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Un an après le renvoi de Theodore McCarrick du collège des cardinaux

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De Xavier Le Normand sur le site de l'Agence i.media :

Vatican - le 26/07/2019 à 15:41:00 Agence I.Media
Il y a un an, Theodore McCarrick était renvoyé du collège cardinalice (SYNTHESE)

Le 27 juillet 2018, Theodore McCarrick, archevêque émérite de Washington (Etats-Unis), démissionnait du Collège cardinalice après des accusations crédibles d’abus sexuels, notamment sur un mineur. Exigée par le pape François, cette démission a jeté une lumière crue sur l’exigence d’action contre les abus au sein de l’Eglise catholique. Un an après, I.MEDIA revient sur les mesures qui ont suivi cet événement.


© Antoine Mekary | ALETEIA | I.Media

Un cardinal renvoyé du Collège cardinalice – car il s’agit bien plus de ça que d’une démission – cela ne s’était pas vu depuis 1927 et le retrait de la barrette rouge du cardinal François Louis Billot. Il faut dire que les accusations portées contre McCarrick sont particulièrement graves. Si les accusations d'abus sur des séminaristes étaient connues depuis quelques semaines, c’est la publication du terrible témoignage d’un homme abusé par lui depuis son enfance qui conduit presque immédiatement à cette sanction.

Toutefois, les procédures à l’encontre de l’important prélat ne se sont pas cantonnées à cette mesure. Contraint à une “vie de prière et de pénitence” par le Souverain pontife, Theodore McCarrick doit aussi affronter un procès canonique. En février dernier, celui-ci a abouti à la sanction la plus sévère : le renvoi de l’état clérical. Du jamais vu pour un ancien cardinal.

La déflagration provoquée par l’affaire McCarrick ne s’est toutefois pas limitée à l’ancien archevêque. Le 20 août 2018, le chef de l’Eglise catholique s’adresse directement à l’ensemble des fidèles du monde, par une ‘lettre au peuple de Dieu’. Celle-ci veut “réaffirmer une fois encore notre engagement pour garantir la protection des mineurs et des adultes vulnérables” et appelle à une réponse “globale et communautaire”. Il estime ainsi nécessaire une “conversion personnelle et communautaire” par le recours à “l’exercice pénitentiel de la prière et du jeûne”.

Une enquête promise toujours attendue

Important, ce document papal se retrouve toutefois éclipsé six jours plus tard par le premier des nombreux ‘témoignages de Mgr Carlo Maria Viganò’. Dans une lettre au vitriol, l’ancien nonce aux Etats-Unis accuse l’actuel Souverain pontife et de nombreux responsables du Vatican d’avoir été au courant des agissements de McCarrick. Selon lui, des sanctions avaient déjà été prises par Benoît XVI mais François – informé par Mgr Viganò, raconte celui-ci – serait passé outre. Une accusation démentie par le pontife à plusieurs reprises.

Explosif, ce document se conclut sur une demande de la démission du successeur de Pierre. Si ce dernier point jette une ombre sur toute la lettre, il n’en demeure pas moins que de (très) nombreuses questions demeurent. Suite à cela, le Vatican a affirmé lancer une enquête dans ses archives – notamment à la Secrétairerie d’Etat, à la Congrégation pour les évêques et à la nonciature de Washington – dont les résultats seront publiés. Fin mai, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat, a réitéré cette promesse.

Vous êtes la lumière du monde

Devant l’ampleur du scandale, le Conseil des cardinaux – réuni à Rome du 10 au 12 septembre 2018 – recommande à l’évêque de Rome de convoquer au Vatican l’ensemble des présidents des conférences épiscopales du monde. Ce sommet sur la protection des mineurs est ainsi réuni du 21 au 24 février 2019. A l’approche de la rencontre, le Souverain pontife veille à tempérer les attentes : tout concret ce sommet doit-il être, il vise avant tout à faire comprendre l’urgence de la situation aux épiscopats du monde entier. 

Malgré ces précautions, la clôture du sommet déçoit. Le 24 février, aucune véritable mesure concrète n’est annoncée. Tout juste un motu proprio pour lutter contre les abus commis au sein du minuscule territoire du Vatican est-il promis. Celui-ci est publié le 29 mars, accompagné d’une nouvelle loi et de lignes de conduite pour la cité-Etat. Par ces trois documents, le Saint-Siège veut ainsi montrer l’exemple sur son propre territoire.

De façon moins attendue, un autre motu proprio arrive le 9 mai et se révèle être la véritable mesure post-sommet sur la protection des mineurs. Intitulé Vos estis lux mundi (Vous êtes la lumière du monde, en latin), ce document frappe un grand coup en instaurant à tous les clercs et consacrés “l’obligation” de signaler “sans délai” les abus dont ils auraient connaissance. La rapidité est aussi de mise côté romain, puisque le Vatican doit répondre sous trente jours aux signalements qui lui sont faits.

Quelle obligation au secret ?

Cette obligation s’impose en tous cas, sauf dans celui du secret de confession, expliquait alors Mgr Juan Ignacio Arrieta, secrétaire du Conseil pontifical pour les textes législatifs, parlant de “loi divine”. Pourtant début juillet, une note de la Pénitencerie apostolique est venue étendre cette obligation de secret à l’accompagnement spirituel. De même, elle précisait que la dénonciation devant la justice ne pouvait être une condition à l’absolution d’une personne ayant avoué avoir violé des mineurs.

Douze mois après le renvoi de Theodore McCarrick du Collège cardinalice, le Saint-Siège et l’Eglise catholique ont avancé résolument dans la protection des mineurs. Le Vatican a pris des mesures universelles et localement de plus en plus de conférences épiscopales cherchent à faciliter les signalements tout en faisant la transparence sur la gestion passée. 

Toutefois, le combat n’est pas terminé et des pistes d’amélioration sont étudiées, notamment celle d’un allègement du secret pesant sur les procédures juridiques canoniques. Quoi qu’il en soit, le Saint-Siège sait bien que les abus ne disparaîtront jamais totalement, ni au sein de l’Eglise ni au sein de la société. L’objectif est ainsi de réduire autant que possible le risque et d’éviter toute tentation de dissimulation par la structure ecclésiale.

Xavier Le Normand

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