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Abus sexuels en République Centrafricaine : un laxisme et des négligences incompréhensibles

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Catholic News Service | Agence

21 novembre 2019

Caritas rattrapée par un scandale d'abus sexuels en Afrique

Caritas Internationalis, la confédération de 165 organisations caritatives catholiques nationales basée au Vatican, a exprimé sa tristesse et son indignation face aux incidents d'abus d'enfants commis par un prêtre salésien belge qui a été le directeur national de Caritas en République centrafricaine.

Caritas Internationalis à Rome a publié une déclaration écrite le 21 novembre, le jour même où CNN a publié une enquête décrivant les nouvelles accusations portées contre le père Luk Delft, y compris sa condamnation en 2012 en Belgique pour deux chefs d'abus pédosexuels et de possession de pornographie juvénile.

«Caritas Internationalis aide la Caritas locale en République centrafricaine à enquêter sur les accusations, à renforcer ses mécanismes de protection et à offrir des soins et un soutien à toutes les possibles victimes et à leur famille», indique le communiqué.

«Caritas Internationalis a demandé à toutes les organisations nationales du monde entier d’effectuer des vérifications minutieuses de leur gouvernance, de leur personnel, de leurs bénévoles et de leur personnel international», a-t-on ajouté. «Caritas encourage quiconque ayant des suspicions en matière de protection à le signaler à la police locale. Un rapport peut également être fait à Caritas internationalis sur cho@caritas.va.»

Consternation en Belgique

Le bureau national de Caritas Internationalis en Belgique a publié une déclaration le 19 novembre dans laquelle il se déclarait «consterné par les graves accusations de maltraitance d'enfants portées contre un membre du personnel du réseau mondial Caritas».

Même si le membre du personnel, qui n’est pas nommé, ne travaillait pas pour Caritas Belgique, le bureau a déclaré que «toute la confédération de Caritas Internationalis est touchée».

Il a précisé que les autorités judiciaires belges ont été informées en juin 2019.

La confédération Caritas a également lancé une enquête et un système de soutien aux victimes. La déclaration de Caritas Belgique ajoutait qu'un audit externe avait été lancé pour identifier ce qu'il y avait eu de «négligence» pour permettre au prêtre de travailler pour Caritas ainsi que pour identifier les faiblesses de la politique actuelle de prévention et de protection.

Enquête de CNN

CNN a publié une enquête révélant non seulement de nouvelles allégations de mauvais traitements infligés à des enfants par le prêtre alors qu'il servait en République centrafricaine, mais aussi comment le père Delft, âgé de 50 ans, avait continué à travailler dans des zones d'accès aux mineurs pauvres et vulnérables malgré une interdiction judiciaire des contacts avec des enfants jusqu'en 2022.

CNN a rapporté que l'ordre salésien était au courant d'allégations contre le prêtre, à commencer par les aveux du prêtre en 2001, qui avait agressé deux garçons dans un pensionnat salésien à Gand, en Belgique.

Il a été transféré dans une autre école et, en 2009, de la pornographie juvénile a été trouvée sur son ordinateur, selon CNN.

Le prêtre a été invité à quitter cette école après que le provincial salésien en ait été informé, a dit CNN, et le prêtre est ensuite devenu le directeur de l'agence d'aide salésienne belge en 2010. Selon CNN, il s'est rendu en Haïti pour y apporter une aide humanitaire à la suite du tremblement de terre de 2010.

En 2012, un tribunal belge a condamné le père Delft pour abus pédophile et possession de pédopornographie après qu'un ancien collègue eut alerté les autorités. Le prêtre a été interdit de contact avec des enfants jusqu'en 2022.

Cependant, le père Delft s'est ensuite rendu en République centrafricaine et a commencé à travailler avec Caritas dans un camp pour personnes déplacées. CNN a dit que deux hommes leur ont dit que leurs fils avaient été maltraités par le prêtre du camp.

Le reportage comprenait des images vidéo d'un journaliste de CNN confrontant le père Delft le 16 juin avec les nouvelles accusations. Le prêtre a nié en bloc.

CNN a dit qu'elle avait alors informé le supérieur du prêtre, le père salésien Carlo Loots, des nouvelles allégations, et le prêtre a été rappelé en Belgique.

Les salésiens ont dit à CNN que la police avait été informée et que le père Delft était gardé «sous surveillance» dans un endroit que CNN a découvert être une résidence salésienne avec une école sur son campus.

Interrogée sur le rapport de CNN le 21 novembre, Caritas Internationalis à Rome a rapidement publié une déclaration écrite.

«Caritas est profondément attristée et scandalisée par les abus commis sur des mineurs, rapportés par CNN dans son récit sur Luk Delft, un prêtre religieux belge qui a été l’ancien directeur national de Caritas Centrafrique», a déclaré Aloysius John, secrétaire général de la confédération Caritas, dans cette déclaration.

«Nous exprimons notre compassion et notre solidarité aux enfants et à leur famille. Nous remercions ceux qui ont fait un pas en avant. Ils ont notre appui total pour dire leur vérité. À Caritas, nous travaillons constamment pour améliorer notre protection des enfants autant en République centrafricaine que dans le reste du monde, partout où Caritas travaille pour aider ceux qui se trouvent dans le besoin. Notre premier devoir est de protéger ceux que nous servons », a-t-il dit.

Caritas Internationalis a indiqué dans sa déclaration qu'elle «entend que les responsables ont veillé à ce que l’accusé ne soit plus en République centrafricaine, et qu’autant les autorités civiles que religieuses ont été informées et enquêtent sur les accusations».

Radio France Internationale a rapporté le 16 novembre qu'une plainte pour abus sexuel d'un mineur avait été déposée auprès du parquet de Bangui contre «l'ancien chef de l'organisation humanitaire catholique Caritas».

Le procureur a ouvert une enquête judiciaire en partant du principe qu'il aurait pu y avoir des abus impliquant d'autres enfants également, a rapporté la radio. Sans nommer le suspect, il a déclaré que le prêtre était soupçonné d'avoir maltraité des mineurs alors qu'il dirigeait une mission dirigée par Caritas à Kaga Bandoro et à Bangui où il avait été directeur national de Caritas.

RFI a indiqué que par mesure de précaution, toutes les ONG internationales et le personnel des Nations Unies avaient temporairement suspendu toute collaboration avec Caritas pendant que l'enquête était en cours.

Carol Glatz

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