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Avancées bioéthiques : va-t-on trop vite et trop loin ?

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De Nicolas de Pape sur le site du Journal du Medecin :

Progrès bioéthiques : trop vite, trop loin ?

13/12/2019

Ces dernières années - et ces dernières semaines - ont connu un accélération soudaine d'une sorte de " progressisme (bio)-éthique " : allongement du délai pour l'IVG, PMA non-thérapeutique, GPA, diagnostic pré-implantatoire... On annonce même l'utérus artificiel. Derrière l'enfant à tout prix, faut-il craindre, comme Jacques Testard, l'avènement d'une forme d'eugénisme?

En matière d'avortement, une majorité parlementaire propose, en l'absence d'un gouvernement de plein exercice, d'allonger le délai d'interruption de la grossesse de 12 à 18 semaines et d'en faire un acte médical anodin. La loi a été adoptée en première lecture.

Une pétition est lancée (https://abortus-avortement.be/?) pour s'y opposer. L'intérêt de cet appel à signatures est qu'il ne remet pas en question les acquis de l'IVG (ce à quoi belgicatho n'adhère évidemment pas). Les signataires semblent transcender l'opposition laïque/chrétien parfois si confortable. La question induit une réflexion légitime sur : qu'est-ce que la vie ? Qu'est-ce qu'un humain ? À partir de quand a-t-on des droits ? Les pétitionnaires rappellent également qu'un avortement n'est pas un acte médical comme les autres qu'on peut banaliser. Les femmes qui l'ont expérimenté en témoignent. L'avortement ne doit pas devenir non plus un moyen de contraception.

Autre accélération : l'euthanasie des mineurs sans limite d'âge sous condition de discernement, qui a été votée en 2016 parce qu'on estimait qu'une demande existait. Depuis ce vote, deux ou trois mineurs seulement en ont fait la demande. Ce qui démontre qu'il n'y avait pas vraiment urgence. Ici aussi, les questionnements éthiques sont allés bien au-delà de l'opposition entre religieux et laïques : un mineur souffrant atrocement doit-il être soulagé au même titre qu'un adulte ? Quel pouvoir d'influence des parents ?

En France comme chez nous, PMA non thérapeutique et GPA font partie de l'agenda. Ces avancées sociétales nous questionnent également. La PMA non thérapeutique offerte aux homosexuelles et aux mères " volontairement célibataires " pose la question de la disparition du père. Agnès Buzyn, ministre française de la Santé, a déclaré qu'une grand-mère était un père comme les autres. Ce n'est évidemment pas aussi simple. La GPA utilisée par les couples homosexuels masculins pose la question, cette fois, de l'absence de mère. Tout cela va si vite que la société a du mal à suivre. Peut-on arrêter le progrès ? Le doit-on ?

Eugénisme

Puisque tout ce qui est techniquement possible se fait tôt ou tard, voici que le prométhéen Laurent Alexandre nous annonce l'utérus artificiel. Après la disparition de la filiation paternelle au profit d'une banque de sperme anonyme, voici qu'on pourrait se servir, cette fois, dans une banque d'ovocytes. Exit la généalogie... Déjà, des étudiantes américaines vendent leurs ovules pour payer le minerval.

Aurait-on pu imaginer en 1978, année où naquit le premier bébé éprouvette, Louise Brown, que le 21e siècle verrait l'explosion de toutes ces techniques médicales de fécondation auxquelles il faut ajouter les CRISPR/Cas9 (ciseaux génétiques), le kit d'examen du génome pour 49 euros ? Politiquement, la Belgique se tient à l'écart de ces grands débats éthiques où lorsqu'ils ont lieu, c'est dans une grande violence dialectale contre les " forces de la réaction ". Jacques Testart, père scientifique du premier bébé éprouvette français nous avertit pourtant d'un danger d'eugénisme. " Tout désir est devenu exigence. Je veux un enfant. Le désir d'enfant, le droit à l'enfant... Et bientôt le droit à l'enfant normal, le droit à l'enfant supérieur... Tout ça prépare l'acceptation du diagnostic pré-implantatoire, du tri des embryons, en réduisant la grossesse à une fonction de grande banalité (on espère aussi l'utérus artificiel) et l'enfant à un objet auquel on a droit... Tout ça concourt à préparer une véritable révolution dans l'espèce, où on fabriquera, au sens industriel du terme, des bébés [1]. "

1 Charlie Hebdo, 20 septembre 2017.

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