De Nelly Didelot sur le site de Libération.fr :
Une nouvelle victoire conservatrice se profile en Pologne
Pour cette campagne, le parti s’appuie à nouveau sur la force qui a été la sienne depuis cinq ans : l’économie. Dans ce domaine, son bilan est excellent, bien qu’il soit en partie dû à des circonstances favorables et aux mesures mises en place par les libéraux avant 2015. Le chômage est au plus bas depuis la fin du communisme, les salaires ont augmenté, et la croissance a progressé en moyenne de 4 % chaque année depuis 2015. Le gouvernement a également déployé un ensemble d’aides sociales, visant le cœur de son électorat. Les retraités ont eu droit à un treizième mois, les familles au programme 500+ qui verse une aide mensuelle à partir de la naissance d’un deuxième enfant. «Ces mesures sont au service d’une vision conservatrice de la société, qui met en valeur la famille, analyse Frédéric Zalewski, maître de conférences à l’université Paris-Nanterre. Mais elles répondent aussi aux tensions sociales qui étaient particulièrement élevées en 2015, nourries par une crise des inégalités. Le PiS a su poser un diagnostic social juste et lui apporter une réponse qui correspond à ses positions idéologiques.»
Doublement du salaire minimum
Conscients de leur force, les nationalistes-conservateurs en ont remis une couche à l’approche des élections. Une exemption fiscale a été décrétée pour les moins de 26 ans et le programme 500+ a été étendu à toutes les familles. Dernièrement, le leader du PiS, Jaroslaw Kaczynski, a même promis de doubler le salaire minimum d’ici 2023 si son parti remportait à nouveau les législatives. Cela en ferait proportionnellement l’un des plus élevés parmi les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), alors que la Pologne avait misé jusque-là sur une main-d’œuvre bon marché pour se développer. En face, les libéraux ont bien du mal à s’aligner, d’autant qu’ils prédisaient au PiS l’effondrement économique en cas d’application de son programme social.