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  • L’Eglise, combien de divisions ?

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    De Philippe Maxence sur le site web du bimensuel « L’Homme Nouveau » :

    Resurrection.jpg« L’Église, combien de divisions ? On connaît la célèbre phrase de Staline, bien révélatrice de son matérialisme et de sa volonté hégémonique qui entendait écarter définitivement l’Église de la face du monde. L’Église, combien de divisions ? Mais, beaucoup, aurait-on tendance à répondre aujourd’hui. Et, même, beaucoup trop ! Non plus, cette fois, en référence aux unités blindées ou, plus largement, aux armées auxquelles pensait le maître du Kremlin, mais à celles qui divisent les catholiques entre eux. 

    Certes, c’est une vieille histoire. Dès les origines, l’Église fut traversée par des courants et des tentatives de scission. Judas, choisi par le Christ, reste la figure emblématique de la trahison radicale et donc de cette division au sein du collège des Apôtres. Saint Paul ne cesse d’intervenir auprès des chrétientés qu’il a créées pour calmer les passions et ramener les récents prosélytes à l’unité de la doctrine. Plus tard, les grandes hérésies vont traverser l’Église, offrant à celle-ci la possibilité d’approfondir sa doctrine, de la préciser et de la définir. Saint Paul, encore lui, avait d’ailleurs prévenu les Corinthiens : « Oportet haereses esse ». Il faut qu’il y ait des hérésies. Terrible constat ! Terrible nécessité ! 

    Par une étrange sorte d’optimisme, bien peu surnaturel, nous voudrions échapper à cette loi qui n’a cessé d’habiter l’Église, depuis Arius jusqu’au modernisme en passant par le protestantisme. Nous aimerions l’unanimisme que l’on confond facilement avec l’unité. Saint Pie X s’était attaqué avec force au modernisme qu’il qualifiait de « rendez-vous de toutes les hérésies ». Plus récemment, après le concile Vatican II, Jacques Maritain qualifia, dans son Paysan de la Garonne, la crise moderniste de « rhume de foin » en comparaison de « l’espèce d’apostasie “immanente” » qui s’affichait alors. Ne nous y trompons pas ! Maritain n’était en rien ce qu’on appelle couramment un intégriste. Dans le même livre, il dénonce les « ruminants de la Sainte-Alliance », à savoir la droite catholique avec laquelle il avait rompu au temps de la crise de l’Action française. 

    Des aveugles conduisant des aveugles ?

    Et, aujourd’hui ? Il faut vraiment être aveugle, et parfois aveugle volontaire, pour ne pas constater une réelle division dans l’Église. Il suffit de le voir à travers la production des faiseurs d’opinion au sein du catholicisme français. Récemment, Le Figaro publiait un sondage mettant le Pape au centre des discussions des catholiques. Pour ou contre, en tout ou en partie ? À l’aune d’un tel procédé, Pie IX, béatifié par le pape Jean-Paul II, n’aurait eu que peu d’opinions favorables, lui dont les Romains voulurent jeter la dépouille mortelle dans le Tibre. 

    L’esprit du monde a vraiment pénétré l’Église et nous sommes sommés maintenant d’être pour ou contre le Pape, comme s’il n’était qu’un vulgaire chef d’État d’une vulgaire démocratie. Comme si nous oublions aussi sa mission de service de l’unité et de la vérité catholique. Des prêtres sur twitter s’agitent dans ce sens. Des laïcs s’écharpent à ce sujet sur facebook ou via des sites internet. Des livres prétendent expliquer le changement radical de notre époque, que nous n’aurions pas perçu. On est allé jusqu’à demander à Benoît XVI de préfacer l’ouvrage d’un hérétique sous prétexte que ­celui-ci présentait un aspect de la pensée théologique du pape François (cf. p. 11). 

    Ne pas varier

    C’est peu dire que la confusion règne ! Au risque de ne pas suivre ceux qui veulent absolument sauver la situation, il me semble que ce temps d’épreuve est aussi un temps de grâce. La Semaine sainte que nous venons de vivre nous a montré l’abandon du Christ, y compris par ses Apôtres et saint Pierre lui-même. Elle nous a permis de revivre la solitude absolue du Christ face à sa Passion, au point d’avoir sué des gouttes de sang. Mais, nous avons revécu aussi son triomphe, celui de la Résurrection et nous allons suivre désormais les Apôtres autour de saint Pierre et de saint Paul dans la conquête (pacifique) du monde, jusqu’au prix de leur sang, à eux aussi. 

    Dans les périodes de crise, de doute et de souffrance, il faut s’enraciner dans un regard surnaturel. Celui-ci ne nie pas la réalité de ce qui se déroule sous ses yeux. Il ne tente même pas de l’effacer par de pieux discours. Le constatant, et parce qu’il le constate, il recourt encore plus fortement aux moyens certains du salut. Comme l’enseignent nombre d’auteurs spirituels, dans la désolation, il écarte les nouveautés et s’en tient aux vérités de la doctrine et de la théologie traditionnelles, aux sacrements, à une foi renouvelée et une prière plus intense. Il prépare ainsi l’avenir qui débouchera à l’heure de Dieu sur une renaissance et un renouveau. 

    Notre espérance ? C’est bien le Christ ressuscité, l’Église qu’il a établie et la doctrine ne varietur qu’il a enseignée. Le reste n’est certes pas un simple rhume de foin. Il s’agit bien d’une croix. Grave, pénible, source de souffrance. Mais qui conduit involontairement et malgré tout à la Résurrection. Saint temps pascal à tous ! 

    Ref. Oportet haereses esse !

    L’histoire de l’Eglise n’a jamais été un long fleuve tranquille et les grands conciles oecuméniques qui jalonnent son existence ont été le théâtre des enjeux majeurs qu’elle dût maintes fois affronter. A Nicée (325) c’était la divinité même de la personne du Christ qui était la cause d’une controverse dont l’issue incertaine faillit  emporter l’objet de la révélation chrétienne. Et plus tard, à Trente (1545-1563) comme à Vatican II (1962-1965), ce sont des mutations anthropologiques majeures de la société qui ont appelé, de la part de l’Eglise, une réponse fidèle au dépôt de la foi reçue des apôtres. Dans l’un comme dans l’autre cas, une mise en œuvre équilibrée suppose du temps: plus de cinquante ans après la clôture de Vatican II, oscillant aujourd’hui encore entre les pontificats contrastés de Benoît XVI et de François, l'histoire de ce concile n’est manifestement pas encore vraiment écrite, contrairement à celle du Christ ressuscité, seule Espérance de notre salut.

    JPSC  

  • Pas de trève pascale au sommet de l’Eglise catholique

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    rome-7-avril-2018.png

    De Sandro Magister, vaticaniste à l'Espresso, en traduction sur le site Diakonos.be :

    Dans une Eglise sans guide, deux nouvelles protestations d’évêques et de fidèles

    Pas de trève pascale au sommet de l’Eglise catholique. En l’espace de quelques jours, deux des tournants les plus révolutionnaires du Pape François viennent d’être contestés par autant de déclarations publiques émanant de cardinaux, d’évêques et de membres du peuple chrétien.

    Il s’agit des deux tournants qui admettent à la communion eucharistique aussi bien les divorcés-remariés que les protestants.

    *

    A propos de la communion aux divorcés-remariés, en 2016 déjà quatre cardinaux s’étaient prononcés contre les « ouvertures » de François en lui soumettant leurs « dubia » avant de lui demander dans une lettre d’être reçus. Sans jamais obtenir de lui la moindre réponse.

    A présent, deux de ces cardinaux, l’allemand Walter Brandmüller et l’américain Raymond L. Burke sortent à nouveau du bois et, ensemble avec tous les participants d’un colloque qui s’est tenu à Rome aujourd’hui samedi 7 avril, viennent de publier une « Declaratio », une profession de foi, qui réaffirme les points-clés de la doctrine de l’Eglise mis en doute par le raz-de-marée novateur du pontificat actuel.

    On trouvera le texte de cette « Declaratio », disponible en plusieurs langues, ci-dessous sur cette même page.

    *

    En ce qui concerne en revanche la communion aux protestants pendant les messes catholiques, il se fait que sept évêques d’Allemagne, dont le cardinal de Cologne, Rainer Maria Woekli, en ont appelé au Saint-Siège contre la décision qui vient d’être prise par la Conférence épiscopale allemande de l’autoriser.

    Cette décision – qui se présente sous la forme d’un « guide d’orientation » – est entrée en vigueur le 22 mars au terme d’une réunion de la Conférence épiscopale où elle a été votée à la majorité après une discussion animée.

    Les évêques qui contestent cette décision estiment qu’elle touche à une question trop sensible, qui met en péril la doctrine et l’unité de l’Eglise catholique, que pour être laissée au seul jugement d’Eglises nationales, d’évêques ou de prêtres. C’est justement pour cela qu’ils ont fait appel à Rome, demandant un éclaircissement à la Congrégation pour la doctrine de la foi, dont le préfet est l’archevêque jésuite Luis Ladaria et au Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens présidé par le cardinal Kurt Koch.

    C’est le journal allemand « Kölner Stadt-Anzeiger » qui a donné cette information le 4 avril dernier. Les sept signataires de ce recours, outre le cardinal Woekli, sont Ludwig Schick, archevêque de Bamberg, Konrad Zdarsa, évêque d’Augsbourg, Gregor Maria Hanke, évêque d’Eichstätt, Stefan Oster, évêque de Passau, Rudolf Voderholzer, évêque de Ratisbonne et Wolfgang Ipolt, évêque de Görlitz.

    Quant à savoir si le Saint-Siège répondra et comment, cela dépendra naturellement de ce que décidera le Pape François.

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  • Selon Annie Laurent, les chrétiens d’Orient ont besoin de se réapproprier leur vocation

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    Du site du journal "L'Orient - Le Jour" :

    Annie Laurent : Les chrétiens d’Orient ont besoin de se réapproprier leur vocation

    ESSAI

    Pour l’essayiste, « le modèle libanais dépend du maintien d’une influence réelle de ses chrétiens sur les institutions et la culture ».

    Rien n’arrêtera Annie Laurent dans sa défense des chrétiens d’Orient. Depuis Guerres secrètes au Liban (1987), c’est une battante qui consacre d’incalculables conférences, articles, émissions à ce sujet. Elle est de surcroît une spécialiste académique de l’islam. Son essai, Les chrétiens d’Orient vont-ils disparaître ?, s’attaque aux problèmes actuels sociopolitiques et moraux des chrétiens dans un entourage de plus en plus hostile, miné par les guerres pernicieuses où se mêlent les grandes puissances sans connaissance approfondie ni considération des vicissitudes de l’histoire. 

    Il y a plus de 30 ans, vous découvriez le Proche-Orient, auquel vous avez consacré une thèse à l’Université de Paris. Depuis lors, vous êtes reconnue comme une spécialiste de notre région, notamment dans ses composantes religieuses, ce qui vous a valu de participer en tant qu’experte au synode pour le Moyen-Orient (Rome 2010). Votre dernier livre* porte un double titre, qui semble paradoxal. Pouvez-vous nous l’expliquer ?

    Le titre principal, Les chrétiens d’Orient vont-ils disparaître ?, veut attirer l’attention de mes lecteurs en France sur la menace existentielle qui pèse sur l’avenir du christianisme dans son berceau d’origine. Certes, les chrétiens d’Orient suscitent un regain d’intérêt dans mon pays, mais je le trouve trop limité à l’aide humanitaire et à l’approche sociologique. Pour réagir à cette insuffisance, je propose une réflexion en profondeur sur ce que les chrétiens proche-orientaux ont à apporter à leurs sociétés, aussi bien dans les pays arabes qu’en Iran, en Turquie et en Israël. Je dresse un état des lieux sociopolitique actuels dans toutes ces contrées, précédé par l’histoire et l’identité de chaque Église, ainsi que l’explication de leurs options face aux défis redoutables qu’elles affrontent. Ainsi, on n’est pas chrétien de la même manière selon qu’on appartient à telle ou telle communauté ou à tel ou tel pays. Mon intention est de faire comprendre cette complexité ; ce n’est pas suffisant, d’où le sous-titre, Une vocation pour toujours, qui veut encourager l’espérance. Il est essentiel que les chrétiens orientaux reprennent conscience des exigences de leur baptême. En me gardant de juger qui que ce soit et en m’appuyant sur les recommandations émises par Benoît XVI dans son exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente, j’observe les fragilités qui affaiblissent aussi bien les hiérarchies religieuses que les laïcs : mondanité, amour de l’argent et des apparences, sécularisation, crise de la famille, imitation servile des mœurs occidentales, etc. Mais je suis aussi attentive aux admirables témoignages de sainteté que donnent tant d’Orientaux chrétiens. 

    L’une des causes de l’affaiblissement du christianisme au Proche-Orient ne résulte-t-elle pas de l’insuffisante solidarité entre Églises ?  

    Certainement ! L’unité est primordiale face aux défis auxquels sont confrontés les chrétiens au Levant, ceux-ci en sont de plus en plus conscients, comme le montre la création de structures vouées à la concertation, mais cela ne suffit pas. Les chrétiens ont à se libérer des conditionnements hérités d’une longue histoire tourmentée qui a engendré des mentalités confessionnelles. Je pense d’abord à l’éclatement de l’Église indivise des premiers siècles ; à partir du VIIe siècle, l’irruption de l’islam, profitant de ces divisions, a accru les clivages. Puis, l’instauration de la dhimmitude a poussé de trop nombreux chrétiens à se faire musulmans pour échapper à ce régime humiliant. Quant au millet** mis en place par l’Empire ottoman, il a accru les rivalités et la méfiance des Églises entre elles, dans un rapport malsain à l’autorité musulmane. De la communion entre chrétiens dépend aussi la crédibilité et l’efficacité du témoignage évangélique. Dans mon livre, je décris les progrès accomplis pour relever le défi de l’unité, mais aussi les échecs. Je n’oublie pas que Rome est elle aussi appelée à mieux respecter les particularités orientales pour rassurer les Églises qui sont encore séparées. 

    À l’aune des changements géopolitiques au Proche-Orient, comment voyez-vous les rapports entre les religions qui le composent ? 

    Entre musulmans de diverses obédiences et nationalités, la haine atteint un niveau terrifiant, si bien que l’on peut craindre l’éclatement de la région sur des bases ethniques et confessionnelles. Pour les chrétiens, l’alliance des minorités est un piège si, au nom de la solidarité et de la sécurité, elle conduit à les séparer de leur environnement. Or ce concept est promu au niveau stratégique par les dirigeants d’Israël, qui cherchent chez eux à séparer leurs citoyens arabes, selon qu’ils sont chrétiens ou musulmans. En entrant dans ce jeu, les chrétiens renonceraient à leur vocation missionnaire et médiatrice, privant les non-chrétiens des bienfaits de l’Évangile. Ils ont donc raison de réclamer de tous les États l’adoption du concept de citoyenneté. 

    Le Liban, confronté à l’installation massive de réfugiés étrangers et à l’émigration incessante de ses chrétiens, n’est-il pas menacé dans son identité et sa vocation ? 

    Évidemment... La pérennité du Liban en tant que modèle dépend du maintien d’une influence réelle de ses chrétiens sur les institutions et la culture, ce qui, outre un taux démographique suffisant, exige de leur part une réelle conscience de leurs responsabilités. Ils sont donc appelés à une forme de conversion pour renoncer à des pratiques archaïques en vue de faire prévaloir le bien commun, au bénéfice de tous, et surtout de la paix. Avec sa formule unique, le Liban n’est-il pas le ferment providentiel placé dans la masse et qui doit lever grâce à l’intercession de ses saints ? 

    *Éd. Salvator, 2017. 

    **Nation (sous-entendu confessionnelle).

  • Vient de paraître : le magazine trimestriel « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle », n° 106, printemps 2018

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    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison du printemps 2018. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation.Les articles mentionnés en bleu sont disponibles sur le blog de l'église du Saint-Sacrement (cliquez sur les titres ci-dessous pour y accéder).

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    Au sommaire de ce numéro n° 106 (printemps 2018) : 

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    Liturgie au Pays de Liège

    La réception de l’Eucharistie à travers le temps

    Eclipse de Dieu, éclipse de l’homme

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    Rome et le monde : 

    Comment vivre en chrétien dans un monde qui ne l’est pas ?

    Comment notre monde a cessé d’être chrétien

    RDC : une Eglise qui dérange le pouvoir

    Belgique :

    Le débat sur la laïcité est relancé

    De passage à Bruxelles, le Cardinal Sarah pointe les dérives du monde occidental 

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Rue Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien à la revue sont reçus  avec gratitude au compte IBAN:

     BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

     JPSC

  • Corriger le pape pour obéir au Christ ?

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    Où va l'Eglise ? (source : "Benoît et moi")

    En marge d'un congrés qui se tiendra à Rome demain en mémoire du cardinal Caffara, Riccardo Cascioli (Nuova Bussola Quotidiana) s'entretient avec le cardinal Burke, qui n'a pas perdu une once de sa pugnacité (6/4/2018)

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    A noter parmi les intervenants, outre le cardinal Burke, les cardinaux Brandmüller et Zen, Mgr Athanasius Schneider et l'ami de Benoît XVI Marcello Pera.

    Ce qui s'est passé avec la dernière interview donnée à Eugenio Scalfari pendant la Semaine Sainte et rendue publique le Jeudi Saint est allé au-delà du tolérable. Qu'un athée notoire prétende annoncer une révolution dans l'enseignement de l'Église catholique, considérant qu'il parle au nom du Pape, niant l'immortalité de l'âme humaine et l'existence de l'enfer, a été source de profond scandale non seulement pour beaucoup de catholiques mais aussi pour beaucoup de laïcs qui respectent l'Église catholique et ses enseignements, même s'ils ne les partagent pas.

    Cardinal Burke

    BURKE: CORRIGER LE PAPE POUR OBÉIR AU CHRIST (www.lanuovabq.it, 5 avril 2018, traduction de "Benoît et moi") :

    Certains accusent de désobéissance ceux qui ont exprimé des doutes, des questions et des critiques sur l'action du Pape, mais «la correction de la confusion ou de l'erreur n'est pas un acte de désobéissance, mais un acte d'obéissance au Christ et donc à son Vicaire sur terre». Ainsi s'exprime le Cardinal Raymond Leo Burke dans cet entretien avec La Nuova BQ, à la veille d'une importante conférence qui se tiendra à Rome le samedi 7 avril sur le thème «Où va l'Église» (voir ici), dont lui-même sera l'un des intervenants. La conférence de Rome aura lieu à la mémoire du cardinal Carlo Caffarra, disparu en septembre dernier, l'un des signataires des Dubia. Comme on s'en souvient, il s'agit de cinq questions au Pape François visant à obtenir une déclaration claire de continuité avec le Magistère précédent suite à la confusion créée par les interprétations différentes et parfois opposées de l'exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia. A ces Dubia, dont le Cardinal Burke est également signataire, aucune réponse n'a jamais été donnée et le Pape François n'a jamais répondu à la demande répétée d'audience de la part des cardinaux signataires.

    La Bussola: Eminence, vous serez l'un des principaux orateurs de la conférence du 7 avril qui, au nom du Cardinal Caffarra, s'interrogera sur l'orientation de l'Eglise. Le titre de la conférence laisse déjà percevoir l'inquiétude pour la direction prise. Quelles sont les raisons de cette inquiétudes?

    Cardinal Burke: La confusion et la division dans l'Église sur les questions les plus fondamentales et les plus importantes - le mariage et la famille, les sacrements et la juste disposition pour y accéder, les actes intrinsèquement mauvais, la vie éternelle et les "novissimes" [ndt: c'est-à-dire ce qui arrive à l'homme à la fin de sa vie, la mort, le Jugement, le destin éternel: le ciel ou l'enfer] - se répandent de plus en plus. Et le Pape refuse non seulement de clarifier les choses par l'annonce de la doctrine constante et de la discipline saine de l'Église, responsabilité inhérente à son ministère de successeur de saint Pierre, mais il augmente même la confusion.

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  • Liège, la religion s’enseigne avec les « valeurs démocratiques »

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    Professeur de religion dans un collège-lycée catholique de Liège, en Belgique, Sébastien Belleflamme multiplie les initiatives depuis deux ans pour faire réfléchir ses élèves sur le phénomène djihadiste. En croisant les disciplines, il veut les aider à sortir d’une « lecture fondamentaliste » des textes sacrés et à forger leur « esprit critique ». Interview publiée par Anne-Bénédicte Hoffner dans le journal « La Croix » :

    La Croix : Vous enseignez la religion dans un établissement catholique à Liège, en Belgique. Pourquoi et comment avez-vous décidé de traiter l’actualité, et notamment cette question de la violence commise au nom de Dieu ?

    Sébastien Belleflamme : Mon cours de religion s’adresse à tous les élèves de l’établissement, qu’ils soient catholiques, protestants – évangéliques surtout –, musulmans ou indifférents. Nous nous appuyons surtout sur les ressources de la foi chrétienne mais pas seulement : c’est un cours ouvert sur la pluralité des convictions.

    Le déclic s’est fait il y a deux ans, en pleine vague d’attentats en France et en Belgique, quand certains de mes élèves musulmans m’ont dit qu’ils n’osaient plus parler de leur foi et gardaient les yeux baissés en marchant dans la rue. Je me suis dit qu’il fallait agir. En terminale, j’ai proposé à certains de travailler sur les motivations des jeunes djihadistes : j’ai assisté avec eux à des colloques, des pièces de théâtre (comme Djihad d’Ismaël Saïdi). Devant leur enthousiasme, nous avons fait intervenir au lycée Laura Passoni, une « revenante » de Syrie, ainsi qu’Hicham Abdel Gawad, un doctorant en sciences des religions à Louvain (1). Cette rencontre a nourri beaucoup d’échanges entre les élèves, certains se montrant très durs vis-à-vis d’elle.

    Comment parvenez-vous à faire s’exprimer et s’écouter des jeunes avec des sensibilités très différentes au sujet de la radicalisation islamiste ?

    S.B. : Avec mes élèves de troisième cette fois, nous avons lu la pièce Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ? de l’islamologue Rachid Benzine, qui met en scène le dialogue entre un père universitaire et sa fille partie rejoindre un djihadiste à Falloujah en Irak dont elle aura une fille. Je leur ai proposé d’écrire chacun leur propre lettre à l’un des protagonistes de la pièce.

    À lire aussi : Enquête inédite sur la « tentation radicale » des lycéens

    Je suis seulement en train de les lire, mais j’observe déjà qu’elles témoignent de sentiments extrêmement variés : certaines filles disent leur colère à Nour et l’interpellent sur la question de la dignité des femmes. D’autres élèves lui demandent comment elle a pu faire autant de peine à son père. D’autres encore expriment plutôt de la compassion, notamment pour son geste final. Il y a vraiment de tout : de la condamnation au respect en passant par l’incompréhension…

    Les élèves d’origine syrienne ou maghrébine livrent parfois leur souffrance devant une stigmatisation qu’ils ne comprennent pas, leurs questions aussi devant cette violence commise au nom de Dieu.

    Comment ce travail est-il perçu par la direction de votre établissement, par les parents ? Quels résultats percevez-vous chez vos élèves ?

    S.B. Au départ, notre travail a suscité quelques questionnements, légitimes, sur sa visée pédagogique mais aujourd’hui, les retours sont globalement très positifs. Nous croisons les disciplines – philosophie, histoire notamment – pour mieux analyser le discours djihadiste : moi j’apporte l’éclairage théologique, d’autres collègues complètent sous d’autres angles. Nous aidons ainsi les élèves à comprendre que « Dieu » est un mot-valise qui, s’il est mal exploité, peut conduire des hommes à commettre les pires horreurs. Je les initie aussi à l’exégèse pour sortir d’une lecture fondamentaliste des textes.

    Finalement, toutes ces initiatives servent le même objectif : enseigner la religion en défendant les valeurs démocratiques de notre pays. L’éducation est le seul moyen d’aider nos élèves à se forger un esprit critique. La religion vise bien sûr le rapport à Dieu, mais il faut un minimum de culture pour cela.

    Ref. Liège, la religion s’enseigne avec « les valeurs démocratiques »

    Pour mémoire, le réseau de l’enseignement catholique accueille, bon an mal an,  la moitié de la population scolaire en Belgique. L’enseignement de la religion ou de la morale laïque est obligatoire dans tous les réseaux mais dans les écoles créées par les pouvoirs publics les élèves peuvent opter entre l’un des six cultes reconnus et  la morale laïque. Dans les écoles catholiques seule la religion du même nom est enseignée, ce qui n'empêche pas ces écoles d’accueillir bon nombre de musulmans. D’où l’intérêt de l’initiative prise à Liège par un professeur de ce réseau.

    JPSC

  • Allemagne : fronde de sept évêques contre l’accès à la communion sacramentelle du conjoint luthérien en cas de couple mixte luthéro-catholique

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    Le 22 février, la Conférence des évêques allemands avait annoncé avoir adopté « après d’intenses débats » un projet de texte sur la possibilité pour les couples luthéro-catholiques de communier ensemble à l’eucharistie.

    Estimant que ce projet viole « la foi catholique et l’unité de l’Église », sept évêques ont écrit à Rome.  Commentaire d' Anne-Bénédicte Hoffner dans le quotidien « La Croix » :

    "La possibilité pour les couples luthéro-catholiques de participer ensemble à l’eucharistie fait débat en Allemagne.

    Le 22 février, au terme de l’Assemblée plénière de printemps des évêques allemands et après « d’intenses débats », le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich, président de la Conférence épiscopale allemande et membre du C9 (le groupe de cardinaux chargés de conseiller le pape dans sa réforme de la curie) avait annoncé un texte qui faciliterait, dans certains cas, la communion pour le conjoint de confession protestante.

    Pour certains évêques allemands, une telle décision outrepasse les compétences de la conférence des évêques et relève de l’Église universelle, autrement dit de Rome. Sept d’entre eux viennent d’écrire au préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Luis Ladaria, et au cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens pour leur demander leur « aide » et « des éclaircissements », révèle le Kölner Stadt-Anzeiger, le quotidien de la ville de Cologne, dans son édition du 4 avril, qui a pu lire la missive.

    Majorité des deux tiers

    Selon l’article, le document pastoral annoncé en février – et adopté par une majorité des deux tiers des évêques – serait « illégal » car il « violerait de leur point de vue la foi catholique et l’unité de l’Église ».

    En plus du cardinal Rainer Woelki, archevêque de Cologne, cette lettre de « trois pages » datée du 22 mars, est signée également par l’archevêque de Bamberg, Mgr Ludwig Schick, et par les évêques d’Augsbourg, Eichstätt, Görlitz, Ratisbonne (Regensburg) et Passau. « L’opposition au cardinal Marx et à la majorité des évêques se concentre donc en Bavière », relève le quotidien allemand, en rappelant que cette région est aussi celle du cardinal Marx, archevêque de Munich et président de la conférence épiscopale bavaroise…

    Les sept signataires n’ont en outre pas « consulté préalablement » le président de la Conférence des évêques allemands (DBK). Le cardinal Woelki ne lui a écrit que le lendemain, le 23 mars, pour l’avertir de leur initiative.

    « Des changements toujours possibles »

    Le cardinal Marx leur répond dans une lettre datée du 4 avril, adressée à l’ensemble des évêques d’Allemagne, et publiée sur le site Internet de la conférence des évêques. Sur le fond, ce proche de François justifie cette décision – prise « à une écrasante majorité » rappelle-t-il – par l’encouragement du pape « à faire de nouveaux pas dans le domaine de l’œcuménisme et de la pastorale ».

    Concernant les doutes exprimés par les sept signataires, il rappelle que « la gravité du besoin spirituel » de chaque couple mixte sera vérifiée et que la décision ayant été prise en cohérence avec les « textes de référence » sur l’œcuménisme et avec le droit canonique, le lien « avec l’Église universelle » est assuré. « Il a été démontré à maintes reprises et clairement qu’un évêque diocésain (canon 844) et bien sûr une conférence nationale des évêques peuvent formuler des critères qui permettent la communion à des chrétiens qui ne sont pas en pleine communion avec l’Église catholique », écrit-il également.

    Il invite enfin les signataires à « informer » tous les évêques et non pas seulement lui puisque leur courrier « concerne toute l’Assemblée plénière ».

    « Le procédé est sans précédent dans l’histoire récente de l’Église » allemande, indique l’article, qui fait toutefois référence au conflit qui avait opposé à la fin des années 1990 la majorité des évêques allemands au pape Jean-Paul II sur l’accompagnement des femmes enceintes dans les Centres de consultation pré-avortement.

    « Pour des raisons de conscience », l’ancien archevêque de Cologne, le cardinal Joachim Meisner, s’était publiquement désolidarisé d’une décision prise en juin 1999 à la majorité des évêques allemands de rester dans le système consultatif du gouvernement.

    Ref. Fronde de sept évêques allemands contre le projet de communion pour les couples mixtes

    Des appels à Rome dans la constellation actuelle d’un pouvoir auquel le Cardinal Marx est étroitement associé ont-il quelque chance d’être entendus ?  

    JPSC

  • Pape François : une communication chaotique, selon le vaticaniste Sandro Magister

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    Sur son blog « Settimo Cielo », le vaticaniste Sandro Magister publie une réflexion très argumentée relative à la communication estimée chaotique du pape François sur des sujets sensibles concernant la foi et les mœurs. Le site « diakonos.be » en publie la traduction qu’on lira ci-dessous. Il en ressort une image du pontife qui, si elle s’avérait exacte, poserait un vrai problème ou -si elle ne l’est pas- appelle un démenti autorisé et circonstancié. Sandro Magister est spécialiste des questions religieuses au sein de l’un des principaux journaux de la péninsule : « l’Espresso ». Enseignant l'histoire religieuse contemporaine à l’université d’Urbino, Sandro Magister est considéré comme l’un des vaticanistes les plus anciens et les plus fiables. JPSC.

    « En théorie, tous les médias du Vatican devraient travailler main dans la main pour transmettre au grand public l’image fidèle du Pape.

    Mais en pratique, ce n’est pas le cas. La salle de presse du Vatican est prudemment restée à l’écart de l’instrumentalisation ratée d’une lettre privée de Benoît XVI.  Elle a laissé Mgr Dario Edoardo Viganò, le Préfet du Secrétariat pour la communication, se débattre seul dans la tempête et ce dernier n’a été sauvé du naufrage que grâce à la protection du pape qui ne tient décidément pas à se priver de son désastreux « spin doctor ».

    Le Pape, précisément. Parce que François lui-même fait souvent cavalier seul en matière de communication publique, sans prendre la peine de se concerter avec personne.  Et il s’y prend d’au moins trois manières :

    • En disant lui-même ce qu’il veut en public, sans passer par aucun contrôle ni aucune vérification préalable ;
    • En faisant en sorte que d’autres disent en public ce qu’il leur dit dans des entretiens privés ;
    • En recommandant d’écouter des personnes qui disent ce que lui-même ne dit ni en public ni en privé mais qu’il souhaite entendre dire.

    Ces derniers jours, François a eu recours à l’ensemble de ces trois modalités de communication. Avec des effets diversement perturbateurs.

    *

    La première de ces modalités, il l’a utilisée dans l’homélie de la messe du dimanche de Pâques. Il n’a lu aucun texte écrit, parlant à bâtons rompu en italien.  Et pour faire l’éloge des grandes « surprises » que Dieu fait, en particulier l’annonce de la résurrection, voici comment il s’est exprimé : « Pour le dire un peu avec le langage des jeunes : la surprise [de Dieu] est un coup bas  »  (en italique dans la retranscription officielle de l’homélie).

    Sauf que l’expression « coup bas » n’appartient pas au langage des jeunes mais à celui de la boxe. Il désigne un coup décoché sous le ceinture : interdit, répréhensible et qui peut valoir une disqualification.  Un coup vil, en traître.  Une bien mauvaise image pour illustrer l’annonce de la résurrection de Jésus au cours de l’homélie de Pâques place Saint-Pierre.  Il n’en reste pas moins que ce « coup bas » décrit par François a fait mouche dans les médias.  En Italie, il faisait même les titres d’un important journal télévisé du soir.

    *

    La seconde modalité est celle adoptée par François quand il a invité pour un entretien mardi dernier son ami Eugenio Scalfari, fondateur du quotidien « la Repubblica » et figure emblématique de l’intelligentsia laïque italienne.

    Au cours de cet entretien, à l’instar des autres qu’il a déjà eu avec le Pape, Scalfari n’enregistre pas et ne prend pas de notes. Mais il en retranscrit toujours le contenu dans « la Repubblica », avec çà et là quelques omissions et quelques ajouts aux paroles du pape « pour que le lecteur comprenne », comme il l’a lui-même expliqué dans une conférence de presse après la publication du premier compte-rendu.  Et cette fois, il a entre autre attribué à François l’affirmation suivante :

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  • Sainte Julienne de Cornillon, promotrice du culte eucharistique (5 avril)

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    sainte-julienne-du-mont-cornillon.jpgDe BENOÎT XVI, lors de l'AUDIENCE GÉNÉRALE du mercredi 17 novembre  2010 (source) :

    Sainte Julienne de Cornillon

    Chers frères et chères sœurs,

    Ce matin également, je voudrais vous présenter une figure féminine, peu connue, à laquelle l’Eglise doit toutefois une grande reconnaissance, non seulement en raison de sa sainteté de vie, mais également parce qu’à travers sa grande ferveur, elle a contribué à l’institution de l’une des solennités liturgiques les plus importantes de l’année, celle du Corpus Domini. Il s’agit de sainte Julienne de Cornillon, également connue sous le nom de sainte Julienne de Liège. Nous possédons quelques informations sur sa vie, en particulier à travers une biographie, probablement écrite par un ecclésiastique qui lui était contemporain, dans laquelle sont recueillis divers témoignages de personnes qui eurent une connaissance directe de la sainte.

    Julienne naquit entre 1191 et 1192 près de Liège, en Belgique. Il est important de souligner ce lieu, car à cette époque, le diocèse de Liège était, pour ainsi dire, un véritable «cénacle» eucharistique. Avant Julienne, d’éminents théologiens y avaient illustré la valeur suprême du sacrement de l’Eucharistie et, toujours à Liège, il existait des groupes féminins généreusement consacrés au culte eucharistique et à la communion fervente. Guidées par des prêtres exemplaires, elles vivaient ensemble, se consacrant à la prière et aux œuvres de charité.

    Devenue orpheline à l’âge de 5 ans, Julienne, avec sa sœur Agnès, fut confiée aux soins des sœurs augustiniennes du couvent-léproserie du Mont-Cornillon. Elle fut éduquée surtout par une religieuse prénommée Sapience, qui suivit sa maturation spirituelle, jusqu’à ce que Julienne elle-même reçoive l’habit religieux et devienne elle aussi moniale augustinienne. Elle acquit une culture considérable, au point de lire les œuvres des Pères de l’Eglise en latin, en particulier saint Augustin, et saint Bernard. Outre sa vive intelligence, Julienne faisait preuve, dès le début, d’une propension particulière pour la contemplation; elle possédait un sens profond de la présence du Christ, dont elle faisait l’expérience en vivant de façon particulièrement intense le sacrement de l’Eucharistie et s’arrêtant souvent pour méditer sur les paroles de Jésus: «Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde» (Mt 28, 20).

    A l’âge de seize ans, elle eut une première vision, qui se répéta ensuite plusieurs fois dans ses adorations eucharistiques. La vision présentait la lune dans toute sa splendeur, dont le diamètre était traversé par une bande noire. Le Seigneur lui fit comprendre la signification de ce qui lui était apparu. La lune symbolisait la vie de l’Eglise sur terre, la ligne opaque représentait en revanche l’absence d’une fête liturgique, pour l’institution de laquelle il était demandé à Julienne de se prodiguer de façon efficace: c’est-à-dire une fête dans laquelle les croyants pouvaient adorer l’Eucharistie pour faire croître leur foi, avancer dans la pratique des vertus et réparer les offenses au Très Saint Sacrement.

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  • « Sont-ils voués à disparaître ? » - Marche pour la Vie - Bruxelles, dimanche 22 avril

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    La Marche Pour la Vie à Bruxelles revient pour une 9ème édition. Le 22 avril, les marcheurs défileront en silence, pour tous ceux qui ne peuvent plus s'exprimer. Leur thème : « Sont-ils voués à disparaître ? ». Ce "ils" regroupant les enfants dépistés handicapés, les personnes âgées, les isolés, les personnes souffrantes, tous ceux qui sont fragiles et auxquels notre société ne propose que la mort comme solution. Nous relayons ci-dessous le communiqué de presse de La Marche pour la Vie Bruxelles :

    Marche pour la Vie 2018

    Communiqué de presse 

    Chaque année, de milliers de personnes marchent dans le monde entier pour défendre les valeurs de la vie et sa protection depuis la conception de l’être humain jusqu’à sa mort naturelle. En Belgique, la Marche pour la Vie a lieu depuis maintenant 9 ans. Elle rassemble de plus en plus de personnes et de familles. Son objectif est de défendre publiquement le droit à la vie de toutes les victimes d’innombrables avortements, de l’euthanasie, et de toutes les pratiques qui portent atteinte ou marchandent la vie humaine (GPA, recherche sur et destruction d’embryons, ...). C’est aussi de soutenir les personnes et associations qui œuvrent pour la protection de la vie, qui proposent des alternatives à l’avortement, assistent les mères en détresse, et entourent les personnes en fin de vie.

    Le rassemblement a lieu le dimanche 22 avril 2018 à 15h, au Mont des Arts à Bruxelles, pour arriver au pied du Palais de Justice. La Marche se déroule en silence, en hommage à toutes les victimes des atteintes à la vie. Tous sont les bienvenus, des bébés en poussette aux personnes âgées ou à mobilité réduite, car le parcours est facile et court. A cette occasion, des intervenants prennent également la parole sur la protection de la vie et de la dignité humaine.

    « Sont-ils voués à disparaître ? » 

    Telle est la question que la Marche pour la Vie pose à tous les Belges cette année. Qui sont-« ils » ? Ils sont des enfants à naître atteints d’un handicap « dépisté » gratuitement pour pouvoir « prévenir » leur naissance, c’est-à-dire mettre fin à leur vie. Ils sont des personnes âgées souffrant de la solitude, abandonnées par leur famille, qui demandent l’euthanasie parce qu’elles se sentent un poids pour leurs proches ou inutiles à la société. Ils sont des personnes fatiguées de vivre parce que personne n’est là pour leur dire que leur vie a un sens propre. Ils sont des enfants atteints de grandes souffrances, à qui on propose la mort comme solution, au lieu de soins palliatifs respectueux de leur vie. Ils sont bien plus que des phoques ou des pandas en voie de disparition. Pourtant, on leur fait comprendre qu’ils n’ont plus leur place dans notre société. Ils sont fragiles, et on les enfonce dans leur fragilité, jusqu’à la mort. 

    Face à cette politique de tri sélectif des êtres humains en fonction de critères matérialistes, la Marche pour la Vie proclame haut et fort le caractère inviolable de la vie de chaque personne. Parce que chaque personne détient, de par son humanité, une dignité intrinsèque qui ne dépend ni de sa santé mentale ou physique, ni du degré d’amour des personnes qui l’entourent, ni de son niveau de vie, ni de ce qu’elle va coûter, en attention, en amour ou en argent, à la société. Nous sommes tous également dignes de vivre parce que nous partageons tous la même dignité humaine. Et aucun régime politique ne pourra éradiquer ce lien vital de solidarité entre les êtres humains. 

    Nous voulons le respect de la vie de chacun, qu’il ait une semaine ou 97 ans, qu’il soit malade ou bien portant, qu’il soit seul ou entouré, qu’il soit pauvre ou riche. Nous voulons une société où l’on soigne les malades jusqu’au bout et où l’on aime nos anciens qui ont tant à nous transmettre jusqu’à leur mort naturelle. Nous voulons qu’en Belgique, les femmes faisant face à une grossesse inattendue reçoivent tout le soutien nécessaire pour porter sereinement leur enfant au monde. Que l’on réponde aux pressions qui s’exercent sur elles et que la souffrance de l’avortement soit entendue et reconnue. Nous voulons que chaque personne puisse vivre, parce qu’absolument chaque personne a sa place dans notre société.  

    Pour que toutes ces personnes ne disparaissent pas, nous marcherons le 22 avril 2018. 

    Nous marcherons pour la Vie ce 22 avril, tout spécialement :

    • Pour que les femmes enceintes puissent être honnêtement orientées vers des alternatives à l’avortement lors de leur première visite médicale,
    • Pour que les enfants trisomiques en particulier et les enfants handicapés soient mieux intégrés dans la société grâce à un budget plus important alloué à leur famille, 
    • Pour que la Commission nationale d’évaluation relative à l’interruption relative de grossesse soit remise en place et délivre des données fidèles à la réalité tragique de l'avortement en Belgique,
    • Pour la protection des professions médicales dont la mission est de soigner et non de tuer par le biais de l’euthanasie et l’avortement,
    • Pour un réel effort de société et un investissement plus large dans les soins palliatifs afin que chacun puisse être accompagné jusqu'au bout et que personne ne doive plus se tourner vers l’euthanasie en raison d’une détresse morale ou physique, 
    • Finalement, pour que si une école aborde l’éducation sexuelle, celle-ci éduque les jeunes à la responsabilité et soit délivrée dans le respect profond de la vie qui peut résulter d’une relation sexuelle.

    La Marche pour la Vie Bruxelles

  • Le Vatican, vérités et légendes

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    Vient de paraitre : Christophe Dickès, Le Vatican, vérités et légendes, Perrin, 270 pages, 13 €. Vu sur le blog « Salon Beige » :

    JPSC

  • Aveuglements

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    Lu sur le site du mensuel « La Nef » :

    Aveuglements 9782204110983-5a868999f0d73.jpgJean-François Colosimo, directeur des Éditions du Cerf, essayiste, a consacré l’ensemble de ses recherches aux métamorphoses contemporaines de Dieu.

    La Nef – Dans un panorama grandiose, votre livre apparaît comme l’une des charges les plus virulentes contre la modernité fille des Lumières : alors que ces Lumières semblent un acquis unanimement loué, que leur reprochez-vous principalement ?
    Jean-François Colosimo – En proclamant la mort de Dieu, les Lumières donnent libre cours au culte de l’humanité autonome, prométhéenne, libre de tout, y compris d’elle-même. La glorification du progrès de demain passe par la liquidation de l’obscurantisme d’hier. À commencer par le fait religieux que les Encyclopédistes transforment en une illusion et une pathologie contraires à l’avènement de la Raison. Ils en dressent une légende noire et lui attribuent le monopole de la violence. Or, la modernité, en divinisant le fait politique, va fabriquer des religions séculières purement mortifères. Voyez Robespierre et la Terreur, Lénine et le Goulag, Hitler et la Shoah : avec la descente apocalyptique du ciel sur la terre, l’homme nouveau et régénéré s’édifie sur l’élimination massive des « dégénérés ». Les totalitarismes sont d’abord des systèmes de croyance absolutisée détournant crédos, icônes et rites pour rasseoir le sacrifice sanglant.

    Dieu n’est donc pas mort, la sortie de la religion est une illusion, dites-vous : mais si cela saute aux yeux dans les pays musulmans où l’islam est bien vivant et même parfois très véhément, qu’est-ce qui vous permet d’affirmer cela pour l’Occident totalement sécularisé ?
    Le réveil du monde musulman nous aveugle pareillement. L’islamisme représente cet « islam des Lumières » moderne et réformé que certains appellent de leurs vœux. En ce sens, les djihadistes sont aussi les enfants des sans-culottes et des bolcheviks. Quant à l’Occident, c’est une fiction. L’Amérique se distingue foncièrement de l’Europe par sa religion civile et impériale : Dieu figure sur le dollar, le président jure sur la Bible, le Capitole est un temple et Thanksgiving un offertoire populaire. Résultat : la mobilisation de la jeunesse au service de guerres lointaines et idéalisées bat son plein. La même Europe qui se veut sécularisée se rêve sans ennemi. Dépourvue d’armée ou de diplomatie comme elle l’est de tout projet symbolique, c’est en fait elle, et non pas le christianisme, qui sort de l’histoire.

    En quoi le concept de « théologie politique » cher à Carl Schmitt est-il un athéisme ?
    Schmitt invente cette notion dans l’entre-deux-guerres pour expliquer pourquoi toutes les idées politiques modernes sont des concepts théologiques laïcisés. Ce qui n’est pas faux. Mais il endosse et naturalise cette mutation au point de se rallier au nazisme tout en se proclamant catholique. Sur un mode allemand, il professe « l’Église de l’ordre » contre la « révolution de l’Évangile ». Il revivifie philosophiquement les hérésies anciennes dans lesquelles il se reconnaît : comme les ariens, il préfère le monothéisme à la Trinité ; comme les manichéens, il suppose une certaine égalité entre le Bien et le Mal ; comme les marcionites, il élude Yahvé et méprise le Juif. Schmitt destitue la théologie de l’histoire, qui repose sur le mystère de la liberté, pour maximaliser la sacralité de la force qui n’est jamais que l’impiété poussée au maximum.

    Parmi les « aveuglements » que vous dénoncez, comment analysez-vous la question du « choc des civilisations », est-ce un mythe ou une réalité ? Et idem pour la mondialisation, quel clivage fondamental révèle-t-elle ?
    Telle qu’exposée par Samuel Huntington, la théorie du choc des civilisations est moins erronée dans l’intuition que fautive dans les développements. Les grands ensembles supposés l’animer ne sont en rien consistants : le « bloc islamique » est traversé par la guerre civile à laquelle se livrent sunnites et chiites tandis que la Grèce, la Roumanie et la Bulgarie se sont dissociées du « bloc slavo-orthodoxe » pour s’associer à l’OTAN contre Moscou. Ce qui veut dire que le choc des civilisations n’empêche pas l’implosion des cultures.
    Quant à la mondialisation, elle est à la fois centripète et centrifuge. Au centre, elle suscite un consommateur unique et identique. À la périphérie, elle provoque un éclatement paroxystique des identités. Plus elle unifie, plus elle nucléarise. Ce n’est pas l’un ou l’autre, mais les deux mouvements en même temps et pour longtemps. C’est aussi pourquoi le « christianisme culturel », en tant que réflexe identitaire et identité reconstruite, ne saurait être confondu avec le sursaut attendu de la foi et dont la France a besoin.

    Propos recueillis par Christophe Geffroy

    Jean-François Colosimo, Aveuglements. Religions, guerres, civilisations, Cerf, 2018, 544 pages, 23 €.

    Cette interview a été publiée dans le n° 302, avril 2018 du magazine.

    Ref. Aveuglements

    Jean-François Colosimo, est un historien, essayiste, théologien, éditeur et enseignant français, auteur de plusieurs livres et films. Il est directeur général des éditions du Cerf, après avoir été président du Centre national du livre de 2010 à 2013. Chrétien orthodoxe, il enseigne depuis 1990 l'histoire de la philosophie et de la théologie byzantine à l’Institut Saint-Serge (Paris).

    JPSC