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Se convertir, la priorité

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Un éditorial de Mgr Marc Aillet (revue diocésaine du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron "Notre Eglise" du mois d'octobre 2018)

Un appel à nous convertir

Un appel à nous convertir

Notre année pastorale a commencé sur fond de turbulences, celles en particulier qui agitent l’Eglise de l’intérieur et qui viennent des péchés de ses membres ! La presse se fait l’écho complaisant de ces rapports établis sur les abus sexuels des membres du clergé depuis 70 ans, aux Etats-Unis, en Irlande, en Allemagne… Le monde, qui ne distingue plus le bien du mal, qui se refuse à dénoncer le péché, se plaît paradoxalement à traquer les coupables au sein de notre Eglise, à faire des dénonciations publiques, à organiser des procès médiatiques à l’échelle planétaire ! Il ne s’agit certes pas de minorer la gravité de tels agissements. Pour avoir écouté longuement des victimes d’abus sexuels commis par des prêtres, je mesure mieux la souffrance de ceux qui ont été ainsi durablement et profondément abîmés dans leur corps et dans leur âme, et j’en éprouve une grande honte.

Et nous avons raison d’améliorer nos programmes de prévention, d’accompagnement concret des victimes de la pédophilie au sein de l’Eglise, de collaboration avec la justice pour attribuer de justes peines aux coupables. Nous avons raison de dénoncer la conspiration du silence qui a trop longtemps régné au sein de la hiérarchie de l’Eglise et nous devons savoir gré au Pape Benoît XVI d’avoir exigé des évêques une gestion plus transparente et plus efficace de ces affaires. Trop souvent, on a voulu soigner l’image de l’Eglise : or, l’Eglise, ce sont des âmes avant d’être une Institution, fût-elle divine, à commencer par les victimes innocentes qui doivent avoir la priorité absolue dans nos préoccupations et nos décisions pastorales.

Il reste que les prêtres, dans leur immense majorité, se dévouent avec générosité et intégrité à leur ministère, et ils ont droit plus que jamais à être encouragés et soutenus par leurs évêques, comme par le peuple des fidèles, tant ces campagnes médiatiques à répétition, qui exhument des faits souvent très anciens, jettent sur eux l’opprobre et la défiance. Je ne suis pas sûr, en ce sens, que le lien fait de manière insistante entre la pédophilie et le cléricalisme soit du meilleur effet pour leur redonner le moral. N’est-ce pas plutôt l’autoréférentialité qui est la principale cause de l’affaiblissement du sens moral dans l’Eglise : quand des théologiens ou des pasteurs, à commencer par des évêques, prennent publiquement leurs distances par rapport à l’enseignement moral de l’Eglise fondé dans l’Ecriture sainte et dans la tradition, ils participent à l’anesthésie de la conscience morale au sein du clergé et du peuple des fidèles… Ce fut le cas très particulièrement lors de la publication par le bienheureux Paul VI de l’encyclique Humanae Vitae et ce fut lourd de conséquences.

Nous ne pourrons pas faire l’économie d’un sérieux examen de conscience, en reconnaissant les responsabilités que nous avons, nous aussi, dans les maux de notre temps. Ne sommes-nous pas complices de cette anesthésie de la conscience morale, en affirmant depuis des décennies qu’il n’y a plus de péchés, sous prétexte qu’une certaine mentalité janséniste en cultivait l’obsession auprès de générations qui purent en être à juste titre traumatisées ? Certes, nous devons nous réjouir de l’accent mis par les derniers Papes sur la Miséricorde, mais « La miséricorde du Christ n'est pas une grâce à bon marché, elle ne suppose pas la banalisation du mal » (Benoît XVI). Sous prétexte de miséricorde, nous prenons le risque de banaliser le mal et de sombrer dans ce que le Pape François appelle la « corruption spirituelle » : « Ceux qui ont le sentiment qu’ils ne commettent pas de fautes graves contre la Loi de Dieu peuvent tomber dans une sorte d’étourdissement ou de torpeur. Comme ils ne trouvent rien de grave à se reprocher, ils ne perçoivent pas cette tiédeur qui peu à peu s’empare de leur vie spirituelle et ils finissent par se débiliter et se corrompre ». Et c’est ainsi que le Sacrement de la Réconciliation a été déserté par les fidèles.

Il reste que ces perversions qui salissent les vêtements et le visage de l’Eglise nous appellent tous à un sursaut. Loin d’accabler les coupables, pour s’exonérer des exigences de conversion qui s’adressent à tous, nous devons cultiver un esprit de repentir, car nous sommes tous pécheurs et membres les uns des autres. Le Christ ne s’est pas présenté en justicier châtiant des coupables, mais « Il s’est fait péché pour nous », détournant « la vengeance de Dieu » sur sa propre personne dans sa passion et sa mort sur la croix, vécues comme un sacrifice d’expiation. Aussi sommes-nous d’abord invités à nous associer, par notre repentir et le témoignage de notre sainteté, unis au sacrifice du Christ, en particulier à l’heure de l’Eucharistie, à cette salutaire expiation pour les péchés du monde. Comme le demande le Saint-Père, nous promulguerons prochainement une journée diocésaine de jeûne et de prière pour prendre un peu de hauteur.

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