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Cardinal Sarah : "cette épidémie a dissipé la fumée de l'illusion"

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Interview du cardinal Sarah par Charlotte d'Ornellas sur Valeurs Actuelles via CatholicNewsAgency :

Les premières lignes :

Que pensez-vous de la crise du coronavirus?

CARDINAL SARAH: Ce virus sert d'avertissement. En quelques semaines, la grande illusion d'un monde matériel qui se croyait tout-puissant semble s'effondrer. Il y a quelques jours, les politiciens parlaient de croissance, de pensions, de réduction du chômage. Ils étaient sûrs d'eux. Et maintenant, un virus, un virus microscopique, a mis ce monde à genoux, un monde qui se regarde, qui se plaît, ivre d'autosatisfaction parce qu'il pensait qu'il était invulnérable. La crise actuelle est une parabole. Elle a révélé comment tout ce que nous faisons et sommes invités à croire était incohérent, fragile et vide. On nous a dit: vous pouvez consommer sans limites! Mais l'économie s'est effondrée et les marchés boursiers s'effondrent. Les faillites sont partout. On nous a promis de repousser toujours plus loin les limites de la nature humaine par une science triomphante. On nous a parlé de procréation artificielle, de maternité de substitution, de transhumanisme, d'humanité accrue. Nous nous vantions d'être un homme de synthèse et une humanité que les biotechnologies rendraient invincibles et immortelles. Mais nous voici dans une panique, confinée par un virus dont nous ne savons presque rien. Épidémie était un mot médiéval dépassé. C'est soudainement devenu notre quotidien. Je crois que cette épidémie a dissipé la fumée de l'illusion. Le soi-disant homme tout-puissant apparaît dans sa réalité brute. Là, il est nu. Sa faiblesse et sa vulnérabilité sont criantes. Rester confiné dans nos foyers nous permettra, nous l'espérons, de retourner notre attention sur l'essentiel, de redécouvrir l'importance de notre relation avec Dieu, et donc la centralité de la prière dans l'existence humaine. Et, dans la conscience de notre fragilité, de nous confier à Dieu et à sa miséricorde paternelle.

Est-ce une crise de civilisation?

J'ai souvent répété, en particulier dans mon dernier livre, 'Le soir approche et déjà le jour baisse', que la grande erreur de l'homme moderne était de refuser d'être dépendant. L'homme moderne veut être radicalement indépendant. Il ne veut pas dépendre des lois de la nature. Il refuse de dépendre des autres en s'engageant sur des liens définitifs comme le mariage. C'est humiliant de dépendre de Dieu. Il ressent qu'il ne doit rien à personne. Refuser de faire partie d'un réseau de dépendance, d'héritage et de filiation nous condamne à entrer nus dans la jungle de la concurrence d'une économie livrée à elle-même.

Mais ce n'est qu'une illusion. L'expérience de l'enfermement a permis à beaucoup de redécouvrir que nous sommes réellement et concrètement dépendants les uns des autres. Lorsque tout s'effondre, il ne reste que les liens du mariage, de la famille et de l'amitié. Nous avons redécouvert qu'en tant que membres d'une nation, nous sommes liés par des liens qui sont indestructibles mais réels. Surtout, nous avons redécouvert que nous dépendons de Dieu.

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