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RDC : le poto-poto a fêté ses 60 ans

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Words, words words, comme dirait Hamlet : malgré l’homélie énergique du Cardinal Ambongo prononcée à l’occasion du soixantième anniversaire de l’accession du Congo à l’indépendance, le jeu inutile de Tshisekedi-la-souris entre les pattes du chat Kabila continue : un pays dans l’impasse, pour durer jusques à quand ?  Lu sur le site web « Afrikarabia » l’histoire emblématique d’un remaniement illusoire des forces armées :  

« A son arrivée à la présidence, Félix Tshisekedi avait promis de « déboulonner » le système Kabila, accusé de contrôler encore l’armée congolaise. Par petites touches, le nouveau chef de l’Etat, qui évolue dans un environnent institutionnel largement dominé par le FCC de Joseph Kabila, tente de reprendre en main les FARDC dont il est pourtant le chef suprême. Ce n’est pas encore la tempête annoncée, mais le président Félix Tshisekedi a procédé ce vendredi à un vaste remaniement des Forces armées de République démocratique du Congo (FARDC).

Amisi, sous sanctions internationales remplace Numbi

Les nombreuses nouvelles nominations au sein de l’armée régulière restent prudentes, et s’apparentent le plus souvent à de simples permutations. Le président Tshisekedi épargne tout d’abord le chef d’état-major général Célestin Mbala, nommé pourtant en 2018 par Joseph Kabila. Les principaux changements interviennent au niveau de l’inspection générale de l’armée. Le sulfureux général John Numbi est remplacé par le non moins sulfureux général Gabriel Amisi, qui bénéficie pour l’occasion d’une promotion au rang de général d’armée.

John Numbi semble le grand perdant de cette permutation, puisqu’il serait désormais sans affectation. L’ancien chef de la police congolaise est placé sous sanctions internationales depuis plusieurs années, tout comme son remplaçant, Gabriel Amisi. Numbi est soupçonné d’être le commanditaire de l’assassinat du militant des droits de l’homme, Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana, alors que Gabriel Amisi, alias Tango Four, est accusé par Washington et Bruxelles « d’entraves au processus électoral et d’atteinte aux droits humains » dans les dernières années du régime Kabila, entre 2015 et 2018.

Mundos et Sikabwe toujours en poste

Félix Tshisekedi troque donc un général sous sanctions internationales par un autre officier également sous sanctions. Ce qui fait dire au mouvement citoyen Lucha que « la place de ces deux criminels notoires est à la barre ». La Voix des sans voix (VSV), l’ONG de Floribert Chebeya, espère également que la mise à l’écart de John Numbi soit l’occasion « de sa mise à la disposition de la justice ». Pour l’instant, on en est encore loin. Plusieurs rumeurs donnent John Numbi en train de préparer une « riposte violente » à son éviction, claquemuré dans son Katanga.

D’autres noms font également s’étouffer les défenseurs des droits de l’homme dans les récentes nominations au sein des FARDC. Pour seconder Gabriel Amisi à l’inspection générale des armées, Félix Tshisekedi a nommé le général Muhindo Akili Mundos, également sous sanctions internationales. Enfin, une promotion a étonné de nombreux observateurs : celle du général Fall Sikabwe au poste de chef d’état-major de l’armée de Terre. La nomination en 2015 de cet officier avait provoqué l’arrêt de la coopération des casques bleus de la Monusco avec l’armée congolaise au Nord-Kivu. Fall Sikabwe était alors accusé de de violations des droits humains. Et plus récemment, il avait été soupçonné d’avoir détourné les soldes de ses soldats dans l’Est du pays – voir notre article.

Petits changements, grandes conséquences?

Dans l’entourage présidentiel, on vante la mise à l’écart de John Numbi, réclamée de longue date par la communauté internationale et les Etats-unis. On affirme également que la nomination de Tango Four et de Mundos à l’inspection générale des armées, les place dans des fonctions « moins opérationnelles et plus administratives ». Le terrain sera laissé dans les mains des généraux Jean-Claude Yav, Fall Sikabwe, Philémon Yav et Obed Rwibasira.

Pour les soutiens de Félix Tshisekedi, ces « petites victoires » au sein de l’armée, tout comme la récente démission du ministre FCC de la justice Célestin Tunda, démontrent que le président reprend peu à peu la main sur le régalien. Tous espèrent que ces nominations auront des conséquences positives directes sur le terrain sécuritaire, notamment dans les zones de conflits, dans les Kivu et en Ituri.

« Tout change pour que rien ne change »

Les moins optimistes n’espèrent pas de grands changements à la suite de ce remaniement dans l’armée régulière. Les plus critiques se trouvent au sein même des FARDC. « Rien de nouveau, on prend les mêmes et on recommence » commente une source sécuritaire, qui nous explique que Joseph Kabila avait plusieurs fois écarté momentanément des officiers, avant de les réintégrer plus tard à d’autres fonctions. Cela avait notamment été le cas de Gabriel Amisi après la reculade face au M23, où de John Numbi, mis au vert de la police après le meurtre de Floribert Chebeya, avant de réapparaître quelques années plus tard à l’inspection générale.

Enfin, ce qui agace profondément dans les rangs des FARDC, c’est qu’une fois de plus, « les compétences et le niveau de cursus des nominés n’a pas été pris en compte ». Ce qui laisse une impression amère chez certains officiers : « on a l’impression que tout change, pour que rien ne change ».

Christophe RIGAUD – Afrikarabia »

Ref. RDC : jeu de chaises musicales dans l’armée congolaise.

JPSC

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