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  • Vers l'euthanasie pour tous

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    De Mathieu Bock-Côté sur le site du Journal de Montréal :

    L’euthanasie pour tous

    Au moment de passer la loi sur le suicide assisté, pompeusement appelée « mourir dans la dignité », ses promoteurs soutenaient fièrement que les critères pour accéder aux « soins de fin de vie » étaient rigoureux et n’allaient pas changer de sitôt. L’euthanasie demeurerait une exception.

    Il aura fallu très peu de temps pour que cette promesse se dissipe, comme si elle n’avait jamais été faite. Est-ce parce que les promoteurs de l’euthanasie ont menti ? Peut-être. Peut-être est-ce aussi parce que cette loi a sa propre logique et qu’une fois qu’on accepte la possibilité du suicide assisté, on en vient rapidement à le banaliser ?

    Banalisation

    Quoi qu’il en soit, nous y sommes. On entend désormais de plus en plus de gens en appeler à ouvrir le suicide assisté aux victimes de la maladie d’Alzheimer. Et on doit s’attendre à ce que, dans les années à venir, les catégories candidates au suicide assisté se multiplient.

    On pourra se faire une idée de l’avenir qui nous est réservé en consultant un dossier sur l’euthanasie aux Pays-Bas, réalisé par Alain Crevier, de l’émission Second regard, à Radio-Canada, paru vendredi dernier sur internet.

    On y apprend que, dans ce pays, l’euthanasie a été banalisée à un point tel qu’il s’agit d’une « façon normale de mourir ». On peut même y bénéficier du suicide assisté dans des cas de démence ou même dans des cas graves d’alcoolisme.

    Le critère déterminant, nous dit Crevier, c’est la souffrance. L’euthanasie est disponible pour les enfants malades de 12 ans ou plus. Et on se demande si on peut l’étendre aux moins de 12 ans. Il en faudrait moins que cela pour qu’on se dise en plein délire.

    Pour reprendre les mots du philosophe Christian Saint-Germain, notre civilisation est dans la logique de « l’euthanasie proactive ».

    Mais rien de tout cela n’est surprenant, en fait. Car à partir du moment où nous transformons le suicide assisté en droit fondamental, on est naturellement amené à en faire le droit capital.

    L’homme n’est-il pas en droit, dès lors, de quitter ce monde dès qu’il le juge insupportable ? N’est-il pas maître de son destin ?

    Et puisque la souffrance extrême sur cette terre n’est pas exclusivement physique, puisqu’elle peut être morale, n’en viendrons-nous pas, un jour, à réclamer l’euthanasie sur demande, sans même avoir à nous justifier ? C’est même inévitable.

    On me répondra que cette proposition n’est pas sur la table. Rien n’interdit pourtant de penser qu’elle le sera dans une quinzaine d’années.

    Il était bien hasardeux de transformer le suicide en droit social financé par l’État.

    Barbarie

    Nous subissons une telle révolution des mentalités en ce moment que ce qui semblait inconcevable la veille peut devenir évident le lendemain.

    Il pourrait bien y avoir demain, au Québec, des cliniques « médicales » où la mort sera vendue comme un service parmi d’autres. On accusera ceux qui afficheront quelques réserves devant ce progrès de manquer de cœur et d’être réactionnaires.

    Les valeurs se renversent, les repères moraux aussi. Les médecins donnent la mort. Et nous nous croyons privilégiés.

  • « Amoris laetitia » : une exhortation toujours controversée

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     Dans la conférence  «La famille à la lumière de la miséricorde selon le pape François », qu’il a consacrée, voici plus d’un an,  à l’exhortation apostolique « amoris laetitia », l’évêque de Liège, Mgr Delville déclarait en préambule :

    «  Chers Amis,

    Vous le savez sans doute, le thème de la famille est très important dans notre foi puisque c’est dans la famille qu’on donne la vie et qu’on développe l’amour : un enfant naît dans une famille et il y trouve l’amour qui va lui permettre de se développer plus tard. Ces deux dimensions sont unies dans le mariage : celui-ci est à la fois don de la vie et amour échangé.

    Crise de la famille aujourd’hui

    Mais dans notre culture ces deux dimensions subissent de grandes mutations, au point qu’on peut parler d’une crise de la famille : tout ce qui tourne autour de la naissance de l’enfant est lié au développement de la technique, qui permet de contrôler les naissances, entre autres par médicaments, ou même d’avorter sous opération ou de donner la vie en laboratoire (in vitro). Et tout ce qui tourne autour de l’amour est sujet à des grands changements de mentalités : on a tendance de plus en plus à vivre l’amour du couple en-dehors du mariage, on divorce plus souvent et plus facilement qu’autrefois, on conteste aussi la fidélité pour la vie, on découvre aussi la spécificité des personnes homosexuelles et des couples qu’elles peuvent former entre elles. Un autre aspect du changement de mentalité, c’est la condition de la femme : la femme devient enfin l’égale de l’homme ; et dans le couple, elle n’est plus soumise au bon vouloir de son mari en matière de fécondité, par exemple. Il y a une beaucoup plus grande autonomie des partenaires dans la vie de couple et la vie de famille. Cette évolution sur ces deux points : le don de la vie et l’amour vécu, aboutit aussi au fait qu’on dissocie ces deux éléments du mariage l’un de l’autre : on dissocie la fécondité de l’amour. L’amour, dira-t-on, peut se vivre indépendamment de la fécondité, indépendamment des enfants et de la famille ; et la fécondité peut se vivre indépendamment de l’amour : il y a ainsi des mères porteuses, qui acceptent de vivre une grossesse pour d’autres personnes. Ainsi, on peut parler à juste titre de crise de la famille ou de mutations dans la famille.

    Réactions contradictoires dans l’Église

    Face à ces évolutions, il y a deux attitudes opposées dans l’Église : une attitude conservatrice et une attitude libérale. La première attitude a tendance à dire : nous avons une doctrine qui remonte à Jésus concernant le mariage et la famille ; on doit donc y rester fidèle intégralement. L’attitude libérale dira : on doit évoluer avec son temps, d’ailleurs Jésus lui-même s’opposait aux lois tatillonnes des pharisiens de son époque et il a tout résumé dans le commandement de l’amour.

    Ces deux attitudes opposées créent des tensions dans l’Église et des oppositions, qui risquent de déboucher sur des blocages, des contradictions et des exclusions mutuelles. Cela pose aussi beaucoup de problèmes concrets : les personnes divorcées remariées, par exemple, quelle place auront-elles dans l’Église et dans ses institutions ? ou les couples non mariés ? Cette situation engendre aussi une tension entre la théorie et la pratique, entre la réalité vécue et la doctrine. En plus de tout cela, il ne faudrait pas oublier le vécu quotidien des familles et des couples. Même dans des situations régulières, la vie familiale cause des tas de problèmes, en même temps qu’elle est source de grandes joies et de grand bonheur.

    Chaque famille, même la plus classique, est un peu une « histoire sacrée », parfois même un roman, avec la croissance des enfants, les aventures des adolescents, les hauts et les bas des parents, la présence des grands-parents, etc. Comment accompagner cette réalité quotidienne fondamentale pour tous ? Ce sont les problèmes classiques de la vie de famille, qui s’ajoutent aux nouveaux problèmes.

    A propos du chapitre 8 de cette Exhortation, qui suscite aujourd’hui encore d’âpres controverses, Mgr Delville rappelle qu’un jugement négatif sur une situation objective donnée n’infère pas a priori le même sur la culpabilité de la personne. Un double regard est évidemment légitime. A condition de ne pas tomber dans les travers casuistiques dénoncés par Pascal. D’où l’importance  d’une formation adéquate des pasteurs, des confesseurs ou des juges ecclésiastiques dans les sociétés post ou anti chrétiennes :

    « Le chapitre 8, qui est le plus original, s’intitule Accompagner, discerner et intégrer la fragilité (291-312). Le pape y parle en “je” régulièrement. Il s’agit dans ce chapitre de mettre en valeur une morale en situation, sur le terrain concret, une morale ancrée dans l’histoire humaine. Cette capacité de cerner les cas de conscience, qu’on appelle aussi la casuistique, est une spécialité des jésuites et manifestement, un terrain favori du pape. Il insiste sur la gradualité en pastorale, qui est une notion déjà développée par Jean-Paul II (295). Il montre que beaucoup de situations pratiques sont loin de l’idéal. Il insiste donc sur le discernement dans les situations appelées irrégulières. C’est le lieu de la pédagogie divine, dont parlait le synode (297). Les divorcés qui vivent une nouvelle union, par exemple, peuvent se trouver dans des situations très diverses, qui ne doivent pas être cataloguées ou renfermées dans des affirmations trop rigides (298). La logique de l’intégration est la clé de leur accompagnement pastoral (299).

    Un double langage ?

    Grâce à la rencontre pastorale concrète entre une personne et un pasteur, on évite le risque qu’un certain discernement porte à penser que l’Église soutiendrait une double morale (300) : le pape introduit donc ici la réponse à une objection et il valorise un élément qui lui est cher : la conversation et le dialogue comme base du comportement.

    Les circonstances atténuantes

    L’Église possède une solide réflexion sur les conditionnements et les circonstances atténuantes (301). Un sujet, tout en connaissant bien la norme, peut se trouver dans des conditions concrètes qui ne lui permettent pas d’agir autrement ou de prendre d’autres décisions sans commettre une nouvelle faute (301). C’est pourquoi un jugement négatif sur une situation objective n’implique pas un jugement sur l’imputabilité ou sur la culpabilité de la personne impliquée (302). Le pape se base sur saint Thomas d’Aquin, qui montre que, quand on passe du général au particulier, il règne toujours une certaine indétermination (304). Il est possible que, dans une situation objective de péché, qui n’est pas subjectivement coupable ou pas totalement, on puisse vivre dans la grâce de Dieu, on puisse aimer et on puisse grandir dans la vie de grâce et de charité (305).

    Le blanc et le noir, ou ne pas juger

    Le pape insiste sur la nécessité de dépasser une analyse manichéenne. En croyant que tout est blanc ou noir, parfois nous enfermons le chemin de la grâce et de la croissance et nous décourageons des parcours de sanctification (305). Dans n’importe quelle circonstance, face à ceux qui ont de la difficulté à vivre pleinement la loi divine, doit résonner l’invitation à parcourir la via caritatis. La charité fraternelle est la première loi des chrétiens (306).

    La prise en compte de la fragilité

    Le pape réfléchit sur la notion de fragilité : Je crois sincèrement que Jésus veut une Église attentive au bien que l’Esprit répand au milieu de la fragilité (308). Les pasteurs qui proposent l’idéal de l’évangile et la doctrine de l’Église aux fidèles doivent aussi les aider à assumer la logique de la compassion envers les personnes fragiles et éviter les persécutions ou les jugements trop durs et impatients. L’évangile lui-même nous demande de ne pas juger et de ne pas condamner (cf. Mt 7,1) (308). Nous sommes appelés à vivre de miséricorde (…). Ce n’est pas une proposition romantique ou une réponse faible face à l’amour de Dieu, qui toujours veut promouvoir les personnes, parce que la poutre qui soutient la vie de l’Église est la miséricorde (310).

    Pas une réflexion en chambre, mais une morale en conversation

    Le pape fournit la clé herméneutique de son approche en écrivant : Ceci fournit un cadre et un climat qui nous empêchent de développer une morale froide de bureau quand nous traitons les thèmes les plus délicats ; c’est un cadre qui nous place plutôt dans un contexte de discernement pastoral chargé d’amour miséricordieux, toujours disposé à comprendre, à pardonner, à accompagner, à espérer et surtout à intégrer (312). J’invite les fidèles qui vivent des situations complexes à s’approcher avec confiance dans une conversation avec leurs pasteurs ou avec des laïcs qui vivent dédiés au Seigneur (…). Et j’invite les pasteurs à écouter avec attention et sérénité, avec le désir sincère d’entrer dans le cœur du drame des personnes et de comprendre leur point de vue, pour les aider à vivre mieux et à reconnaître leur place dans l’Église (312). ».

    Ref. Liège à Lourdes

    JPSC

  • Belgique : 75 séminaristes en formation

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    Lu dans De Standaard, p. 17 : 

    75 séminaristes en formation

    La Flandre compte 5 nouveaux candidats à la prêtrise cette année, la Wallonie en a 7. Il y a 26 séminaristes néerlandophones et 49 francophones en Belgique. Ce sont 75 "appelés" en formation. Ceci ressort d'une enquête menée par l'hebdomadaire chrétien Tertio auprès des diocèses belges.

    Dans le diocèse de Gand, il y a trois nouveaux séminaristes pour cette année académique. Les diocèses de Bruges et d'Anvers ont chacun un nouveau candidat. L'archidiocèse a un nouveau séminariste francophone. Le diocèse de Bruges - avec son propre grand séminaire - a huit candidats à la prêtrise. Au diocèse de Gand, il y en a six au total et, dans l'archidiocèse, il y a six séminaristes néerlandophones; Anvers en a quatre et Hasselt deux.

    Côté francophone : il y a une nouvelle entrée à Tournai, trois à Namur et deux à Liège. Ce qui fait un total de huit séminaristes en formation à Liège et huit à Tournai.

    A l'archidiocèse de Malines-Bruxelles, on compte 19 candidats francophones au sacerdoce au total dont trois proviennent de la communauté de l'Emmanuel et onze du Chemin néocatéchuménal (venant de l'étranger). A Namur, il y a un total de 17 séminaristes dont sept du Chemin néocatéchuménal.

    Ces totaux ne tiennent pas compte des jeunes novices en formation dans les ordres religieux.

    Voir l'article du Standaard.be

  • La conversion à laquelle nous sommes invités

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    Le dimanche 24 septemebre, lors de la messe pour le 10e anniversaire de la mort du cardinal Jean-Marie Lustiger, le cardinal André Vingt-Trois a prononcé l'homélie suivante :

    Homélie du cardinal André Vingt-Trois

    - Is 55,6-9 ; Ps 144, 2-3.8-9.17-18 ; Ph 1,20-24.27 ; Mt 20,1-16

    Frères et Sœurs,

    Tout au long de ces semaines, nous entendons le dimanche des paraboles sur le règne de Dieu. Elles sont comme une pédagogie pour nous aider à déplacer nos critères, pour nous aider à comprendre que le règne de Dieu n’est pas un règne humain qui se régit selon les règles habituelles des sociétés humaines, que la justice de Dieu ne se réduit pas à l’équité que les hommes ont tant de mal à établir entre eux, que la surabondance de l’amour et de la miséricorde de Dieu déborde de toute manière l’image que nous nous faisons de la rétribution morale qui voudrait que, ce que nous estimons être les bons comportements soient bien récompensés, et que les moins bons comportements soient bien pénalisés.

    Et voici que Dieu met en œuvre une justice tout à fait différente, où il donne autant au dernier venu qu’au premier venu, sans considération pour la différence de travail fourni, où il invite à pardonner indéfiniment, soixante-dix fois sept fois entendait-on la semaine dernière, où il appelle les disciples du Christ à vivre dans une fraternité miséricordieuse. En entendant ces paraboles, -ou ces admonestations du Christ-, nous comprenons mieux la parole du prophète Isaïe, « mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, - oracle du Seigneur » (Is 55,8), « …le Seigneur qui montrera sa miséricorde, notre Dieu qui est riche en pardon » (Is 55,7).

    Nous mesurons combien nos réflexes – pas simplement nos réflexes personnels car nous serions moins bienveillants que d’autres, mais nos réflexes sociaux, nos réflexes collectifs, les réflexes qui s’établissent dans une société – sont différents des chemins que Dieu nous propose, combien ces réflexes sont différents de la richesse de la miséricorde de Dieu. Nous aimons juger. Nous aimons mesurer. Nous aimons comparer. Et nous voudrions que Dieu ait le même réflexe, nous voudrions que Dieu ait la même attitude à l’égard des hommes. Nous le voyons tout au long de l’évangile, et nous voyons comment les réactions du Christ s’inscrivent en faux contre cette comptabilité désuète. Ceux qui entourent le Christ et lui contestent d’exercer la miséricorde voudraient que la loi permette de punir, car la punition des autres fait encore mieux ressortir la justice supposée que nous vivons. Ce que Dieu veut nous faire découvrir, c’est que même celui qui est entré le dernier au travail, celui qui s’est converti dans la dernière ligne droite, celui qui a été appelé en dernier, a autant de mérite que ceux qui ont été appelés les premiers. Il veut nous faire découvrir que l’antériorité ne constitue pas un droit, que la fidélité ne constitue pas un droit, que la rigueur morale ne constitue pas un droit. Ce qui constitue un droit, c’est la miséricorde que Dieu veut exercer à l’égard de tous les hommes, en commençant par les plus faibles. Et à mesure que nous énumérons cet antagonisme entre notre conception des relations humaines et la manière selon laquelle Dieu veut pratiquer avec les hommes, au fur et à mesure que nous énumérons les éléments de cet antagonisme, nous mesurons combien notre cœur est étroit, comparé à la miséricorde de Dieu, – pour reprendre la formule de l’évangile de saint Matthieu – « comment notre regard est mauvais parce que Dieu est bon ».

    C’est une véritable conversion à laquelle nous sommes invités. Il s’agit d’apprécier nos relations avec les autres hommes, non pas simplement à l’aune du mérite, mais à l’aune de l’amour et du pardon. D’abord dans nos communautés chrétiennes, dans nos relations avec nos frères et nos sœurs, dans le regard que nous portons les uns sur les autres. Si la liturgie nous invite heureusement à échanger un signe de paix avant la communion, cela n’est pas simplement un formalisme insignifiant, c’est une façon pour nous de nous tourner vers quelqu’un que nous n’avons pas choisi en général, que nous ne connaissons probablement pas, et de nous présenter à lui désarmé. C’est une façon de nous inviter à nous regarder d’un regard de miséricorde et non pas d’un regard de jugement. Si nous n’entrons pas dans ce regard de miséricorde, comment pourrions-nous accueillir la surabondance de la miséricorde de Dieu dans la communion eucharistique ? Comment pourrions-nous recevoir le corps du Christ si nous ne pouvons pas le recevoir dans le corps de nos frères ?

    Cette conversion, ce retournement de nos perspectives, cette invitation permanente depuis la première heure de notre vie jusqu’à la dernière, c’est vraiment le signe de la miséricorde de Dieu. C’est l’affirmation que nous ne sommes pas abandonnés à la fatalité. C’est l’annonce que tout homme et toute femme, pourvu qu’il accepte de recevoir la main qui se tend vers lui, peut changer de vie. C’est la certitude qu’aucun être humain n’est enfermé irrémédiablement dans ses faiblesses, dans ses fautes et dans son péché. C’est à cause de cette certitude que nous pouvons résister à la tentation du désespoir et nous avancer vers Dieu avec confiance.

    Nous venons recevoir le salaire de la journée quand même nous n’aurions travaillé qu’une heure. Nous venons recevoir la plénitude de la grâce quand même nous nous serions convertis très tard. Nous venons répondre à l’appel du maître qui cherche des ouvriers quand même nous aurions méconnu cet appel ou nous serions restés sourds à ce qu’il nous dit. Ainsi, comme saint Paul y invite les Philippiens, nous sommes invités à avoir un comportement digne de l’Évangile du Christ, c’est-à-dire le comportement d’un pécheur pardonné, porteur du pardon pour ses frères.

    Amen.

    + André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

  • Asia Bibi a été nominée au Prix Sakharov 2017

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    De l'Agence Fides :

    ASIE/PAKISTAN - Nomination au Prix Sakharov 2017 pour Asia Bibi et nouveaux coups de réflecteurs sur la loi sur le blasphème

    Lahore (Agence Fides) – Asia Bibi, la chrétienne condamnée à mort pour blasphème et incarcérée depuis 2009, a été nominée dans le cadre de l’édition 2017 du prestigieux Prix Sakharov pour la liberté de pensée, conféré par l’Union européenne. Le Prix constitue une initiative du Parlement européen et est remis à des individus ou à des groupes s’étant distingués dans le domaine de la défense des droits fondamentaux et des libertés fondamentales. Parmi les candidats de cette année, outre Asia Bibi, se trouvent Aura Lolita Chavez Ixcaquic, défenseur des droits fondamentaux provenant du Guatemala, Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, Coprésidents du Parti démocrate populaire pro kurde (HDP) en Turquie, des groupes et des personnes représentant l’opposition démocratique au Venezuela, Dawit Isaak, dramaturge suédois et érythréen, arrêté en 2001 par les autorités érythréennes, et Pierre Claver Mbonospa, activiste des droits fondamentaux au Burundi.

    Peter Van Dalen, membre du groupe des Conservateurs et réformistes européens au sein du Parlement européen, qui a proposé la candidature d’Asia Bibi, a expliqué que « le cas d’Asia Bibi comporte une importance symbolique pour d’autres qui ont souffert ou souffrent pour la liberté de religion ou d’expression ».

    « En elle, peut être vue la situation de toute la communauté chrétienne. Son cas est tragiquement indicatif de l’insécurité pesant sur toutes les minorités lorsqu’il s’agit du respect de leurs droits fondamentaux » remarque dans un commentaire envoyé à Fides Kaleem Dean, intellectuel et analyste pakistanais. « Si elle obtenait le Prix Sakharov, Asia Bibi recevrait 50.000 €uros. Pourtant, ce qui est en jeu ici est quelque chose qui vaut plus que cette somme – même si elle est utile à titre de dédommagement du préjudice subi : ce qui est en jeu est la reconnaissance de la liberté religieuse au Pakistan » poursuit-il.

    « Le gouvernement – déclare-t-il – met actuellement la tête sous le sable pour ne pas entendre les cris angoissés provenant des communautés religieuses minoritaires ». Son cas particulier est également lié à la très connue loi sur le blasphème. « Les accusations de blasphème constituent un instrument de ce qui est devenue une oppression d’Etat contre les minorités. Les gouvernants devraient avoir le courage et la clairvoyance de réformer la loi sur le blasphème » conclut Kaleem Dean.

    « Le Premier Ministre pakistanais, Shahid Khaqan Abbasi, qui participait ces jours-ci à la 72ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, s’est refusé de parler de la loi sur le blasphème au Pakistan, se contentant d’affirmer que le Parlement pakistanais constitue l’organe responsable de la modification des lois » remarque pour Fides Nasir Saeed, Directeur de l’ONG CLAAS (Centre for Legal Aid, Assistance and Settlement), engagée dans la défense des minorités religieuses au Pakistan. « Depuis des années – poursuit Nasir Saeed – cette question es tabou et même le Premier Ministre du Pakistan a peur de faire des commentaires. Le rôle du Premier Ministre est également de garantir le fait que les lois ne soient pas manipulées mais malheureusement, ces lois sur le blasphème sont régulièrement exploitées comme instrument de vengeance permettant de poursuivre des personnes innocentes. Au cours de ces dernières années, les abus d’usage de la loi sur le blasphème ont augmenté. Elle est désormais considérée comme une manière simple, rapide et peu coûteuse de résoudre des controverses privées et de punir ses adversaires ».

    « La loi sur le blasphème – conclut Nasir Saeed – n’est pas conforme aux standards internationaux en matière de droits fondamentaux. Les abus d’usage commis génèrent par ailleurs d’autres violations du droit international. Le gouvernement du Pakistan n’affronte pas un problème si important bien qu’il s’agisse d’une question de vie ou de mort ».

    Le Directeur de CLAAS rappelle qu’existent des rapports concernant un grand nombre de cas de blasphème basés sur de fausses accusations et sur l’absence d’enquêtes judiciaires. « C’est pourquoi nous invitons le Premier Ministre pakistanais à inscrire la question à l’agenda de son gouvernement et à la porter devant le Parlement » conclut-il. (PA) (Agence Fides 26/09/2017)

  • Le rite latin traditionnel rend la vérité "sensible"

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    Du Père de Blignières sur le site "Paix Liturgique" :

    RP de Blignières : LE RITE REND "SENSIBLE" LA VÉRITÉ

    Dimanche 17 septembre 2017 c'est dans une église de la Trinité des Pèlerins bondée que le RP de Blignières, fondateur des dominicains de Chéméré (et de nouveau Prieur depuis le 20 septembre 2017), a prononcé le sermon de clôture du pèlerinage romain ayant marqué le dixième anniversaire du motu proprio Summorum Pontificum. Nous sommes heureux, avec sa permission et celle du RP de Saint-Laumer, qui célébrait cette belle messe pontificale selon le rite dominicain, de vous faire partager cette réflexion qui souligne avec force le lien irrépressible entre liturgie et théologie. Car la liturgie, comme le soulignait le cardinal Müller, lors du colloque du 14 septembre à l’Université angélique, est un « lieu théologique ». Et par le fait, un « lieu » artistique. On appréciera en ce sens la conclusion du P. de Blignières, qui évoquant implicitement l’adage platonicien, « le beau est la splendeur du vrai », l’applique aux rites sacrés polis par la tradition : « La vérité qui devient sensible, qu’est-ce que c’est, sinon la beauté ? »

    SERMON DU RP DE BLIGNIÈRES (FSVF) POUR LE DIXIÈME ANNIVERSAIRE DU MOTU PROPRIO SUMMORUM PONTIFICUM

    Rome, église de la Trinité des Pèlerins, 17 septembre 2017

    Le Concile de Trente, pour rendre raison des cérémonies du Saint Sacrifice de la Messe, rappelle que la nature de l’homme a besoin d’aides extérieures et de signes visibles afin de s’élever à la contemplation des choses divines (1). On peut en tirer une définition du rite : « un rite, c’est ce qui rend sensible une vérité ». Le rite du sacrifice de la messe, c’est ce qui met à la portée de la nature humaine la vérité sur Dieu, la vérité sur l’homme, et la vérité sur le Christ. En sa forme latine traditionnelle, il rend tangibles, avec une efficacité insurpassable, ses trois aspects.

    La vérité sur Dieu : Dieu est Trinité

    Celui qui assiste pour la première fois à la messe dans le rite traditionnel est tout de suite frappé par l’ambiance sacrée qui s’en dégage. L’architecture majestueuse, la disposition de l’espace avec un lieu réservé aux ministres et un autre aux fidèles, l’orientation de la célébration, l’attitude recueillie et hiératique du célébrant, les vêtements particuliers qu’il revêt, la langue inaccoutumée qu’il emploie, les gestes de révérence qu’il fait en direction du tabernacle et des oblats consacrés, notamment les nombreuses génuflexions, enfin le mystérieux silence du canon : tout porte à sortir du monde profane et à se mettre en présence de Quelqu’un qui dépasse le monde.

    Mais si cet assistant prend la peine de suivre dans un missel ce que dit le prêtre, il est alors touché par un aspect étonnant de la prière. Certes, on y supplie avec grand respect celui que toutes les traditions de l’humanité appellent « Dieu », mais on le fait avec la certitude confiante d’un enfant s’adressant à son père. L’onction inimitable des très anciennes prières latines nous met en rapport, non avec un grand architecte impassible de l’Univers, mais avec une réalité mystérieuse et fascinante : la Trinité. On s’adresse à elle, étonnamment, comme si on était de la famille ! On lui parle avec une audace inouïe, on se présente à elle dans le voisinage de toute une nuée de saints personnages qui ont un grand crédit auprès d’elle. On ne cesse surtout de parler de son Fils, et chaque fois que l’on évoque son nom, on incline la tête.

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  • Le dialogue entre Dominique Wolton et le pape François : impressions de lecture

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    Lu sur "Le temps d'y penser" :

    Les IMPRESSIONS DE LECTURE de 

    Avez-vous déjà fait l’expérience lors d’une soirée de suivre un dialogue intéressant entre deux personnes qui ne s’adressaient pas particulièrement à vous et qui ne cherchaient pas à vous convaincre mais dont les échanges vous semblaient suffisamment intéressants pour les écouter et pour y réfléchir après coup ?

    C’est l’expérience que j’ai faite à la lecture d’un dialogue entre Dominique Wolton et le pape François intitulé Politique et société. Ce n’est pas à proprement parler un livre d’entretiens au sens où il s’agirait d’une longue interview sur le modèle du Choix de Dieu réalisé par le même Dominique Wolton et Jean-Louis Missika avec Jean-Marie Lustiger en 1989.

    C’est d’abord une conversation à bâtons rompus entre deux individus qui échangent dans un climat de confiance et de bienveillance. D’où quelques redites, une discussion part parfois dans toutes les directions et un Dominique Wolton qui s’exprime autant que le pape François voire plus par endroits. Ce n’est donc pas un travail de journaliste : Dominique Wolton n’a jamais été journaliste et n’a jamais prétendu l’être.

    Une fois admis ces prémisses je pense qu’on peut se plonger avec profit dans la lecture de ce dialogue. Je livre ci-dessous mes impressions de lecture dans l’espoir que cela incitera les lecteurs de cet article à devenir des lecteurs de Politique et société.

    1/ Mettre l’accent sur la pédagogie et le discernement

    Toutes les personnes qui ont eu la chance de s’entretenir en privé avec le pape émérite Benoît XVI s’accordaient à dire que, lorsqu’on avait une discussion avec lui on en ressortait plus intelligent… et donc plus libre.

    Le cardinal Ratzinger, dont la culture théologique et l’intelligence dépassaient largement celle de la plupart de ses interlocuteurs même les plus brillants, se mettait toujours à l’écoute et au niveau de celui ou de celle qui lui parlait. Il reformulait positivement l’objection qui lui était faite ou la question qui lui était posée, puis complétait, élargissait et, le cas échéant, corrigeait parfois ce qui devait l’être mais toujours avec délicatesse et en explicitant. Il amenait ainsi son interlocuteur à un niveau supérieur de compréhension (à moins que ce ne soit à un niveau plus profond ?).

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  • Quand le pape François veut élargir la vision de la famille

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    De Nicolas Senèze sur le site du journal La Croix :

    Le pape confirme sa vision large de la famille

    En refondant l’Institut Jean-Paul II, le pape François veut élargir son approche du mariage et de la famille. Un pari risqué alors que les opposants au pape sur ces sujets ne désarment pas.

    En choisissant de faire évoluer l’Institut Jean-Paul-II sur le mariage et la famille, François savait qu’il touchait à l’héritage du pape polonais en matière de famille. Cet institut, voulu par Jean-Paul II en 1981 pour promouvoir la recherche théologique sur le mariage et la famille, s’était transformé en conservatoire de la pensée wojtylienne, quitte à refuser toute autre vision.

    En pleine continuité avec son discours d’octobre 2016 où il l’invitait à renouveler son regard sur la sexualité et la famille pour prendre en compte la complexité de l’existence et les situations concrètes, François le transforme donc en un Institut pontifical théologique pour les sciences du mariage et de la famille qui devra élargir ses perspectives. (lire ci-dessous).

    Une vision élargie de la famille

    « On y étudiera l’histoire et le droit de la famille, sujets qui ne sont pas actuellement présents de manière assez robuste dans l’Institut », explique ainsi son chancelier, Mgr Vincenzo Paglia, qui souligne aussi l’apparition de nouveaux champs d’études : « Toutes les questions du genre, du soin de la Création confiée à l’homme et à la femme, les relations entre les générations, les questions de paternité et de maternité… »

    Des thèmes peu acceptables pour les opposants du pape sur ces sujets. Ceux-ci n’ont pas désarmé depuis le Synode sur la famille auquel l’institut n’avait pas réussi à fournir une réflexion crédible, tandis que plusieurs de ses professeurs critiquaient vertement l’exhortation apostolique Amoris laetitia.

    Une véritable guérilla

    Dans certains pays, comme aux États-Unis, c’est même une véritable guérilla qui est menée contre tous ceux qui entendent se placer dans cette vision élargie de la famille promue par le pape. Récemment, le jésuite James Martin, pourtant consulteur du Secrétariat pour la communication, a vu annulées plusieurs de ses conférences sur son livre appelant à Bâtir un pont avec les homosexuels, à la suite d’une campagne sur Internet. L’ouvrage avait pourtant reçu l’appui du cardinal Kevin Farrell, préfet du dicastère pour la famille, les laïcs et la vie.

    De son côté, Rebecca Bratten Weiss, fondatrice du New Pro-Life Movement, qui essaye d’aborder les questions pro-vie au-delà de la seule question de l’avortement, a été licenciée de la très conservatrice Université franciscaine de Steubenville (Ohio) après une campagne similaire.

    « Aux États-Unis, les catholiques conservateurs ne sont pas du tout ouverts à la compréhension dynamique de François, explique le théologien Massimo Faggioli, professeur à l’Université Villanova, près de Philadelphie. Pour eux, il y a un bloc composé du Catéchisme de l’Église catholique, de l’enseignement de Jean-Paul II et des décisions des années 1980-1990 de la Congrégation pour la doctrine de la foi en matière morale. Et tout changement dans les structures héritées de Jean-Paul II est inacceptable. »

    Une vision relayée par des médias très puissants

    Cette vision intangible est relayée par des médias très puissants qui rendent parfois compte de manière biaisée de l’enseignement de François. « Ici, nous sommes très focalisés sur le monde anglo-saxon. Tout ce qui n’est pas écrit en anglais est ignoré, explique Massimo Faggioli. Pour eux, François est un étranger qu’ils ne comprennent pas, et dont la légitimité est mise en doute. »

    Ce qui explique le succès dans ces milieux des « dubias », les doutes émis l’année dernière par quatre cardinaux, dont l’Américain Raymond Burke et l’Italien Carlo Caffarra, mort il y a quelques jours et président-fondateur de l’Institut Jean-Paul-II. Le fait que le motu proprio Summa familiae cura de François ait été publié un an jour pour jour après la lettre des cardinaux au pape apparaît ainsi clairement comme une réponse du pape. Dans son texte, il prend d’ailleurs grand soin d’expliquer longuement la continuité de sa vision de la famille avec celle de Jean-Paul II, qu’il refuse de voir érigée en système clos.

    Pour Mgr Paglia, s’il n’y a pas de « prise de distance avec les inspirations de Jean-Paul II », François « élargit la perspective, d’une focalisation seulement sur la théologie morale et sacramentelle à une vision biblique, dogmatique et historique qui tient compte des défis contemporains ». Pour le pape, ajoute-t-il, « la famille n’est pas un idéal abstrait mais une réalité majeure de la société : toutes les familles, sans distinction doivent être aidées et accompagnées pour redécouvrir leur mission historique, que ce soit dans l’Église ou dans la société ».

    -------------------------

    « Regarder avec un sage réalisme la réalité de la famille »

    « Le changement culturel et anthropologique qui influence aujourd’hui tous les aspects de la vie et demande une approche analytique et diversifiée impose de ne pas nous limiter à des pratiques pastorales et missionnaires reflétant des formes et des modèles du passé. Nous devons être des interprètes conscients et passionnés de la sagesse de la foi dans un contexte où les individus sont moins soutenus que par le passé par les structures sociales dans leur vie affective et familiale. Dans la proposition si limpide de rester fidèles à l’enseignement du Christ, nous devons donc regarder avec une intelligence pleine d’amour et un sage réalisme la réalité de la famille aujourd’hui, dans toute sa complexité avec ses parts d’ombre et de lumière. »

    Extrait du motu proprio Summa familiae cura du pape François.

  • Faut-il bannir la mémoire de Colbert ?

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    Au moment où il est de bon ton de déboulonner les statues de personnalités ne cadrant pas avec le politiquement et culturellement correct, il est opportun de rappeler certaines vérités historiques. C'est ce que fait intelligemment le site Herodote.net :

    Le Code Noir

    Louis XIV réaffirme son autorité sur les colons et leurs esclaves

    L'esclavage jette une ombre tragique sur la France des Temps modernes et des Lumières (XVIIe, XVIIIe et début du XIXe siècles).

    Alors que le royaume avait de longue date rejeté le servage et toute forme de servitude, des aventuriers et des marchands renouent avec ces pratiques dans les colonies d'outre-mer, à l'imitation des Portugais et des Espagnols.

    Dès le XVe siècle, ceux-ci ont reproduit dans la péninsule ibérique le modèle oriental des grandes plantations sucrières avec des esclaves africains achetés sur les marchés arabes. La découverte du Nouveau Monde a donné un nouvel élan à cette pratique et les colons européens sont allés dès lors s'approvisionner directement en esclaves dans le golfe de Guinée, auprès des négociants africains.  

    Colbert et le Code noir

    Aux Antilles, au XVIIe siècle, la culture du tabac est progressivement remplacée par celle du sucre, plus exigeante en main-d'œuvre. Le recours à des Européens engagés sous contrat à durée limitée (trois ans) se révélant déficient, on fait de plus en plus appel à des Africains.

    Ainsi, l'esclavage réapparaît à grande échelle au-delà des mers sans que les gouvernants européens l'aient sciemment organisé. Mais à la fin du XVIIe siècle, ceux-ci commencent de s'en inquiéter. Ils y voient, plus grave que tout, une menace contre leur autorité. Il ne faudrait pas que le droit colonial échappe à l'emprise des juristes royaux !

    À Versailles, à la cour de Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert se saisit de la question en sa qualité de secrétaire d'État à la Marine et aux colonies.

    Le ministre, comme la plupart de ses concitoyens, réprouve l'esclavage. Celui-ci n'est-il pas prohibé dans le royaume depuis Louis X le Hutin ? Il en va autrement dans les lointaines îles à sucre où l'esclavage s'est mis insidieusement en place au fil des décennies. Le roi Louis XIII n'a pu faire autrement que de l'autoriser comme une étape vers le baptême et l'affranchissement, ce dont les colons n'ont eu cure.    

    Colbert, en homme d'État responsable, se doit de choisir la moins pire des solutions. Le statu quo revient à autoriser tous les abus de la part des colons. 

    Abolir l'esclavage dans les colonies est inenvisageable, sauf à se mettre à dos la riche bourgeoisie qui vit du commerce triangulaire et surtout provoquer la rébellion des colons, avec le risque qu'ils se vendent aux Anglais (c'est ce qu'ils feront en Martinique en 1794). Au demeurant, personne dans le monde, à la fin du XVIIe siècle, n'imagine d'abolir l'esclavage. Celui-ci sévit encore marginalement dans une partie de l'Europe orientale (Roumanie...) et à grande échelle dans les sociétés africaines et musulmanes.

    À défaut de mieux, Colbert envisage donc de codifier cette institution ou plutôt de réunir dans un même opus sanctifié par le sceau royal les règlements qui se multipliés dans les îles de façon désordonnée.

    Mort en 1683, Colbert laisse à son fils, le marquis de Seignelay, secrétaire d'État à la marine et aux colonies comme son père, le soin d'achever et mettre en œuvre le projet. C'est lui qui apposera la signature au bas de l'édit (...)

    à lire également : L'esclavage, l'Afrique, Colbert

  • Le développement d'un climat antichrétien en Israël

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    De Sylvain Dorient sur aleteia.org :

    Un évêque déplore un climat anti-chrétien en Israël

    Mgr Giacinto-Boulos Marcuzzo, vicaire patriarcal à Jérusalem et en Palestine, déplore le climat hostile qui s’installe à l'égard des chrétiens de Terre sainte.

    Dans la soirée du mercredi 20 septembre, l’église Saint-Étienne de Bet Gemal, un village situé à 30 kilomètres à l’ouest de Jérusalem, était saccagée. Un acte de vandalisme qui s’inscrit dans un contexte de tension pour les chrétiens d’Israël, selon Mgr Marcuzzo.

    Lire aussi : Une église des salésiens profanée en Terre sainte

    Peu avant l’incident du 20 septembre, il dénonçait, conjointement avec les chefs des Églises chrétiennes locales, des tentatives « systématiques » de saper l’intégrité de la Ville sainte de Jérusalem et une volonté « d’affaiblir la présence chrétienne (en Terre sainte) ». Il commente pour Aleteia cette nouvelle attaque.

    Lire aussi : Terre sainte : les Églises chrétiennes dénoncent une volonté d’affaiblir leur présence

    Aleteia : A-t-on une idée de l’identité de ceux qui ont saccagé l’église Saint-Étienne de Bet Gemal ?

    Mgr Marcuzzo : On a de forte présomption, mais pas de preuve, car ils n’ont pas laissé de trace. Leurs actions semblent inspirées d’une interprétation biaisée de l’Ancien testament, selon lequel il faut détruire les idoles. Mais les représentations, dans les églises ne sont pas des idoles ! Et en attaquant de la sorte, ils délivrent un message haineux à l’égard de ceux qui ne partagent pas leur fanatisme. C’est d’autant plus inquiétant que ce ne sont pas des destructions aveugles, mais une attaque planifiée. Les gens sont venus avec des bâtons et des pierres et ils ont soigneusement neutralisé le système électrique avant de procéder à des destructions. Enfin, cette attaque nous attriste car elle a eu lieu dans un contexte de fête pour nos frères juifs, qui célébraient la nouvelle année 2017 [les fêtes du Nouvel An juif, Roch Hachana, ndlr].

    Avez-vous le sentiment que la présence des chrétiens n’est plus la souhaitée en Israël ?

    Il existe effectivement certains fanatiques qui refusent notre présence, en tant qu’Églises enracinées. Ils ne s’opposent pas aux pèlerins mais voudraient qu’il n’y ait plus de chrétiens locaux, et ils s’attaquent en particulier aux biens des Églises. C’est le sens d’une proposition de loi, qui nous préoccupe beaucoup, qui prévoit de transférer à l’État d’Israël tous les terrains ayant appartenu à des Églises et qui ont été vendus à des investisseurs privés. Elle est tout à fait contraire à l’esprit des lois israélien, et je suis surpris qu’elle soit soutenue par 40 députés sur 120 !

    La récente vente d’un terrain à Jérusalem est-elle de nature à vous inquièter, ou bien s’agit-il d’un cas isolé ?

    Qu’une cour israélienne autorise cette vente, au profit d’un groupe ouvertement colonisateur, c’est en effet inédit ! Mais ce n’est pas un cas isolé en ce sens qu’il y a une véritable campagne pour acheter les biens des chrétiens à Jérusalem. Ceux qui l’orchestrent veulent que tout Jérusalem soit d’une certaine couleur, et ils bénéficient parfois de soutiens financiers venus de l’étranger [le terrain en question a été acheté par l’association Ateret Cohanim, dont les bureaux sont à New York et qui bénéficie ostensiblement du soutien de la diaspora, ndlr]. C’est pourquoi je demande à ce que les Églises ne se mettent pas en danger, qu’elles ne vendent pas leurs terrains, sans quoi elles participeront à leur propre disparition !

  • "Amoris laetitia" au vent des orientations pastorales des conférences épiscopales ?

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    Du site "Présence - Information religieuse" (Canada) :

    Besoin «urgent» d'orientations pastorales sur Amoris laetitia 

    Le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques et ex-archevêque de Québec, a demandé hier aux évêques canadiens de faire connaître sans délai leur réaction commune à l’exhortation apostolique Amoris laetitia sur la famille et le mariage et d’émettre des orientations sur les applications pastorales qu’entraînent ce texte rédigé par le pape François il y a plus d’un an.

    Rendu public en avril 2016 après deux rencontres synodales sur la famille et l’Église, le contenu d’Amoris laetitia est toujours débattu dans plusieurs cercles catholiques, principalement en raison de son chapitre 8 consacré à la question des situations «irrégulières», dont celle des divorcés-remariés et de leur accès aux sacrements.

    «Plusieurs conférences épiscopales ont déjà publié des orientations plus précises pour leur contexte, par souci de clarté et d'inculturation», a dit le cardinal Ouellet à tous les évêques du Canada présents à Cornwall, en Ontario, pour l’assemblée plénière annuelle de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC).

    «Un tel exercice m'apparait nécessaire et urgent au Canada où l'on constate un écart béant entre l'enseignement officiel de l'Église et le vécu des couples et des familles», a ajouté le cardinal au début de sa conférence.

    Il a par la suite dressé un sombre portrait de la société canadienne, estimant que cet écart «s'est élargi progressivement après le concile Vatican II sous l'influence d'une culture de la contraception, du divorce et de l'avortement, à telle enseigne que notre pays se signale mondialement par ses législations sur l'avortement sans restriction, l'euthanasie, le pseudo-mariage de personnes de même sexe, le suicide assisté, et que sais-je encore, qui reflète ce que saint Jean-Paul II a déploré comme la culture de mort».

    Le cardinal, né en 1944 dans le village de La Motte, au Québec, a déploré que les précédentes «interventions magistérielles sur la famille (ndlr: l’encyclique Humanae vitae et l’exhortation apostolique Familiaris consortio) ont reçu un accueil mitigé, voire passivement dissident de la part de théologiens et de pasteurs, ce qui n'a pas favorisé leur mise en œuvre pastorale».

    Le chapitre 8

    Le cardinal Marc Ouellet s’est ensuite longuement attardé au contenu d’Amoris laetitia, un texte qui compte 325 paragraphes et près de 400 notes de bas de page. Il reconnaît que c’est par un chapitre, le huitième, que cette exhortation apostolique s’est «d’abord imposée à l’attention du public, réjouissant les uns, inquiétant les autres, mais ne laissant personne indifférent».

    Dans ce chapitre intitulé Accompagner, discerner et intégrer la fragilité, «certains y ont vu enfin la bonne nouvelle d’une ouverture, si minime soit-elle, vers un accès aux sacrements pour les personnes divorcées et remariées. D’autres ont regretté une telle ouverture qui risque, selon eux, d’instaurer une rupture avec la doctrine et la discipline traditionnelles de l’Église catholique.»

    Mais «toute interprétation alarmiste dénonçant un bris de continuité avec la tradition, ou bien laxiste célébrant un accès enfin concédé aux sacrements pour les divorcés remariés, est infidèle au texte et à l’intention du pape», a affirmé le cardinal Ouellet.

    Le pape François propose plutôt une nouvelle méthode pastorale, qui ne se limite pas aux familles en situation irrégulière. Cette méthode se résume dans «les trois verbes accompagner, discerner, intégrer».

    Accompagner les couples et les familles, c’est «avoir confiance en la grâce à l’œuvre dans la vie des personnes». S’il faut, dit le cardinal «garder bien en vue l’idéal chrétien», il faut aussi intervenir «en ayant aussi en tête le principe de la gradualité, qui ne signifie pas la 'gradualité de la loi', mais la gradualité de l’assimilation de ses valeurs par les sujets».

    Discerner les situations irrégulières est un art qui fait «appel à des principes qui permettent de définir les situations et leurs causes, les circonstances atténuantes, les changements possibles selon la conscience morale des personnes et les cas d’exceptions compte tenu de la distance entre la norme générale et les situations particulières». Ce discernement va jusqu’à reconnaître «la possibilité de vivre subjectivement en grâce dans une situation objective de péché», une notion d’Amoris laetitia qui est fortement contestée par des théologiens conservateurs.

    Une telle attitude pastorale «peut ouvrir à recevoir l’aide des sacrements de pénitence et d’eucharistie dans certains cas», admet le cardinal. Mais cet accès aux sacrements, qu’il ne faut ni généraliser ou banaliser, doit être «discerné soigneusement dans une logique de miséricorde pastorale».

    Il est donc erroné de voir ces exceptions comme «un changement de la doctrine ou de la discipline sacramentelle», a dit le cardinal. Il s'agit d'une «une application plus différenciée et adaptée aux circonstances concrètes et au bien des personnes».

    Conversion du regard

    Pour l’ancien archevêque de Québec, Amoris laetitia oblige dorénavant les pasteurs «à une conversion du regard et à une attitude d’accueil».

    Les prêtres et les évêques doivent «s’efforce[r] de valoriser le bien déjà existant dans la vie des personnes et de les accompagner progressivement vers une réponse plus complète au dessein de Dieu sur leur vie».

    Plutôt que de condamner les couples en situations difficiles, ils doivent «voir les valeurs concrètement vécues dans la diversité des situations et accompagner les personnes dans leur recherche de vérité et leurs choix moraux correspondants».

    Il revient aussi aux pasteurs «de discerner les pas à faire pour vivre en plénitude le sacrement déjà reçu, ou pour cheminer peu à peu vers sa réception consciente et fructueuse, ou encore pour régulariser une situation objectivement irrégulière, mais pas toujours moralement imputable».

    Il résume ainsi cette conversion du regard. Cela «consiste à voir non seulement la norme plus ou moins parfaitement vécue, mais la personne concrète dans sa tension vers le bien, de valoriser ce qu’elle vit et de l’accompagner dans le discernement progressif des choix possibles pour une sainteté plus grande ou une intégration plus pleine à la communauté ecclésiale».

    Peu importe leur «statut public de fidèle bien en règle, de catéchumène en chemin, de baptisé distant, de concubin ou de divorcé remarié», tous méritent d’être accueillis par l’Église qui doit mener, au lendemain de la publication d’Amoris laetitia, une «salutaire réaction d’autocritique».

  • Les Chrétiens d’Orient : pluralité des rites et des communautés

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    Est-ce un modèle pour l’Eglise latine où le rite romain s’est largement émietté depuis la réforme de Paul VI (1969) ? Comparaison n’est pas raison. Les diverses traditions orientales puisent  leur stabilité dans l’attachement à des racines historiques profondes alors que la mentalité liturgique de l’Eglise latine postconciliaire est influencée par le libéralisme des cultes protestants. Dans « La Croix », Nicolas Senèze dresse un panorama des principaux rites orientaux . JPSC.

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    « Parmi les Églises d’Orient, on peut distinguer cinq différents rites qui concernent les chrétiens orthodoxes et catholiques.

    Comme l’explique le code des canons des Églises orientales, « le rite est le patrimoine liturgique, théologique, spirituel et disciplinaire qui se distingue par la culture et les circonstances historiques des peuples et qui s’exprime par la manière propre à chaque Église » (canon 28).

    Rite alexandrin

    La principale Église orientale de rite alexandrin est l’Église copte-orthodoxe (10 millions de fidèles), dont le siège est à Alexandrie. En sont issues l’Église éthiopienne-orthodoxe (née en 1959) et l’Église érythréenne-orthodoxe (1993). Une Église copte-catholique a vu le jour en 1741 (250 000 fidèles), une Église éthiopienne-catholique en 1622 (1 million de fidèles) et, en 2015, une Église érythréenne-catholique.

    Rite arménien

    Séparée en 451, l’Église arménienne apostolique (dite aussi grégorienne) compte actuellement 6 millions de fidèles. Elle est dirigée par deux catholicos, l’un d’Etchmiadzin (Arménie), l’autre de Cilicie siégeant à Antélias (Liban). Une Église arménienne-catholique (600 000 fidèles) a vu le jour en 1742, dont le patriarche siège à Beyrouth (Liban).

    à lire aussi

    Églises d’Orient, trois clés pour comprendre leur histoire

    Rite byzantin

    Le rite byzantin est commun à une quinzaine d’Églises orthodoxes qui toutes reconnaissent une primauté d’honneur au patriarche œcuménique deConstantinople. Parmi elles, trois ont leur patriarcat dans le monde arabe (Alexandrie, Antioche, Jérusalem). Il y a aujourd’hui entre 125 et 180 millions d’orthodoxes dans le monde.

    Il existe plusieurs Églises catholiques de rite byzantin, dites « uniates », dont les plus importantes sont l’Église grecque-catholique d’Ukraine (7 millions de fidèles, siège à Kiev), l’Église grecque-catholique de Roumanie (1,7 million de fidèles, siège à Blaj) et l’Église melkite (1,3 million de fidèles, siège à Damas).

    Rite syrien-occidental (antiochien)

    La principale Église de rite syrien-occidental est l’Église syrienne-orthodoxe (dite jacobite) qui compte 250 000 fidèles et dont le siège est à Damas.

    En 1665, des fidèles de l’Église malabare-catholique, refusant la latinisation forcée de leur Église, sont entrés dans la communion de l’Église syrienne pour former l’Église malankare-orthodoxe (1,7 million de fidèles). Une partie de ses fidèles est revenue à Rome en 1930 pour former l’Église malankare-catholique (270 000 fidèles).

    Il existe également une Église syrienne-catholique, forte de 100 000 fidèles, unie à Rome en 1797 (siège à Damas). L’Église maronite (4 millions de fidèles), qui n’a jamais été formellement coupée de Rome, relève, elle aussi, du rite antiochien.

    Rite syrien-oriental (chaldéen)

    Séparée aujourd’hui en deux juridictions (Bagdad et Chicago), l’Église assyrienne d’Orient rassemble entre 100 000 et 200 000 fidèles. La plus importante Église de cette famille demeure l’Église chaldéenne, unie à Rome en 1552 (un million de fidèles, notamment en Irak).

    La tradition chaldéenne est présente en Inde avec l’Église malabare-catholique (6 millions de fidèles), unie à Rome en 1599, mais dont une partie des fidèles est revenue en 1907 dans la juridiction de l’Église assyrienne.

    ______________

    Lexique

    Araméen

    Selon la Bible, la Mésopotamie aurait été peuplée par les descendants d’Aram, cinquième fils de Sem, qui donnera son nom au territoire du centre de l’actuelle Syrie. La langue araméenne, qui appartient à la branche sémitique, apparaît au Ier millénaire av. J.-C. et devient, jusqu’au VIIe siècle apr. J.-C., la principale langue du Proche-Orient, avant d’être supplantée par l’arabe.

    Diaspora

    Mot grec signifiant « dissémination » (de speiro, semer). La diaspora a d’abord désigné la dispersion des juifs autour du bassin méditerranéen puis à travers le monde. Par analogie, il s’applique, surtout depuis le XXe siècle, à tous les groupes ethniques dispersés par l’histoire.

    Rite

    Comme l’explique le code des canons des Églises orientales, « le rite est le patrimoine liturgique, théologique, spirituel et disciplinaire qui se distingue par la culture et les circonstances historiques des peuples et qui s’exprime par la manière propre à chaque Église » (canon 28).

    Syriaque

    Dérivé de l’araméen, le syriaque apparaît à Édesse (aujourd’hui Sanliurfa, en Turquie) à la fin du Ier millénaire av. J.-C. et devient la langue des chrétiens qui lui donnent un véritable statut littéraire. Il est aujourd’hui l’héritage de tous les chrétiens syriaques, du Proche-Orient au sud de l’Inde : syriens-orthodoxes et syriens-catholiques, assyriens et chaldéens, maronites, malabars et malankars. Le syriaque est aujourd’hui parlé à travers plusieurs dialectes en Syrie (syriaque occidental), au sud de la Turquie (turoyo) et en Irak et Iran (syriaque oriental ou soureth).

    Nicolas Senèze »

    Ref. Les cinq principaux rites des Églises orientales