Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Communauté Saint-Jean : le printemps refleurira

IMPRIMER

Lu sur le Salon Beige :

Quelques réflexions sur la Communauté Saint Jean

Enfant d’oblats, je connais la communauté Saint Jean depuis quasiment ses origines. Et je lui dois beaucoup. De belles figures de prêtres m’ont permis de grandir dans ma vie spirituelle et dans ma foi. Les récentes informations concernant certaines attitudes du Père M-D Philippe et de frères ne peuvent me faire oublier les longs temps d’adoration en présence du Seigneur, les offices mais aussi les bons moments partagés, à Paray-le-Monial, à Rimont, à Saint Jodard…

Avec les années et le recul, après avoir suivi ma route, une route marquée par l’épreuve d’un proche mal accompagné par un frère (qui a depuis quitté la vie religieuse), je me suis souvent demandé quel pouvait être le charisme de cette communauté, que pouvait-il rester de légitime en elle

Aujourd’hui, en essayant de réfléchir à la crise sévère qui l’atteint, je ne peux pas m’empêcher de songer à nouveau à la nature de son charisme dans l’Eglise. Si le Christ est la pierre d’angle de l’Eglise, il en est aussi la tête et la Vierge Marie le cœur. Je pense que pour les frères de Saint Jean, on est un peu dans le même schéma. Plus on regarde vers le Christ et sa Sainte Mère, plus on comprend quel est le charisme de la Communauté. Ignorer cela, c’est ne rien comprendre, ni à l’Eglise, ni à ce qu’elle entend par « charisme ». En effet, un charisme ne peut se discerner que parce que le Christ en permet l’existence pour l’édification de son Corps qui est l’Eglise.

Dans l’ADN de la Communauté, il y a quelque chose qui se situe clairement dans le prolongement du charisme de Saint Dominique, je place volontiers Saint Thomas d’Aquin au cœur de cet ADNcontemplata aliis tradere ; là se trouvent les deux axes qui structurent la vocation des frères de Saint Jean : une intense vie contemplative, nourrie par l’étude du Magistère de l’Eglise, l’Ecriture et la Tradition, et une intense vie apostolique, fécondée par le Christ, l’unique rédempteur de l’homme.

Lorsque l’initiateur d’une congrégation vient à faillir, que la boussole s’affole devant les défaillances graves dûment constatées chez certains, me revient à l’esprit l’épisode de l’Evangile connu sous le nom de « la tempête apaisée ». Relisons-le :

« Ce jour-là, le soir venu, Jésus dit : « Passons sur l’autre rive. » Quittant la foule, ils emmènent Jésus dans la barque où il se trouvait, et il y avait d’autres barques avec lui. Survient un grand tourbillon de vent. Les vagues se jetaient sur la barque, au point que déjà la barque se remplissait. Et lui, à l’arrière, sur le coussin, dormait. Ils le réveillent et lui disent : « Maître, cela ne te fait rien que nous périssions ? » Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence ! Tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : « Pourquoi avez-vous si peur ? Vous n’avez pas encore de foi ? » Ils furent saisis d’une grande crainte, et ils se disaient entre eux : « Qui donc est-il, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » (Mc 4, 35-41)

Nombreux sont ceux qui ont reçu, par l’intermédiaire de frères de Saint Jean, de beaux cadeaux du Seigneur ; certains ont en même temps souffert des lourdes déviances de frères. Sans doute dans tel ou tel prieuré, il en est qui doivent se tourner aujourd’hui secrètement vers Jésus et lui demander : « Maître, cela ne te fait rien que nous périssions ? »

Quand on sait que des personnes se sont converties, ont changé radicalement de vie au contact de la communauté, et que, soudain le scandale arrive, détruisant tant de choses et d’êtres sur son passage, quid alors de ces conversions ? Étaient-elles un leurre, une illusion aux confins de l’imagination et de l’affectivité ?

Ce qui a des racines profondes résiste à la tempête car le fondement de tout c’est Dieu et son amour infini. Une fois encore, qu’il nous soit permis de remettre le Christ au centre ; toute conversion vient de Lui, et il n’est pas étonnant que le Malin veuille détourner par n’importe quel moyen les âmes qui ont préféré la lumière aux ténèbres. Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu nous dit saint Paul (Rm 8,28) … Dans un petit livre, La Divine Providencesaint Claude La Colombière nous éclaire sur la place des épreuves, même les pires, dans le dessein de salut et d’amour de Dieu pour chacun d’entre nous.

Le travail effectué par la congrégation qui vise à effectuer un travail de vérité et à assainir l’expression du charisme est vraiment à saluer. La sainteté de Thomas d’Aquin éclaire cette quête de lumière. Le Père Torell op, a de belles lignes sur ce sujet dans son ouvrage Saint Thomas d’Aquin maître spirituel.

Cherchant à comprendre le sens des événements éprouvants auxquels la communauté Saint Jean a dû faire face, il me semble que la vocation du frère de saint Jean est d’être au pied de la Croix, avec Marie et Jean ; Jean qui devient alors le véritable Père spirituel des frères et sœurs, des oblats. Oui, aujourd’hui, chaque frère ou sœur de saint Jean qui a entendu le cri des victimes d’abus en tous genres, est vraiment crucifié, avec les victimes, avec le Christ.

Qu’il me soit permis de penser qu’il n’a peut-être jamais autant été au pied de la Croix que maintenant, que le charisme tant suspecté devient tout à coup évident, n’est-il pas « frère de saint Jean », n’est-elle pas « sœur de Saint Jean », c’est-à-dire témoin de l’agonie et de la mort de Jésus, mais aussi de la nuit, de l’angoisse qui tombe sur Jérusalem à ce moment-là ? Quel mystère ! Et si tout cela prenait alors un sens parce que le Crucifié, jadis dans la lumière du Thabor, est ressuscité le troisième jour ?  Immanquablement, magnifique signal d’espérance, nous retrouvons une fois encore, à l’aube de Pâques, le grand saint Jean… Quelle vocation ! Suivre le Christ partout où il va, de la crèche à Nazareth, en passant par le lac de Tibériade, le Golgotha et puis les incroyables et pourtant si réelles visites au Cénacle, aux disciples d’Emmaüs, … Quelle lumière ! Quelle Espérance ! Avec Lui nous ressusciterons, nous aussi. Triomphe de la vie et de l’amour, de la justice et de la paix, de l’amour et de la vérité.

Quelle miséricorde aussi ! Les pécheurs repentants de toutes sortes, coupables du pire ou de bricoles, tous revivront pour une joie infinie. Oui, quelle miséricorde du Père ! Et nous, pardonnerons-nous nous aussi ? Pardonnons-nous à ceux qui nous ont scandalisés, qui nous ont blessés ? Certes la faute est toujours condamnable, mais le pécheur, le fauteur, est-il condamné à jamais, mérite-t-il la haine ? L’Evangile nous dit non, et seul le Christ peut nous aider à pardonner à celui qui nous a fait un grand mal. Tant de témoins dans l’histoire n’ont-ils pas pardonnés à leurs bourreaux… nous pensons ici à Maïti Girtanner qui fut atrocement mutilée par un médecin nazi et qui, bien des années plus tard, le reçut chez elle lui accordant un pardon sincère.

Mettre le Christ au centre, y compris et d’abord dans la liturgie célébrée face à la Croix, à l’Orient, à la lumière de Pâques…

Mettre le Christ au centre, dans l’adoration eucharistique, l’oraison, la lectio divina…

Mettre le Christ au centre, dans l’enseignement, la doctrine, n’est-il pas le Verbe de Dieu ? N’est-il pas à la fois docteur et pasteur, celui qui enseigne et qui guérit la brebis blessée ? Sa Parole est tranchante car la vérité sépare le bien du mal, le juste de l’injuste, le vrai du faux. Son joug est doux, il n’enfonce pas celui qui cherche à faire le bien…

Mettre le Christ au centre par la méditation du rosaire, avec Marie. Tous les mystères ne sont-ils pas chemins vers son cœur qui est lent à la colère et plein d’amour ?

Mettre le Christ au centre par le témoignage d’une vie religieuse de pauvreté, de chasteté et d’obéissance vécue à sa suite.

Mettre le Christ au centre, en renonçant à ce qui détourne de la paix profonde : en vivant l’instant présent, dans un esprit de silence et dans l’union à Dieu.

Enfin, considérer avec une immense prudence, internet et le téléphone portable, qui ne devraient avoir qu’une utilité réduite au strict minimum. Comme chez les moines, une connexion et un mobile par prieuré et cela suffit…

Place au silence, pour trouver Dieu et mieux rencontrer le frère. Alors les jeunes continueront de regarder vers Saint Jean et voudront suivre le Christ partout où il va. Et le printemps refleurira…

Les commentaires sont fermés.