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Vers une élimination totale des chrétiens d'Orient" ?

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D'Alexandre del Valle sur le site de Valeurs Actuelles :

Réflexions sur le plan d’extermination des chrétiens d’Orient

Alors que les chrétiens du Sri Lanka pleurent encore les morts de l’attentat du lundi de Pâques, revendiqué par Daech, et alors que l’on vient de commémorer le génocide des chrétiens de l’empire ottoman (Arméniens, Assyro-chaldéens) de 1915 poursuivi jusque dans les années 1970 par le massacre et l’expulsion des Grecs pontiques, l’actualité nous rappelle tragiquement que les chrétiens demeurent la communauté religieuse la plus menacée dans le monde. Violemment nié par la Turquie nationale-islamiste du néo-Sultan Erdogan, ce génocide est ouvertement loué par Al-Qaïda et Daech qui appellent depuis des années à une “solution finale des chrétiens d’Orient”, rappelle le géopoliticien Alexandre del Valle.

On ne rappellera jamais assez que l’éradication des chrétientés autochtones, officiellement bénie par les autorités islamiques turques (cheikh ul-islam) et planifiée par les panturquistes dits « Jeunes Turcs » à la fin de l’empire ottoman durant la Première guerre mondiale, après des premiers pogroms de la fin du XIXème siècle, est toujours farouchement niée par la Turquie. Rappelons que le christianisme s’est répandu entre le Ier et le IIIème siècle d’abord au Proche-Orient et dans le territoire de la Turquie actuelle. Le christianisme latin est même né en partie en Afrique du Nord, pays de Saint Augustin (Annaba, Algérie actuelle) et de Tertullien (Carthage, actuelle Tunisie).

Avec la conquête arabo-islamique, les chrétiens d’Afrique du Nord comme du Proche et Moyen-Orient deviennent, avec les juifs, des citoyens de seconde zone (Dhimmi, Ahl al-Dhimma) et sont massivement contraints de devenir musulmans pour échapper aux humiliations inhérentes à leur statut inférieur et à l’impôt du tributaire soumis (Jizya, Coran 9, 29). L’Église chrétienne survivra jusqu’à la prise de Tunis par le dynaste Almohade Abd-Al-Moumène, en 1159, lequel proposera aux chrétiens la conversion ou la mort. Le christianisme autochtone disparaîtra totalement de l’Afrique du Nord au XIIème siècle désormais entièrement soumise au rite sunnite orthodoxe malikite qui persécutera aussi les chrétiens d’Al Andalus.

De nos jours, l’islam est plus que jamais la religion d’Etat de tous les pays maghrébins et même arabes, excepté le Liban, et la liberté religieuse n’existe pas pour les chrétiens qui sont persécutés et sévèrement punis par les lois s’ils sont des autochtones convertis (considérés comme « apostats »). Cette « solution finale » des chrétiens qui les a fait disparaître totalement du Maghreb, d’Arabie saoudite, presque totalement en Turquie, plus récemment d’Irak, de Palestine (ils préfèrent vivre en Israël qu’à Gaza ou Ramallah !), et qui est en cours au Pakistan, en Malaisie, en Indonésie, au Soudan, en Mauritanie, aux Maldives, etc., n’a jamais fait l’objet d’un mea culpa de la part des autorités islamiques sunnites officielles (Al-Azhar, Saoudie, OCI, Ligue islamique mondiale) qui somment pourtant en permanence les Occidentaux de s’excuser pour les croisades, la colonisation ou « l’islamophobie ». 

D’une manière générale, l’élimination du christianisme en pays islamique demeure l’un des grands objectifs politico-religieux et géopolitiques de l’ensemble des mouvances radicales islamistes et nationalistes des pays musulmans depuis la décolonisation (panturquistes, kémalistes, nassériens, khadhafistes, nationalistes algériens, soudanais, etc.). Et cet objectif est d’autant plus difficile à contrer qu’il a été initié de manière tout à fait étatique par des forces nationalistes (pogroms anti-chrétiens et anti-juifs en Egypte et en Turquie dans les années 1950-60) puis a été légalisé par tant de déclarations, fatwas, appels officiels d’Imams d’Al-Azhar, de prédicateurs salafistes-wahhabites officiels, sachant que les nombreux textes de la charia qui ordonnent même de liquider les chrétiens « trinitaires» (le Coran ne « protège » que ceux qui nient la nature divine du Christ et il qualifie de païens-associateurs méritant la mort ceux qui ne professent la Trinité) n’ont JAMAIS été déclarées caduques par les autorités islamiques sunnites officielles ni d’Al-Azhar (en Egypte, la plus prestigieuse université sunnite au niveau mondial), ni des deux villes saintes d’Arabie (Haramaïn, La Mecque et Médine). 

Les références corano-chariatique des appels djihadistes à la razzia et du jihad anti-chrétiens et anti-mécréants

En Irak, en Afghanistan ou au Sahel, les preneurs d’otages reçoivent chaque année des rançons de plusieurs millions de dollars. Ce qui se passe aujourd’hui, du désert du Mali aux côtes somaliennes, rappelle en fait les pirateries barbaresques qui terrifièrent l’Europe jusqu’à la colonisation (1830). Djihadistes de l’époque, les Barbaresques avaient pour base le Maghreb et réclamaient des rançons en échange des otages chrétiens capturés en Méditerranée. Cette industrie du djihad, parrainée par le Califat ottoman d’alors, enrichissait la Casbah d’Alger, l’actuelle Tunisie ou la Libye. Comme l’a expliqué l’islamologue anglo-égyptienne Bat Ye’or dans son livre, L’Europe et le spectre du califat, à l’époque de Mahomet, ce que l’on appelle la razzia (Ghazwa en arabe) constituait un mode de vie et de subsistance « normal ». 

Les jurisconsultes musulmans entérinèrent par la suite, dans une dogmatique coranique, ces coutumes prédatrices pour motiver les conquérants islamiques, récompensés par le tribut et les pillages légaux des peuples du dar al-harb. Ainsi, le terme jihad dans son acception « guerrière », apparaît quarante-neuf fois dans le Coran, et le verbe combattre (Qital) cinquante-et-une. Le Coran et les diverses biographies de Mahomet rapportent que le prophète de l’islam aurait dirigé vingt-sept campagnes militaires, puis décidé trente-huit autres confiées à ses compagnons. Le combat armé est appelé le « sentier sur le chemin d’Allah » (jihad fi sabill’illah) et « ceux qui sont tombés dans la guerre sainte » sont comparés à des « martyrs de la Foi ». Le guerrier n’est que le bras de Dieu : « Ce n’est pas vous qui les avez tués, mais c’est Allah qui les a tués […], et ce pour éprouver les croyants d’une belle épreuve de sa part », explicite le Coran (VIII, 17). 

Si les quatre écoles juridiques de l’islam divergent sur de nombreuses questions non théologiques, on observe en revanche une grande homogénéité de positions concernant le traitement discriminatoire des infidèles et le djihad, conçu comme une « défense » et une voie d’expansion de l’islam. Le nombre de traités de hadith vantant les mérites du djihad - qui étendit les frontières de l’islam de l’Atlantique à l’Indus et de la Pologne au centre de l’Afrique - est impressionnant. D’après l’orthodoxie des quatre écoles juridiques du sunnisme et même dans le chiisme duodécimain, les « vrais croyants » doivent se battre et tuer au nom d’Allah : 9, 5 : « Tuez les associateurs où que vous les trouviez, capturez-les, assiégez-les, et guettez-les dans toute embuscade » ; 9, 12 : « Combattez alors les chefs de la mécréance car ils ne tiennent aucun serment »  ; 4, 76 : « Les croyants combattent dans le sentier d’Allah et ceux qui ne croient pas combattent dans le sentier du Taghout. Combattez donc les suppôts de Satan… » ; 8.12 : « Je vais jeter l’effroi dans le cœur des mécréants. Frappez donc au-dessus des coups » ;  9, 29 : « Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains après s’être humiliés ». 

Aussi les juristes mahométans ont-ils été amenés à réglementer les modalités d’extermination des « Infidèles » au cours du djihad : «  La loi défend de tuer, dans la guerre contre les Infidèles : des mineurs, des aliénés, des femmes et des hermaphrodites (…) mais on peut tuer légalement : les moines, des mercenaires que les Infidèles ont pris dans leur service, des vieillards, et des personnes faibles, aveugles ou maladives, alors même qu’ils n’auraient ni pris part au combat, ni donné des renseignements à l’ennemi. Quand on ne les tue pas dans la guerre, il faut en tout cas les réduire à l’esclavage. Il est licite d’assiéger les infidèles dans leurs villes et forteresses, d’employer contre eux l’inondation, l’incendie ou les machines de guerre, et de les attaquer la nuit à l’improviste ». On retrouve également cette terrible justification canonique de l’assassinat des moines (non reclus) dans l’œuvre du principal représentant de l’école sunnite hanbalite, Ibn Taimiyya, en particulier dans son Statut des Moines (chap). 

L’assassinat sauvage de sept moines cisterciens de la Trappe de Tibéhirine en mai 1996 par un commando du GIA repose donc, à l’aune de cet enseignement, sur un fondement juridico-théologique légal. « Les hommes du GIA ne sont pas fous, confirme l’ex-Mufti de la Mosquée de Marseille, Souheib Bencheikh. Ils agissent de manière très canonique, c’est pourquoi on les voit aussi bien en train de prier que de violer (…), la femme fait partie du butin de guerre dans cette même logique canonique datant des temps ancestraux. Ce sont des criminels qui agissent selon un juridisme archaïque et un extrémisme dogmatique ». Des propos certes attristants et d’une rare sévérité mais qui doivent être médités par tous ceux qui, comme Bencheikh et comme nombre de musulmans réformistes, ont compris qu’on ne stoppera l’enseignement de la haine envers les chrétiens et les appels djihadistes aux massacres d’infidèles que si l’on rend caduc ou désacralise les sources canoniques (chariatiques et coraniques) de la violence djihadiste.

La « nouvelle christianophobie » ou les chrétiens d’Orient « agent » des « impérialistes occidentaux » et « américano-sionistes »…

Fallacieusement assimilés à des « 5èmes colonnes » des « Croisés occidentaux », les chrétiens en général et d’Orient en particulier (en réalité enracinés dans les pays islamique six siècles avant l’arrivée des premiers occupants arabo-musulmans !), pourtant souvent pauvres, « opprimés » eux-mêmes, ex-colonisées et non pas colonisateurs, (chrétiens des pays arabes, d’Afrique noire ou d’Asie) sont présentés par une incroyable inversion/manipulation de l’Histoire comme étant « extérieurs », des suppôts des « Croisés européens » et des « impérialistes américains ». Plus que jamais, en raison de cette « nouvelle christianophobie » de matrice anti-occidentale et post-coloniale qui s’ajoute à l’ancienne étudiée précédemment, les chrétientés d’Orient demeurent des cibles privilégiées des islamistes de tous poils qui les persécutent soit de façon légale, via la charia et les injustices officielles (Arabie saoudite, Soudan, Iran, Indonésie, Malaisie, Pakistan, Bengladesh, Brunei, Maldives, etc.), soit de façon terroriste (attentats islamistes anti-chrétiens au Pakistan, en Syrie/Irak, en Egypte, en Arabie saoudite, au Maghreb, au Nigeria, au Centre-Afrique, etc.). 

En Asie, à cette christianophobie légale ou djihadiste d’essence islamiste s’ajoute la haine anti-chrétiens parfois tout aussi criminelle et barbare qui sévit en Inde en milieu hindouïste radical (BJP-RSS), dans des pays communistes totalitaires (Chine, Corée du Nord), ou en pays bouddhistes nationaliste (Birmanie, Sri Lanka, etc.). De ce point de vue, le fait que Daech ait visé en particulier le 21 avril dernier la communauté chrétienne du Sri Lanka (et non les bouddhistes ou les hindouistes qui les persécutent, à la différence des chrétiens pacifiques), est tactiquement assez « habile » et sciemment étudié. En effet, le mobile/prétexte sur lequel comptent capitaliser les cerveaux des centrales islamo-djihadistes est que le massacre de chrétiens peut séduire et rallier des nouveaux adeptes anti-occidentaux et anti-impérialistes au niveau régional et mondial et pas seulement des islamistes-intégristes stricts. 

De ce point de vue, en relayant la revendication de l’agence de com de Daech (Amaq) qui a présenté l’attaque du Sri Lanka comme « une vengeance » du massacre de Christchurch (en Nouvelle Zélande, 50 musulmans ont été assassinés le 15 mars dernier par un suprémaciste blanc australien), les médias occidentaux sont tombés dans le piège des cerveaux djihadistes pour qui chaque attentat est une occasion de faire de la publicité en faveur de l’islamisme radical néo-califal auto-représenté comme la « principale force anti-impérialiste au niveau mondial », la seule puissance capable de « défier », voire un jour de « vaincre » l’empire occidental-croisé et ses « agents » mécréants chrétiens indigènes et autres complices « apostats ». Nombre d’Occidentaux sont également tombés dans le piège intellectuel connexe des djihadistes (qui cherchent toujours à culpabiliser les victimes pour les crimes commis par leurs bourreaux) qui ont également invoqué une « vengeance des martyrs » de Daech dans le « Sham » tombés sous les assauts des « croisés occidentaux » et de leurs alliés-musulmans traîtres kurdes à Baghouz, en Syrie. 

Un « plan pervers d’épuration religieuse » au Moyen-Orient

Le 7 janvier 2011, lorsqu’il présenta ses vœux à l’Elysée devant les représentants religieux de France, juste après l’attentat d’Alexandrie, le président français Nicolas Sarkozy, connu pour ne pas mâcher ses mots, n’a pas hésité à inscrire les attentats anti-chrétiens en Irak ou en Egypte dans le cadre d’un plan d’« épuration » : « Nous ne pouvons admettre ce qui ressemble de plus en plus à un plan particulièrement pervers d’épuration religieuse au Moyen-Orient (…) Ils sont collectivement nos martyrs, martyrs de la liberté de conscience. La France n’acceptera jamais que l’on puisse prendre des innocents en prière pour cible d’un terrorisme délirant. C’est à travers eux, la civilisation humaine qui a été défiée. » Le discours de Nicolas Sarkozy, d’ailleurs repris presque à l’identique par François Fillon candidat à l’élection présidentielle en 2017, bien que louable, ne fut jamais suivi d’actes concrets. 

Et aucun pays occidental n’a rien fait concrètement (rappels d’ambassadeurs, demandes de sanctions onusiennes, représailles économiques, embargo, gel d’aides humanitaires, boycott ou même protestations officielles) pour stopper les massacres officiels de chrétiens au Soudan du Sud et en Indonésie dans les années 1990 ou les persécutions officielles et statuts d’infériorité des chrétiens en vigueur dans la quasi-totalité des 57 pays musulmans de l’OCI (Organisation de la coopération islamique). Tout au plus, les responsables occidentaux déplorent-ils les attentats djihadistes sans d’ailleurs les qualifier de christianophobes lorsque les chrétiens sont pourtant officiellement visés. Selon nous, deux « moments » peuvent être identifiés dans le long processus de diabolisation des chrétiens d’orient, ou “d’enseignement de la haine” envers eux, assimilés à des « complices » des ex-colonisateurs européens, des « croisés américains » et même parfois (aussi stupide que soit ce grief) à des « sionistes ». 

Cette perception globalement négative, ajoutée aux attentats récurrents « illégaux » et aux persécutions et brimades officielles fruits de la charia et de législations iniques, a poussé à l’exil, depuis la  décolonisation et surtout la réislamisation générale des pays musulmans, des centaines de milliers de chrétiens d’Irak, d’Egypte, de Palestine, de Jordanie, de Turquie, du Pakistan, du Bengladesh ou plus nouvellement d’Indonésie-Malaisie. Outre le génocide des Arméniens et Assyro-Chaldéens de la Turquie ottomane dans les années 1897-1915, le processus d’éradication des chrétientés d’islam se poursuivit durant les années 20, 30 et 60, avec l’expulsion des chrétiens grecs-orthodoxes de Turquie, assimilés aux « ennemis » grecs et chypriotes-grecs. Il se poursuivit encore de façon officielle et générale  à la suite de l’indépendance des nations arabo-musulmanes entre la Première Guerre mondiale et les années 1960. A l’instar de l’empire ottoman déclinant ou de la Turquie kémaliste, les pays marqués par le nationalisme arabe « anti-impérialiste » comme celui du raïs égyptien Abd el-Nasser ou de l’ex-guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi, développèrent une xénophobie violemment anti-occidentale et hostiles à tout ce qui rappelait l’Europe et la religion chrétienne des Européens. 

Influencé par le socialisme révolutionnaire (par anti-impérialisme) et le nazisme (par anti-judaïsme), le panarabisme nia, dès sa création, les identités locales juives et chrétiennes. Les années 1940-1950 furent ainsi marquées par une vague de pogroms anti-chrétiens en Turquie (1955), en Egypte (1956) et en Irak, puis anti-juifs et anti-européens en Irak, en Palestine, en Egypte, en Libye ou en Algérie. Prisonniers de leur rhétorique « panarabe » transnationale, les artisans des indépendances inculquèrent aux masses une nouvelle identité arabo-musulmane exclusive qui relégua les autochtones non musulmans ou non-arabes installés avant l’arrivée de l’islam (Maronites, Berbères-Kabyles, Coptes, assyro-chaldéens, Arméniens, etc.) à des minorités ethno-religieuses suspectes. Ceci explique également pourquoi de nombreux nationalistes arabes, au départ laïques, évoluèrent vers l’islamisme radical ou vers une synthèse « national-islamiste ». 

Au Maghreb, la haine anti-chrétienne entraîna la persécution des Kabyles en contact avec les Pères blancs et les missionnaires évangélique protestants, qui vivent jusqu’aujourd’hui dans un climat de suspicion, d’infériorité juridique et de menaces de mort en tant qu’« agents des colonisateurs » français chrétiens. L’assassinat des moines de Tibéhirine dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, popularisé par le film, Des hommes et des Dieux, avait pour message clair de dissuader tout « retour » du christianisme, religion des «colonisateurs », dans ce Maghreb qui fut pourtant, dix siècles plus tôt, une terre chrétienne parmi les plus anciennes, bien avant l’arrivée des conquérants musulmans. Selon Marc Fromager, directeur de l’AED, les persécutions à l’encontre des chrétiens d’Orient n’ont jamais été aussi fortes qu’aujourd’hui dans le monde islamique, à l’exception, bien sûr, du génocide des chrétiens assyro-chaldéens et arméniens en Turquie (1915) et du Sud-Soudan (1983-2005). 

Aujourd’hui, là où les communautés chrétiennes sont très résiduelles, comme en Turquie, en Palestine, en Irak, etc., pour la première fois depuis des siècles, la présence chrétienne est sur le point de disparaître. Ailleurs, où ils ont plus nombreux, comme en Egypte, les persécutions et brimades dont ils sont quotidiennement victimes poussent nombre d’entre eux à embrasser l’islam afin d’améliorer leur sort, et même parfois toucher des « primes » que les islamistes accordent aux néo-convertis (1500 euros, ce qui revient à gagner au loto en Egypte où le cela représente une fortune pour les plus pauvres). 

Vers un monde musulman christianrein ? 

Sous le IIIème Reich, Hitler et ses fanatiques SS voulaient faire de l’empire germanique nazi une terre « sans juifs » ou Jude rein. Depuis 2001, les appels continuels d’Al-Qaïda et Daech à tuer les « croisés » (al-Salibiyoun) chrétiens et les juifs (Al-yahoud), visent à purifier le monde islamique de ses juifs et de ses chrétiens pour en faire une terre « Jude rein » et « christianrein ». Au départ, le message d’Al-Qaïda insistait plus sur les juifs sionistes et les croisés américains occupant l’Arabie. Mais depuis les attentats anti-chrétiens perpétrés contre la cathédrale du Bon secours de Bagdad, le 31 octobre 2010, qui ont fait 44 morts, Al-Qaïda a lancé un véritable appel en règle à génocider les chrétiens dans tous les pays musulmans.

Dans un communiqué, l’Etat islamique d’Irak (ISI), ancêtre de Daech, désigna tous les chrétiens d’Orient, notamment les coptes d’Egypte, comme des “cibles légitimes” : “Nous ouvrirons sur eux les portes de la destruction et des rivières de sang”. Depuis, les djihadistes d’Al-Qaïda et de l’Etat islamique d’Al-Bagdadi précisèrent que « tous les centres, symboles, organisations, institutions, dirigeants et fidèles chrétiens sont des cibles légitimes pour les moudjahidines ». C’est dans ce contexte que les attentats du nouvel an 2011 à Alexandrie furent perpétrés et que, durant la veillée de Noël 2010, une quarantaine de personnes furent assassinées dans le nord et le centre du Nigeria lors d’attaques d’églises. Depuis, les agressions de chrétiens se sont multipliées partout et son quotidiennes là où Al-Qaïda a le plus de supporters : Egypte, Pakistan, Somalie, Pakistan, Golfe, Sahel, Somalie, etc.

Certes, en dehors des cas du Soudan et de la Turquie, le plan d’épuration des chrétiens d’Orient n’est pas encore arrivé au stade du génocide. Mais la nouvelle christianophobie éradicatrice portée par ces permanents appels aux carnages participe d’une mentalité pré-génocidaire.  Cette tentative de purifier les territoires islamiques de ses chrétiens, alimentée par une diabolisation et des fantasmes similaires aux mobiles antijuifs, s’observe en effet du Sénégal (jadis paisible, aujourd’hui menacé par l’intégrisme) au Pakistan islamique, où le simple fait de professer sa foi chrétienne vaut d’être menacé de mort et condamné pour « blasphème contre l’islam ». Comme nous l’ont enseigné la Shoah, les génocides des Arméniens et assyro-chaldéens en Turquie, des Tutsi au Rwanda ou des populations noires du sud du Soudan et du Darfour, l’enseignement de la haine débouche tôt ou tard, dans n’importe quelle civilisation, sur des massacres de masses. Cela signifie donc que l’actuel processus de fanatisation collective anti-chrétienne, inculqué pas uniquement par Al-Qaïda mais aussi de façon plus diffuse dans les médias, les tribunaux et les institutions officielles des pays qui laissent les prêcheurs de haine s’exprimer librement, prépare les consciences à une nouvelle « solution finale » de ces nouveaux bouc-émissaires chrétiens. 

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