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  • France : comme si la digue bioéthique s'effondrait sous nos yeux...

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    GRÉGOR PUPPINCK : "C’EST COMME SI LA DIGUE BIOÉTHIQUE S’EFFONDRAIT SOUS NOS YEUX"

    GRÉGOR PUPPINCK Tribune 17 octobre 2019  Loi de bioéthique

    Le projet de loi de bioéthique a donné lieu à des échanges fournis à l’Assemblée nationale française, mais, in fine, le texte, qui remet en cause la vision même de l’homme, n’a fait l’objet que d’aménagements minimes. Docteur en droit et directeur de l'ECLJ (Centre européen pour le droit et la justice), Grégor Puppinck décrypte les évolutions mortifères contenues dans le texte.

    Au-delà de sa mesure phare – la « PMA pour toutes » –, le projet de loi relative à la bioéthique introduit une série de ruptures plus fondamentales encore que celle-ci : il sépare totalement la procréation de la sexualité par l’introduction de la PMA non-thérapeutique ; il rend indépendant de l’âge la faculté de procréer par la légalisation de l’autoconservation des gamètes ; il encourage l’eugénisme par l’extension du diagnostic prénatal et préimplantatoire ; il libéralise l’exploitation et la modification génétique des embryons humains ; il favorise l’avortement par la suppression du délai de réflexion et de l’autorisation parentale pour les mineurs ; il supprime la frontière entre l’homme et l’animal par l’autorisation de la greffe de cellules humaines sur des embryons animaux ; il substitue la volonté à la biologie comme fondement de la filiation.

    La suppression brutale des protections et des interdits patiemment posés par les précédentes lois laisse sans voix. C’est comme si la digue bioéthique s’effondrait sous nos yeux, emportée par la perspective progressiste qui anime la majorité parlementaire. Aussi est-il nécessaire, pour comprendre la philosophie qui sous-tend ce projet de loi et en donne la cohérence, de revenir aux racines même de ce progressisme-scientiste, que l’on nomme aujourd’hui transhumanisme et dans le sillage duquel s’inscrit le député Jean-Louis Touraine, rapporteur de la loi, par ailleurs militant actif de la GPA et de l’euthanasie.

    L’homme infini

    À cet égard, il importe de bien saisir que l’ensemble de ces mesures participent d’un vaste projet de transformation de l’homme qui a des racines profondes dans la pensée des Lumières, en particulier chez Condorcet qui croyait « qu’il n’a été marqué aucun terme au perfectionnement des facultés humaines » et que « la perfectibilité de l’homme est réellement indéfinie » (1795). Ce progressisme a trouvé, dans l’extrapolation de la théorie de Darwin, les bases scientifiques de sa vision philosophique du destin de l’humanité, et ce faisant une nouvelle morale. Selon cette vision, l’homme est un être spirituel (c'est-à-dire doté d’intelligence et de volonté) dont la conscience serait issue de la vie, et la vie de la matière. L’homme serait ainsi un mutant engagé dans un processus constant d’évolution – et d’élévation - par émancipation de la matière inerte puis de la vie animale, pour atteindre une forme de vie consciente, une vie « humaine ». Notre humanité ne serait ainsi pas figée en un état donné, naturel, mais progresserait à mesure que se poursuit le processus de domination de la matière, lequel culmine dans la domination de la volonté individuelle sur son propre corps. Le progrès, comme processus de spiritualisation, devient ainsi la condition et la mesure de notre humanité. Le corps, ce faisant, est dévalorisé, ramené à de la simple matière animale ; et la vie n’est plus qu’un matériau. Cela explique bien sûr l’eugénisme, mais aussi la valorisation contemporaine des diverses formes de sexualité non-fécondantes. Car ces formes de sexualité prouvent que, même dans cet aspect particulièrement animal de notre être, l’esprit individuel est capable d’échapper au donné naturel, de le transcender. Moins animales, ces sexualités seraient donc plus humaines.

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  • Des réponses d'historiens au procès de l'Eglise catholique

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    Du Salon Beige :

    Les croisades étaient-elles une entreprise impérialiste à l’encontre de l’Orient musulman ? La chrétienté médiévale était-elle antisémite ? Les questions ne manquent pas pour faire, en forme de réquisitoire, le procès de l’Eglise catholique. Jean Sévillia donne la parole aux historiens pour, sans tabous et sans anachronismes, sans préjugés et sans œillères, rétablir quelques vérités. Y compris pourquoi l’Eglise a tardé à prendre la menace du scandale des prêtres pédophiles. Un entretien de 20 minutes en forme d’argumentaire.

  • Amazonie : une Eglise qui a perdu 50% de ses fidèles

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site Diakonos.be :

    Amazonie « désévangélisée ». Les chiffres d’une Église catholique réduite de moitié

    Pendant la conférence de presse du lundi 14 octobre, quelqu’un a demandé à Paolo Ruffini, le Préfet du dicastère du Vatican pour la communication, pourquoi on n’avait pas communiqué de statistiques à jour sur l’appartenance religieuse des habitants de l’Amazonie, étant donné la croissance effrénée des Églises évangéliques et pentecôtistes aux dépens de l’Église catholique.

    M. Ruffini a répondu que toutes les informations en possession des services du Vatican avaient été mises à la disposition des journalistes accrédités et que de toute façon le synode avait des questions bien plus importantes à traiter que des statistiques sur l’appartenance religieuse.

    *

    Dans la seconde partie de sa réponse, Ruffini est contredit par les Pères synodaux eux-mêmes, ou à tout le moins par certains d’entre eux. En effet, pour se rendre compte à quel point l’érosion de la présence catholique dans la région est une question centrale pour le synode sur l’Amazonie et qu’il ne s’agit pas d’une simple question de statistiques mais bien d’une question de foi, nous nous bornerons à citer ce que déclarait l’un des invités du Pape François, le P. Martín Lasarte, responsable de l’animation missionnaire en Afrique et en Amérique latine de sa congrégation, les salésiens. Il connaît très bien l’Amazonie et voici ce qu’il déclarait en séance le samedi 12 octobre au matin :

    « J’ai visité un diocèse où au début des années 1980, 95% de la population était catholique ; aujourd’hui ils ne sont plus que 20%.  Je me rappelle le commentaire d’un des missionnaires européens qui ont systématiquement « désévangélisé » la région : « Nous ne privilégions pas la superstition mais la dignité humaine ».  Je pense que tout est dit. Dans certains endroits, l’Église s’est transformée en un grand gestionnaire de soins de santé, de services éducatifs, promotionnels, voire en consultant mais très peu en mère de la foi ».

    *

    Mais dans la première partie de sa réponse, en revanche, Ruffini avait raison. En effet, le 3 octobre, la salle de presse du Vatican a envoyé par courrier électronique aux journalistes accrédités un épais dossier en espagnol et en portugais sur la « realidad ecclesial y socioambiental » de la région, préparé en vue du synode par le REPAM, le Red Eclesial Panamazónica de 2014 présidé par le cardinal Cláudio Hummes :

    > Atlas Panamazónico

    Settimo Cielo n’avait pas remarqué que dans ce dossier, qui est presque exclusivement consacré à des questions sociales et environnementales, figure en page 35 un graphique avec les pourcentages de présence en Amazonie des différentes dénominations non catholiques.

    Les voici par ordre décroissant de grandeur :

    Avec 5% du total de la population :

    Testigos de Jehová

    Avec 4% chacune :

    Iglesia Adventista del Séptimo Día
    Iglesia Cristiana Evangélica

    Avec 3% :

    Asamblea de Dios

    Avec 2% chacune :

    Iglesia de los Santos de los Últimos Días
    Iglesia Cristiana Pentecostés del Movimiento Misionero Mundial
    Iglesia Universal del Reino de Dios
    Iglesia Cristiana de Restauración
    Iglesia Cuadrangular
    Otras Iglesias Evangélicas
    Bautistas

    Avec 1% chacune :

    Iglesia Pentecostal Unida de Colombia
    Iglesia de Dios Ministerial de Jesucristo Internacional
    Espírita

    Au total, ces 14 dénominations non catholiques représentent un tiers de la population de l’Amazonie, soit 33%.

    Dans une note en marge du graphique, on précise cependant qu’il faut également ajouter les « Otras Iglesias Cristianas » – parmi lesquelles près de la moitié sont des « iglesias únicas quel no tienen relación aparente entre sí » – qui totalisent ensemble 13% supplémentaires.

    Ce qui veut dire qu’au total, si l’on en croit cet « Atlas Panamazónico » de la REPAM, 46% des 34 millions d’habitants que compte la région ont abandonné l’Église catholique au cours des dernières décennies pour passer à d’autres dénominations religieuses.

    Le cas du Brésil est tout aussi impressionnant. Lors du recensement officiel qui a lieu tous les dix ans dans ce pays, en 1970 les catholiques formaient 91,8% de la population alors qu’au recensement de 2010, ils n’étaient plus que 64,6% et qu’il est prévu qu’ils passent sous la barre des 50% l’an prochain.

    En effet, aujourd’hui déjà, en supposant que 46% des Brésiliens soient passés – comme en Amazonie – à des dénominations non catholiques et qu’environ 10-12% soient composés d’animistes, d’agnostiques, etc., à peine plus de 40% de la population resterait fidèle à l’Église catholique.

    Et cette tendance n’est pas près de s’inverser. À moins que le synode sur l’Amazonie ne parvienne à identifier les raisons de ce désastre et à emprunter de « nouveaux chemins » d’évangélisation qui en soient vraiment.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • Infanticide et euthanasie sont des composantes du "bien vivre" amazonien...

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site Diakonos.be :

    De l’infanticide à l’euthanasie. Le « buen vivir » en Amazonie passe aussi par là

    Marcia María de Oliveira, une Brésilienne, figure parmi les 25 collaborateurs des deux secrétaires spéciaux du synode sur l’Amazonie : le jésuite Michael Czerny, créé cardinal par le Pape François le 5 octobre dernier, et le dominicain David Martínez de Aguirre Guinea, évêque de Puerto Maldonado au Pérou.

    Mme de Oliveira est une spécialiste des sociétés et des cultures amazoniennes et elle a été appelée à collaborer en tant qu’expert, en compagnie entre autres de l’Argentin Carlos María Galli, théoricien de la « théologie du peuple et de l’allemand Paulo Suess, professeur de théologie « inculturée » et coauteur du document de base du synode, le controversé « Instrumentum laboris ».

    C’est à ce titre que Mme de Oliveria a participé à la conférence de presse synodale du mardi 15 octobre. Au cours de celle-ci, en répondant à une question, elle est revenue sur les infanticides pratiqués dans certains tribus amazoniennes, en précisant qu’il s’agissait de questions « très complexes » qui devaient être analysés « sous diverses perspectives », particulièrement en ce qui concerne leur rapport avec le sacré.

    Voici ci-dessous la transcription textuelle de la réponse qu’elle a faite à ce propos, prononcée en langue portugaise avec des traductions simultanées dans d’autres langues.

    Cette transcription est issue de l’enregistrement vidéo de la conférence de presse, de la minute 47’18’’ à la minute 48’17’’.

    « Moi personnellement, je n’ai suivi aucune communauté qui adoptait cette pratique comme une question rituelle ou politique. Il y a certaines communautés qui mettent en place certaines procédures ou certaines initiatives collectives de contrôle des naissances. Tout cela est en lien avec la dimension de la famille et de la taille des groupes. Tout se base sur la conservation, la survie, l’alimentation, le nombre de personnes qui composent le groupe… C’est également très lié aux relations internes, jusqu’à quel point cet enfant, ce vieillard, cette personne adulte est en mesure de suivre le groupe dans ce que sont ses propres mouvements internes. »

    *

    Jusque-là, les déclarations de Marcia María de Oliveira, experte en culture amazonienne, correspondent assez mal avec les éloges appuyés et enthousiastes – avant et pendant le synode – de ce « buen vivir » de ces tribus, qui est décrit dans l’« Instrumentum laboris » comme « harmonie avec soi-même, avec la nature, avec les êtres humains et avec l’être suprême, car il existe une interrelation entre tous les éléments du cosmos, où personne n’exclut personne et dans lequel il est possible de forger entre tous un projet de vie en plénitude »

    Mais ce n’est pas tout. Dans la réponse de Mme de Oliveira, il y a un allusion à l’élimination sélective non seulement des enfants mais également des vieillards, c’est-à-dire à l’objet de la question qui lui avait été posée en conférence de presse par le journaliste suisse Giuseppe Rusconi.

    Quelques jours auparavant, en effet, au cours d’une autre conférence de presse synodale, samedi 12 octobre, Mgr Félix Adriano Ciocca Vasino, l’évêque de São Félix do Araguaia – et successeur de l’ultra-indigéniste Pedro Casaldaliga aujourd’hui âgé de 91 ans – avait déclaré : « Mes indios me disent que les blancs sont cruels parce qu’ils laissent vivre les vieux qui ne sont plus autosuffisants. Et qu’ainsi ils contraignent l’esprit des vieux à rester enchaîné à leur corps. Et leur esprit, ainsi enchaîné, ne peut pas répandre ses bienfaits sur le reste de la famille ».

    Tout cela prononcé avec un détachement imperturbable et sans le moindre jugement de valeur. En poussant jusqu’à l’extrême ce conseil donné par François dans son discours d’ouverture du synode : « Rapprochons-nous des peuples amazoniens sur la pointe des pieds, en respectant leur culture et leur style de ‘buen vivir ‘ ».

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.