’est Kinshasa même qui envoyait un message fort en se mobilisant en masse pour le premier meeting d’Ensemble pour le Congo, la plateforme politique de Moïse Katumbi, l’ennemi numéro 1 du pouvoir.

Les chiffres sont difficiles à établir. Seule certitude, comme pour le meeting de l’UDPS le 24 avril dernier, la place Sainte-Thérèse a été envahie par une foule dense et compacte. La première sortie officielle à Kinshasa d’Ensemble pour le Congo peut être vu comme une réussite qui montre que le mouvement qui porte la candidature de Moïse Katumbi peut s’imposer bien au-delà du Katanga et même plus largement de l’est de la RDC. Ensemble pour le Congo est d’ailleurs le seul mouvement politique actuel qui dépasse largement les clivages est-ouest avec dans ses bagages des leaders politiques qui ont un poids réel dans de nombreuses provinces de la RDC (Lumbi dans les Kivus, Endundo à l’Equateur, Kamitatu dans le Bandundu ou Kyungu dans le Katanga) , sans parler de la personnalité de Moïse Katumbi célèbre dans tout le pays.  Un Moïse Katumbi qui a surpris tout son monde en apparaissant sur le grand écran  de la place Sainte-Thérèse pour un discours en lingala. « C’est bien, on sait que c’est un swahilophone, mais il a fait l’effort de parler en lingala. Ce n’est pas la première fois qu’il s’adresse à Kinshasa en lingala et on sent qu’il s’améliore » , explique Bertin, un membre de l’UNC de Vital Kamerhe, venu ce samedi à Sainte-Thérèse « pour voir et pour entendre ». Verdict? « Jamais l’opposition congolaise n’a été aussi forte. S’il veut rester Kabila devra faire des miracles. Il ne peut rien face à Bemba, Katumbi ou même Kamerhe. Il ne joue pas dans la même catégorie qu’eux. Il faut que l’opposition reste encore unie le temps d’envoyer le coup final au pouvoir illégitime en place. Après, je pense et j’espère qu’on pourra organiser de vraies élections lors desquels tous les candidats pourront vraiment défendre leur chance ».

 

Fête à Mbuji-Mayi

Ce samedi, parallèlement à cette mobilisation à Kinshasa, l’UDPS faisait un malheur dans son antre de Mbuji-Mayi dans le Kasaï oriental, pour son premier grand meeting de campagne mené par Jean-Marc Kabund, le secrétaire géneral du parti. Des dizianes de milliers de personnes avaient répondu présent.

Shadary et les « caillassages »

Tant à Kinshasa qu’à Mbuji-Mayi, on était bien loin de l’accueil reçu dernièrement par le  secrétaire général du PPRD dans différentes villes du Haut-Katanga où son convoi a été caillassé par la population. Le PPRD, le parti politique du président Kabila, sous les jets de pierres dans ces villes, c’est la base même du parti présidentiel qui vacille.

Sans préjuger d’un éventuel retour physique de Bemba en RDC, il ne fait aucun doute que son MLC est revenu par la grande porte sur le devant de la scène. C’est tout l’ouest du pays, largement délaissé par la Kabilie, qui se relève comme un seul homme. Pour reprendre les anciens découpages administratifs, l’Equateur, la Province orienale, le Bas-Congo, une partie de Kinshasa et une partie du Bandundu doivent être regardées comme des poches du MLC. Katumbi, avec sa popularité, ses relais politiques bien choisis à l’ouest, et son Tout-Puissant Mazembe, apparaît comme le principal et peut-être le seul ousider de Bemba dans « ses » provinces. (Voir ce que le Palu peut encore faire et avec qui dans le Bandundu).

Lire aussi:
"L'acquittement de Bemba, une gifle pour Kabila"

La Kabilie, elle, ne devrait guère avoir droit au chapitre ici. Kinshasa, ville cosmopolite devrait présenter un visage multicolore. UDPS, MLC et Mouvement katumbiste (notamment avec la personnalité de Franck Diongo) devraient se tailler la part du lion.

A l’est, le Katanga est promis à Katumbi. Les Kasaï devraient se ranger derrière l’UDPS. Les Kivus seront très partagés. Kamerhe est le champion du cru, mais les Pierre Lumbi, Mbusa Nyamwisi et Salomon Kalonda devraient rapporter leur lot de voix à la plateforme katumbiste. Si le front de la majorité actuel existe vraiment, Kabila pourrait compter ici sur le poids réel d’un Modeste Bahati.

La Kabilie ne tire jamais son épinge du jeu. Impossible de gagner une élection dans ce contexte. « Sans la machine à voter et avec un vrai scrutin, ce serait un massacre pour le PPRD », explique un membre du… PPRD qui ne cache pas ses craintes pour son avenir et fustige ses collègues ou les « dignitaires  du régime qui cherchent déjà à quitter le navire. »

Les temps sont bien compliqués pour Joseph Kabila, toujours sous pression intense de ses « amis » voisins régionaux pour qu’il accepte de céder le pouvoir et ne cherche pas à briguer un troisième mandat. »

Ref. RDC : Deux tremblement de terre en 24 h pour la Kabilie

JPSC

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