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Le regard du cardinal Sarah sur l'incendie de Notre-Dame

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Du site du Figaro via Reseau Actu :

Cardinal Sarah, le regard d’un mystique sur l’incendie de Notre-Dame

Ce haut responsable au Vatican publie un livre sur la crise de l’Église. Très touché par la destruction de Notre-Dame, il y trouve pourtant une signification.

Il est africain de Guinée. Il a 73 ans. Il est amoureux du Christ. Il est amoureux de l’Église. Il aime la France. Depuis Rome, le cardinal Robert Sarah regarde Notre-Dame de Paris brûler. Et médite: «Cet incendie est un appel de Dieu pour retrouver son amour. Par ces brasiers apocalyptiques, Dieu a voulu attirer l’attention des hommes pour qu’ils puissent retrouver la foi de leurs ancêtres. Cet appel est directement et spécialement adressé à la France. La belle nation de Saint Louis et de Jeanne d’Arc, de Charles Péguy et de Paul Claudel a toujours eu un rôle particulier dans la diffusion de la foi. Il faut parfois le feu pour nous ouvrir au Ciel…»

«L’enseignement de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris est simple et extraordinaire en même temps. Il appelle au réveil pressant de la foi française et à celle de l’Occident»

Ses mots sont ardents. Comme son âme… Il parle lentement, sans hausser la voix, de l’intérieur. N’était sa ceinture rouge de cardinal passée sur une simple soutane, on vêtirait cet homme de Dieu d’une coule monastique. Après un silence, il ajoute: «L’enseignement de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris est simple et extraordinaire en même temps. Il appelle au réveil pressant de la foi française et à celle de l’Occident. Il nous dit que les questions matérielles ou économiques ne peuvent, seules, conduire nos vies terrestres. Un amour nous est proposé. Il faut absolument tourner notre regard vers Dieu.»

Et ce pasteur, aujourd’hui en charge pour le monde entier de la liturgie catholique – il est préfet de la congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements -, exprime son émerveillement devant «les jeunes venus de toute part pour prier autour de l’édifice médiéval alors que les flammes ravageaient inexorablement le toit et la flèche». Cette jeunesse catholique, inattendue en France, il la perçoit comme «une première manifestation éclatante de ce nouveau chemin vers le Ciel».

La foi d’un peuple

Ce vieux sage qui a vu la guerre civile dans son pays natal où sa tête était mise à prix regarde l’avenir: «Ici et maintenant, comment le peuple français du XXIe peut-il retrouver l’amour de Dieu? La cathédrale Notre-Dame de Paris est un monument magnifique, somptueux, délicat qui fut la réponse de foi d’un peuple à l’amour que Dieu lui portait. La restauration de la cathédrale doit être la manifestation concrète d’une foi régénérée.»

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Cette cathédrale, le cardinal Sarah ne tardera pas à la revoir de près, lors de l’un de ses prochains séjours en France, comme une malade, rescapée de la mort, sous perfusion, promise à une longue cure de soin. Le prélat vient de publier chez Fayard un troisième gros livre. Après les succès de Dieu ou rien. Entretien sur la foi et La Force du silence, c’est Le soir approche et déjà le jour baisse, titre énigmatique, crépusculaire, mais œuvre profondément stimulante. Par le jeu des questions-réponses avec l’écrivain Nicolas Diat, ce spirituel Africain livre cette fois, après avoir raconté sa vie étonnante dans un premier volume, sa spiritualité dans le deuxième, sa vision de l’Église catholique et… de ses problèmes.

«La restauration de la cathédrale doit être la manifestation concrète d’une foi régénérée»

Les titres des chapitres de ce livre diagnostic sont explicites. Quelques morceaux choisis: «la crise de la foi», «la crise du sacerdoce», «la haine de l’homme», «la haine de la vie», «les erreurs de l’occident», «les séductions trompeuses», «le déclin du courage», «la marche funèbre de la décadence»… Ce pourrait être une série noire, un livre de vendredi saint. Sauf qu’une constante traverse l’ouvrage comme une lumière, partout exprimée. C’est d’ailleurs l’un des titres de chapitre «Dieu ouvre sa main». Certes, l’homme de Dieu dénonce avec vigueur ce qui ne tourne pas rond à ses yeux dans l’Église et dans le monde. Mais il ne cède rien à la sinistrose ambiante.

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«J’ai d’abord fait cet ouvrage pour casser le désespoir, soutenir et réconforter les prêtres en cette période de tourmente»

C’est donc un vrai livre d’Espérance. «L’Église traverse son vendredi saint confie-t-il, mais j’ai d’abord fait cet ouvrage pour casser le désespoir, soutenir et réconforter les prêtres en cette période de tourmente, pour les aider à ne pas se laisser atteindre par le découragement, qui est la pire des choses pour des porteurs d’Espérance.» À cet égard il lance: «Je veux dire à tous les prêtres: restez forts et droits.»

Et ponctue: «Le diable cherche à nous faire douter de l’Église. Il veut nous faire croire que l’Église a trahi. Mais l’Église ne trahit pas. Il y aura toujours assez de lumière en elle pour ceux qui cherchent Dieu.» Il reconnaît toutefois le trouble actuel: «L’Église ne connaît plus sa mission. Elle ne sait plus ce qu’elle doit enseigner. Et les catholiques vivent dans la confusion la plus totale.» L’Église se trouve donc à «tournant». Mais la seule «réforme» sera «notre conversion». Ainsi exhorte-t-il: «Vous voulez relever l’Église? Mettez-vous à genoux!» Car «ce sont les saints qui changent les choses». «Sans spectacle» et dans le «secret du cœur».

Dossiers difficiles

Une crise de l’Église qu’il juge providentielle. Après l’agonie du Christ, il y aura Pâques: «C’est une grâce d’être ainsi humiliés. Nous avons trahi. Nous allons nous rendre compte combien nous sommes descendus aussi bas. Cette humiliation est un don de Dieu. Elle peut se révéler être une grâce. Dieu intervient plus que jamais.»

«Je ne m’oppose pas au pape François ! Que l’on cesse de m’opposer à lui. Je suis son collaborateur»

Parmi ces dossiers difficiles, deux le rendent particulièrement combatif. Le célibat sacerdotal et l’immigration. Sur la question du célibat, il dénonce «les pressions» exercées sur l’Église pour qu’elle «change sa doctrine». Or, affirme-t-il, «tant de prêtres et religieux vivent la chasteté parfaitement» et «ce ne sont pas des refoulés». Quant à «séparer le célibat du sacerdoce, un trésor, ce serait une ruine totale, une grande tristesse». Sur l’immigration, il s’érige, en Africain, contre les «filières mafieuses des passeurs». Mais critique «le pacte de Marrakech» qui va produire «l’inverse» de ce qu’il promet, à savoir des «migrations sûres, ordonnées et régulières». L’Europe pourrait «disparaître» avec un «islam envahissant».

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Deux dossiers où ce que dit le cardinal Sarah ne cadre pas avec la pensée du pape François. Et qui donnent l’impression qu’il serait l’un des «opposants» du pontificat actuel. Il est vrai qu’il est le seul à avoir le courage de s’exprimer aussi ouvertement: «le Pape connaît ma pensée, je ne cache rien, tout est écrit», se justifie-il. Mais il s’indigne profondément quand on veut faire de lui un «chef de parti». Ce résistant dans l’âme affirme: «Je ne m’oppose pas au pape François! Que l’on cesse de m’opposer à lui. Je suis son collaborateur, et la meilleure collaboration pour un cardinal est de dire l’enseignement de l’Église et la doctrine de toujours. Ce ne sont pas mes idées personnelles. Je trahirais si je disais des choses auxquelles je ne crois pas. Je ne suis pas un révolté, je suis seulement soucieux de la façon dont, aujourd’hui, nous prenons la liberté d’interpréter un héritage que nous avons reçu et de la façon dont on voudrait réduire la mission et l’enseignement de l’Église.»

Cet article est publié dans l’édition du Figaro du 20/04/2019.

Commentaires

  • Excellentes et salvatrices, comme toujours, les convictions du Cardinal Sarah! Pourquoi excellentes et salvatrices? Tout simplement car elles sont conformes à la pensée et au vouloir de Dieu. La solution à tous ces problèmes ne viendra que par la conversion des chrétiens. Beaucoup trop rares sont ceux qui consacrent du temps à la prière, à l'adoration et aux sacrement. Alors forcément, leur pensée s'emplit de l'esprit du monde qui lui a pour objectif de gommer le sacré, de "désacraliser" les prêtres et l'Eglise. Que les prêtres et évêques montrent l'exemple et reviennent à la prière, qu'ils se (re)convertissent! Alors ils verront clair pour guider et encourager les fidèles dans le droit chemin de l'Evangile, fidèles à la doctrine de l'Eglise qui ne peut pas changer, sous peine de trahir le Christ! Toute tentative de solutions autre que le retour à la prière, à l'union au Christ est vaine et stérile pour le Royaume. A genoux et le coeur embrasé par l'amour du Christ, l'Ehlise guérira, se relèvera et brillera de milles feux, comme à ses débuts, pour illuminer les coeurs enténébrés et leur apporter le salut!

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