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Etats-Unis : l'acharnement des manifestants contre la mémoire de saint Junipero Serra

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Pour la troisième fois depuis quelques semaines, une statue de saint Junipero Serra a été mise à terre par des manifestants, le 4 juillet à Sacramento.

Une nouvelle statue de Junipero Serra, missionnaire espagnol en Californie, a été mise à terre, brûlée et martelée durant une manifestation, dans la soirée du 4 juillet, fête de l’Indépendance, face au capitole de l’État de Californie à Sacramento, pendant que certains manifestants sautaient et dansaient sur les débris. Selon le site Catholic News agency, les manifestants ont scandé : « Soulève-toi, mon peuple soulève-toi » lors de sa destruction. Une statue du missionnaire avait déjà été mise à terre le 19 juin dernier à San Francisco.

→ À LIRE. Une statue de saint Junipero Serra déboulonnée à San Francisco

Junipero Serra, prêtre franciscain espagnol du XVIIIe siècle, canonisé en 2015 par le pape François, est la grande figure missionnaire de Californie. Ce saint fait l’objet de polémiques depuis sa béatification en 1988, opposant ceux qui voient en lui un défenseur des indigènes et ceux qui voient un agent de la colonisation et de la destruction des populations amérindiennes. Cette polémique a repris dans le contexte des manifestations contre les injustices raciales qui agitent les États-Unis depuis plusieurs semaines.

L’évêque de Sacramento répond

Dans une déclaration du 5 juillet, l’évêque de Sacramento, Mgr Jaime Soto, a souligné que « les actions de ce groupe voulaient attirer l’attention sur les souvenirs douloureux du passé de la Californie » mais que ces « actes de vandalisme apportent peu dans la construction du futur ».

« Il est indéniable que les indigènes de Californie ont enduré de grandes souffrances pendant la période coloniale, et qu’ils ont fait face à l’horreur d’un génocide soutenu par l’état naissant de Californie. Cet héritage est un déchirement », reconnaît l’évêque de Sacramento. Mais il ajoute « qu’il est aussi vrai que pendant que le père Serra participait au système colonial, il a dénoncé ces horreurs et a travaillé pour protéger la dignité des Amérindiens ».

Il défend Junipero Serra ainsi : « La compréhension des efforts du père Serra pour apporter la lumière dans le sombre et amer projet colonial est la difficile tâche de l’histoire. […] La tâche éreintante de rejeter la plaie du racisme ne doit pas être associée à des pillages nocturnes. Le dialogue ne doit pas abdiquer devant le vandalisme. Ces épisodes ne doivent pas non plus nous détourner de notre devoir de justice et de charité sans lequel une meilleure Californie ne pourra être bâtie ».

Exorcisme par l’évêque de San Francisco

À San Francisco, après le déboulonnage, le 19 juin, de la statue de Junipero Serra dans le Golden Gate Park, l’archevêque du diocèse, Mgr Salvatore Cordileone, avait aussi fait une déclaration condamnant les violences, appelant au dialogue et défendant les vertus du saint missionnaire.

En outre, le 27 juin, Mgr Cordileone a organisé une prière et a pratiqué un exorcisme dans le Golden Gate Park. Dans une vidéo présentant cette célébration, l’évêque de San Francisco déclare : « un acte sacrilège a eu lieu ici. » Parce que « le Mal s’est rendu présent ici, ajoute l’archevêque de San Francisco, nous nous sommes donc rassemblés pour prier Dieu et demander à tous les saints […] leur intercession […] dans un acte de réparation, demandant la miséricorde de Dieu sur nous et sur toute la ville, que nous puissions tourner nos cœurs vers lui ».

Dans la même vidéo, Mgr Salvatore Cordileone témoigne : « Je sens comme une grande blessure dans mon âme quand je vois ces actes horribles et blasphématoires dégradant la mémoire de Serra qui était un si grand héros, un si grand défenseur des indigènes de ce pays ». « Il y a beaucoup d’ignorance de l’Histoire, nous appelons à connaître l’histoire du père Serra, des missions, de toute l’histoire de l’Église, pour qu’ils puissent mesurer l’héritage que l’Église nous donne, qui a donné au monde tant, de véritésde beautés et de bontés. C’est quelque chose dont nous devrions être fiers et certaines personnes veulent nous faire en avoir honte. Nous avons toutes les raisons d’être fier. […] Pour continuer avec humilité, à faire le bien dans le monde… » ajoute l’archevêque.

La Conférence épiscopale américaine et d’autres membres du clergé se sont engagés et mobilisés en faveur de la justice sociale et de l’égalité raciale, sans toutefois approuver les débordements de violence. L’Église catholique et de nombreuses confessions protestantes mobilisées contre le racisme sont aussi interpellées par les manifestants pour leurs implications à l’histoire coloniale ou esclavagiste.

Commentaires

  • Arrêtons de laisser diaboliser, exclusivement, les colonisations occidentales. Elles ont été plus généreuses, plus fécondes et moins cruelles que tant d'autres.

    Si nous acceptions qu'on méprise ainsi, injustement, nos aïeux, nous serions des lavettes.

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