Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le scoutisme : un cadeau pour le XXIe siècle

IMPRIMER

Lu "en contribution externe" sur le site de La Libre :

Vivre-ensemble, respect de la nature et des autres : le scoutisme est un cadeau pour le XXIe siècle

Une opinion de Jean-Pierre Troussart, Amaury de Viviés et Marie-Waudru Tercelin, respectivement président du conseil d'administration, commissaire national général scout et commissaire nationale générale, guide de l'association des guides et scouts d'Europe et de Belgique.

À l'occasion du Thinking day, la fête de la fraternité scoute, revenons sur les bénéfices du scoutisme pour les défis éducationnels d’aujourd’hui. Car nous le pensons, le scoutisme est la meilleure et plus grande invention pédagogique du XXe siècle.

C’est en mémoire de son fondateur, Lord Robert Baden-Powell ("BP" pour les intimes) que, depuis 1926, on célèbre à la date anniversaire de sa naissance, le 22 février, le "Thinking day", c’est-à-dire la fête de la grande fraternité scoute. Une fraternité qui compte ou a compté pas loin d’un milliard de membres depuis sa création !

Pour sûr, le scoutisme mérite d’être célébré. Tout d’abord pour les milliers de jeunes qui chaque week-end enfilent leur foulard pour transmettre ce qu’ils savent à vos enfants et aux nôtres (Merci !). Également pour toutes les réponses qu’il apporte encore aujourd’hui aux défis brûlants qui émaillent l’éducation de notre siècle. En voici pour preuve quelques exemples.

Le vivre-ensemble

Ne nous voilons pas la face, on ne peut pas dire que notre vivre-ensemble se porte bien. Le monde associatif s’estompe progressivement, la perte de sens commun est générale et bien que notre environnement matérialiste et individualiste nous apporte un certain confort, il manque de plus en plus de tout ce qui relie les personnes les unes aux autres. Un constat que le scoutisme continue à s’efforcer de surmonter en proposant des solutions concrètes et simples : vivre en patrouille entre garçons ou filles de provenance très variée, apprendre à franchir ensemble des obstacles, à réaliser des projets, à compter sur les autres, à développer des valeurs communes, et bien sûr le ciment qui donne sa cohésion à la société : le sens du don de soi et du service.

A ce sujet, ce qui rend le scoutisme particulièrement intéressant, c’est que tous ces efforts sont réalisés… sans bruit. "Loin des beaux discours, des grandes théories…", des centaines de nos chefs, et des milliers dans d’autres fédérations se donnent en silence chaque semaine, pour vos enfants… et les nôtres. Un joli pied de nez à tous ceux qui désespèrent de notre jeunesse.

Vie dans la nature

Loin de tous les débats, loin des nombreuses postures idéologiques et leurs excès qu’on peut rencontrer sur ce sujet, le scoutisme n’est absolument pas idéologue. Nous emmenons nos jeunes vivre dans la nature, non pas pour s’y promener en touriste ou pour admirer quelques animaux "sauvages" parqués dans des enclos, mais pour se confronter et se mesurer à elle. Ainsi, petit à petit, l’adolescent apprendra-t-il à la connaître telle qu’elle est, à l’admirer, à la craindre et à la respecter, mais aussi à porter un regard sans concessions ni catastrophisme sur les grandeurs et misères de la manière dont l’homme l’a conquise. Pour lui désormais, la nature ne sera plus une idée abstraite ni l’image idéalisée d’un beau documentaire ou d’une visite de zoo, ni même une réalité lointaine et angoissante mais une expérience concrète, qu’il pourra mettre en valeur au moment de devenir un acteur adulte responsable dans la société. La meilleure assurance contre les idéologies de tous bords.

Sens du concret et smartphone

Retour sur le sens du concret. L’expérience de la sobriété d’un camp scout est déjà salutaire à beaucoup d’entre nous pour se débarrasser du superflu, et cela n’en devient que plus vrai au fur et à mesure que notre société se virtualise. Fort heureusement, les batteries "ion-Lithium" de nos smartphones dernier cri ne sont pas si endurantes que cela, surtout sur un lieu de camp isolé à la réception souvent défaillante. Nos jeunes ont beau être réputés indéscotchables de leurs écrans, ils sont en fait bien plus conscients de leurs addictions qu’on ne le pense : à peine libérés de ces outils qui les aspirent dans une réalité parallèle que les voilà déjà sur la voie d’une prise de conscience salutaire de l’impact que leur téléphone a sur leur vie et sur leur relation aux autres. Une contribution modeste et souvent vite oubliée une fois retourné à sa maison, mais quoi d’autre aujourd’hui que le scoutisme pour leur transmettre désormais cette expérience d’une vie connectée aux autres plutôt qu’à son iPhone ?

La fraternité

Ce n’est pas tout. S’il est une chose que le scoutisme excelle à mettre en œuvre, c’est la fraternité internationale. Dans notre fédération spécifiquement européenne, nous l’expérimentons chaque jour. De nos jours, quoi de plus compliqué en effet que de vivre une fraternité européenne ? Tout le monde l’appelle de ses vœux, prétend la connaître, mais qui peut définir précisément ce dont il s’agit ? Qui peut la vivre concrètement ? Aux scouts d’Europe, nous parvenons deux fois par décennie à rassembler plusieurs milliers d’adolescents et jeunes adultes de multiples nationalités européennes, la dernière en date à Rome l’été dernier. Pour vivre cette fraternité, nous avons marché ensemble, nous avons vécu, prié ensemble, et nous nous sommes donnés un objectif commun. Ce fut dur, ardu, un chantier de tous les instants, mais c’est en entendant tous ces jeunes chanter ensemble le chant de la promesse en 16 langues que nous avons compris que ce ne fut pas en vain.

Pas de doute, le scoutisme n’a rien perdu de sa pertinence au XXIe siècle. Et si nous faisons une entorse aujourd’hui au principe que nous avons énoncé de faire bien et de le faire en silence, ce n’est pas pour lancer une grand et vain cocorico, ni même pour vous convaincre du bien-fondé de ce que nous faisons. C’est plutôt pour vous demander une chose : si vous croisez ce samedi un des milliers de chefs issus des fédérations belges, n’oubliez pas de leur dire : "Merci ! Merci d’être là. Merci de donner de ton temps et de ta personne à tous ces enfants et adolescents, pour leur transmettre ce qui en vaut la peine, merci de faire vivre le scoutisme, ce mouvement si utile dont le XXIe siècle a tant besoin. Merci de faire vivre notre fraternité."

Les commentaires sont fermés.