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Coronavirus : contribution laïque à la réflexion sur la reprise du culte catholique

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20200517_112504.jpgUne fidèle lectrice bruxelloise nous transmet, pour information, le « placet » qu’avec d’autres paroissiens, elle vient de remettre aux évêques pour obtenir le déconfinement des messes publiques actuellement interdites dans tous les diocèses belges en raison de la pandémie du coronavirus.

Cette démarche vient s’ajouter aux nombreux courriers déjà reçus à ce propos par les autorités religieuses responsables. Observons à cet égard que le Conseil National de Sécurité n’a, malheureusement, pas accepté les propositions faites par la Conférence épiscopale qui demandait une reprise des messes pour la Pentecôte, ni fixé une date ultérieure pour conclure un dialogue apparemment bien confiné. Illustration de la communion des saints, le malheur des uns fait peut-être le bonheur des autres : les églises italiennes sont rouvertes au culte depuis ce matin (JPSC).

C'est à lire ci-dessous mais cette publication n'implique aucune caution de la part de belgicatho.

Le Christ a confié aux apôtres et à leurs successeurs la charge d’enseigner, de sanctifier et de gouverner son peuple, mais les laïcs sont aussi eux aussi rendus participants de la charge sacerdotale, prophétique et royale du Christ à leur manière propre, particulièrement en s’efforçant de pénétrer l’ordre temporel d’esprit évangélique[1].

C’est à ce titre que nous, fidèles laïcs dans diverses paroisses de Belgique, pensons devoir apporter notre contribution à la réflexion en cours qui ne concerne pas uniquement la reprise du culte en tant que telle (dont la décision et les modalités reviennent aux évêques) mais des conditions sanitaires et pratiques de son exercice dans des églises qui sont des éléments d’ordre temporel.

Nous comprenons que des échanges se vivent entre responsables des divers cultes reconnus, mais il serait difficile pour nous de comprendre qu’il n’y ait pas d’échanges à l’intérieur de la communauté catholique avec nos prêtres et nos évêques sur les modalités de reprise de nos vies paroissiales : celles-ci incluent non seulement le culte, mais des activités et apostolats divers qu’il convient de réactiver.

Les évêques et les prêtres ne sont pas médecins des corps mais des âmes. C’est la santé des âmes qui doit être leur principale préoccupation. Il serait heureux qu’ils s’entourent également de juristes, de  médecins chrétiens ainsi que de fidèles laïcs habitués à entretenir leurs églises afin d’approcher la question actuelle sous ses autres angles (légaux, médicaux, sanitaires, techniques et pratiques).

La sécurité de nos églises étant sous la responsabilité des Présidents de Fabriques d’églises, n’est-il pas normal de les associer également aux réunions qui rassemblent à ce jour, d’après ce que nous entendons, uniquement des évêques et des virologues ?

Sens d’une église

Au préalable il serait utile de rappeler que l’église est un espace sacré, ce qui signifie, séparé, mis à part du monde et qu’elle doit le rester coûte que coûte. Il serait donc regrettable et inacceptable d’y transposer les dispositions légales telles quelles dans nos églises. Il serait tout aussi regrettable et inacceptable d’y transposer la psychose ambiante à travers des mesures et des messages semblables à ceux qui nous harcellent quotidiennement dans les media et l’espace public : « ayez peur » nous décline-t-on tout au long du jour. Puissions-nous entendre résonner le « n’ayez pas peur » du Christ dans nos églises et nous y réconcilier avec la vie et avec la mort.

La véritable protection

La médecine (et le bon sens) nous martèle depuis des années que le stress fait baisser notre immunité, engendre et développe de nombreuses maladies qui peuvent conduire à la mort. Comment expliquer que dans le contexte actuel, un stress inouï est suscité par les virologues, politiciens, journalistes mainstream sous prétexte de nous aider à vaincre ce virus ?

La meilleure protection contre les maladies et ce virus en particulier ne se trouve pas dans les masques en tissus (dont l’efficacité est toute relative), ni dans les « gestes barrières » (quelle triste dénomination), ni dans les « distanciations sociales » excessives, mais dans une bonne santé générale, physique, psychique, morale et spirituelle.

Il ne faut pas être « expert » pour savoir qu’une paix intérieure et des liens sociaux de qualité amoindrissent le stress et ses effets toxiques. Or, tous nos liens sociaux, à commencer par ceux de nos familles, ont été interdits car passibles de mort. Peut-on imaginer un traumatisme plus grave que celui-là ? Sous prétexte de nous protéger contre un virus potentiellement mortel, le confinement et les séparations familiales et sociales qui nous ont été imposés, nous ont en réalité gravement affaiblis sur le plan de la santé.

A ces traumatismes psychologiques et affectifs, s’ajoute encore pour beaucoup l’angoisse des conséquences du confinement en termes professionnels, économiques et financiers.

Dans ce contexte gravement anxiogène, la reprise de notre vie cultuelle, de nos assemblées paroissiales, de la vie apostolique et sociale de nos paroisses est d’autant plus vitale ; le soutien spirituel et communautaire qu’elle apportera, contribuera à raviver notre espérance, à restaurer notre moral ainsi que nos santés fragilisées. Ensemble nous serons plus forts pour prendre les initiatives qu’il convient pour soutenir nos frères et sœurs plus éprouvés et les plus pauvres de nos villes et villages plus démunis que jamais.

Des maisons de prière

Il importe donc que nos églises restent des lieux de ressourcement et de paix, dignes et propices pour la prière personnelle ainsi que pour les célébrations et assemblées cultuelles de la famille spirituelle qui s’y rassemble. Nos églises doivent donc rester des lieux qui respirent la Vie et qui nous réconcilient avec la mort. Des lieux bénis, sacrés où on ne risque pas la mort mais où on reçoit la Vie.

Plus que des panneaux sanitaires, c’est le tabernacle de nos églises qui doit en rester le centre visuel et réel. Il demeure l’habitation de Celui qui crée, anime et soutient l’univers sur lequel Il domine, y compris ce virus…et qui nous en débarrassera, si nous L’en implorons. Puissiez-vous encourager vos prêtres à garder nos églises ouvertes, à y prier avec nous le Rosaire et à y adorer avec nous, devant nous, le Saint-Sacrement régulièrement exposé.

Alignement avec les autres cultes

Nous entendons le souci de nos évêques de coordonner leurs décisions avec les autres cultes reconnus, mais faut-il dire qu’il est impossible d’aligner les conditions de reprise cultuelle des uns et des autres ? En effet, tant d’éléments nous différencient en termes de rapport au sacré, à Dieu, à nos frères, mais aussi, en termes de sens, d’obligations, d’occupation de l’espace, de mouvements, de symboles, de rapport à la mort, etc

La question de l’espace et de la concentration des fidèles qui s’y réunissent, diffère non seulement d’une église catholique à l’autre, mais d’un culte à l’autre. Et la manière de s’y tenir ou d’y circuler est également incomparable. Dans une mosquée par exemple, les fidèles doivent serrer les rangs pour ne laisser aucun passage libre aux « esprits malfaisants ». Comment résoudront-ils la question des distanciations sociales ?

Mais l’élément majeur qui différencie le culte chrétien des autres cultes reconnus, est celui de la participation qui se vit en famille ce qui n’est pas le cas pour les juifs, les musulmans et les laïcs.  Il n’est donc pas possible pour les églises catholiques de tenir compte d’une distanciation sociale homogène (tous les 1m50) puisque les couples, les familles, les cohabitants (ex : kots d’étudiants) n’ont pas d’obligation légale d’être à distance les uns des autres.

Il serait donc absurde de recevoir des directives précises et rigides en termes de plafond de fréquentations de nos églises : ni sur base d’un nombre identique pour tous ni sur base d’un calcul de pourcentage de la superficie totale car le nombre de personnes admissibles dans une église dans le respect des distanciations requises variera principalement en fonction du nombre de personnes isolées, ou du nombre de personnes qui fréquenteront les offices avec leur conjoint, leurs enfants ou cohabitants et qui resteront donc regroupés.

A propos du masque

Le port de masque est n’est pas à encourager dans l’enceinte de l’église. Pourquoi ?

-Il n’est d’aucune utilité dans nos églises puisqu’on ne s’y parle pas face à face mais face à dos Il n’y a donc pas de risque de contamination par les gouttes de salive ou éternuement.

-Le masque induira un climat anxiogène dans nos églises, spécialement chez les enfants

-Il n’est pas obligatoire ni dans l’espace public, ni dans les entreprises qui peuvent garantir la distanciation sociale comme dans nos églises.

-Le masque …masque notre visage, notre identité, notre être profond : inconvenant dans une église

-L’efficacité des masques en tissu est toute relative

-beaucoup en sont incommodés et en seront distraits pour participer au culte (répons, chants)

-Libre à chacun de le porter lors des échanges spontanés sur le parvis à la sortie de nos églises

A propos des gants

A proscrire dans nos églises puisqu’il n’y a pas de manipulation d’objets dans nos pratiques cultuelles.

Réception de la communion

« Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous » (Jn 6,53)

Le cardinal Sarah Préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a rappelé il y a quelques jours que, concernant les modalités entourant le don de l’Eucharistie, les fidèles « ont le droit de recevoir la communion dans la bouche ou la main »[2].

Dans le contexte actuel, certains prêtres ont peur de porter la communion aux malades. Ceux-là auront peur de donner la communion aux fidèles lorsque le culte reprendra. Mais quel rapport à Dieu, à la vie, à la mort et aux autres cette crainte cache-t-elle ? Voilà une occasion privilégiée pour en parler avec quelqu’un.

Pas question de communion derrière des parois en plexiglas ou des emballages quelconques. L’hostie consacrée n’est pas un objet mais une Personne, en l’occurrence, Dieu Lui-même.

A propos de la circulation dans l’espace, quelques fidèles laïcs pourraient aider leur prêtre à déterminer ce qu’il convient pour éviter des rapprochements inutiles.

Quant aux fidèles qui craignent de risquer donner la mort ou mourir en communiant, il leur est possible de vivre la communion spirituelle, le temps de voir leurs craintes s’apaiser.

Oui aux célébrations, non aux célébrations sacramentelles ?

« Pour la Région Wallonne, les Gouverneurs de Province étudient la possibilité de permettre à nouveau la célébration des funérailles, sans eucharistie, dans l’église. »[3]

Au nom de quoi les autorités publiques s’octroient-elles (ou leur octroie-t-on ) le droit de déterminer si un rassemblement dans une église doit se limiter à une célébration sacramentelle ou non ? En quoi une célébration sacramentelle est -elle plus dangereuse en termes de contamination qu’une célébration non sacramentelle ?

Le Cardinal Muller nous le rappelait : « l’Eglise ne dépend pas de l’Etat, elle doit défendre sa liberté et son indépendance »(…) « Aujourd’hui, au lieu de nous aider à trouver un sens à la douleur et à la mort, au lieu de nous rapprocher de Dieu, ils demandent l’obéissance à l’État et enferment notre Seigneur, le traitant comme un untore (/pestiféré) dont il faut s’approcher avec mille précautions et sous la bannière de la méfiance, comme si l’Eucharistie n’était pas le viatique qui nous soutient et nous fortifie, mais un danger ».

C’est une chose très grave, c’est la pensée laïque qui est entrée dans l’Église. C’est une chose de prendre des mesures de précaution pour minimiser les risques de contagion, c’en est une autre d’interdire la liturgie. L’Église n’est pas un client de l’État, et aucun évêque n’a le droit d’interdire l’Eucharistie de cette manière [4]».

La même question est posée aux prêtres qui acceptent des célébrations de funérailles mais pas de célébrations eucharistiques. Quelle différence en termes de contamination ? Alors que les effets et fruits sont tout autres pour le défunt, quel sens en termes sanitaires ?

Hygiène dans nos églises

Outre l’entretien habituel, dans le cas des églises équipées de bancs de communion (et non de chaises) il conviendra de passer un chiffon mouillé enduit d’un désinfectant après chaque célébration cultuelle.

Conclusion 

Vu le stress engendré par les media et leurs flots d’informations anxiogènes tout au long du jour, la plupart de nos concitoyens – y compris chrétiens- restent terrés chez eux, malgré le déconfinement en cours. Il est probable que nous ne serons qu’une minorité à reprendre le chemin de nos églises et de nos services paroissiaux. Beaucoup se sont habitués à déserter leur église, leur vie sacramentelle et services paroissiaux et trouvent un certain confort à suivre « leur » messe virtuellement sur écran. Il n’y a donc malheureusement pas à craindre de grandes invasions dans nos églises.

 En attendant, nous proposons de laisser les fidèles se disposer librement dans l’église ; que chaque couple, famille et cohabitants restent regroupés comme de coutume, et que les personnes isolées se tiennent un peu à distance (1 ,50) comme elles le font spontanément dans tout l’espace public.

L’une ou l’autre personne peut se tenir à l’entrée de l’église pour y accueillir les fidèles et donner les indications souhaitées, mais en toute discrétion. De grâce, faisons confiance au bon sens des chrétiens déjà assez infantilisés dans l’espace publics et contraints de voir leur liberté réduite à une peau de chagrin depuis plus de deux mois.

Puissions-nous à travers nos églises guérir notre regard sur l’autre qui n’est pas « un danger de mort » mais un frère, avec qui je me prépare à entrer dans sa Vie Eternelle, à l’heure de ma mort, qui sera celle que Dieu voudra.

 

« Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie? »  Mtt 6,27 

 

[1] Cf AA 2

[2] https://fr.aleteia.org/2020/05/03/communion-a-emporter-il-est-impossible-de-mettre-dieu-dans-un-sac/

[3] Communiqué des évêque s14 mai

[4] Cardinal Gerhard L. Müller La NBQ, 7 mai 2020

Commentaires

  • Mais que ferait votre fidèle lectrice (anonyme ??? ) Si elle habitait là où le prêtre ne passe qu'une ou deux fois par an .

    Cette dame préférerait sans doute gérer cette crise inhabituelle elle même... à la place des gestionnaires de la crise et des représentants des cultes..car elle sait tout sur tout sans aucun doute ..

    ..

  • Madame, on peut ou non apprécier l'initiative en question.

    Il faut cependant reconnaître que nos éminences sont aux abonnés absents depuis le début de la crise.

    Dans d'autres pays, certains évêques donnent leur opinion, parfois dans un langage direct.
    Que retiendra t-on de l'action de nos évêques belges dans le futur ? Rien car il n'y a rien à retenir. Oui, un peu quand même, une tentative de profiter du confinement pour faire passer une décision impopulaire (paroisse ND de la Cambre).

  • Cher Monsieur
    Permettez moi de vous faire remarquer que l'Italie vient seulement de deconfiner ses églises or au niveau de l'épidémie ce pays avait 15 jours d'avance sur la Belgique...en plus nous avons sur notre territoire national une plus grosse communauté musulmane qui fêtera l'Aïd le 23 /24 mai ...les autorités veulent sans doute attendre le résultat du deconfinement du 18 mai tout simplement et ne pas risquer un second tour de manège si les consignes de sécurité ( que la lectrice envoie au tapis sans prudence aucune) n'étaient pas respectées....
    Quant au problème de la Cambre je ne vois pas ce que ça vient faire dans le problème de la réouverture aux messes .

  • Madame,

    je me permets de réagir : si vous lisez des informations provenant d'autres pays, vous verrez que certains évêques ont pris le taureau par les cornes pour permettre aux fidèles de recevoir les sacrements. Par exemple, les mesures prises par la Conférence épiscopale polonaise...

    autre question : quand les fidèles pourront-ils à nouveau recevoir la communion sans la bouche ? Pour un certain nombre de personnes c'est important.
    Quant à la paroisse de la Cambre, cela n'a bien sûr aucun rapport avec le coronavirus. Je voulais simplement dire que nos évêques savent décider quand ils en ont envie, que cela plaise aux fidèles ou pas (ce qui semble être le cas dans cette triste affaire).

  • Comment n’’ est Il pas possible d’organiser des messes en plein air dans les voitures comme auxUSA et enFrance . N’avons nous plus aucune énergie ni dynamisme !

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