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Vers un clergé au rabais ?

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Du Bulletin d'André Noël (publié ICI):

Ouverture du Synode sur l’Amazonie

Le synode sur l’Amazonie : vers un clergé au rabais.

Le synode sur l’Amazonie qui se déroule depuis le 6 octobre et doit s’achever le 27 de ce même mois, se conclura très probablement par l’acceptation de l’ordination d’hommes mariés dans cette région du monde.

Pourquoi cette quasi-certitude ? Parce que le pape en a décidé ainsi et qu’il n’est pas homme à renoncer quand il a pris une décision. La consultation des évêques n’est là que pour sacrifier à une pseudo-concertation en évoquant la collégialité. D’ailleurs, il a pris ses précautions : les participants, nommés par lui, sont à une large majorité acquis aux vues pontificales. Il a tiré la leçon du synode sur la famille où il a dû s’y prendre à plusieurs fois et user de son autorité pour faire admettre les divorcés remariés à la communion eucharistique.

La justification du projet d’y avoir des prêtres mariés se fonde sur l’étendue du territoire des diocèses en Amazonie qui empêche les fidèles de communier, les prêtres ne pouvant venir que très irrégulièrement ; plusieurs mois peuvent ainsi se passer sans messe, ce qui est fâcheux mais rappelons que, canoniquement, les fidèles ne sont tenus de communier qu’une fois l’an et ce minimum est assuré aux catholiques amazoniens.

L’idée du pape est de conférer l’ordination à des « viri probati », c’est-à-dire des hommes d’expérience ou murs, jouant déjà un rôle important dans leur paroisse et ce pour « un temps limité ». La faculté de célébrer la messe et d’administrer les autres sacrements serait circonscrite à leur paroisse et leur formation ne serait pas effectuée dans un séminaire mais localement, sous la direction d’un prêtre expérimenté, nous dirions familièrement : « sur le tas ». Cela serait une régression historique car c’était ainsi qu’étaient formés, pas très bien, les prêtres jusqu’au XVIIe siècle. Ces prêtres-là seraient appelés « prêtres corinthiens ». Les corinthiens ressemblant aux « anciens » qu’évoque saint Paul. Ils sont sédentaires, animateurs d’une communauté, à temps partiel. On comprend la réaction du cardinal Sarah, préfet de la congrégation du culte divin, qui refuse que l’on crée « deux classes de prêtres » ce qui trahit « une théologie absurde » et « méprisante » pour ces fidèles d’Amazonie qui auraient des prêtres au rabais, donc privés d’un clergé comparable à celui du reste de l’Eglise. On notera que le refus qu’ils soient formés dans des séminaires ne tient pas seulement à l’éloignement géographique mais aussi à « la distance culturelle », un euphémisme pour dire qu’ils sont incapables de suivre des cours de théologie d’un niveau universitaire.

Il est évident que, logiquement, cette mesure finira par être étendue à d’autres lieux. Au Vatican, on parle déjà des îles Fidji. Car, si le critère principal est géographique, l’éloignement des prêtres et des fidèles, il y a d’autres territoires, en Europe, en France notamment, qui peuvent réclamer ce qui ne sera plus une exception. C’est ce qu’a déjà fait l’épiscopat alle-mand qui va même plus loin.

C’est ainsi que Mgr Erwin Krautler, un des organisateurs du synode, voudrait que les femmes soient également concernées.« Je n’aime pas l’expression viri probati car il spécifie toute de suite le sexe de la personne. » Il lui préfère « personae probatae » (personnes mûres.) Comme les femmes sont actives dans les paroisses, il demande : « Pourquoi la femme ne pourrait-elle pas recevoir la consécration et célébrer l’eucharistie le dimanche ? »

A propos du célibat des clercs, on ne cesse de nous dire que, dans l’église primitive, ils étaient mariés, saint Pierre lui-même l’était mais rappelons qu’il a « tout quitté » pour suivre le Christ. Ce que certains oublient, c’est que ces prêtres devaient garder la continence tout en étant mariés.

Le canon 33 du Concile d’Elvire, en l’an 300, confirme, solennellement, ce qui était déjà en vigueur sans être formalisé : «Il a paru bon d’interdire absolument aux évêques, aux prêtres et aux diacres, soit à tous les clercs employés au ministère d’avoir des relations (sexuelles) avec leurs épouses et d’engendrer des enfants. Si quelqu’un le fait, qu’il soit exclu de l’honneur de la cléricature. » Ce qui est rappelé fermement par le Concile de Carthage (441) : « Que ceux qui touchent aux mystères sacrés, gardiens de la chasteté s’abstiennent du commerce conjugal avec leurs épouses. Et s’ils ne le font pas, ils seront écartés de toute fonction ecclésiastique. » Cette règle concernant les prêtres mariés a été en vigueur, dans l’Eglise latine, jusqu’au début du XIe siècle. Le célibat est devenu obligatoire. Car il est apparu, avec bon sens, qu’il est relativement plus facile de garder la continence quand on est célibataire que lorsqu’on cohabite avec une femme, sans compter que l’épouse, n’ayant évidemment pas reçu les ordres sacrés, doit, elle aussi, l’observer. S’il est vrai de dire que le célibat des prêtres n’a pas toujours été obligatoire, on doit donc ajouter que l’abstinence sexuelle l’a toujours été. Ceux qui veulent promouvoir un clergé marié, dans l’Eglise latine, sont-ils également prêts à accepter cette règle qui était celle des premiers siècles dont ils se réclament ?

(Source Le Bulletin d’André Noël)

Commentaires

  • Merci pour cet article bien éclairant qui rappelle qu'avant le célibat des prêtres, ceux-ci devaient garder la chasteté et s'abstenir (sous peine d'exclusion) d'avoir des relations sexuelles avec leurs épouses. Quant à Mgr Krautler (un des organisateurs du synode Amazonien) qui prône l'ordination des femmes, j'imagine qu'il verrait d'un bon oeil aussi la consécration d'évêquesses lesbiennes...comme cela se fait déjà dans l'Eglise anglicane et dans l'Eglise protestante libérale avec pour résultat une déconfiture telle qu'on peut légitimement se demander si elles ne vont pas définitivement disparaître. Franchement, si c'est dans cette voie là que l'Eglise catholique veut aller, je ne donne pas cher de sa peau. Evidemment, avec un pape qui, faisant fi de la doctrine, considère comme ennemis ceux qui, tel le cardinal Müller, se veulent fidèles à 2000 ans de christianisme, les pires déviations sont à présent possibles.

  • Bonsoir Monsieur Snyers,

    N'est-ce pas, finalement, ce qu'il veut ?

    Je vous conseille (et je conseille à tous les lecteurs de ce blog) de lire l'article publié ce jour sur One Peter five à propos de l'interview du pape à Scalfari)... et, en commentaires sous cet article, celui dont le pseudo est Deacon Augustine, qui situe parfaitement cette possible vraie déclaration dans le cheminement christologique emprunté par une faction de la SJ et qui trouve ses ramifications pas loin de chez nous, càd aux Pays-Bas, pays (comme par hasard) gangrené par un catéchisme frelaté.

  • Quelle différence y aurait-il entre des « viri probati » et des prêtres mariés ?

  • Il se confirme de plus en plus que « tout quitter pour le Royaume » et pour suivre le Christ apparaît pour la majorité de nos concitoyens absolument impossible. Et le pape actuel, dans une optique « pastorale », c'est à dire pour draguer le maximum d'âmes et les ramener à la foi, est prêt à brader les exigences très claires de Notre Seigneur. Mais de quelle foi fait-il ainsi la promotion ? Sa haine de la « rigidité » ne fini-t-elle par ressembler à une haine de la foi ?

  • A Levi :
    Déjà Benoit 16 envisageait l' ordination de viri probati. c à d
    d' h:ommes ayant un diplome de sciences religieuses catho, mariés et pères de famille, rendant divers services dans l' église, Ils gagneraient ce que gagne un prêtre. ( leur femme travaillertait elle pour de l' argent ? J'en doute si on se souvient de l' Encyclique de Pie XII sur le travail de la femme à l' extérieur.....( encyclique non suivie mais encyclique quand même).
    Dès lors que leurs enfants seraient devenus grands, ces sortes de " diacres " pourraient commencer à dire la messe, entendre la confession.....
    L'ordination de viri probati, d' hommes ayant fait leurs preuves ne pourrait donc se faire qu'après un véritable parcours de combattant si j'ose m'exprimer ainsi.

  • Bonjour Madame Lehembre,
    La fonction du prêtre est, pour moi, d'annoncer la bonne nouvelle de l'évangile, l'amour inconditionnel de Dieu pour les hommes ET de célébrer les sacrements, au premier rang desquels l'eucharistie et la confession. La fonction du prêtre n'est pas de gérer les biens matériels (église, couvents, écoles ou hôpitaux..), ni d'être animateur paroissial, ni professeur dans les écoles, ni politique,… Toutes ces dernières fonctions devraient être assumées exclusivement par des non clercs, homme ou femme, formés dans une optique catholique. Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Il y a suffisamment de place dans l'église pour une action chrétienne des non clercs.
    Même soumis à une formation théologique rigoureuse et soumis à « un parcours du combattant » exemplaire, j'aurais, pour ma part, difficile à faire confiance pour la confession à quelqu'un qui ne consacre pas la totalité de sa vie au Christ, et n'a pas une maîtrise de sa sexualité. Je ne pourrais pas non plus considérer que ce que je reçois à la communion est vraiment le corps du Christ, et pas seulement un pain partagé, une occasion de se rassembler et de sentir du même corps (comme c'est le cas pour les protestants).
    Admettons que en cas de nécessité, les sacrements du baptême, du mariage, ou les funérailles puissent être donnés par un laïc, mais j'aurais tendance à faire confirmer les deux premiers par un prêtre dès que possible. Et dans les cas des premiers auraient-ils vraiment une grâce efficace ?

  • bonjour Monsieur Levi,
    Je désirais seulement vous faire part de mes connaissances limitées sur le sujet. En fait, pour moi même :
    - tant que je peux, pendant toute la durée de la Sainte Messe penser à la dernière Cène et aux vraies paroles de Jésus ( ce qui ne serait pas le cas avec une femme-prêtre ou un jeune-prêtre -à- marier, par ex... ...
    - tant que tout se passe dans l'obéissance à l' Eglise du Credo de Nicée Constantinople.....
    - tant que l'intention d'obéir est présente dans toute sa pureté........

    La Messe sera Sainte, valide, si on veut, pour moi.....
    .....
    Ce sera, serait comme pour les reliques : celles ci sont authentiques, dans la mesure où elles ont été authentifiées dans une intention pure. On ne peut prouver historiquement, scientifiquement ( en analysant leur ADN par ex.) leur authenticité mais dans tous les cas, le Saint auxquelles elles sont censées avoir appartenu peut intercéder pour nous et obtenir des miracles (Voyez la nièce de Blaise Pascal guérie par l' apposition dans la foi d' une Sainte Epine de la Couronne d' Epines du Christ.( B.Pascal lui même a fait le récit minutieux de cette guérison miraculeuse).

  • Merci Madame Lehembre de votre réponse. Vous avez raison. Sauf erreur de ma part, dans la stricte orthodoxie catholique les sacrements sont efficaces « ex opere operato », la grâce qui leur est liée ne dépend pas de celui qui l'exécute, ni de son degré de sainteté. Mais je reste un homme et ne peut me défaire d'une certaine défiance ou d'un doute. Il est difficile de se défaire du sentiment d'un « clergé au rabais », d'un ersatz de curé. Et partout, lorsqu'un « produit blanc » moins cher arrive sur le marché, il a tendance à éliminer le produit authentique.

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