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Et si le Vatican faisait connaître le texte de l'accord entre le Saint-Siège et la Chine de 2018 ?

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De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

Le pape François et la Chine : un mystère au Vatican et une proposition

07/07/2020

Le 5 juillet, le pape François n'a pas lu un paragraphe du discours, préparé auparavant, dans lequel il exprimait son soutien à Hong Kong. A présent, pour éviter de nouvelles spéculations incontrôlées, le Vatican pourrait faire connaître le texte de l'accord entre le Saint-Siège et la Chine de 2018.

Le 5 juillet, au Vatican, il y a eu un événement mystérieux qui aurait plu à Dan Brown. Les discours du Pape sont distribués aux journalistes "sous embargo", c'est-à-dire que les médias ne peuvent les citer qu'après que le Saint-Père les ait prononcés. Dans le passé, les journalistes qui ont enfreint cette règle ont perdu leur accréditation au Vatican.

Selon ce qui est dit, le texte italien sous embargo du discours dominical du Pape comprenait ce paragraphe sur Hong Kong : "J'ai suivi avec une attention particulière et non sans inquiétude l'évolution de la situation complexe de Hong Kong ces derniers temps, et je voudrais tout d'abord exprimer ma proximité cordiale à tous les habitants de ce territoire. Dans le contexte actuel, les questions abordées sont sans aucun doute sensibles et touchent la vie de chacun, il est donc compréhensible qu'il y ait une sensibilité marquée à leur égard. J'espère donc que tous les acteurs concernés seront en mesure d'aborder les différents problèmes dans un esprit de sagesse prospective et de dialogue authentique. Cela exige du courage, de l'humilité, de la non-violence et le respect de la dignité et des droits de tous. Je fais également le vœu que la vie sociale, et surtout la vie religieuse, s'exprime en toute liberté, comme le prévoient divers documents internationaux. Avec ma prière constante, j'accompagne toute la communauté catholique et les personnes de bonne volonté à Hong Kong, afin qu'ensemble, ils puissent construire une société prospère et harmonieuse".

Cependant, lorsqu'il a lu le texte, le pape François a omis ce paragraphe. Bien que le premier à divulguer le texte ait été un journaliste connu pour son hostilité envers François, il n'y a aucune raison de douter de son authenticité, et le Vatican n'a pas nié qu'il s'agit d'un des bulletins habituels écrits à l'avance et distribués sous embargo. Le texte était plutôt mesuré, mais la référence à la "liberté pleine et authentique" et aux "documents internationaux" que la Chine est tenue de respecter aurait pu irriter les Chinois, bien que contrebalancée par l'allusion à une "société harmonieuse", une expression que le président Xi Jinping utilise fréquemment.

Certaines voix critiques affirment que dans les quelques heures qui se sont écoulées entre la distribution du texte sous embargo aux médias et le discours, la Chine serait intervenue. Ce n'est pas impossible, mais cela se serait passé extraordinairement vite. Un observateur attentif a identifié ce que je serais tenté d'appeler, avec tout le respect que je lui dois, un "avertissement mafieux". Sur la base de cette interprétation, le Vatican a laissé le texte circuler pour avertir Pékin de ce que le pape pourrait dire si le régime ne se fixait pas certaines limites.

Tout cela s'est produit dans un contexte où le silence du pape sur Hong Kong a souvent été critiqué et où les spéculations abondent sur le renouvellement de l'accord entre le Saint-Siège et la Chine en 2018, prévu pour septembre.

Le pape François a des ennemis qui s'opposent à lui pour des raisons sans aucun lien avec la Chine et je ne crois pas personnellement à leurs révélations sensationnalistes sur le prétendu soutien financier de Pékin au Vatican ou aux clauses sur Hong Kong contenues dans l'accord de 2018. Mais la spéculation est sans frein car le texte de 2018 reste secret.

Ma proposition serait alors que, avant que le renouvellement ne soit signé, comme cela semble probable, ou non signé, le texte soit rendu public. Ce serait le moyen le plus efficace d'éliminer les ragots, les fausses nouvelles et les spéculations. L'objection selon laquelle le secret fait partie de l'accord n'a pas de sens : nous savons que le renouvellement n'est pas automatique et que lorsqu'un accord est renouvelé, les clauses peuvent toujours être renégociées.

La principale objection est également fondée sur le fait que les accords secrets font partie de l'action diplomatique et peuvent servir un bon objectif. Cependant, le pape François a demandé à plusieurs reprises une profonde réforme du modus operandi des institutions du Vatican, en recommandant un nouveau climat de transparence et de synodalité. Il semble que très peu de gens aient lu l'accord, même au Vatican, sans parler de l'Église catholique chinoise. Ce qui se passe sur le terrain, comme le documente régulièrement Bitter Winter, est pour le moins contradictoire. La persécution des prêtres et des évêques qui critiquent le PCC, et parfois même de ceux qui ne le font pas, n'a pas cessé.

Le Vatican n'est pas un simple gouvernement de nounous. Au nom de la transparence et de la synodalité, rendre public le texte de l'accord, ou du moins le faire circuler parmi les cardinaux et les évêques, contribuerait à désintoxiquer une situation de plus en plus empoisonnée et dysfonctionnelle, en protégeant le pontife lui-même des critiques les plus acerbes.

Commentaires

  • "Faire connaître le texte de l'accord" ?
    Ce serait jouer franc-jeu.

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