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  • Rideau sur la farce des élections 2019 en RDC

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    Nonobstant les efforts méritoires de son épiscopat, le Congo a raté une belle occasion de sortir des ornières où il est embourbé depuis son accession immature à l’indépendance. De Christophe Rigaud, journaliste, directeur du site Afrikarabia consacré à l'actualité en République démocratique du Congo (RDC) et en Afrique centrale (extraits) :

    Félix D6EE87E2-09D9-4B49-A140-C0FD894036B8_cx15_cy10_cw66_w1023_r1_s.jpg« Malgré la contestation et les soupçons de fraude qui pèsent sur l’élection présidentielle congolaise, la Cour constitutionnelle a officiellement proclamé dimanche Félix Tshisekedi président de la République démocratique du Congo (RDC). Sans surprise, la Cour a rejeté tous les recours déposés par Martin Fayulu, qui revendique toujours sa victoire. Des recours que le juge Noël Kilomba estime « irrecevables » ou « infondés », mais surtout « sans preuves ». Pourtant, les résultats fournis par les observateurs de la Conférence épiscopale (CENCO) et par les fuites de données de la Commission électorales elle-même, confirment la fraude et l’inversion des résultats – voir notre article. Selon ces données, Martin Fayulu serait bien arrivé en tête de la présidentielle (environ 60%), loin devant le candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary, et Félix Tshisekedi […].

    « Le verdict de la Cour constitutionnelle vient renforcer l’idée d’une décision pilotée par le pouvoir encore en place à Kinshasa, qui a négocié les élections avec l’opposant Félix Tshisekedi et qui cherchait par tous les moyens à imposer son plan de partage du pouvoir. Car très étrangement, si Félix Tshisekedi est censé avoir remporté la présidentielle, son parti (UDPS) et celui de l’UNC, son allié, n’ont recueilli la majorité ni à l’Assemblée nationale, ni dans les assemblées provinciales… ni au Sénat ! Des résultats qui mettent la RDC devant une situation inédite de cohabitation, qui arrange les affaires de la coalition pro-Kabila qui, certes laisse la présidence entre les mains d’un opposant, mais garde les pleins pouvoir sur l’ensemble de la machine institutionnelle et étatique […].

    Après le rejet de son recours par la Cour constitutionnelle, Martin Fayulu s’est déclaré « seul président légitime » et a demandé à la communauté internationale de ne pas reconnaître Félix Tshisekedi comme président de la République démocratique du Congo. Ironie du sort, en 2011, c’est Etienne Tshisekedi, le père de Félix, qui tenait ce même discours lors de la réélection contestée de Joseph Kabila. Aujourd’hui, c’est son fils, Félix qui est au coeur de la contestation, avec en ligne de mire une Cour constitutionnelle, accusée par Martin Fayulu d’avoir validé un « putsch électoral » et d’être « au service d’un seul individu, Joseph Kabila ».

    « Il faut dire que la Cour constitutionnelle est, en effet, fortement politisée. Sur neuf membres, six ont été nommés par la majorité pro-Kabila (présidence et parlement confondus), et quatre sont affiliés au Front commun pour le Congo (FCC), la plateforme présidentielle. Deux juges ont été remplacés cet été, juste avant les élections, et sont considérés comme des proches du chef de l’Etat.

     « La décision de la Cour constitutionnelle a pris de vitesse l’Union africaine (UA), qui demandait, avec l’Union européenne et les occidentaux, à la Commission électorale (CENI) de procéder à un recomptage des voix. Dans une posture qu’on lui connaissait peu, l’Union africaine s’était positionnée très fermement, en exigeant la suspension de l’annonce des résultats définitifs en raison de sérieux doutes sur la crédibilité des chiffres avancés par la CENI. Mais Kinshasa a décidé de forcer le passage, et de prendre de court les pays africains en déclarant Félix Tshisekedi « seul président légitime » du pays.

    La Cour constitutionnelle coupe également l’herbe sous le pied à la délégation de l’UA qui devait débarquer à Kinshasa ce lundi pour tenter de régler le contentieux électoral. Avec le verdict « irrévocable » de la Cour ce dimanche, il ne restait plus grand chose à négocier avec le nouveau et l’ancien président congolais, ce qui a poussé l’UA a annuler sa visite. Les pro-Kabila ont d’ailleurs fait remarquer qu’ils n’avaient pas leçons de démocratie à recevoir de présidents comme Paul Kagame ou Denis Sassou Nguesso, censés réclamer la « vérité des urnes ». En faisant reculer l’Union africaine, le nouveau tandem Kabila et Tshisekedi vient de remporter sa première victoire diplomatique.

    Le leader de la coalition Lamuka, Martin Fayulu, a appelé les Congolais à organiser «des manifestations pacifiques sur toute l’étendue du territoire » pour protester contre la décision de la Cour constitutionnelle. Reste à savoir si les Congolais répondront à cet appel »…

    Ref. RDC : Tshisekedi passe en force

    Réponse : ayant obtenu une satisfaction apparente sur le principe de l’alternance et de l’accession à la présidence d’un ancien opposant au fils du Mzee Laurent Kabila, la population congolaise ne se mobilisera pas davantage : elle était  plus motivée par la désignation d’un nouveau mokondji que par le combat pour une dame de Mpoto appelée Démocratie. Pour le reste, lobi est un autre jour.   

    JPSC

  • Maxime Prevot à la tête du cdH ? Pas vraiment réjouissant...

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    Maxime Prévot était, jeudi dernier, l'invité de François de Brigode et de Nathalie Maileux lors de l'émission "Jeudi en prime". Il s'agissait notamment de l'ausculter sur son intention de succéder à Benoît Lutgen à la tête du cdH. On n'a pas appris grand chose : le politicien est habile, un tantinet démagogue, mais ne se démarque pas franchement des discours habituels des "centristes". Par contre, ce qui nous inquiète, ce sont ses positions sur les questions éthiques. Lorsque François de Brigode lui a demandé quelle serait sa position à l'égard d'une dépénalisation totale de l'avortement, le candidat à la présidence a répondu qu'il était franchement "progressiste" sur ces questions de société. On sait ce que cela veut dire. La candidature de Catherine Fonck, plus attentive aux enjeux éthiques, nous aurait plu davantage mais elle a fait savoir qu'elle y renonçait. Dommage. On nous dira de toute façon que c'est sans importance et que le sort de ce particule qui n'arrête pas de se déliter est d'être voué à une disparition inéluctable... Son sort n'est-il pas scellé depuis qu'il a choisi de renoncer à son ADN chrétien et d'opter pour un humanisme sans réelle consistance ?

  • Congo : avec un président potiche, Kabila continuera à contrôler les postes clefs

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    De Renaud Girard sur le Figaro via Magistro.fr :

    Faux départ au Congo

    Faux départ pour la démocratie en RDC (Congo)

    CHRONIQUE - L'élection présidentielle qui a vu l'opposant Félix Tshisekedi être proclamé vainqueur masque en réalité la fraude électorale du siècle.

    Dans une quasi-indifférence de l'Occident, une immense tricherie électorale est en train d'être commise dans le plus grand pays francophone d'Afrique, la République démocratique du Congo (RDC, ancien Zaïre, 80 millions d'habitants, quatre fois la superficie de la France).

    Quand le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 18 ans, avait annoncé il y a cinq mois qu'il allait enfin organiser (avec deux ans de retard) des élections présidentielles où, conformément à la Constitution, il ne se représenterait pas, les diplomaties occidentales ont cru un moment qu'elles avaient marqué un point. Elles pensaient tenir un espoir concret de voir un minimum d'État de droit remplacer le régime paresseux, corrompu et prédateur mis en place par Kabila et sa parentèle. Elles comptaient assister enfin au décollage économique de ce pays exceptionnellement doté par la nature (eau en abondance, terres fertiles, ressources hydroélectriques gigantesques), que cinq décennies de mauvaise gouvernance avaient maintenu dans la misère. Constatant la progression de l'économie de la Zambie et du Rwanda voisin, elles espéraient que la RDC finirait par suivre leurs exemples.

    Tous ces espoirs sont en train de s'effondrer avec la mise en œuvre de la fraude électorale du siècle. Homme politique taiseux, détestant autant les débats publics que l'étude des dossiers, Kabila reste, à 47 ans, un redoutable tacticien. Ayant observé tant de chefs d'État s'étant accrochés au pouvoir, Kabila s'est dit qu'il n'y avait aucune raison pour qu'il ne fasse pas pareil. Mais il a eu l'intelligence de celer ses intentions et d'atermoyer face aux milieux internationaux l'invitant à introduire l'alternance en RDC. Il a élaboré un plan en trois phases.

    La première a consisté à écarter, sous des prétextes judiciaires, les personnalités politiques les plus dangereuses, car les plus charismatiques. Ainsi l'entrepreneur Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga et très populaire président du meilleur club de football de RDC, exilé en 2016, a été physiquement empêché de revenir dans son pays pour remplir un dossier de candidature auprès de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante, qui n'a d'indépendant que le nom). Ainsi l'ancien challenger de Kabila à la présidentielle de 2006, Jean-Pierre Bemba, homme fort de la région de l'Équateur, sénateur en 2007, n'a pas eu le droit de se présenter, sous prétexte d'une condamnation judiciaire pour subornation de témoin.

    La deuxième phase de la manœuvre de Kabila a été de pousser la candidature à la présidentielle de son ancien ministre de l'Intérieur Emmanuel Shadary, avec l'idée de reproduire le célèbre exemple Medvedev-Poutine. Mais conscient de l'impopularité extrême de son poulain, Kabila avait mis un second fer au feu. Il avait secrètement pris langue avec un candidat d'opposition qui présentait deux avantages : porter un nom crédible et être facilement manipulable. Ce joker du régime s'appelle Félix Tshisekedi, le fils du célèbre Étienne Tshisekedi (1932-2017), ancien premier ministre du Zaïre, avant de devenir un strict opposant à Kabila.

    La troisième phase consista à laisser le scrutin se tenir normalement, le 30 décembre 2018, dans la majorité des bureaux de vote du pays. Félicitations des chancelleries occidentales.

    Mais, très inquiète quant à l'avenir du pays, l'Église catholique y avait déployé 40.000 "témoins" (assesseurs), pour avoir son propre comptage, afin de dissuader les fraudeurs du régime. Selon elle, le candidat de l'opposition unie, Martin Fayulu, était largement en tête partout, à l'exception de la province du Kasaï (ouest), où, pour des raisons ethniques, Tshisekedi reste très populaire. Ancien cadre du groupe pétrolier américain ExxonMobil (il finira directeur général pour l'Ethiopie), Fayulu est élu député d'opposition en 2011, avant de devenir le coordonnateur des Forces acquises au changement. Pour que la bonne nouvelle ne se répande pas, le régime coupe Internet et l'antenne de RFI.

    Vint alors la quatrième phase : changer les résultats réels, en descendant Fayulu de 60 à 35 %, et en élevant Tshisekedi de 20 % à 38 %, pour le proclamer président élu (en RDC, la présidentielle se fait à un seul tour). Un scrutin législatif se tenait en même temps. Là, le régime n'a même pas pris la peine de dépouiller toutes les urnes, avant de proclamer élue une majorité parlementaire favorable à Kabila, une "tricherie massive" nous a confié un évêque congolais. Le tour est joué : avec un président potiche, et un premier ministre à sa main, Kabila continuera à contrôler les postes clefs. La répression des manifestations de colère a déjà fait vingt morts. Les Congolais se terrent chez eux, sans pouvoir communiquer, faute d'Internet.

    Beaucoup d'Européens ne se sentent pas concernés par la mauvaise gouvernance en Afrique. Ils ont tort. Car c'est elle qui est la première responsable des migrations sauvages.

    Paru dans Le Figaro, 15 janvier 2019

  • L'avortement, matrice des libertés dénaturées

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    De Grégor Puppinck sur le site de Valeurs Actuelles :

    L’avortement : matrice des “libertés dénaturées”

    À l’occasion de la Marche pour la vie du 20 janvier 2019, Grégor Puppinck revient sur l’évolution de la compréhension du droit à la vie. Il est docteur en droit et directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ). Il a récemment publié Les droits de l'homme dénaturé (Le Cerf, 2018) et Droit et prévention de l’avortement en Europe (LEH, 2016).

    Durant la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la détermination du commencement du droit à la vie fut vivement débattue. À l’ONU, la Commission sur le statut des femmes, présidée par Mme Begtrup, recommanda de prévoir des exceptions au respect du droit à la vie afin de permettre la « prévention de la naissance d’enfants mentalement handicapés » et d’enfants « nés de parents souffrant de maladie mentale ». Le représentant du Chili fit remarquer la similitude de ces propositions avec la législation nazie. Charles Malik, libanais orthodoxe, proposa de garantir, à l’inverse, « le droit à la vie et à l’intégrité physique de toute personne dès le moment de la conception, quel que soit son état de santé physique ou mentale ». Ici encore, les deux conceptions de l’homme et de la dignité se faisaient front. Objectant que plusieurs pays autorisent l’avortement lorsque la vie de la mère est en danger, le représentant de la Chine, soutenu par l’Union Soviétique et le Royaume-Uni, s’opposa à la protection explicite de la vie humaine dès la conception. Finalement, le texte resta volontairement silencieux sur ce point.

    Cette question n’a cessé depuis d’être vivement débattue, les promoteurs du contrôle des naissances essayant inlassablement d’imposer un droit universel à l’avortement.

    Au Conseil de l’Europe, en 1979, il s’est encore trouvé une majorité de députés à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe pour défendre «Les droits de chaque enfant à la vie dès le moment de sa conception » et pour souligner quelques années plus tard « que dès la fécondation de l’ovule, la vie humaine se développe de manière continue ».

    En restant silencieuse sur le statut de l’homme avant sa naissance, la Cour évite de se prononcer sur son droit à la vie et laisse à chaque État le choix de permettre ou non l’avortement.

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