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L’écologie politique nous rend malthusiens et inhumains

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De Laurent Alexandre sur le site du "Figaro Vox" :

L’écologie politique, un anti-humanisme?

Publié

FIGAROVOX/TRIBUNE - Pour le médecin et essayiste Laurent Alexandre, si la crise environnementale est une réalité, elle ne justifie pas pour autant un discours malthusien. Il s’inquiète en particulier d’une «euthanasie écologique» prônée par certains collapsologues.


Laurent Alexandre est chirurgien-urologue, diplômé de Sciences Po, HEC et l’ENA, auteur de plusieurs essais dont L’IA va-t-elle aussi tuer la démocratie? coécrit avec Jean-François Copé (JC Lattès, 2019).


La préoccupation légitime pour l’environnement se transforme en guerre.

Tous les signes d’un totalitarisme vert se déploient sous nos yeux: propagande massive et manipulation de la jeunesse, recul des libertés, psychiatrisation des opposants et désormais euthanasie écologique passive des inutiles. Luc Ferry avait craint dès 1992, cette dérive de l’écologie politique. Les prêcheurs d’apocalypse écolocatastrophistes instrumentalisent Greta Thunberg pour imposer aux jeunes une réduction massive de leurs libertés en les persuadant qu’on brûlera dans l’enfer du réchauffement climatique, sauf s’ils acceptent une dictature verte moyenâgeuse. L’astrophysicien Aurélien Barrau explique qu’il faut «faire la guerre à la fin du monde» ce qui transforme la préoccupation légitime pour l’environnement en guerre qui justifie le recul des libertés! La bloggeuse Nathalie MP s’alarme: «La guerre a ceci de bien pratique qu’elle autorise tous les états d’urgence, tous les couvre-feux, tous les rationnements et toutes les mesures d’exception».

Pour sauver le monde de la catastrophe, il faut réduire au silence ceux qui n’adhérent pas à l’imminence de la fin du monde. «Plus personne de normalement cérébré ne doute de la catastrophe» explique l’astrophysicien. Les gens qui ne croient pas à la fin du monde sont donc décérébrés. Aurélien Barrau doit être prudent: ce sont des mots qu’utilisait l’administration Brejnev au temps de l’URSS pour interner en hôpital psychiatrique les opposants et les bourrer de neuroleptiques comme s’ils étaient schizophrènes. Les opposants aux écologistes ne sont pas nécessairement malades. Faut-il me rééduquer parce que j’ai la conviction que la militante Fred Vargas a tort d’annoncer, contre tout réalisme, qu’à 1,5 degré de plus, la moitié de l’humanité mourra du réchauffement climatique et 6 milliards à plus 2 degrés?
L’euthanasie écologique

L’écologie politique devient inhumaine.

Interrogé sur sa vision, l’écologiste Jean-Marc Jancovici affirme dans le magazine Socialter: «le premier point est de limiter dès que nous pouvons la croissance démographique». Il explique: «dans les pays occidentaux il y a un premier moyen de réguler la population de façon raisonnablement indolore. Ne pas mettre tout en œuvre pour faire survivre les personnes âgées malades à l’image du système anglais qui ne pratique, par exemple, plus de greffe d’organes pour des personnes de plus de 65 ou 70 ans. On en revient à ce que disait Georgescu-Roegen: tous les moyens qu’on va dépenser pour faire vivre des vieilles personnes dans de très mauvaises conditions c’est autant de moyens que vous ne mettez pas à disposition des jeunes pour trouver leur place dans un monde plus contraint. C’est un peu brutal mais ça me paraît être un moindre mal par rapport aux autres modes de régulation que nous avons connus: la famine, la maladie, et le conflit en ce qu’il augmente la maladie et la famine». Derrière la défense des coquelicots et des papillons, on découvre que l’écologie politique devient inhumaine. Le droit au suicide assisté quand le patient le demande alors qu’il est en situation désespérée ne doit pas être confondu avec l’euthanasie économico-écologique que proposent certains écologistes.

Pour ce qui me concerne, j’ai précisé à ma famille que dans la situation de Vincent Lambert, je souhaite être euthanasié. Je suis donc favorable à ce qu’un citoyen puisse demander à finir une vie qui ne lui apporte plus de plaisir, mais je suis révolté qu’on ne rembourse pas les soins d’une grand-mère de 67 ans très malade mais heureuse et qui veut vivre pour voir grandir ses petits-enfants et leur offrir des cadeaux à Noël. L’interview de Jancovici est inquiétante puisque la limitation des soins aux personnes âgées est susceptible à ses yeux «de réguler la population de façon raisonnablement indolore» ; cela suppose donc une action à grande échelle! Cette vision anti-vieux se développe dans d’autres pays européens: aux Pays-Bas, une députée écologiste a également envisagé la fin des soins aux personnes âgées. Cette «euthanasie écologique» est justifiée par l’idée - dramatiquement malthusienne - qu’on ne pourra pas soigner tout le monde. Cela affole Jean-Pierre Riou: «À l’opposé du siècle des lumières, de son culte de la raison, de la connaissance et du progrès, le XXIe siècle naissant affiche désormais sa défiance de la science. Au nom du dieu Nature, ce siècle marque le retour de la culpabilité de l’homme, néfaste par essence à son environnement, et sa nécessaire contrition, liée au mythe d’une apocalypse dont il serait responsable. Et l’écologie politique s’est engouffrée dans cette brèche en brandissant à la fois le spectre de la fin du monde et les délices d’un paradis perdu».

Nous surmontrons la crise environnementale sans passer par l’euthanasie écologique.

L’écologisme dérive vers le totalitarisme anti-humaniste. Pire, les collapsologues du VHEMT [Mouvement pour l’extinction volontaire de l’humanité, ndlr.] proposent même que nous nous stérilisions tous de manière à disparaitre de la surface terrestre. Les écologistes doivent réfléchir: l’écologie politique nous rend malthusiens et inhumains. De la défense des coquelicots au fascisme vert, il y a hélas un chemin. Le basculement de l’amour des libellules vers une doctrine de mort est possible: une fois l’homme réduit à un élément de la nature parmi d’autres, nos vies ne sont pas plus importantes que celles des animaux. Si les lois sont dictées par la nature qui est prioritaire, il reste peu de place à notre humanité. Il est préoccupant que l’idée du rationnement écologique des soins naisse dans le cerveau de Jean-Marc Jancovici qui est un homme raisonnable et qui développe la critique la plus lucide de l’impasse des énergies renouvelables. Il doit se ressaisir: il aura 65 ans dans 8 ans… Heureusement, les prêcheurs de l’apocalypse ont tort: l’espérance de vie sur terre a doublé en un siècle, il n’y a jamais eu aussi peu de famines et le niveau de vie n’a jamais été aussi fort. La science va une fois de plus nous aider: nous surmonterons la crise environnementale sans passer par la case de l’euthanasie écologique. Jean-Marc Jancovici, redevenez humaniste!

Commentaires

  • Laurent Alexandre, promoteur inlassable du transhumanisme qui déclare notamment que ceux qui refuseront de s'augmenter par fusion avec la machine ou par des implants venus des concepteurs des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et autres sociétés technologiques de la Silicon Valley, seront les "chimpanzés du futur, met en avant les plus caricaturaux des écologistes (qui partagent finalement un fanatisme proche du sien) pour décrédibiliser l'écologie politique dans son entièreté parce que cette dernière est une des seules composantes de la société ,avec l'Eglise (d'ailleurs certains sont proches des deux tels Olivier Rey, la rédaction de la revue Limite), à combattre le totalitarisme transhumaniste dont l'évadé fiscal M. Alexandre (il vit à Bruxelles) est le thuriféraire dans nos chers médias. Transhumanisme et malthusianisme, les deux faces d'une même idéologie gnostico-manichéenne.

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