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François : "Il y a toute l'Europe pour distribuer les migrants"

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De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro.fr :

Au Maroc, le pape François soutient les migrants africains en marche vers l'Europe

Au Maroc, le pape François soutient les migrants africains en marche vers l'Europe

Le souverain pontife appelle mettre en œuvre «avec rapidité» les engagements du pacte de Marrakech notamment par «l'élargissement de canaux migratoires réguliers».

De notre envoyé spécial au Maroc

La première journée du voyage du pape au Maroc aura été marquée par l'appel surprise commun lancé, avec le roi Mohammed VI, pour protéger le «caractère spécifique multireligieux» de Jérusalem, la «ville Sainte». Mais encore plus par un discours presque sans précédent de François, directement adressé «aux migrants», où il a une nouvelle fois tempêté contre «l'indifférence et le silence» car «personne ne peut être indifférent devant cette souffrance». Il ne faut pas «se laisser conditionner par les peurs et par l'ignorance», a-t-il recommandé, et devenir de «vrais compagnons de voyage» des migrants.

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Ils sont nombreux, Africains, en transit au Maroc pour l'Europe. Il leur a parlé, samedi soir, dans un centre de la Caritas (nom international du Secours catholique) à Rabat. Un discours non retransmis par les canaux officiels du pays, alors même qu'il devait l'être, en forme d'encouragement à une «immigration sûre, ordonnée et régulière», dans l'esprit du «pacte de Marrakech» de l'Onu, signé le 10 décembre dernier au Maroc. Cette initiative a toujours été appuyée par le Vatican: le cardinal Pietro Parolin, premier ministre du Saint-Siège, était venu en personne signer ce texte au nom du Pape.

«Considérer les migrants comme des personnes»

Cette intervention de François n'était du reste pas prévue sous cette forme dans le premier programme initial du voyage. Elle a été renforcée tant ce sujet est capital pour lui. «Vous savez combien j'ai à cœur le sort, souvent terrible, de ces personnes, qui, en grande partie, ne laisseraient pas leurs pays s'ils n'y étaient pas contraints», avait-il confié, deux heures plus tôt, au roi du Maroc. Il avait alors appelé «à passer des engagements pris» à des «actions concrètes» pour considérer les «migrants comme des personnes et non comme des numéros». Il avait alors critiqué le repli occidental sur ce thème: «Ce phénomène ne trouvera jamais de solutions dans la construction de barrières» ou «dans la diffusion de la peur de l'autre».

Dans la simple salle blanche de ce centre, et devant 60 réfugiés, essentiellement de l'Afrique subsaharienne, dont des petits enfants vêtus en rouge qui ont interprété une danse, François a assuré: «Vous n'êtes pas des marginaux, vous êtes au centre du cœur de l'Église.» Car «pour le chrétien» un «migrant» est «le Christ lui-même qui frappe à nos portes». Il a donc chaleureusement félicité les responsables du centre pour leur action dont une jeune française, Fanny Curet, responsable du département migration de Caritas Rabat.

«Accueillir»

Commentant le pacte de Marrakech, François a donc estimé qu'il était un «pas en avant» notamment pour «prendre conscience» que ces réfugiés ne sont «pas seulement des migrants, comme si leurs vies étaient une réalité étrangère ou marginale qui n'aurait rien à voir avec le reste de la société». Il faut donc «se laisser remuer et toucher par celui qui frappe à la porte». Sans quoi, la société perd sa capacité de compassion» et devient une «société sans cœur… une mère stérile».

Le Pape a alors repris ses «quatre verbe» favoris pour expliciter sa position sur l'immigration. «Accueillir» en premier lieu. Ce qui «signifie offrir avant tout aux migrants et aux réfugiés de plus grandes possibilités d'entrée sûre et légale dans les pays de destination». Il a alors proposé «un élargissement des canaux migratoires réguliers» pour contrer «les marchands de chairs humaines qui spéculent sur les migrants».

«Protéger»

Mais il a aussi fortement attaqué «les formes d'expulsion collective» qui ne «doivent pas être acceptées». Sans la désigner publiquement, le souverain pontife faisait notamment référence au blocage actuel de ce que l'on appelle «la route marocaine» en raison de la politique européenne d'externalisation des frontières qui interdit tout passage, notamment par les enclaves espagnoles au Maroc de Ceuta et Melilla, désormais protégées par des murs infranchissables.

Deux cents candidats par jour sont repoussés en moyenne. Ce sont donc par bus entiers que les migrants sont reconduits sans ménagements, du nord au sud du Maroc, où ils demeurent toutefois dans des conditions humanitaires déplorables quand ils ne se cachent pas dans les forêts du nord, près de Tanger. Cette situation provoque aussi de nouvelles prises de risques par les migrants: les victimes ont été multipliées par deux. D'où la demande explicite du pape pour «encourager» des «régularisations extraordinaires» notamment pour les «familles et les mineurs». «Protéger» a été le second verbe utilisé par le pape, en particulier pour cette «route marocaine» réputée très violente.

«Promouvoir»

«Promouvoir» les migrants fut son troisième axe de réflexion car «personne n'est un déchet humain». Et que «les sociétés d'accueil seront enrichies si elles savent valoriser au mieux la contribution des migrants en prévenant tout type de discrimination et tout sentiment xénophobe». Ce qui aurait le mérite de créer «une forme positive de responsabilisation des migrants» notamment par «l'apprentissage de la langue locale», a-t-il souligné.

Promouvoir a-t-il ajouté - avec une insistance nouvelle sur ce point - suppose aussi que «la promotion humaine des migrants et de leurs familles commence aussi par les communautés d'origine, là où doit être garanti, avec le droit d'émigrer, celui de ne pas être contraints à émigrer, c'est-à-dire le droit de trouver dans sa patrie des conditions qui permettent une vie digne».

«Intégrer»

Dernier cap: «Intégrer». L'idée de François est de «construire une société interculturelle et ouverte» avec «des villes accueillantes, plurielles et attentives aux processus interculturels, des villes capables de valoriser la richesse des différences dans la rencontre de l'autre».

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Pas question donc pour François dans ce discours central du voyage - et récurent de son pontificat - de considérer l'Europe comme un bastion chrétien à défendre. Au Maroc, pays symbolique de la frontière entre l'Afrique et le Vieux Continent, il voit une porte ouverte vers une société multiculturelle et non des murs de protection. Plusieurs, dans son entourage estiment que ce message est l'objet central de ce voyage. De fait, le Pape avait regretté ne pas avoir pu venir lui-même signer le pacte de Marrakech, en décembre 2018.

«Il y a toute l'Europe pour distribuer les migrants»

Dans l'avion qui le ramenait du Maroc à Rome, dimanche soir, le pape est revenu, devant la presse, sur le thème de l'immigration: «Ceux qui construisent les murs finiront prisonniers des murs qu'ils construisent. J'ai pleuré en voyant des barbelés avec des lames qui sont utilisés pour les murs. J'ai pleuré parce que tant de cruauté ne rentre pas dans ma tête et dans mon cœur, et encore moins de voir des gens se noyer dans la Méditerranée. Il est vrai que beaucoup de gens de bonne volonté, pas seulement catholiques, sont un peu stressés par la peur. Cela vient des habituels prêches des populistes. On sème la peur. Mais la peur est le début des dictatures. L'Europe s'est faite d'immigrations et c'est sa richesse. Les personnes qui émigrent en raison de la guerre, ou à cause de la faim, n'auraient pas cette nécessité, si l'Europe, tellement généreuse, ne vendait pas des armes au Yemen pour tuer des enfants! L'Europe doit chercher intelligemment à aider par l'éducation et par les investissements économiques. Empêcher donc l'immigration, non par la force mais par la générosité. Il est vrai qu'un pays ne peut pas recevoir tout le monde. Mais il y a toute l'Europe pour distribuer les migrants».

Commentaires

  • Le pape est en opposition frontale avec le cardinal Sarah: "Le soir approche et déjà le jour baisse" qui est un migrant de première génération africain et sait de quoi il parle !

  • Mgr Sarah aime l'Europe, le Pape François non !
    Dès le début du Pontificat, on remarquait qu' il voulait transgresser les règles habituelles.
    Un concert avait été organisé au Vatican pour lui faire bon accueil, sa place était bien réservée …Et bien, il ne vint pas !
    Je me rappelle de cet affront, "siège vide". Mais bon, il fallait une période pour s'habituer à nos convenances et à notre bienveillance à son égard.
    Qui suis-je pour juger ?

  • Vous dites:
    " Mgr Sarah aime l'Europe, le Pape François non "

    Et vous terminez par " Qui suis-je pour juger ?: "

    Pas très logique il me semble !

  • Il y a quand même un point de convergence entre le pape et le cardinal Sarah: il n'y aurait pas toute cette immigration si on faisait quelque chose pour le développement durable des pays africains. En outre la catastrophe démographique de l'Europe est aussi une donnée essentielle du problème

  • Quant à la catastrophe du malthusianisme européen, qui peut la nier ?
    Quant à l'aide aux pays devenus indépendants depuis la fin de la 2e guerre.
    Elle a été abondante, et même parfois généreuse. Mais tout a été capté par la grande majorité des "élites" locales.

  • Permettez-moi au pape François de lui proposer de joindre ses paroles à des actes. A la place de condamner les pays d'Europe, ne ferait-il pas bien de montrer l'exemple en accueillant un maximum de migrants entres les murs de son Vatican? Facile de culpabiliser les autres quand soi-même on se garde bien d'appliquer les conseils que l'on donne!

  • Il y a tout le golfe persique, avec ses pétromonarchies (le Koweït, l'Arabie saoudite, Bahreïn, le Qatar, Oman, les Émirats arabes unis), pour distribuer les migrants !

  • Oui, Père Simon, le développement durable des pays africains. ..........vous faites bien de le rappeller . Souvenons nous des campagnes de 11.11.11.

  • Comme le rappelait Mgr Athanase Schneider, en réaction à la déclaration du pape François, à Abu Dhabi le 8 février 2019 :

    « La tâche la plus urgente de l’Église en notre temps est de se soucier du changement climatique spirituel et de la migration spirituelle, à savoir de ce que le climat de non-croyance en Jésus-Christ, le climat du rejet de la royauté du Christ, puissent être changés en climat de foi explicite en Jésus-Christ, en climat d’acceptation de sa royauté, et que les hommes puissent migrer depuis la misère de l’esclavage spirituel de l’incroyance vers le bonheur d’être fils de Dieu, et depuis une vie de péché vers l’état de grâce sanctifiante. Voilà les migrants dont il est urgent que nous prenions soin. »

  • L'investissement, la confiance envers le dirigeant actuel de notre Eglise ne rapportent pas ce à quoi nous nous attendions, on dirait...
    Justement, faire croître la Foi, l' Espérance et la Charité auprès des baptisés et donner l'envie à la jeunesse de s'investir dans de beaux projets de vie, comme ce fut le cas par le passé en Europe, et ensuite ailleurs avec les missionnaires, et bien, c'est devenu difficile puisque le but enseigné actuellement est d'accueillir les migrants pour qu'ils travaillent à notre place … soient couverts par nos cotisations sociales, le but serait économique, on l'a déjà dit. Mais pas que ...
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