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"Des profondeurs de notre cœur" : le grand gâchis de Mgr Georg Ganswein

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De Riccardo Cascioli sur la Nuova Bussola Quotidiana en traduction française sur le site "Benoît et moi" :

14 janvier 2020

Livre sur le célibat, le grand gâchis de don Georg

Après la clameur suscitée par l’anticipation du livre en défense du célibat ecclésiastique, signé par Benoît XVI et le cardinal Robert Sarah, le rétro-pédalage spactaculaire du secrétaire de Ratzinger, Mgr Georg Gänswein, fait discuter. Il a affirmé que le pape émérite était étranger au projet du livre à quatre mains, mais il est démenti par les faits. Et le cardinal Sarah confirme que tout était clair et partagé, et publie les lettres de Benoît XVI qui lui ont été adressées. Et les éditeurs ont également reçu le « bon pour l’impression » de Gänswein. Peut-être qu’après les violentes attaques, les mensonges et les menaces reçues, le secrétaire voulait-il protéger le pape émérite, mais il obtiendra le résultat inverse: séparer le pape émérite du cardinal Sarah n’a fait que faciliter la tâche de leurs ennemis. En attendant, le livre sortira avec la signature du Cardinal Sarah, « avec la contribution de Benoît XVI ». Mais le contenu, qui est ce qui compte, reste le même.

Commençons par les faits certains. Le livre « Des profondeurs de notre cœur », dont Le Figaro a anticipé quelques pages, provoquant un grand bruit, a été réellement partagé par Benoît XVI et le cardinal Robert Sarah. L’ouvrage est composé de deux essais sur le sacerdoce, avec un accent particulier sur le célibat, écrits respectivement par Benoît XVI et le cardinal Sarah. Puis il y a une introduction et une conclusion signées par les deux: elles ont été écrites par le Cardinal Sarah mais vues et approuvées par Ratzinger. Et le « bon pour impression » est venu directement du secrétaire personnel de Benoît XVI, Mgr Georg Gänswein.

D’où vient donc tout le chaos de ces heures et le revirement de Gänswein? Le secrétaire de Ratzinger a déclaré A l’ANSA:

« Le pape émérite savait que le cardinal préparait un livre et lui avait envoyé un texte sur le sacerdoce l’autorisant à l’utiliser comme il le souhaitait. Mais il n’avait approuvé aucun projet de livre à double signature, ni vu et autorisé la couverture ».

En réalité, les éditeurs sont en mesure de démontrer que Mgr Gänswein ment: il savait très bien que le livre sortirait avec la double signature, et avait donné son accord même s’il était conscient de l’énorme impact qu’aurait la publication. Par ailleurs, dès la soirée du lundi 13 janvier, dès que la nouvelle s’est répandue d’une dispute autour des signatures, le cardinal Sarah – parlant de « diffamations d’une gravité exceptionnelle » – a fait circuler sur les médias sociaux les lettres que Benoît XVI lui avait adressées et dans lesquelles la connaissance du projet du livre par le pape émérite était claire.

Et encore, l’introduction correspond à la demi-page préparée par le Cardinal Sarah qui fait l’objet de la lettre envoyée par Ratzinger le 25 novembre:

 » Chère Éminence, de tout mon cœur, je voudrais vous dire merci pour le texte ajouté à ma contribution et pour toute l’élaboration que vous avez faite. Cela m’a profondément touché lorsque vous avez compris mes dernières intentions : J’avais en fait écrit 7 pages de clarification méthodologique de mon texte et je suis vraiment heureux de dire que vous avez pu dire l’essentiel en une demi-page. Je ne vois donc pas la nécessité de vous envoyer les 7 pages, puisque vous avez exprimé l’essentiel en une demi-page. Pour ma part, le texte peut être publié sous la forme que vous avez prévue ».

Le matin du 14 janvier, le cardinal Sarah, avec un communiqué officiel, reconstruit encore tout le processus qui a conduit à la publication du livre: du 5 septembre dernier, quand il est allé voir Benoît XVI à Mater Ecclesiae pour lui demander un « texte sur le sacerdoce catholique, avec une attention particulière au célibat », jusqu’au 3 décembre où, lors d’une visite similaire, il a expliqué à Benoît XVI que « notre livre serait imprimé pendant les vacances de Noël et qu’il paraîtrait le mercredi 15 janvier ». Entre les deux se trouvaient les dates qui marquaient les différents passages, en grande parie déjà documentées avec les lettres diffusées le 13 au soir. Dans la conclusion du communiqué, le cardinal Sarah parle de « polémique abjecte »:

« Je pardonne sincèrement à tous ceux qui me calomnient ou qui veulent s’opposer au pape François. Mon attachement à Benoît XVI reste intact et mon obéissance filiale au Pape François absolue ».

Le problème est alors la raison pour laquelle Mgr Gänswein, au nom de Benoît XVI, a fait volte-face avec éclat, avec le double résultat, dramatique, d’avoir mis le Cardinal Sarah en grave difficulté et d’avoir distrait l’attention du contenu du livre qui reste confirmé et perturbant. Par ailleurs, les déclarations les plus pertinentes sur le plan théologique concernant le célibat, qui nient absolument la possibilité d’exceptions motivées par des besoins sociaux, se trouvent dans l’essai de Ratzinger.

A coup sûr, la publication des anticipations du livre a provoqué un tremblement de terre au Vatican : une véritable bombe alors que l’exhortation post-synodale avec laquelle le Pape François est censé s’ouvrir aux exigences contenues dans les conclusions, précisément en ce qui concerne les exceptions au célibat ecclésiastique. Les réactions des « gardiens de la révolution » ne se sont en effet pas fait attendre: si d’un côté le grand chef de la communication vaticane, Andrea Tornielli, a écrit dans Vatican News un article « normalisant » qui tentait de concilier la position exprimée par Ratzinger avec celle du pape François, de l’autre il a lâché « ses » hommes dans le double but de fermer la bouche du pape émérite et de salir le cardinal Sarah, qui aurait circonvenu un pape émérite décrit comme un pauvre vieux fou. Il est significatif à cet égard que le « dauphin » de Tornielli, Domenico Agasso jr, ait signé le 14 janvier l’article d’ouverture de La Stampa (Vatican Insider), avec le titre sans équivoque « Vatican, le nœud du Pape émérite ». Résumé : « La demande est croissante d’un texte qui prévoit des limites à l’exercice du magistère du pontife démissionnaire ». N’est-ce pas clair ?

On peut imaginer quel type de pression a été exercée sur Benoît XVI et Mgr Gänswein qui, entre autres, est Préfet de la Maison pontificale, donc dans une position délicate entre Ratzinger et le Pape François. Étant donné la violence des attaques publiques, on peut facilement deviner ce qui s’est passé en privé. Cela ne justifie pas la volte-face de Mgr Gänswein, mais on peut peut-être comprendre que, face aux menaces et aux mensonges qui circulaient, il entendait protéger Benoît XVI. Le problème est qu’il obtiendra le résultat inverse: en séparant le pape émérite du cardinal Sarah, il n’a fait que faciliter l’élimination de leurs ennemis. Et en même temps, il a affaibli la contribution que les essais de Benoît et de Sarah entendent apporter au débat sur le célibat ecclésiastique, pour arrêter l’attaque contre l’identité de l’Église. Le Cardinal Sarah a écrit sur twitter: « Compte tenu de la polémique qui a provoqué la publication du livre ‘Des profondeurs de notre cœur‘, il a été décidé que l’auteur du livre sera pour les publications futures: le cardinal Sarah, avec la contribution de Benoît XVI. Toutefois, le texte complet reste absolument inchangé ».

Lire aussi : http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2020/01/16/vigano-quid-du-role-de-mgr-ganswein/

Commentaires

  • Alors qu’un nouvel empereur avait surgi en occident, en la personne de Bonaparte, et que peu disposé à aller en pénitence à Canossa, celui-ci projetait plutôt d’enlever le pape, on rapporte la réponse rassurante de ce dernier à l’un de ses cardinaux, qui s’inquiétait du coup porté à l’Eglise : “cela fait bientôt 2000 ans que nous essayons, et nous n’avons pas réussi à la détruire nous-mêmes.”

    Veuillez excuser ce commentaire tout-à-fait superficiel mais nous finirions peut-être par y arriver si les hommes étaient seuls à bord ...

    Quel scandale pour tous les hommes !

    Chercher et trouver une bonne paroisse dans laquelle les sacrements sont respectés, la vraie Foi enseignée (il en existe encore ), ne pas essayer de suivre ce qui arrive au sommet de l'Eglise, est peut-être la seule façon de rester serein face à la décomposition que nous avons sous les yeux. Et surtout prier pour nos clercs (du pape aux prêtres) pour qu'ils soient de bons pasteurs pour le troupeau qui leur est confié.

  • Le secrétaire du pape émérite assume aussi la fonction de préfet de la maison pontificale, celle de M. Bergoglio.
    Bon moyen de surveillance du pape émérite ; mais ça n'a pas fonctionné.
    Le secrétaire/préfet a donc été engueulé comme du pus par ce M. Bergoglio,
    Il a cherché une issue en inventant que le cardinal Sarah aurait circonvenu Benoît XVI.

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