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Le mois de juillet sous le signe du Précieux Sang du Christ

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De Noémie Bertin sur le site de Famille Chrétienne :

Juillet, mois du Précieux Sang : un culte méconnu

25/06/2018

MAGAZINE - Deux mille ans de piété ont loué la dignité de ce saint sang, source de salut. Retour sur un culte méconnu, auquel juillet est traditionnellement lié.

Les mots de Benoît XVI

 Célébrant dans la cathédrale du Très Précieux Sang à Westminster, en septembre 2010, il dit : « Le sandu Christ répandu est la source de la vie de l’Église. [...] Dans [les] épreuves et [les] vicissitudes de [cette vie], le Christ continue, selon l’expression radicale de Pascal, d’être en agonie jusqu’à la fin du monde. »

Mai se réfugie sous le manteau de la Vierge. Juin se consacre au Sacré-Cœur de Jésus. Quant au mois de juillet, se parant de couleurs écarlates, il honore le Précieux Sang. Cette dernière dévotion tient sa richesse de siècles de piété. Elle allie le sang qui coula de la croix et celui du calice, le sacrifice du Christ et sa réactualisation à chaque messe. Né au pied du Calvaire, ce culte traverse les siècles jusqu’à ce jour de 1849 où Pie XI instaure une fête en son honneur, le 1er juillet. Fête qui, hélas, se voit supprimée du calendrier liturgique en 1970. Cette disparition n’a pas suffi à gommer cette dévotion de la mémoire populaire. Ni des pages immuables des missels dits de Jean XXIII : dans ces ouvrages attachés à la forme extraordinaire du rite romain, le 1er juillet célèbre toujours le Précieux Sang. Jean XXIII, ce même pape qui, en 1960, appelait les fidèles à mettre à l’honneur cette dévotion, après en avoir promulgué les Litanies.

Les fondements de ce culte sont bibliques. « Vous le savez : ce n’est pas par des biens corruptibles que vous avez été rachetés de la conduite superficielle héritée de vos pères ; mais c’est par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ », écrit saint Pierre. « Dieu a jugé bon qu’habite en Lui toute plénitude et que tout, par le Christ, Lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa croix », affirme saint Paul. « Il s’agit du sang versé à la circoncision d’abord, mais surtout de celui qui a coulé durant sa Passion : agonie à Gethsémani, flagellation, couronnement d’épines, crucifixion, et particulièrement du sang jaillissant de son cœur transpercé sur la croix, explique le Père Nicolas Buttet, fondateur de la Fraternité Eucharistein. La contemplation du sang du Christ inscrit la spiritualité chrétienne dans un réalisme inouï ! C’est la réalité même de ce sang versé qui authentifie notre salut. Il atteste la vérité de l’amour qui a pressé le Christ jusqu’à l’extrême, jusqu’au don total de sa vie. »

Le culte du Précieux Sang grandit au Moyen Âge. Sainte Catherine de Sienne (1347-1380) s’en fait l’apôtre : pour elle, le sang du Christ « enivre, fortifie, réchauffe et illumine l’âme de vérité ». Elle encourage les fidèles à « se plonger » spirituellement dans le calice pendant la messe. Une autre mystique, sainte Marie-Madeleine de Pazzi (1566-1607), s’attache à cette dévotion. Plus tard, c’est un prêtre italien, saint Gaspard del Bufalo (1786-1837), qui consacre sa vie à la propager.

Vanmiddag voorgesteld: 'Het Heilig Bloed te Brugge' het boek van ...

Une noble confrérie

Ce culte prend, dans l’Histoire, une forme très incarnée. À Bruges, un curieux édifice élève vers le ciel belge son fronton gothique. La basilique du Saint-Sang voit affluer les visiteurs : depuis le XIIIe siècle, elle abrite une relique du Précieux Sang, exposée à la vénération des fidèles. « Il s’agit d’une pièce de tissu tachée de sang, explique Noël Geirnaert, membre de la Noble Confrérie du Saint-Sang. L’échantillon n’a jamais été ouvert, donc jamais analysé. » D’après la tradition, c’est Thierry d’Alsace, comte de Flandre, qui rapporte la relique de Terre sainte, alors qu’il revient de la deuxième croisade (1150). Chaque année, à l’Ascension, le reliquaire est porté en procession à travers la ville. Le cortège, solennel et haut en couleur, attire des dizaines de milliers de pèlerins. « La relique a commencé à être vénérée par un pape au XIVe siècle, précise Noël Geirnaert. La vénération s’est interrompue quelques fois, comme au XVIe siècle, du temps de la république protestante à Bruges. Elle permet de méditer sur la passion du Christ. »

 

Des pèlerinages en France

La France n’est pas en reste. Elle a aussi ses reliques. À Neuvy-Saint-Sépulchre (Indre), une basilique a été construite en copie de l’église éponyme de Jérusalem. Elle veille sur une petite fiole dorée, offerte en écrin à des gouttes de sang séché. « La construction de l’édifice a commencé au XIe siècle, par des pèlerins de retour de Terre sainte, raconte Gérard Guillaume, président de l’association des Amis de la basilique. Sa dédicace et la remise de la relique par le cardinal Eudes de Châteauroux, légat du pape en Terre sainte, ont sans doute coïncidé. » Amateurs d’art roman et pèlerins franchissent le seuil de la basilique, où la relique est exposée en permanence. Au cours des siècles, la vénération connaît des périodes de grand faste. Puis à la Révolution, la fiole est cachée. « L’Histoire atteste de nombreux miracles, ajoute Gérard Guillaume. Au XVIIe siècle, la relique épargne le bourg de Neuvy de l’inondation. Les habitants avaient prié les chanoines de sortir le reliquaire. On raconte qu’au fur et à mesure qu’il avançait dans les rues, les eaux reculaient. Cet épisode est resté dans les mémoires collectives. » Chaque lundi de Pâques, la relique est portée en procession à travers la ville. « Elle est un témoignage vivant de la Passion, du rôle salvateur du Christ, médite le président de l’association. Un signe permanent de ce sacrifice qui se renouvelle à l’autel lors de chaque messe. »

En France, un autre lieu a longtemps attiré les pèlerins : l’abbatiale de la Trinité de Fécamp (Seine-Maritime). L’église conserve elle aussi une relique du Précieux Sang. La légende veut qu’elle ait été apportée par un tronc de figuier, échoué sur la plage normande. Il semblerait plutôt qu’elle ait été rapportée de Terre sainte au XIe siècle par Robert le Magnifique, père de Guillaume le Conquérant. Des manuscrits du XIIe siècle décrivent de nombreux miracles survenus après l’invocation au Précieux Sang. Le grand pèlerinage normand, qui rayonne au Moyen Âge, se poursuit jusqu’au XXe siècle.

Une poignée de communautés religieuses ont également été fondées pour honorer le culte du Précieux Sang. C’est le cas des Sœurs adoratrices du Précieux-Sang, dont la maison mère se trouve à Saint-Hyacinthe, au Québec. « Notre appel est de refléter, autant que possible, la divine charité avec laquelle Jésus a versé son sang, médite la Sœur Micheline Proulx, supérieure générale. Charité dont ce Sang a été et sera toujours le signe, l’expression, la mesure et le gage. » La congrégation a obtenu du Saint-Siège la faveur de conserver la fête du 1er juillet. Vêtues d’un scapulaire rouge vif, ces contemplatives adoreront ce jour, avec grande ferveur, le vin du calice, devenu sang du Christ à l’autel.

Rite de communion

Dans le rite romain, la communion se fait le plus souvent au seul corps du Christ, sauf pour les prêtres célébrants. Depuis Vatican II, il est néanmoins possible pour les fidèles de communier également au sang du Christ. « Sous cette forme, le signe du banquet eucharistique est mis plus pleinement en lumière » (Missel romain). Contrairement à des usages très répandus aujourd’hui, par respect pour la Présence réelle, le fidèle ne doit pas tremper lui-même l’hostie, ni la recevoir dans la main une fois trempée dans le sang du Christ. C’est au prêtre de faire cette « intinction », le fidèle communiant dans la bouche – un plateau de communion est alors nécessaire pour recueillir toute goutte de sang. Le fidèle peut aussi boire directement au calice.

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