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  • Migrations : le cardinal Turkson invite à exclure tout autant l'accueil désordonné que le repli sur soi

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    D'Anne Kurian sur zenit.org :

    Migration : « L’idée même de l’être humain est en jeu »

    Le card. Turkson invite les Européens à être « vraiment ambitieux »

    Face à la crise migratoire, les Européens doivent être « vraiment ambitieux » car « le destin de l’humanité est en jeu. L’idée même de l’être humain est en jeu », affirme le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral. A la veille d’une réunion de crise des ministres de l’Intérieur de l’Union européenne à Tallinn (Estonie), le 5 juillet 2017, il a accordé un entretien au Huffingtonpost.

    Évoquant l’afflux migratoire de l’Afrique vers l’Europe, il invite à faire des distinctions : « Le continent africain est très diversifié. On ne peut pas continuer à parler de l’Afrique comme si c’était un corps uniforme : un monolithe ! C’est une chose si les personnes fuient la guerre ; et c’en est une autre si les personnes fuient parce qu’il n’y a pas de travail… Dans le premier cas, il faut construire une vraie paix ; dans le second il fait changer le paradigme de développement ».

    Pour le préfet, la solution réside à la fois « en Europe et en Afrique ». Sur le Vieux continent, il déplore un « énorme retard sur une vision culturelle, et également politique » du phénomène. Un retard lié « à l’incompréhension profonde du mouvement des peuples… les visions régionales ne suffisent pas : il faut une vision globale ».

    Il appelle à « une politique commune et une vision culturelle haute et historique » afin que l’Europe puisse « relever la tête comme modèle de paix, justice et liberté ». « Il faut courage et honnêteté ».

    « Une Europe barricadée sur elle-même, sans souffle d’idéal, n’est plus Europe », affirme-t-il. Et de questionner : « Qu’auraient fait aujourd’hui Adenauer, Schumann et De Gasperi ? ». Le cardinal encourage les Européens à « être vraiment ambitieux : regarder l’idée d’Europe et regarder l’histoire, pas le moment. Le destin de l’humanité est en jeu. L’idée même de l’être humain est en jeu ».

    « On dirait qu’en Occident on ne parvient pas à dépasser deux visions que certains politiques exacerbent pour en tirer des avantages électoraux », poursuit le cardinal Turkson : la vision selon laquelle « chacun doit rester chez soi et construire des murs », et la vision sur la base de laquelle « il faudrait accueillir de façon désordonnée ».

    « Ce sont toutes les deux des visions erronées, incomplètes, non raisonnées, et vieilles, filles de débris idéologiques du passé », assure-t-il. Le préfet du Dicastère prône une voie médiane qui mette au centre « la personne, toutes les personnes avec leurs droits et leurs devoirs en vue du bien commun ».

    Quant aux Africains, explique-t-il, ils « doivent être mis en condition et doivent trouver le moyen de se mettre eux-mêmes en condition de croissance. La question est : comment procéder là où sévissent la corruption, le crime organisé, les intérêts des pays étrangers… ? »

  • Pour que la liturgie devienne toujours plus le cœur de la vie de foi et de charité de la communauté chrétienne

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    De Guillaume Luyt sur le site de l'Homme Nouveau :

    Dix ans de Summorum Pontificum: un entretien exclusif avec Mgr Guido Pozzo

    À l'occasion du 10ème anniversaire du motu proprio Summorum Pontificum de Sa Sainteté le pape Benoît XVI, Mgr Guido Pozzo, Secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei, a bien voulu nous accorder un entretien exclusif.

    Excellence, vous êtes entré à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi il y a 30 ans, en 1987 : quel souvenir gardez-vous du cardinal Ratzinger ?

    Mgr Guido Pozzo : Dès ma première rencontre avec celui qui était alors Préfet de la Congrégation, la figure du cardinal Ratzinger m'est apparue riche de compétence théologique éminente et de profonde spiritualité sacerdotale. Les années durant lesquelles j'ai eu le privilège de collaborer avec lui à la Doctrine de la Foi continuent de représenter pour moi une école d'authentique discipline intellectuelle et de grande maturation dans la foi et le ministère sacerdotal.

    Il y a 10 ans, le cardinal Ratzinger, devenu le pape Benoît XVI, signait le motu proprio Summorum Pontificum libéralisant l'usage du missel de saint Jean XXIII : comment avez-vous accueilli ce document ?

    Comme un acte de justice qui a pleinement réhabilité l'usus antiquior du rite romain, que personne ne pouvait évidemment abroger mais dont seulement l'exercice pratique pouvait éventuellement être régulé. Cela a en outre été l'occasion de valoriser, au profit de toute l'Église, un trésor plein de richesses spirituelles.

    En 2009, lorsque le pape Benoît XVI, en accord avec le cardinal Levada, alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, décide de placer la Commission Ecclesia Dei sous l'autorité de ce dicastère, vous y êtes nommé comme Secrétaire : quelle image aviez-vous alors du monde traditionnel ?

    J'ai toujours pensé, et je le pense encore, que le monde dit “traditionaliste” est un archipel non homogène. Il serait tout à fait inopportun de prétendre en donner une définition précise. Ce qui, en revanche, me semble opportun est de distinguer les fidèles, laïcs et prêtres, légitimement attachés aux traditions liturgiques, disciplinaires et spirituelles antérieures à la réforme conciliaire – et qui ont le droit de pouvoir les suivre – des initiatives et groupes idéologiquement marqués qui se réfèrent et promeuvent des modèles historiques, culturels et politiques d'époques et sociétés désormais révolues. Cette distinction n'est pas toujours facile mais elle est nécessaire pour éviter, justement, l'idéologisation de la notion de Tradition catholique. De la même façon que certains groupes ou certaines orientations théologiques et pastorales tendent à idéologiser le concile Vatican II, le concept et la défense de la Tradition catholique peuvent eux aussi risquer d'être idéologisés.

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  • L’Occident dévoyé est incapable de porter un regard lucide sur l’islam

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    D'Henri de Begard sur le site "Le Rouge et le Noir" ("Les Inquisitoriales") : 

    Annie Laurent : « la conscience d’une identité européenne s’est largement forgée dans la confrontation avec l’islam »

    Titulaire d’un doctorat d’Etat en sciences politiques, Annie Laurent s’est spécialisée dans les domaines touchant aux questions politiques du Proche-Orient, à l’Islam, aux chrétiens d’Orient et aux relations interreligieuses. Auteur de plusieurs livres sur ces sujets, elle fut aussi nommée experte par le pape Benoît XVI au Synode spécial des Évêques pour le Moyen-Orient qui s’est tenu à Rome en octobre 2010.

    Elle a bien voulu accorder un entretien fleuve au Rouge & le Noir à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage, L’Islam - pour tous ceux qui veulent en parler (mais ne le connaissent pas encore) publié aux éditions Artège en avril 2017. 288 pages.

    R&N : Quelles sont les principales questions que soulève la présence de l’islam en Europe ?

    Annie Laurent : « Naguère, nous rencontrions des musulmans, aujourd’hui nous rencontrons l’islam ». Cette phrase prononcée par le cardinal Bernard Panafieu, archevêque émérite de Marseille, dans une conférence qu’il donnait il y a une quinzaine d’années, illustre bien le changement de perspective qui s’est opéré, dans notre pays. Après la Seconde Guerre mondiale, les premiers immigrés musulmans étaient pour l’essentiel des hommes qui venaient en célibataires pour des raisons économiques et aspiraient à rentrer dans leurs pays d’origine une fois qu’ils auraient les moyens de faire vivre leurs familles chez eux. Ils n’avaient donc aucune revendication d’ordre religieux ou communautaire. Tout a changé à partir des années 1970 au cours desquelles divers gouvernements ont opté pour le regroupement familial (en France, ce fut en 1974, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing), puis pour des assouplissements en matière de nationalité (droit du sol plutôt que droit du sang) et, enfin, la possibilité accordée aux étrangers de fonder des associations de la loi 1901. Des évolutions de cette nature se sont produites dans la plupart des pays d’Europe, certains optant même officiellement pour le multiculturalisme, comme en Grande-Bretagne.

    Ainsi, peu à peu, le Vieux Continent a eu affaire à une immigration de peuplement, donc définitive. Les musulmans en Europe veulent vivre selon les principes de leur religion et de leur culture. Il faut savoir que l’islam porte un projet qui est aussi social et politique puisqu’il mêle le spirituel et le temporel. Et cette conception repose sur une volonté attribuée à Dieu, à travers le Coran, et sur l’exemplarité de Mahomet, qualifié de « beau modèle » dans ce même Coran (33, 21).

    Or, les fondements de la culture islamique sont étrangers à ceux de la culture européenne, qui repose essentiellement sur le christianisme. Par exemple, l’islam ignore le concept de « personne », qui est d’origine biblique et s’enracine dans la réalité du Dieu trinitaire. La Genèse enseigne en effet que “Dieu créa l’homme à Son image, à l’image de Dieu, Il le créa, Il les créa homme et femme” (Gen 1, 27). Ainsi comprise, la personne humaine est dotée d’une dignité inaliénable et inviolable. Or, le récit coranique de la création occulte cette merveilleuse réalité. Allah reste étranger à l’homme, Il ne partage rien avec lui. Le mot « personne » est d’ailleurs absent du vocabulaire arabe. C’est pourquoi les chrétiens arabisés du Proche-Orient ont conservé l’usage du mot « ouqnoum », qui signifie « personne » en araméen, la langue que parlait le Christ. Dans l’islam, l’individu trouve sa dignité en tant que « soumis » à Dieu et membre de l’Oumma, la communauté des musulmans, éléments qui le privent d’une vraie liberté, notamment dans le domaine de la conscience et de la raison.

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  • « La Croix » : en dix ans, la messe en latin a trouvé sa place

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    Alors que le correspondant à Rome du journal « La Croix » annonce (voir ici) que le pape François aurait l’intention d’abroger le « motu proprio » libéral de Benoît XVI pour parquer  tous les traditionalistes au sein de la Fraternité Saint-Pie X érigée en « prélature personnelle » à cet effet  (tout cela est-il bien sérieux ?), le même journal publie lui-même les lignes suivantes qui suffisent à montrer l’irréalisme de ce noir dessein prêté au pape régnant. De Marie Malzac et Malo Tresca sur le site de « La Croix » :   

    « Il y a dix ans, Benoît XVI tendait la main aux traditionalistes en libéralisant, par la publication de son motu proprio Summorum Pontificum, la forme extraordinaire du rite romainAutrefois houleuses, les relations entre l’Église de France et les fidèles attachés à la tradition semblent plus apaisées aujourd’hui. Dans les diocèses, les évêques restent cependant prudents quant à l’application de ce texte.

    Chaque jour ou presque, en fin d’après-midi, Laurence, une quadragénaire aux habits excentriques, enfourche son vélo et sillonne, pendant près d’une heure et demie, tout le Sud-Est parisien pour franchir, à 19 heures tapantes, la lourde porte de l’église Saint-Eugène-Sainte-Cécile, dans le 9e arrondissement.

    Certes, cette résidente du Val-de-Marne pourrait « trouver des messes de semaine bien plus proches », concède-t-elle à voix basse. Mais elle peut participer là à la messe selon le rite tridentin : une célébration suivant la liturgie qui était en vigueur avant la réforme voulue par le concile Vatican II, qu’elle privilégie « dès qu’elle le peut et depuis qu’elle est petite ».

    Ce soir de début juillet, ils sont, comme Laurence, une vingtaine à se recueillir dans l’immense travée de l’édifice qui propose, depuis 1985, des messes de ce type.

    Car la « messe en latin », « dos au peuple », est toujours proposée dans l’Église et pas seulement par les intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX), héritiers de Mgr Marcel Lefebvre (lire ci-dessus).

    forme « extraordinaire » du rite romain

    Longtemps problématique et strictement encadrée, cette pratique s’est libéralisée au lendemain de la publication, le 7 juillet 2007, par Benoît XVI, du motu proprio Summorum Pontificum (« La sollicitude des souverains pontifes »), qui a redonné droit de cité dans l’Église à la liturgie telle qu’elle était célébrée avant les années 1960. Cette dernière est devenue ainsi la forme « extraordinaire » du rite romain.

    Pourtant longuement discutée et mûrie, la décision du pape de tendre la main aux fidèles de sensibilité traditionnelle – dans le giron de Rome mais se disant troublés par certaines « dérives », souvent issues d’une mauvaise compréhension du renouveau liturgique – avait alors fait l’effet d’un coup de tonnerre. D’autant qu’elle s’inscrivait dans le cadre des discussions avec la FSSPX, vingt ans après le schisme de Mgr Marcel Lefebvre.

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  • Les traditionalistes, dix ans après le « motu proprio » de Benoît XVI

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    Lu sur le site de "Famille chrétienne"

    "Il y a tout juste dix ans, Benoît XVI publiait le Motu proprio Summorum Pontificum sur la forme extraordinaire du rite romain (messe de Saint Pie V). Premier bilan, avec S.E. Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei, en charge de ces questions au Vatican.

    Quel bilan faites-vous de l’application du Motu proprio, dix ans après ?

    Dans la perception de l’opinion publique, le Motu proprio a été vu comme une concession aux traditionalistes, et comme une manière de se rapprocher de la Fraternité Saint-Pie X pour dépasser la rupture avec elle. On ne peut bien sûr pas nier qu’un tel motif soit au centre de l’attention de tous, parce qu’aucun catholique ne peut se réjouir d’une division dans l’Église. Cependant, il serait complètement réducteur et insuffisant d’en rester à ce type de motivations. Dans la lettre d’accompagnement du Motu proprio, Benoît XVI a réaffirmé que le Concile Vatican II n’a pas abrogé les anciens livres liturgiques, mais a voulu qu’en soit faite une révision, sans rompre ou annuler la tradition qui précédait. Le Motu proprio, par conséquent, n’aspire pas à une uniformité liturgique, mais à une réconciliation dans l’Église, en faisant cohabiter les deux formes, ordinaire et extraordinaire, du rite romain, l’une à côté de l’autre, en en respectant la spécificité. Cela a d’ailleurs été le cas dans l’histoire de la liturgie, dans laquelle il y a toujours eu une multiplicité de rites et même de variantes du rite romain de Saint Pie V. De ce point de vue, le bilan de cette première décennie est en grande partie positif puisque – même si cela s’est fait lentement et non sans difficultés au début – cette conscience s’est accrue au sein de nombreux diocèses. Dans le même temps, la défiance réciproque a diminué. En France et aux États-Unis, en particulier, où les célébrations dans la forme extraordinaire sont plus nombreuses, le résultat peut être considéré comme profitable et encourageant. Et ce également grâce à l’engagement apostolique des Instituts qui sont sous la juridiction de la Commission pontificale Ecclesia Dei. En France tout spécialement, dans de très nombreux diocèses, est proposée, au moins dans un lieu, la messe dans l’usus antiquior. Une surprise positive a également été l’intérêt manifesté pour la liturgie ancienne en Extrême Orient et en Europe orientale. L’accueil en Italie est assez bon, même s’il apparaît encore modeste dans le Sud.

    Le Motu proprio est-il correctement appliqué, et qu’est-ce qui pourrait être amélioré en cette matière ?

    Le bilan, prometteur dans l’ensemble, de ces dix années d’application du Motu proprio de Benoît XVI ne signifie pas que tous les problèmes aient été substantiellement résolus. Il existe des problèmes d’ordre pratique, comme l’insuffisance des prêtres disponibles ou idoines pour la célébration de la messe selon le Vetus Ordo. Cela empêche souvent l’Ordinaire de pouvoir exaucer toutes les demandes des groupes stables de fidèles. Dans certains diocèses, se manifeste aussi le manque de prêtres. Il y a aussi des problèmes liés à des préjugés idéologiques ou d’autres de caractère plus pastoral. Certains évêques regrettent que les « groupes stables de fidèles » faisant la demande d’une messe en forme extraordinaire ne soient pas toujours réellement insérés à l’intérieur de l’action pastorale de l’Église particulière. Il y a le risque d’un certain isolement. Cependant, un tel isolement n’est pas dû à l’usage de la forme extraordinaire, mais à d’autres facteurs que toute Église locale devra examiner spécifiquement. Il revient évidemment à l’Ordinaire de garantir et d’assurer l’harmonie et la participation active dans la réalité ecclésiale diocésaine, conformément à la loi universelle de l’Église. Le prêtre, missionné par l’évêque, qui célèbre l’usus antiquior, devrait avoir un rôle très important pour favoriser une telle harmonie et la participation des fidèles du « groupe stable » de la forme extraordinaire. Il y a ensuite le problème de la connaissance du latin dans la formation des séminaires, non seulement en raison d’une exigence liturgique, mais de manière plus générale, pour la formation structurelle de l’esprit et de l’éducation aux humanités qu’elle apporte, condition indispensable pour l’étude de la philosophie et de la théologie. Étant donné que nombre de séminaristes ne viennent pas de lycées littéraires ou scientifiques où l’étude du latin est obligatoire, je crois qu’il serait nécessaire d’assurer aujourd’hui une étude de la langue latine tout au long de la formation au séminaire, en ne se limitant pas à quelques heures hebdomadaires durant l’année de propédeutique (par exemple, on pourrait prévoir deux heures hebdomadaires tout au long du cycle de philosophie et de théologie). N’oublions pas que le latin est toujours la langue universelle de l’Église. Les prêtres doivent donc connaître cette langue et l’aimer.

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  • François envisagerait-il d’abolir Summorum Pontificum ?

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    De Nicolas Senèze sur le site du journal La Croix :

    Le pape François réfléchit à l’avenir du motu proprio

    Le pape, qui a conscience des tensions qu’a pu entraîner la possibilité pour les prêtres de choisir leur rite pourrait profiter de l’accord avec les lefebvristes pour réserver l’ancien rite à leur seule prélature personnelle.

    Dans les couloirs du Vatican, Summorum Pontificum n’est plus vraiment un texte d’actualité. Plus importantes semblent être aujourd’hui les discussions avec la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) pour qui le texte de Benoît XVI n’a pas forcément été une bonne nouvelle : en sortant du débat la question liturgique, le pape allemand avait en effet permis d’aller au fond des désaccords théologiques.

    Selon la Commission « Ecclesia Dei », chargée à Rome du dialogue avec la FSSPX, ces désaccords seraient aujourd’hui aplanis. Seule manque encore la signature de Mgr Bernard Fellay au bas du document soumis il y a déjà plusieurs années. « S’ils ne signent pas, ils sont vraiment très bêtes, car on leur fait un pont d’or », commente un observateur qui a lu le texte. Le supérieur général de la FSSPX devrait signer après avoir convaincu les plus récalcitrants au sein de la Fraternité. Et probablement avant l’été 2018, date du prochain chapitre général au cours duquel son mandat sera remis en jeu. Être nommé à vie à la tête d’une prélature lui éviterait une réélection compliquée.

    le prêtre ne doit pas choisir son rite

    Pour François, il s’agit d’abord d’un geste d’unité : partisan d’une « diversité réconciliée » et non d’une Église uniforme, il est persuadé que, du moment que la FSSPX se dit catholique, elle y a sa place. Reste à savoir si les lefebvristes trouveront leur place dans l’Église plurielle de François. « Que feront les évêques dans les diocèses avec la prélature lefebvriste en face d’eux ? »,interroge un observateur.

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  • La mort de Joaquin Navarro-Valls, porte-parole et ami de Jean-Paul II

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    D'Anita Bourdin sur zenit.org :

    Joaquin Navarro-Valls, porte-parole et ami de Jean-Paul II, s’est éteint

    S. Jean-Paul II et Joaquin Navarro-Valls @GregBurkeRome

    S. Jean-Paul II Et Joaquin Navarro-Valls @GregBurkeRome

    Joaquín Navarro-Valls, porte-parole de Jean-Paul II, puis de Benoît XVI, en tant que directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, de 1984 à 2006, s’est éteint discrètement ce 5 juillet 2017 à Rome, l’âge de 80 ans, après une longue maladie. Espagnol, né le 16 novembre 1936, il avait été le premier laïc et le premier non italien à occuper un tel poste. Il était actuellement président du Conseil consultatif de l’Université Campus Bio-Medico de Rome.

    Une chapelle ardente a été ouverte à 16h, ce jeudi 6 juillet 2017, dans la basilique romaine Sant’Eugenio a Valle Giulia, et les obsèques auront lieu dans cette même basilique à 11h, demain, 7 juillet 2017.

    Une pirouette, un trait d’humour, l’oeil brillant, un éclat de rire, une poignée de main franche. Il laisse le souvenir de son enthousiasme et d’une allégresse profonde, comme le rappelle la photo postée sur twitter par celui qui occupe aujourd’hui ce même poste au Vatican, Greg Burke.  Le souvenir d’un « aigle » qui savait voler haut et voir clair, anticiper, éviter les pièges, apaiser, avancer droit.

    Ce médecin journaliste était un laïc consacré, un « numéraire », de l’Opus Dei et il vécut dans les années soixante-dix, à Rome, auprès du fondateur, S. Josemaria Escriva de Balaguer. Son exigence professionnelle reflétait cette spiritualité de la vocation des laïcs engagés dans le monde et de la sanctification dans le travail.

    Son rôle fut fondamental auprès des papes et auprès de la presse accréditée au Vatican : il a modernisé les locaux et le style. Mais pas seulement.

    Une fois à la retraite, il a confié, lors d’un dîner de journalistes, à Rome, que sa position de laïc avait été particulièrement utile pour sa mission : il n’appartenait pas à la « hiérarchie » ecclésiastique, ce qui lui conférait la liberté dont ce rôle avait besoin. Un soir, lors d’un voyage de Benoît XVI, comme il lisait les discours des papes avant qu’ils ne les prononcent, il remarqua qu’un mot manquait. Il demanda à être reçu par le pape, le soir même. L’entourage pontifical lui demanda si c’était important. Il répondit que c’était au pape de juger si c’était important. Il fut reçu et il dit quelque chose comme : « Saint-Père, demain les journaux ne vont pas rapporter ce que vous avez dit. Ils vont parler du mot qu’on attendait et qui n’est pas prononcé. » Le mot a été inséré dans le discours du pape. Joaquin Navarro-Valls concluait : un laïc peut faire cela. Si, dans cette circonstance, on ne me laisse pas approcher le pape, je peux donner ma démission, parce que les conditions ne sont pas réunies pour que j’accomplisse la mission qui m’est confiée. Voilà, disait-il en substance, la liberté d’un laïc à ce poste.

    Il partagea avec Jean-Paul II les moments les plus dramatiques comme, en 1998, l’assassinat du commandant de la Garde suisse pontificale, de sa femme et le suicide de la jeune recrue qui venait de les abattre, mais aussi les moments les plus complices comme les chants et les repas champêtres lors des excursions en montagne, les moments de prière si profonds, les moments les plus enthousiasmants comme les premières JMJ, ou les plus historiques comme les visites au Vatican du président de l’URSS Mikhail Gorbatchev, le 1er décembre 1989, et de Fidel Castro, le 19 novembre 1996 : la salle de presse du Saint-Siège n’a peut-être jamais concentré autant de media du monde entier. Il a été de tous les voyages officiels. Il fit partie de la délégation du Saint-Siège aux grandes conférences de l’ONU : au Caire en 1994, à Copenhague en 1995, à Pékin également en 1995, et à Istanbul en 1996. Il partagea aussi les moments les plus douloureux de la maladie – l’œil du médecin savait – et de la mort de son ami le pape polonais, qui fut la nouvelle la plus difficile à vivre, et à annoncer, la gorge nouée, le 2 avril 2005.

    Il fut aussi des voyages de Benoît XVI – dont la JMJ de Cologne en 2005 –  jusqu’à l’arrivée de son successeur, le p. Federico Lombardi, en juillet 2006, après la visite du pape allemand en Espagne, pour la Rencontre mondiale des familles, à Valence.

    Il avait étudié la médecine à Grenade mais aussi à Barcelone, avec une spécialisation en psychiatrie et en psychologie sociale. Il eut aussi une bourse d’études pour Harvard. Il fit le journalisme à l’université de Navarre et la communication. Il collabora à différentes publications et fonda « Diagonal » à Barcelone. De 1974 à 1977 il fut correspondant de deux revues et porte-parole de l’Opus Dei où il était entré en 1959.

    En 1977, il devint correspondant à Rome, pour l’Italie et le Vatican et les pays de l’Est Méditerranéen, du quotidien de Madrid ABC. C’est alors qu’il devint président de l’Association de la presse étrangère en Italie avant d’être appelé par Jean-Paul II à la direction de la Salle de presse du Saint-Siège, lors d’un dîner à la table du pape. Il fut surpris et il dit « oui ».

    Lorsqu’il quitta cette charge, au bout de 22 ans, et à l’âge de 69 ans, il fut commentateur à la télévision publique italienne, la RAI, et président du Conseil consultatif de l’université Campus Bio-Medico de Rome, dépendant de l’Opus Dei. Il a présidé la Fondation Telecom Italia.

    Il a été décoré par le roi Juan Carlos Ier à plusieurs reprises et il a reçu différents prix journalistiques nationaux et internationaux. Il était docteur honoris causa des universités de Valence (2005) et de Catalogne (2010).

    « Joaquin Navarro. RIP. Grace under pressure », a dit ce soir un tweet de Greg Burke. Une citation d’Hemingway, allusion au courage de Navarro-Valls : « Le courage e(s)t la grâce sous pression » (Le vieil homme et la mer). Et puis la photo de saint Jean-Paul II qui rit, tient le bras et serre la main de son ami, accompagne un second tweet : « Joaquin Navarro, 1936-2017. Continue à sourire »: « Keep Smiling ». Courage, sourire, un héritage.

  • Selon des chercheurs de l'UCL, les athées auraient l'esprit moins ouvert que les croyants

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    D'Anne Dolhein sur le site "RéinformationTV" :

    Les athées ont l’esprit moins ouvert que les croyants, découvre l’Université catholique de Louvain

    Ils ont beau se croire plus ouverts, plus tolérants, plus capables de respecter les exigences de l’intellect, les athées sont en réalité plus bornés que les croyants. Cette mauvaise nouvelle pour les esprits forts nous parvient de l’université catholique de Louvain, où une étude réalisée par le Dr Filip Uzarevic a permis de constater que les sans religion et les sceptiques ont tendance à être moins tolérants à l’égard d’opinions qui diffèrent des leurs que la moyenne des personnes adhérant à une foi déterminée.

    La recherche trouve son origine dans un constat. Avec son équipe, Uzarevic avait constaté que dans le débat public, « bien que les groupes conservateurs et religieux d’une part, et les groupes progressistes et laïcistes d’autre part faisaient montre d’une forte animosité à l’égard de leurs opposants sur l’échiquier idéologique, c’était généralement les premiers qui étaient désignés comme ayant l’esprit étroit ».

    L’Université catholique de Louvain s’intéresse à l’intelligence des athées

    L’équipe de psychologues s’est interrogée d’abord de manière informelle sur le fait de savoir si cela est toujours exact : en somme, la religion vous met-elle des œillères ? D’où l’enquête.

    L’étude a été menée sur un échantillon de 788 adultes provenant du Royaume-Uni, d’Espagne et de France, et comportant 302 athées, 143 agnostiques et pour le reste, des chrétiens, des musulmans, des bouddhistes, des juifs ou des personnes se réclamant d’autres religions.

    Sans surprise, ceux qui s’affichent chrétiens sont plus enclins à avoir un tour d’esprit dogmatique que les participants non religieux : ils étaient par exemple plus nombreux en proportion à être en désaccord avec l’idée selon laquelle « il y a tant de choses qui restent à découvrir que personne ne devrait être absolument certain de la véracité de ses croyances ». C’est l’attitude de celui qui se croit ou se sait dans la vérité.

    Plus surprenant était le constat à propos des athées : en moyenne, ils se sont montrés plus intolérants par rapport à leurs contradicteurs et, chose plus intéressante encore, ils ont eu plus de mal à envisager la pertinence d’arguments contredisant les leurs.

    Les croyants et les chrétiens ont l’esprit plus ouvert que les sceptiques

    « Les non religieux, en comparaison avec les personnes ayant une foi religieuse, semblaient être moins étroits d’esprit en ce qui concerne la certitude en leurs propres croyances. (…) Mais pour ce qui est de la mesure fine de la propension à accepter des points de vue divergents ou contraires à leurs propres perspectives, ce sont les personnes religieuses qui se sont montrées les plus ouvertes. »

    En fin de course, on est bien obligé d’accepter que l’étroitesse d’esprit n’est pas l’apanage des croyants religieux, les athées et les sceptiques étant tout à fait capables de les dépasser dans ce domaine.

    Les chercheurs ont souligné les limites de l’étude, à la fois par le nombre des cas étudiés et par l’origine occidentale de l’échantillon. D’autres recherches sont envisagées.

     
  • Le Vatican : une pétaudière ?

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    L'historien Jean-Baptiste Noé répond aux questions sur le site Atlantico.fr :

    Pétaudière au Vatican : le pape François confronté à une opposition grandissante

    Et la valse des cardinaux ne s'arrête plus, chacun participant autour du pape à une certaine densification des tensions depuis quelques jours. Et le pape s'en retrouve de plus en plus seul.

    1/ Le Pape François semble être confronté à une forte agitation parmi ses cardinaux : l'éviction du Cardinal Müller qu'il remplace par un jésuite (Ladaria), l'affaire de pédophilie qui touche le Cardinal australien George Pell, la déclaration du Cardinal Tukson demandant à ce que l'immigration soit combattue pour protéger l'Afrique... Le Vatican connait-il une crise majeure de sa gouvernance aujourd'hui ?

    Jean-Baptiste Noé : Le pontificat connaît un moment difficile, l’adhésion au Pape des premières années est en train de s’effriter. L’attitude ambiguë du document Amoris laetitia, qui peut être interprété de différentes façons, les questions restées sans réponse de quatre cardinaux majeurs à ce document, la façon autoritaire dont le Pape gouverne, fait que de nombreuses tensions apparaissent.

    Le cardinal Müller n’est pas favorable à l’accès à la communion pour les divorcés remariés alors que le Pape semble au contraire pour, même s’il ne l’a jamais dit clairement.

    Une telle opposition ne pouvait pas durer. Ce sont des figures importantes de l’Église qui s’en vont, et le Pape se trouve de plus en plus seul, ou bien entouré de personnes qui n’osent pas exprimer leurs avis, de peur d’être sanctionnées.

    Le cardinal Turkson est le préfet du dicastère du développement humain intégral, créé par le Pape le 1er janvier dernier en regroupement de nombreux autres dicastères. Sa prise de position répond à un problème précis. L’Italie est submergée par les migrants. Elle ne sait plus où les faire attendre ni comment les gérer. Les autres pays d’Europe ne veulent pas les prendre et n’aident pas l’Italie à affronter cette crise.

    Sur la question migratoire, le Vatican est dans la cacophonie. Le Pape a toujours appelé à être généreux dans l’accueil et la communauté Sant’Egidio organise des couloirs humanitaires pour faire venir des migrants en Europe. Sauf qu’aujourd'hui ceux qui viennent ne fuient pas la guerre, mais viennent pour des motifs économiques.

    On voit se dessiner une fracture entre le Nord et le Sud. Les évêques d’Europe sont, dans l’ensemble, favorables à la vague migratoire et demandent aux Européens d’accueillir ces personnes. Les évêques d’Afrique et du Moyen-Orient sont en revanche beaucoup plus circonspects. En Syrie et en Irak, les évêques ont demandé à leurs fidèles de ne pas partir afin que la présence chrétienne puisse continuer. Partir, c’est donner la victoire à l’État islamique.

    En Afrique, les cardinaux Turkson et Sarah ont recommandé à l’Europe de fermer le robinet migratoire. Ils mettent en garde les Européens contre la perte de culture et les difficultés d’intégration de ces personnes. Les évêques du Moyen-Orient sont très surpris par l’attitude de l’Europe, car, pour eux, faire venir ces personnes sur le sol européen c’est, à terme, importer le conflit islamique en Europe. 

    Quant au cardinal Pell, c’est une figure importante qui s’en va et une personne estimée et appréciée par le Pape qui l’avait nommé pour réformer les finances du Saint-Siège. On lui reproche des faits qui se seraient tenus il y a cinquante ans. La présomption d’innocence doit prévaloir. En France, l’évêque de Dax avait été accusé de tels actes, il vient d’être blanchi par la justice. Mais l’innocence fait toujours moins de bruit que la mise en examen. Pourquoi ces accusations sont-elles lancées maintenant ?

    Il a été mis en disponibilité pour pouvoir se défendre en Australie. Mais compte tenu de son âge (75 ans) et de la lenteur du processus judiciaire, il est peu probable qu’il revienne à Rome.

    La réforme de la Curie engagée par le Pape a soulevé beaucoup d’espoirs, mais pour l’instant peu de choses ont été réalisées. Sur ce point-là, le bilan du Pape François est maigre.

    La déclaration du supérieur des Jésuites sur la nature "symbolique inventée par l'homme" du diable semble avoir particulièrement troublée les chrétiens : peut-on parler d'une sorte de "putsch" jésuite au Vatican avec la nomination par François du cardinal jésuite Ladaria au poste de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi ?

    Cela fait longtemps que certains jésuites ont des problèmes avec les fondamentaux du dogme chrétien. Ces propos contredisent directement la pensée du Pape qui, à plusieurs reprises, a explicitement dit que le diable existe, et cela dès le début de son pontificat. Ce qui avait par ailleurs beaucoup marqué les observateurs. Les propos de ce supérieur n’engagent que lui. Ils n’ont pas de liens avec la nomination de Mgr Ladaria comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Celui-ci était secrétaire de cette congrégation et il y avait été nommé par Benoît XVI. Le préfet n’étant pas renouvelé, il était dans l’ordre des choses que ce soit le secrétaire qui le remplace.  

    L'image d'un pape autoritaire contrastant avec une image médiatique soignée se vérifie-t-elle aujourd'hui ?

    Le Pape a toujours aimé agir seul et parfois de façon abrupte. Ce trait de son caractère émerge un peu plus aujourd'hui. Les médias lui étaient jusqu’à présent favorables, mais les choses sont en train de changer. En Italie, des critiques se font jour. En Argentine la presse et la population sont dans l’incompréhension. Le Pape a annoncé se rendre au Chili en janvier 2018, mais il ne se rendra pas en Argentine, alors que les deux pays sont limitrophes. Compte tenu des tensions jalouses entre le Chili et l’Argentine cela a été très mal vécu par les Argentins qui s’estiment trahis par leur Pape. Le pontificat doit trouver un nouveau souffle s’il veut rester sur la bonne dynamique des débuts.

  • Summorum Pontificum : bilan du Motu Proprio (7/7/2007 – 7/7/2017)

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    De Christophe Geffroy dans le mensuel « La Nef » (n° 294, juillet-août 2017)

    benedictxvi.jpg« Le 7 juillet 2007, Benoît XVI signait Summorum Pontificum, « lettre apostolique en forme de Motu proprio sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970 ». Texte historique dont l’importance n’a sans doute pas été encore appréciée à sa juste valeur, tant il dénoue une situation inextricable qui va au-delà de la seule question des traditionalistes attachés à l’ancienne forme liturgique. Même si contribuer à régler cette question épineuse a bien été aussi l’une de ses fins.

    Souvenons-nous, le 30 juin 1988, Mgr Lefebvre consacrait quatre évêques contre la volonté clairement notifiée du pape Jean-Paul II, lequel publiait aussitôt le Motu proprio Ecclesia Dei (2 juillet 1988) pour donner un statut juridique à la messe dite « de saint Pie V », dont un indult de 1984 concédait un usage très parcimonieux, et pour permettre l’érection de structures d’accueil pour les prêtres et fidèles traditionalistes qui ne voulaient pas suivre le prélat d’Écône dans sa rupture avec Rome. C’est ainsi que fut créée la Fraternité Saint-Pierre avec d’anciens prêtres et séminaristes de la Fraternité Saint-Pie X ; d’autres instituts suivront plus tard, tandis que des communautés religieuses furent canoniquement érigées ( le Barroux,  Chémeré, etc.).

    Benoît XVI souhaitait faire plus. D’abord, rendre à ce qu’il a nommé la « forme extraordinaire » du rite romain l’honneur et les droits qui lui étaient dus. Ensuite, aider les fidèles désireux de suivre cette forme liturgique, en l’installant dans les paroisses, tout en donnant un signe fort à la Fraternité Saint-Pie X, puisqu’il répondait ainsi à l’une de ses revendications majeures. Enfin, par-delà le problème traditionaliste, l’aspect visionnaire du pape était de contribuer à la réconciliation interne dans l’Église secouée par la crise post-conciliaire : face à l’esprit de la table rase qui a fait tant de dégâts, dans la liturgie tout particulièrement où la réforme de 1969 a été trop souvent appliquée avec une brutalité et une volonté de rupture détestables, Benoît XVI a voulu opérer dans l’Église une réconciliation avec son propre passé, et notamment son passé liturgique, selon la fameuse « herméneutique de la réforme dans la continuité » qui est l’un des points saillants de son pontificat. Pour aller dans ce sens, les évêques devraient promouvoir la célébration classique de la forme ordinaire, en revenant à l’orientation et au kyriale en latin, chanté en grégorien, ainsi que le suggère le cardinal Sarah.

    Cet aspect est assurément le plus important du Motu proprio et il n’a pas encore porté tous ces fruits, ce qui est somme toute normal à l’échelle du temps de l’Église.

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  • Liturgie : «Une légitime diversité», entretien avec Mgr Rey

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    Dans le n° 294 du mensuel « La Nef » (juillet-août 2017) on peut lire aussi cette interview de Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon par Christophe Geffroy :

    Mgr Dominique Rey a généreusement appliqué dans son diocèse le Motu proprio de Benoît XVI. Il évoque pour nous cette expérience et ses fruits positifs :

    La Nef – Comment avez-vous reçu en 2007 le Motu proprio Summorum Pontificum ?

    Mgr Dominique Rey – J’ai reçu Summorum Pontificum filialement. Cet acte juridique visait à mettre un terme aux souffrances de ceux qui, dans l’Église, désiraient prier avec les anciens rites liturgiques et qui en avaient été privés jusque-là. Il s’agissait aussi de faire un acte de réconciliation pour apaiser les divisions du passé. Comme évêque, il était clair pour moi que le Motu proprio établissait de nouvelles dispositions juridiques pour le rite ancien, valables pour toute l’Église de rite latin, et par conséquent pour mon propre diocèse.

    Quel bilan tirez-vous, dix ans après, de son application ?

    Dans le diocèse de Fréjus-Toulon et dans beaucoup d’endroits il a été appliqué largement et sans susciter de controverse. Les fruits sont réels. La liturgie ancienne nourrit des communautés ou des paroisses en croissance numérique, et attire des jeunes. Cela participe d’une légitime diversité parmi toutes les communautés chrétiennes en communion avec leur évêque. Bien sûr, Summorum Pontificum n’a peut-être pas été parfaitement appliqué partout en France. Ma propre expérience m’a montré que la confiance et la générosité ne vont pas sans reconnaissance, et ont créé une fraternité et une communion plus profondes dans le diocèse. Je m’efforce d’accompagner personnellement les groupes qui vivent de la forme extraordinaire. Ces communautés rencontrent des défis. Mais ma conviction est claire : elles font partie de la solution dans l’Église d’aujourd’hui, pas du problème.

    Vous-même, qu’avez-vous fait concrètement dans votre diocèse ?

    J’ai établi une paroisse personnelle à Toulon pour la forme extraordinaire et l’ai confiée à une communauté nouvelle. Les membres de cette communauté, et certains séminaristes diocésains, reçoivent les ordres mineurs et majeurs – y compris l’ordination – conformément à l’usus antiquior. Lorsqu’on me le demande, je célèbre les sacrements dans le rite ancien parce que les fidèles qui y sont attachés ne sont pas des « catholiques de seconde zone ». Ils méritent la même attention pastorale que n’importe quel fidèle. Plus récemment, j’ai accordé les facultés aux prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X pour célébrer les mariages, conformément au souhait du pape François. Dans toutes ces décisions, je me suis efforcé de travailler à l’unité et à la communion du diocèse, dans la légitime diversité spirituelle et liturgique autorisée par l’Église.

    On a parfois parlé de « laboratoire » pour votre diocèse : en quoi le serait-il et pensez-vous qu’il puisse être un exemple ?

    Lorsque j’imagine l’avenir du diocèse de Fréjus-Toulon, je vois tout le travail qui reste à accomplir, mais je pense que les choix qui y ont été faits sont porteurs. La clef est bien entendu un accueil large de communautés nouvelles et de vocations sacerdotales. Cela implique de respecter, avec le discernement nécessaire, le charisme et la vocation propres à chacun. Toutes les formes de spiritualité et de culte authentiquement catholiques sont nécessaires à la nouvelle évangélisation, et cela vaut aussi pour la forme extraordinaire du rite romain. L’unité du diocèse et la fraternité au sein du presbyterium se vivent dans la mission qui nous rappelle que notre plus grand trésor, c’est le Christ.

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  • Sur Cathobel : du charabia inaudible pour laisser la porte ouverte à l'accompagnement de l'euthanasie

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    Il faut du courage pour écouter cette émission jusqu'à la fin mais le discours est ambigu et laisse la porte ouverte à l'accompagnement de l'euthanasie. Face à de telles logorrhées, on comprend que les derniers catholiques qui subsistent se détournent des discours que leur distillent les porte-paroles d'une pensée pseudo-catholique telle que peut la délivrer l'Université dite catholique de Louvain...