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Marie "corédemptrice" ?

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Le pape a affirmé jeudi soir que "Marie ne s'était jamais présentée comme corédemptrice". Mais qu'en est-il vraiment ? Voici un article publié dans Famille Chrétienne en juin 2015 sous la plume du Père Nicolas Buttet qui aborde cette question :

Peut-on dire que Marie est corédemptrice de l’humanité ?

CHRONIQUE | Une foi, mille questions | 17/06/2015 | Numéro 1953 | Par Père Nicolas Buttet

Les titres donnés à Marie, tant par la théologie que par la piété populaire, sont nombreux. L’Église a défini quatre dogmes mariaux : la maternité divine de Marie (en 431, à Éphèse) ; sa virginité perpétuelle (en 649) ; l’Immaculée Conception (1854) et l’Assomption (1950).

Le titre de Marie corédemptrice fait partie des nombreux vocables sous lesquels Marie est priée et aimée, en lien avec sa mission particulière dans l’Église et dans le monde. Ce titre n’est pas utilisé comme tel dans les documents du concile Vatican II, bien qu’une discussion assez intense ait eu lieu à ce sujet. Le Concile précise : « La bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les titres d’avocate, auxiliatrice, secourable, médiatrice, tout cela cependant entendu de telle sorte que nulle dérogation, nulle addition n’en résulte quant à la dignité et à l’efficacité de l’unique Médiateur, le Christ ». Le Concile tenait en effet à replacer la dévotion mariale dans le mystère de l’Église et à présenter clairement le Christ comme unique Sauveur du genre humain. Les Pères du Concile ont donc rappelé que Marie est elle aussi rachetée de façon radicale par son Fils.

Il ne fait cependant aucun doute que Marie participe de manière suréminente à l’œuvre de la Rédemption de son Fils Jésus. Tous les théologiens ne franchissent néanmoins pas le pas d’attribuer à Marie le titre de « corédemptrice ». Parmi ceux-ci, le cardinal Ratzinger : « Le concept de corédemptrice s’écarte aussi bien de l’Écriture que des écrits patristiques. Tout vient [du Christ], comme le soulignent les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens. Marie aussi est tout ce qu’elle est par Lui. Le terme de corédemptrice obscurcirait cette donnée originelle. Une bonne intention s’exprime dans un mauvais vocable. Dans le domaine de la foi, la continuité avec la langue de l’Écriture et des Pères est essentielle ».

Le cardinal Journet reconnaît pour sa part qu’il y a une « participation corédemptrice » de chaque baptisé à l’œuvre de l’unique Rédempteur Jésus, selon la parole de saint Paul : « Ce qui manque aux souffrances du Christ, je l’achève en ma chair, pour son corps, qui est l’Église » (Col 1, 24).

En Marie, l’Église devient corédemptrice de tout ce dont le Christ est l’unique rédempteur. 

Cette participation à l’œuvre du Salut ne concerne pas, répétons-le, l’acquisition de la grâce, mais la diffusion de celle-ci dans l’Église et dans le monde. Le cardinal Journet ajoute : « La médiation corédemptrice personnelle de la Vierge est plus haute que celle de l’Église entière. Elle s’étend à tous les hommes de tous les temps ; elle est antérieure et enveloppante par rapport à toute médiation corédemptrice, fût-ce celle même de l’Église. En Marie, l’Église devient corédemptrice de tout ce dont le Christ est l’unique rédempteur, à savoir de tous les hommes, qu’ils le sachent ou qu’ils l’ignorent ».

On le voit, la question est encore « ouverte » quant au vocable « corédemptrice ». ll est donc possible d’appeler Marie « corédemptrice » dans la mesure où l’on confesse fermement l’unique Rédempteur qui est son Fils Jésus. Laissons, pour finir, la parole à saint Jean-Paul II : « Marie, qui a été conçue et est née sans péché, a pris part de façon éminente aux souffrances de son Divin Fils pour être ainsi Corédemptrice de toute l’humanité » (8 septembre 1982). 

Père Nicolas Buttet

Ajoutons que, dans une prière adressée à Notre-Dame de Lourdes, le pape Pie XII s'est adressé à Marie en la désignant comme "notre Corédemptrice"...

Mais... : https://archives.leforumcatholique.org/consulte/message.php?arch=2&num=451640

Commentaires

  • La Vierge Marie se serait-elle désignée elle-même par l'expression "Mère de Dieu" ?

  • La réponse est clairement : non!
    Par contre sa cousine...
    Je cite : "Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « [...] D’où m’est-il donné que la MÈRE DE MON SEIGNEUR vienne jusqu’à moi ? " (Évangile selon saint Luc 1, 39-45).
    Par contre Marie s'est désignée elle-même comme " son humble servante" et "bienheureuse".

    Pour ce qui est de ce débat (entre papes?), il me semble qu'on ne pourrait refuser à Marie ce qu'on accorderait à Paul (qui affirme avec audace :'Ce qui MANQUE aux souffrances du Christ, je l’achève en ma chair [...]". Paroles impressionnantes qui amènent le cardinal Journet à affirmer : « [...[ la participation corédemptrice  de chaque baptisé à l’œuvre de l’unique Rédempteur Jésus", La question dépasse donc la personne de Marie et peut se formuler smplement :"Sommes-nous participants de notre rédemption?" ou :"Ajoutons-nous un fruit personnel à la Passion du Rédempteur?". Dans sa doctrine sur les âmes du Purgatoire, il me semble aussi que l'Eglise enseigne que nous pouvons puiser dans le Trésor de l'Eglise où on trouve les mérites de Jésus ET des saints.

  • C'est au concile œcuménique d'Ephèse, en 431, que le titre de "Mère de Dieu" a été reconnu à Marie, de préférence à celui de Christotokos (Mère du Christ). C'est une question théologique qui était très discutée, le véritable enjeu étant de savoir si et comment Jésus est vraiment Dieu et vraiment homme. Des hérésies avaient nié, tour à tour, chacune de ces deux affirmation centrales de la foi chrétienne.

  • L'unique sacrifice de NSJC au Calvaire est "suffisant" pour sauver tous les hommes passés, présents et futur à la seule condition que leur liberté ne s'y oppose pas.
    Notre Dame a certainement souffert ici-bas, notamment lors de la disparition de Jésus adolescent qui était resté au temple de Jérusalem, lors du décès de saint Joseph et surtout lors de la passion et de la mort de son divin fils. Comme elle avait été préservée de la tache originelle, ses souffrances ont été vécues dans une soumission absolue à la volonté divine. Il n'est donc pas douteux que la sainte Vierge est la créature qui a contribué le plus, et de loin, à enrichir le trésor de la Communion des Saints.
    Il me semble que c'est par cette voie qu'on peut comprendre le sens du mot corédemptrice appliqué à Marie. Beaucoup de ceux qui ont été sauvés l'ont été sans doute par les richesses de grâces de la Communion des Saints auxquelles nous aussi pouvons participer, certes dans une modeste mesure, lorsque nous acceptons sans trop murmurer les épreuves que Dieu nous envoie.

  • Humble réflexion. A mon sens, la question de savoir si Marie est co-rédemptrice rejoint quelque part celle de de savoir si Elle est médiatrice. On le sait, St Paul déclare: "Il n'y a qu'un seul médiateur entre Dieu (Trinité) et les hommes, à savoir Jésus-Christ". Donc, sous peine de contredire St Paul, il nous faut voir en Marie Celle qui est médiatrice, non pas entre Dieu et les hommes, mais entre Jésus-Christ (le Dieu incarné) et les hommes. Et sur ce point, les apôtres et ceux qui les suivent fidèlement ne le sont-ils pas aussi? Dans ce cas-là, pourquoi lui refuser ce privilège que nous accordons à d'autres sans broncher? Peut-être encore plus délicate est la question de l'Immaculée conception. Car finalement, si la Vierge Marie a été conçue immaculée, quel serait son mérite de ne jamais avoir péché? D'accord mais ce serait oublier qu'Eve aussi fut conçue immaculée. La différence entre celle-ci et Marie consiste à mon sens dans le fait que si la première a mal usé de sa liberté de rester pure, la deuxième a opté pour être fidèle à ce que Dieu attendait d'Elle et d'une personne humaine. Et cela correspond selon moi à toute la dévotion légitime dont Elle l'objet.

  • Je crois que saint Alphonse, dans les Gloires de Marie a une position équilibrée sur cette question et exprime bien la tradition catholique, sans utiliser le vocable ce corédemptrice: "Marie nous a enfantés à la grâce sur le Calvaire, lorsque, d'un cœur brisé par la douleur, elle offrit ai Père éternel pour notre salut la vie de son Fils bien-aimé. Saint Augustin affirme en effet qu'en contribuant alors par sa charité à faire naître les fidèles à la vie de la grâce, Marie devint notre Mère à tous, la Mère spirituelle de tous les membres du corps mystique de Jésus-Christ" (Gloires de Marie, , ch I, II)

  • Femme (Dame), Mère et métisse
    (señora-mujer, madre y mestiza)

    La traduction en français de l'homélie papale du 12 décembre est disponible : http://www.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2019/documents/papa-francesco_20191212_omelia-guadalupe.html ,

    ainsi que l'original: http://www.vatican.va/content/francesco/es/homilies/2019/documents/papa-francesco_20191212_omelia-guadalupe.html

    Extraits :

    "Quand on vient nous dire qu’il fallait la déclarer telle, ou faire cet autre dogme, ne nous perdons pas en bavardages: Marie est femme, elle est Notre-Dame, Marie est la Mère de son Fils et de la Sainte Mère l’Eglise hiérarchique et Marie est métisse, la femme de nos peuples, mais qui a «métissé» Dieu."

    Femme (Dame), Mère et métisse ! Le reste n'est que bavardages ("tonterias" dit l'original, Terme que l'on traduirait plus volontiers par : " non-sens, absurdités, sottises, inepties").

    NB: l'homélie insiste aussi sur le fait que Marie est "disciple"

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