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Un pacte "pour une Eglise servante et pauvre"

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De Vatican News :

Des pères synodaux renouvellent le «Pacte des Catacombes»

A l'image du serment fait en 1965 par une quarantaine de participants au Concile Vatican II de mettre les pauvres au cœur de leur action pastorale, des participants au synode pour l'Amazonie ont, ce dimanche, signé un texte similiare en quinze points afin de "protéger la Maison Commune".

C'est un évènement plein de symboles: ce dimanche matin, plusieurs père synodaux de l'assemblée spéciale sur l'Amazonie ont participé à une messe célébrée dans les Catacombes de Sainte Domitille situées non loin de la Via Appia à Rome. Une messe présidée par le cardinal brésilien Claudio Hummes, rapporteur général du synode. Ils ont fait mémoire du "Pacte des Catacombes" au cours duquel 42 pères du Concile Vatican II avaient demandé à Dieu la grâce d'«être fidèle à l'esprit de Jésus» dans le service des pauvres. Ce document intitulé «Pacte pour une Église Servante et Pauvre» avait alors pour ambition de mettre les pauvres au centre du ministère pastoral. 

54 ans plus tard, dans la dynamique de ce synode amazonien, un nouveau Pacte des Catacombes a été signé dans le même esprit, afin de mettre parmi les priorités de la mission de l'Eglise la protection de la Maison Commune. En voici le texte:

Pacte des Catacombes pour la Maison Commune

Pour une Église au visage amazonien, pauvre et servante, prophétique et samaritaine

Nous, participants au Synode panamazonien, nous partageons la joie de vivre parmi de nombreux peuples indigènes, quilombolas, d'habitants des rives de fleuves, de migrants et de communautés des périphéries des villes de cet immense territoire de la planète. Avec eux, nous avons fait l'expérience de la puissance de l'Évangile qui agit dans les plus petits. La rencontre avec ces peuples nous interpelle et nous invite à une vie plus simple, de partage et de gratuité. Marqués par l'écoute de leurs cris et de leurs larmes, nous accueillons chaleureusement les paroles du Pape François :

“Beaucoup de frères et sœurs en Amazonie portent de lourdes croix et attendent la consolation libératrice de l'Évangile, la caresse de l'amour de l'Église. Pour eux, avec eux, nous marchons ensemble”.

Souvenons-nous avec gratitude de ces évêques qui, dans les catacombes de sainte Domitille, à la fin du Concile Vatican II, ont signé le Pacte pour une Église servante et pauvre. Nous nous souvenons avec vénération de tous les martyrs membres des communautés ecclésiales de base, des organismes pastoraux et des mouvements populaires, des leaders indigènes, des missionnaires hommes et femmes, des laïques et des laïcs, des prêtres et des évêques, qui ont versé leur sang en raison de cette option pour les pauvres, de la défense de la vie et de la lutte pour protéger notre Maison commune. À la gratitude pour leur héroïsme, nous joignons notre décision de poursuivre leur lutte avec fermeté et courage. C'est un sentiment d'urgence qui s'impose face aux agressions qui dévastent aujourd'hui le territoire amazonien, menacé par la violence d'un système économique prédateur et consumériste.

Devant la Très Sainte Trinité, devant nos Églises particulières, devant les Églises d'Amérique latine et des Caraïbes et devant celles qui sont solidaires avec nous en Afrique, en Asie, en Océanie, en Europe et dans le Nord du continent américain, aux pieds des Apôtres Pierre et Paul et de la multitude des martyrs de Rome, d'Amérique latine et surtout de notre Amazonie, en profonde communion avec le Successeur de Pierre, nous invoquons l'Esprit Saint et nous nous engageons personnellement et collectivement à :

1.   Assumer, face à l'extrême menace du réchauffement climatique et de l'épuisement des ressources naturelles, l'engagement à défendre la forêt amazonienne sur nos territoires et par nos attitudes. C'est d'elle que proviennent les dons de l'eau pour une grande partie de l'Amérique du Sud, la contribution au cycle du carbone et à la régulation du climat mondial, une biodiversité incalculable et une riche diversité sociale pour l'humanité et pour la Terre entière.

2. Reconnaître que nous ne sommes pas les propriétaires de notre mère la terre, mais ses fils et ses filles, formés par la poussière de la terre (Gn 2, 7-8), hôtes et pèlerins (1 Pt 1, 17b et 1 Pt 2, 11), appelés à être ses gardiens zélés (Gn 1, 26). À cette fin, nous nous engageons pour une écologie intégrale, dans laquelle tout est interconnecté, le genre humain et l'ensemble de la création, parce que tous les êtres sont filles et fils de la terre et sur elle plane l'Esprit de Dieu (Gn 1, 2).

3. Accueillir et renouveler chaque jour l'alliance de Dieu avec toute la création: «Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous : les oiseaux, le bétail, toutes les bêtes de la terre, tout ce qui est sorti de l’arche.» (Gn 9, 9-10 et Gn 9, 12-17).

4. Renouveler dans nos Églises l'option préférentielle pour les pauvres, en particulier pour les peuples originaires, et garantir avec eux le droit d'être protagonistes dans la société et dans l'Église. Les aider à préserver leurs terres, leurs cultures, leurs langues, leurs histoires, leurs identités et leur spiritualité. Prendre conscience qu'elles doivent être respectées aux niveaux local et mondial et, par conséquent, encourager, avec tous les moyens à notre disposition, à les accueillir sur un pied d'égalité dans le concert mondial des peuples et des cultures. 

5. Par conséquent, dans nos paroisses, diocèses et groupes, tout type de mentalité et d'attitude coloniale, en accueillant et valorisant la diversité culturelle, ethnique et linguistique dans un dialogue respectueux avec toutes les traditions spirituelles.

6. Dénoncer toute forme de violence et d'agression contre l'autonomie et les droits des peuples originaires, leur identité, leurs territoires et leurs modes de vie.

7. Proclamer la nouveauté libératrice de l'Évangile de Jésus-Christ, en accueillant l'autre et le différent, comme ce fut le cas pour Pierre dans la maison de Corneille: «Vous savez qu’un Juif n’est pas autorisé à fréquenter un étranger ni à entrer en contact avec lui. Mais à moi, Dieu a montré qu’il ne fallait déclarer interdit ou impur aucun être humain.» (Ac 10, 28).

8. Marcher œcuméniquement avec les autres communautés chrétiennes dans l'annonce inculturée et libératrice de l'Evangile, et avec les autres religions et personnes de bonne volonté, en solidarité avec les peuples originaires avec les pauvres et les petits, dans la défense de leurs droits et dans la préservation de la maison commune.

9. Établir dans nos Églises particulières un style de vie synodal, dans lequel les représentants des peuples originaires, les missionnaires, les laïcs hommes et femmes, en vertu de leur baptême et en communion avec leurs pasteurs, ont une voix et un vote dans les assemblées diocésaines, dans les conseils pastoraux et paroissiaux, bref, en tout ce qui les concerne dans la gouvernance des communautés.

10. Nous engager à reconnaître d'urgence les ministères ecclésiaux déjà existants dans les communautés, exercés par des agents pastoraux, des catéchistes indigènes, des ministres - hommes et femmes - de la Parole, en valorisant en particulier leur attention aux plus vulnérables et exclus.

11. Rendre effectif dans les communautés qui nous sont confiées le passage d'une pastorale de la visite à une pastorale de la présence, en assurant que le droit à la Table de la Parole et à la Table de l'Eucharistie devienne effectif dans toutes les communautés.

12. Reconnaître les services et la véritable diaconie du grand nombre de femmes qui dirigent aujourd'hui des communautés en Amazonie, et essayer de les consolider avec un ministère adéquat de leaders féminins de communautés.

13. Chercher de nouveaux parcours d'action pastorale dans les villes où nous opérons, avec les laïcs et les jeunes comme protagonistes, en prêtant attention à leurs périphéries et aux migrants, aux travailleurs et aux chômeurs, aux étudiants, aux éducateurs, aux chercheurs et au monde de la culture et des communications.

14. Face à la vague de consumérisme, assumer un style de vie joyeusement sobre, simple et solidaire avec ceux qui ont peu ou rien ; réduire la production de déchets et l'utilisation du plastique ; encourager la production et la commercialisation de produits agro-écologiques ; utiliser les transports publics autant que possible.

15. Se placer aux côtés de ceux qui sont persécutés pour leur service prophétique de dénonciation et de réparation des injustices, de défense de la terre et des droits des plus petits, d'accueil et de soutien aux migrants et réfugiés. Cultiver de vraies amitiés avec les pauvres, visiter les personnes les plus simples et les malades, exercer un ministère d'écoute, de consolation et de soutien qui soulage et redonne espoir.

Conscients de nos fragilités, de notre pauvreté et de notre petitesse face à de si grands et si graves défis, nous nous confions à la prière de l'Église. Par-dessus tout, que nos communautés ecclésiales nous aident par leur intercession, leur affection dans le Seigneur et, quand cela est nécessaire, par la charité et la correction fraternelle.

Acceptons avec un cœur ouvert l'invitation du Cardinal Hummes à nous laisser guider par l'Esprit Saint en ces jours du Synode et en regagnant nos églises :

«Laissez-vous envelopper par le manteau de la Mère de Dieu, Reine de l'Amazonie. Ne nous laissons pas submerger par l'autoréférentialité, mais par la miséricorde devant le cri des pauvres et de la terre.

Il faudra beaucoup prier, méditer et discerner une pratique concrète de communion ecclésiale et d'esprit synodal. Ce synode est comme une table que Dieu a dressée pour ses pauvres et Il nous demande de servir à cette table».

Célébrons cette Eucharistie du Pacte comme «un acte d'amour cosmique» «“Oui, cosmique! Car, même lorsqu’elle est célébrée sur un petit autel d’une église de campagne, l’Eucharistie est toujours célébrée, en un sens, sur l’autel du monde”. L’Eucharistie unit le ciel et la terre, elle embrasse et pénètre toute la création. Le monde qui est issu des mains de Dieu, retourne à lui dans une joyeuse et pleine adoration : dans le Pain eucharistique, “la création est tendue vers la divinisation, vers les saintes noces, vers l’unification avec le Créateur lui-même”. C’est pourquoi, l’Eucharistie est aussi source de lumière et de motivation pour nos préoccupations concernant l’environnement, et elle nous invite à être gardiens de toute la création.» (Laudato Si’, 236).

Catacombes de Sainte Domitille

Rome, 20 octobre 2019

Commentaires

  • Le premier « pacte des catacombes » était l'expression d'une idéologie marxiste qui déplaçait la perspective eschatologique de la parousie à ce monde historique. Idéologie radicalement athée et même anti-théiste. Après la chute du mur de Berlin suivi par la disparition de l'URSS et la révélation des goulags, le marxisme a été discrédité et on ne croyait plus aux « lendemains qui chantent » communistes. L'idéologie marxiste a été remplacée par une idéologie écologique, tout autant utopique et totalitaire, qui élimine toujours tout autant la perspective eschatologique et le salut individuel. Il s'agit de "sauver la planète" et pas l'homme perçu comme toxique « pour la planète ». C'est cette idéologie qui évolue ensuite vers l'animalisme, l'antispécisme, l'anti-capitalisme et l'anti-paternalisme et reprend l'idée rousseauiste délirante du « bon sauvage ».
    Il s'agit évidemment d'une perspective radicalement anti-chrétienne qui remplace l'Église de Jésus-Christ par une église écolo-planéto-cosmique panthéiste, et immanentiste.

  • Je parlais d'anti-paternalisme et du rousseauisme. Jean-Jacques Rousseau le libertin ne s'occupa pas de ses cinq enfants qu'il renia et abandonna, laissant d'autres s'en occuper, ce qui lui fût reproché, entre autres, par Voltaire et Victor Hugo.
    Les plus paternalistes sont indubitablement les membres de ce néo-clergé de gauche qui prétend dire aux autres ce qu'ils doivent penser et punir ceux qui ne se conforment pas à leurs diktats diversitaires.
    Le bon sens n'est pas gauchiste. Comme disait justement Margaret Tatcher « le socialisme ne dure que ce que dure l'argent des autres ». Il s'agit d'un parasitisme autocratique et totalitaire. C'est pourquoi il st déjà en train de s'effondrer.

  • Ce pacte est la conversion de l’Église et son envahissement par la « révolution verte » d'extinction-rébellion et de Greta Thunberg. C'est la voie jésuitique choisie par François pour rallier à l’Église les âmes perdues. Hélas les gens préfèrent toujours l'original à la copie.

  • A mon humble avis, l'option préférentielle pour les pauvres serait surtout dans la continuité de Rerum Novarum ( Encyclique laissée de côté par beaucoup, Charles Woeste,( CVP) par ex.
    ( Faut il rappeller que Mgr Leonard lui-même a " réhabilité " par deux fois l' abbé Daens ?).
    Tout récemment encore le Père Delhez, sj a, dans la Libre Belgique écrit une lettre ouverte à " ses amis socialistes dont il a salué les bons combats : dignité de l'ouvrier , sécurité sociale ......avant de se focaliser sur les mauvais combats actuels qui sont , en effet, très mauvais et n'ont plus rien de socialiste .
    Tout ça pour dire que si on veut faire de la politique sur un site catho il serait bon que ce soit dans une optique chrétienne et non pas en citant Margaret Tatcher, par ex.
    Car aujourd'hui nous fêtons Saint Jean Paul II qui condamnait à la fois le capitalisme sauvage et le communisme.
    Et dans "In Caritate Veritas " Benoit 16 condamne lui aussi les excès du libéralisme, par ex. , les délocalistions d'usine qui entrainent un détricotage des lois socailes et éloignent le salarié de sa famille.

  • Revenons aux fondamentaux. J'appelle « chrétien » tout qui déclare et croit que « Christ est ressuscité ». La résurrection du Christ est le prélude et le moyen de notre propre résurrection, de la transformation de notre corps mortel corruptible en un corps glorieux incorruptible. La vie éternelle près du Créateur est l'espérance et le but de tout chrétien.
    L'espérance découle de la foi ; c'est la grande vertu chrétienne qui engendre la charité. La charité (écologique) ne saurait se passer de l'espérance et ne saurait la précéder. C'est une absurdité de vouloir une Église pauvre pour les pauvres si elle n'est pas d'abord croyante. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, ni oublier d'atteler la charrue à Notre Seigneur, qui nous demande de prendre sur nous son joug.

  • Tout à fait d'accord Levi. Mais je préfère citer nos papes et leurs encycliques plutôt que Madame Thatcher. Pour certains cathos comme mon exemple le suggère , l' encyclique Rerum Novarum était déjà une émanation de ce " neo clergé de gauche" dont vous préjugez de la foi.

  • Merci Madame Muriel Lehembre de votre réponse. Après avoir fait mes études dans une école publique infestée (oui infestée) de professeurs gauchistes et communistes militants, et mes études universitaires pour la plupart dans une université maçonnique, je suis devenu de plus en plus libéral conservateur et même traditionaliste. C'est pour moi un beau mot que celui de « conservateur », qui conserve ce qui lui a été transmis pour le transmettre à son tour. Nul besoin de réformisme ou de progressisme, tout a été donné par l'incarnation de Notre Seigneur, Verbe incarné.
    Je ne préjuge de la foi de personne, mais je pense que se lancer dans le social sans d'abord rappeler ce qui fonde cette action, c'est construire sur du sable ou en porte à faux. C'est pourquoi l'attitude du pape François et de ses sectateurs me semble une erreur.

  • A l'heure du syncrétisme et du relativisme doctrinal, à l'heure où le salut éternel a fait place au salut temporel, à l'heure où l'Eglise ne s'intéresse plus à ceux qui migrent vers l'au-delà, à l'heure où en plein Vatican Dieu et les idoles font bon ménage, voici quelques paroles de saint Paul, tirées de sa deuxième épître aux Corinthiens, chapitre 6 versets 14 à 16...
    "Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-il entre la justice et l'iniquité? Qu'y a t-il de commun entre le Christ et Bélial ou quelle part a le fidèle avec l'infidèle? Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles?" Bref, dans cette Eglise qui aujourd'hui est à genoux devant le monde et devant les religions non-chrétiennes, où est encore l'amour de la Vérité, l'amour de Celui qui, seul rédempteur est capable de nous sauver du péché et de la mort éternelle? Saint Paul, revenez-nous, votre message est trahi!

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