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La pratique catholique sera la grande perdante de l’épidémie de coronavirus

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De Jean-Baptiste Ghins sur le site du journal La Croix :

Pour le cardinal Hollerich, « le nombre de personnes qui se rendent à l’église va diminuer »

Le cardinal Jean-Claude Hollerich, président de la Commission des épiscopats de l’Union européenne, entrevoit une baisse de la pratique catholique en Europe, ainsi qu’une réduction de l’importance de l’Occident sur la scène internationale. Loin d’y voir une fatalité, il prend ces phénomènes pour des opportunités.

« Le nombre de personnes qui se rendent à l’église va diminuer ». Un constat simple qui en dit long. Pour le cardinal Jean-Claude Hollerich, président de la Commission des épiscopats de l’Union européenne, la pratique catholique sera la grande perdante de l’épidémie de coronavirus. Dans une interview donnée à L’Osservatore romano, publiée le mercredi 2 septembre, l’archevêque de Luxembourg anticipe des jours difficiles pour le catholicisme en Occident, y voyant néanmoins l’occasion d’un renouveau dans la foi.

« Une opportunité pour l’Église »

Interdictions des cultes publics, messes en ligne, fermetures des églises, suspension de la catéchèse, limitations de l’accès aux sacrements… Autant d’effets de l’épidémie qui ne laisseront pas l’Église intacte. Pour Mgr Hollerich, cette situation sonne au moins le glas de la pratique religieuse des « catholiques culturels », ceux qui se rendaient à la messe par tradition, ou plutôt par habitude. « Ils ont remarqué que la vie était très confortable, et qu’ils peuvent vivre agréablement sans fréquenter les églises. » souligne l’archevêque.

Pourtant, le cardinal ne se plaint pas. À ses yeux, le coronavirus n’a fait qu’accélérer un processus de sécularisation latent, dont l’Église doit prendre acte avec humilité. « Il s’agit d’une grande opportunité pour l’Église », a-t-il déclaré. « Nous devons comprendre les enjeux du présent. Nous devons agir et mettre en place de nouvelles structures missionnaires. » Un véritable sursaut pourrait-il avoir lieu ? Mgr Hollerich le pense, lui qui rêve d’une Église « plus chrétienne, plus simple, plus pauvre économiquement ».

Un bouleversement international

Au-delà de l’Église, le cardinal anticipe un affaiblissement de la position de l’Europe et des États-Unis sur la scène internationale. Le coronavirus agissant comme un accélérateur global, commente-t-il, nous allons assister à la croissance « d’autres pays, d’autres économies. » Loin d’une défaite, Mgr Hollerich y voit une occasion pour « abandonner l’eurocentrisme présent dans nos pensées » et apprendre à « travailler humblement avec d’autres pays pour l’avenir de l’humanité, et davantage de justice ».

La solidarité internationale doit, interpelle Mgr Hollerich, porter un regard particulièrement attentif sur l’Afrique, dont l’économie a été sévèrement affectée par l’épidémie. « Si nous sommes riches en Europe, c’est parce que nous avons profité de la richesse de l’Afrique », rappelle le cardinal.

Aujourd’hui, plus que jamais, c’est comme frères et sœurs des Africains que peuvent agir les Européens, car la maladie étant devenue leur quotidien, et la pauvreté s’accentuant également en Occident, en parlant des mourants, les Européens « parlent d’eux-mêmes ». « Dieu aime les peuples d’Afrique et d’Europe de la même manière. Dieu n’a pas de préférence pour l’Europe » clame l’archevêque, pour qui « la solidarité ne doit pas avoir de frontières ».

L’esprit européen

Comme moteur de cette solidarité, Mgr Hollerich aspire à un réveil de la « conscience européenne », héritière d’un esprit chrétien altruiste, qui n’est pas nécessairement portée par des croyants. Pour le cardinal, la résonance de Laudato si’, bien au-delà des murs de l’Église, est un témoin de cet héritage.

Le lien intime entre christianisme et Europe ne doit pourtant pas donner lieu à un « carnaval », qui consisterait à se parer d’habits chrétiens sans intégrer la substance du message évangélique. « Vouloir partager sa richesse avec les plus pauvres, respecter les droits humains : tels sont les éléments distinctifs du christianisme », souligne le cardinal. Si les chrétiens doivent retrouver un nouveau souffle après l’épidémie, ce sera « d’abord par des actes », eux-mêmes inspirés par « la voix du Christ ». Faire le deuil d’un catholicisme culturel, « sans force vivante », est ainsi une étape nécessaire pour pouvoir replacer son « salut en Jésus-Christ ».

Commentaires

  • Au Grand Duché ! ça doit être spécial ? Ici dans ma ville des Hauts-de-France j'observe que plus de fidèles participent à la messe quotidienne... qu'avant le confinement...

  • Entièrement d’accord, Abyssus. L'interdiction injustifiée, arbitraire et fantaisiste de rassemblement, particulièrement dans les églises, et les entraves au déplacement ont créé chez moi une vive frustration. Je suis en colère contre cet abus de pouvoir des laïcistes (souvent maçonnique) qui ne rêvent que de réduire en cendre l'Église catholique.
    J'attends avec impatience (et colère) la levée des interdits complètement absurdes pour me rendre à nouveau à la messe et user encore plus des sacrements.

  • « Si nous sommes riches en Europe, c’est parce que nous avons profité de la richesse de l’Afrique ».

    "Le travail crée la richesse" professait Adam Smith.
    La richesse de l'Europe provient d'abord du travail des européens et, au premier chef, du travail largement exploité du prolétariat européen à partir de la révolution industrielle!

    L'Europe et le monde entier devraient humblement reconnaître sa dette et rendre hommage à ces masses d'hommes, de femmes et d'enfants qui ont usé leur vies jusqu'à la corde pour assurer l'essor économique du continent d'abord, du monde entier ensuite! Des vies entièrement vouées au travail, dépourvues de toutes les facilités que nous connaissons aujourd'hui grâce à ces pionniers et que connaissent aussi de plus en plus les peuples du monde entier.

    L'afro-descendant qui vit en Europe et prétend que nous devons tout à ses ancêtres se moque allègrement des nôtres et celui qui relaie son message sans recul a effacé de sa mémoire les cris et les peines de toute cette classe laborieuse.

    Il est temps que nous rendions hommage à ces générations de travailleurs, oubliées même par ceux qui ont prétendu autrefois se faire leurs défenseurs.

  • Effectivement RPM, entièrement d'accord.
    Pour ma part j'en ai mare des propos débiles des indigénistes décolonialistes. C'est trop facile et mensonger de rejeter la responsabilité de son état sur les autres. Si les afro-descendants peuvent pulluler actuellement c'est parce que nous européens colonisateurs leur avons apporté la santé, l'éducation et une plus grande prospérité économique.
    Mais j'en ai surtout mare des clercs (jusqu'au plus haut niveau) qui pour être dans le move se soumettent comme des idiots au politiquement correct. Ils ne servent pas l'Église, ils la détruisent.

  • Les propos de ce cardinal sont bien simplistes. On attendrait plus de finesse et de lucidité de la part d'un Prince de l'Eglise.

  • Merci BC. C'est ridiculement simpliste.
    Voyez ma réponse à RPM. Ce n'est pas seulement les « princes de l'Église » qui manquent de lucidité et de courage, c'est tout le peuple de Dieu conduit (jusqu'au plus haut niveau) par des pasteurs débiles aveuglés par la recherche de popularité « électorale ».

  • Une diminutions de la pratique religieuse des « catholiques culturels" .est-elle une " opportunité " pour l'Eglise catholique.? C'est ce que beaucoup espéraient parmi le clergé après le concile Vatican II. Ils allaient enfin se trouver en face de vrais chrétiens, convaincus, professant une religion non frelatée. On voit ce que cela a donné!

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